{ Role-Play } Xelloss

Started by xelloss, February 02, 2010, 05:03:43 PM

Previous topic - Next topic

0 Members and 1 Guest are viewing this topic.

xelloss

Alors que les deux hommes tentent de trouver des réponses à leurs questions, Saito, dans la remise, peaufine son plan.
Soudain, le sol bouge, quelque chose le déplace.
Le garçon regarde par une fente de la caisse dans laquelle il s'est caché et constate que quelqu'un la déplace sur un chariot.
Durant le trajet, Saito obtient l'information qui lui manquait.
Une personne interpelle celle qui pousse la caisse en lui demandant s'il a vu le Maître des Sorts.
Ce dernier répond que cette caisse et le papier à l'intérieur lui est destiné afin qu'il puisse terminer les talismans de protection destinés à protéger la Grande Salle.

Saito sors de sa grande manche les deux papiers aux curieux symboles qu'il a récupérés dans le carnet avant sa première intrusion dans la Demeure des Gardiens.
Maintenant, il semble comprendre pourquoi ce papier était dissimulé comme un piège.
C'est un Talisman, mais il en ignore la fonction.
Observant de plus près, il remarque une flamme dessinée en bas à droite et en déduit que ce talisman doit s'enflammer quand on tire sur la cordelette.
Cet objet devait a l'origine servir a détruire le carnet de cuir si il venait a être ouvert par une personne ignorant cette précaution.

Le Gardien poussant le chariot s'arrête et Saito remarque qu'il se trouve dans une de ces cages qui montent toute seules.

Quelques minutes plus tard, l'ascenseur arrive a l'étage, le Gardien se gratte le poignet et avance vers la salle du Maître des Talismans.
L'homme s'arrête, Saito descend de la caisse, la referme et se dirige vers la salle des archives de l'étage.
Devant son chariot, le Gardien se secoue la tête, gratte a nouveau son poignet et se dit qu'il serait temps de faire quelque chose contre les insectes ces temps ci.
Il est loin de s'imaginer que cette blessure est due à un fin aiguillon imbibé d'un neurotoxique puissant que Saito venait de lui administrer dans l'ascenseur.
Alors que l'homme pénètre dans le grand bureau du Maître des Talismans, Saito range son aiguillon dans une pochette de cuir en prenant grade de ne pas se piquer avec celui-ci.
Extrêmement puissant, le neurotoxique enduit sur la pointe fut découvert par le médecin du village alors qu'il travaillait sur un moyen d'anesthésier les patients avant les opérations lourdes.
Intéressé par l'échec d'une des tentatives, Setsuna avait demandé la permission de prendre un échantillon pour voir s'il pouvait trouver une utilité à cette idée.
Instable, le composé originel avait plongé dans un profond coma deux cobayes du docteur, et le père de Saito voyait là une formidable utilité pour les stylets empoisonnés.
Après quelques temps de recherches et de modifications, notamment pour réduire l'instabilité du produit qui avait une fâcheuse tendance à s'enflammer tout seul, Setsuna avait réussi un composé provoquant une amnésie de très courte durée.
L'arme idéale pour son activité.
Au cours d'une nuit, il put tester son invention sur un voleur mal intentionnée qui s'était introduite dans la maison.


Saito se rappelle des paroles de son père expliquant le comportement du composé a son frère.
Setsuna : Il provoque aussi une paralysie des muscles principaux, mais les muscles des organes vitaux ne semblent pas affectés.
             Cependant, prend garde, si tu...

Saito essaye de se rappeler les paroles de son père mais repense à sa mère qui l'avait appelé au moment critique.
Dans son esprit, le jeune homme se dit que comme tout invention de son père, elle doit avoir un contre coup dont la puissance est directement proportionnelle à l'efficacité du produit.
Le hic, c'est qu'il n'a aucune idée de l'effet.
Dans la salle des archives plongée dans la pénombre, Saito se glisse sur la poutre maîtresse qui le conduira dans la salle de l'Autel.
Dans le couloir, il entend le Gardien au chariot discuter avec deux autres personnes sur les paris de ce soir et les spéculations quand a la méthode que le mystérieux voleur emploiera pour remettre le Livre sur l'Autel a l'insu des occupants.
Doucement, il avance en prenant garde à ne pas faire de mouvements pouvant trahir sa position.
Le fameux grimoire contre lui, bien accroché par une courroie, Saito se répète encore une fois les gestes qu'il fera.
Au dessus de lui, son sac a dos effleure le haut du plafond.
La pénombre est protectrice et le cache aux yeux des gardes.
Les abats jours sur les lampes a gaz servent a protéger la flamme de la pluie et renvoient la lumière vers le bas, mais en intérieur, le jeune garçon ne s'explique l'utilité de ces abats-jours.
Quoi qu'il en soit, ces cônes de métal travaillent pour lui en générant une belle zone de pénombre dans la partie haute du couloir.
Dans toute la Demeure, les gardes cherchent un adulte, et certaines zones, trop petites pour qu'un voleur s'y faufile, ne sont tout simplement pas fouillées.
En dessous de lui, ça rit de bon cœur et les gardes se payent la tête du Maître Gardien, qui, pour eux, court après un spectre.
Arrivé au niveau d'une grille de ventilation, Saito la déboîte doucement car à l'instar des autres grilles, elle n'est pas fixée mais juste coincée dans l'ouverture.

Après quelques minutes de spéléologie dans cet étroit boyau, il émerge dans une salle ovale.
A l'intérieur, les lumières sont éteintes et seule la lueur blafarde de la lune pénètre par deux vitraux.
La quiétude de la pièce n'est troublée que par un ronronnement mécanique.
En silence, il saisis la grille et la dépose a côté de lui, puis passe la tête.
Le ronronnement.
D'un geste vif, il rentre la tête, priant pour ne pas entendre hurler une alarme.
En face de lui, à deux mètres se tenait un de ces horribles visages mécaniques le regardant fixement.

Saito fait le vide en lui et calme sa respiration.
Le ronronnement se fait de nouveau entendre, alors que le visage reprend sa rotation de droite a gauche, balayant la pièce de son œil mécanique.
Sortant un de ses Kodachi, il fait dépasser la pointe de la lame, s'en servant comme d'un miroir.
Le jeune garçon observe le mouvement de la tête et compte le temps.
Esquissant un sourire, il se glisse hors de la gaine de ventilation alors que le visage scrute la partie opposée.
En quelques pas, il est dessous, à l'endroit le plus sûr de la pièce, là où le visage ne peut regarder.
En face de lui, sur une grande table, des livres sont ouverts, posés à côté de tablettes de bois.
Reposant sur leurs supports, des fioles et divers autres ustensiles de chimie attendent qu'une personne vienne les utiliser.
Poussé par une curiosité insatiable, Saito met au point un stratagème pour feinter le gardien de cette pièce.

Le ronronnement s'arrête et Saito aussi.
Caché derrière le haut dossier d'une chaise, le jeune garçon progresse à l'insu du garde métallique.
Fonctionnant sur le mouvement, le visage se fixe à chaque passage sur le dossier bougeant tout seul, puis, analysant la forme et constatant que ce n'est pas une silhouette humaine, il reprend son balayage.

Saito arrive à la grande table et feuillette les livres en prenant bien soin de tout remettre exactement a la même place.
Bien qu'il comprenne un peu le langage des symboles de sa langue, ce qui est couché sur les épaisses feuilles de ces grimoires est du pur charabia à ses yeux.
Les schémas sont plus compréhensibles mais ce qu'ils disent semble dérouter le jeune homme.
Saito en vient à la conclusion que les Gardiens cherchent le moyen d'enfermer un esprit dans un objet.
Cependant, il décide d'ignorer tout cela, se disant qu'il doit mal interpréter les dessins.

Les fioles et autres ustensiles ne présentant gère d'intérêt il fouille les tiroirs a la recherche de renseignements.
Setsuna lui avait dit un jour que l'arc et la lame était de bien piètres armes face à la connaissance.
Dans un des tiroirs, une clé attire tout particulièrement son attention.
D'un rouge sang, elle comporte quelques reflets dorés et possède un trèfle gravé.
La glissant dans la poche de cuir attachée à sa jambe gauche, il reprend son investigation.

Saito sort de la pièce après avoir berné le visage mécanique et s'être assuré que personne ne déambulait dans le couloir.
A sa grande surprise l'endroit est silencieux et totalement désert.
Les occupants doivent être en train de chercher un éventuel intrus en dehors de la bâtisse, lui laissant le champ libre.
Le couloir déjà sombre est ponctué d'alcôves totalement noires dans lesquelles il pourra facilement se dissimuler aux yeux d'un éventuel passant.
Sortant le carnet de cuir, il constate qu'il lui reste encore deux étages a grimper avant la salle dans laquelle il doit reposer le Livre.

L'escalier au fond du couloir est baigné dans la douce lumière tombant des lanternes a gaz.
Saito glisse silencieusement en testant une porte par ci par là.
Toutes sont verrouillées et ne voulant pas perdre de temps inutilement en crochetage, il poursuit sa route.
Tournant la poignée d'une d'entre elle après avoir jeté un coup d'œil par la serrure, il constate a sa grande surprise que celle-ci n'est pas fermée a clé.

Soudain, les lanternes du couloir émettent un son crépitant puis s'allument alors que des bruits de pas se font entendre dans l'escalier.
D'un geste vif, il ouvre la porte et se disparaît dans l'obscurité protectrice de la pièce.
Une seconde plus tard, deux Gardiens arrivent dans le couloir en discutant tranquillement.
Il est question d'une expérience dont les préparatifs sont terminés, mais celle-ci ne pourra commencer sans le Livre dérobé.
Alors que les deux personnes s'éloignent, la curiosité de Saito monte d'un cran.
Fouillant des yeux la pièce, il tente de repérer un visage Mécaniste.
Rassuré de ne pas voir une de ces horreurs, il explore la salle.
Les murs, sont recouvert d'étagères sur lesquelles trônent fièrement des livres de  toute sortes, et en voyant cela, Saito se dit que son père a bien raison, que la connaissance doit être une arme des plus redoutables.
Au centre, un grand bureau sur lequel sont posés de grands parchemins et des maquettes.
L'une d'elle attire le regard de l'enfant.
L'objet ressemble a un oiseau, mais ses ailes sont bien trop droites et trop peu larges pour pouvoir supporter le poids de l'animal.
D'une envergure de deux mètres, l'imposante créature lui fait penser à ces oiseaux marins gigantesques qui accompagnent les navires.
Saisissant l'objet, il fait bouger les ailerons mobiles et constate que les mouvements sont répercutés sur un petit bâton devant une chaise dans le nez de la machine.

Derrière lui, un cliquetis mécanique.
Lâchant l'objet, Saito se retourne, une lame dans la main.
Personne !
Devant lui, une haute colonne de bois, a son sommet, un disque sur lequel sont gravés des symboles que pointent deux flèches.
Saito regarde étonné le couple formé par la grande et la petite flèche, puis sur l'étrange objet qui pend en se balançant paresseusement de gauche a droite.

Rengainant son Kodachi, il se retourne pour ramasser l'oiseau mécanique et constate surpris qu'au lieu d'être a ses pieds, celui-ci est a quatre mètres de lui.
L'enfant se dirige vers l'objet au sol, le ramasse et le lâche a nouveau.
Interloqué, il regarde bouche bée l'objet faire une belle courbe vers le sol dans le silence le plus complet.
A nouveau il le ramasse et lui donnant une petite impulsion, le jette en avant.
L'oiseau file vers le sol en planant pour le plus grand bonheur de l'enfant.
Apres quelques lancers, il le repose tel qu'il était sur le bureau, gardant en mémoire les dessins des parchemins.

Dans un coin de la pièce, un objet brille alors que les nuages révèlent une nouvelle fois la lune.
S'approchant, il constate que c'est une barre métallique qui monte au plafond.
Au sol, un carré est dessiné et sur le mur, une petite boite de bois sur laquelle se trouve un bouton.
La curiosité l'emportant, il appuie dessus.
Un petit sifflement provenant du plafond se fait entendre alors qu'un morceau de celui-ci glisse doucement le long de la barre.
Sans bruits, le morceau de plafond s'arrête à quelques centimètres du sol, recouvrant le tracé.
Saito appuie a nouveau sur le bouton et regarde la dalle remonter.
Deux minutes plus tard, Saito pénètre dans la salle supérieure par ce curieux monte-homme.

Il pousse un petit soupire en observant les rangées de caisses, et se dit qu'a part stocker des choses, les Gardiens ne semblent pas avoir grandes activités.
Eclairée par deux petits vitraux, la pièce donne l'impression de ne pas avoir été visitée depuis des siècles et la couche de poussière sur le dessus des caisses semble confirmer cette hypothèse.
D'un pas rapide, Saito remonte les longues allées en regardant d'un air absent les étiquettes désignant le contenu des caisses.
Si la plupart sont indéchiffrables, il s'arrête devant l'une d'elle, fixant le petit dessin.
Un trèfle...

Il porte sa main a sa jambe gauche, saisis la clé dans la sacoche, compare les deux trèfles, puis, haussant les épaules la fait jouer dans le cadenas qui s'ouvre sans difficulté.
A l'intérieur, un autre petit coffret en bois sur lequel est sculpté un saule pleureur, un de ces grands arbres sur lesquels des lianes tombent au sol en partant des branches.
En dessous de l'arbre, un symbole représentant le mot "rivière"

En examinant le petit coffret, il se rend compte qu'une lumière bleutée sort par les quelques fentes du bois.
Saito ouvre la boite.
Une intense lumière bleue envahit la pièce et l'enfant referme le coffret, pour permettre a ses yeux se remettre du choc.
Doucement, il ouvre a nouveau, laissant ses yeux s'habituer à la lueur.
Il reste un moment, interdit devant cette pierre dont la beauté dépasse tout ce qu'il a pu voir jusque là.

D'un geste peu rassuré, il approche la main, prêt à la retirer car d'où il est l'objet parait en fusion.
La pierre est froide, fraîche comme l'eau d'une rivière.
Se rappelant sa mission première il glisse la pierre dans la poche de sa jambe gauche avec la clé puis remet le coffret dans la boite et la replace comme elle était en verrouillant le cadenas.

Au bout d'une dizaine de minutes il trouve la porte de la salle et vérifie par le trou de la serrure.
Le couloir est plus éclairé qu'en plein jour et les allés et venues ne cessent.
Le plan du carnet de cuir indique qu'au du fond du couloir est la salle où il a pris le Livre.
S'il veut ne pas être repéré, il devra passer dans la pièce en face pour reprendre le conduit de ventilation.
Cependant, la traversée ce cette zone éclairée risque d'être sérieusement compromise par le passage de tous ces gens.

Soudain une main se pose sur la poignée de la porte, pile devant les yeux de l'enfant qui, sans demander son reste, rejoins l'obscurité des rayonnages.
Une lanterne a la main, un Gardien entre et se dirige tout droit vers Saito qui recule rapidement pour rester hors de la petite zone lumineuse du Gardien.
D'un air nonchalant, l'homme continue à avancer vers le jeune garçon qui  recule a nouveau.
Devant cette proie facile, Saito reste de marbre.
Il lui serait aisé de sauter au cou de cette personne et de la neutraliser.
Cependant, un absent ou pire, un cadavre confirmerai la présence d'un intrus et renseignerait les occupants de la demeure sur son dernier lieu de passage.
Trop proche du but, Saito sait qu'il ne doit rencontrer personne et surtout prendre garde à ne pas éveiller les soupçons.
Inconsciente de la mort qui la guette, la personne s'approche du recoin dans lequel est dissimulé l'enfant.
Recouvert d'un fin voile gris sombre, tel un fantôme, Saito attend...
Le jeune garçon ferme les yeux.

S'arrêtant à quatre mètres de la position de Saito, le Gardien accroche sa lanterne à un crochet, puis fouille du regard la rangée de livres.
Il saisi par la tranche un ouvrage, le fait glisser et l'ouvre.
Affichant un sourire, il le referme et saisis la lanterne.
Soudain, une intuition, une sensation.
L'homme se retourne et approche sa lumière de l'ombre dans le coin formé par les deux rayonnages.
Ombre parmi les ombres, forme informe, le fin voile recouvrant Saito le dissimule et le cache des yeux hostiles.
Cependant, quelque chose tracasse le Gardien qui s'approche a deux mètres de cette étrange forme.

L'esprit de Saito accélère.

Adversaire, coq de combat, entraîné.
Premièrement, casser les œufs par coup dans parties génitales.
Un pas en arrière, titube, tente de reprendre son équilibre, sauter à la gorge.
Deuxièmement, parer contre attaque par avant bras droit, utiliser sa force, casser le bec, uppercut.
Tentative d'appeler de l'aide, rendre aphone par Kunaï dans gorge.
Troisièmement, attendrir la viande si  nécessaire, frapper les oreilles.
Perte d'équilibre, accompagner chute, paralyser par Kunaï dans nuque.
Laisser reposer deux minutes...
C'est prêt !


Saito range le stylet contre son Kodachi et jette un coup d'œil à l'adulte étendu sur le sol.
Son visage est un masque figé par la terreur.
Ne pouvant bouger que les yeux, les idées embrouillées, l'homme se demande pourquoi il y a un enfant dans la réserve.
L'action fut fugace mais d'une violence inouïe.
Ne laissant pas le temps a l'adulte de comprendre ce qu'il se passait, Saito lui avait asséné un coup puissant dans les parties génitales et enchaîné directement par une frapper au plexus solaire.
Sautant a la gorge, il avait paré la contre attaque de son adversaire par un léger uppercut faisant claquer la mâchoire.
Puis, plantant le fin stylet dans son cou, paralysant ainsi ses cordes vocales, il avait rendu impossible toute tentative d'appel à l'aide.
Voyant venir une tentative désespérer de contre attaque, le jeune garçon avait collé un magistral plat des mains sur les oreilles, perturbant ainsi l'oreille interne, et de fait, l'équilibre de l'adulte.
Accompagnant sa cible dans sa chute, il avait retiré son arme et planté à quelques centimètres de la nuque, bloquant ainsi les informations nerveuses entre le cerveau et les muscles.
Coupé de la partie opérante, le cerveau n'était plus qu'un chef d'orchestre sans musiciens.
Saito retira doucement le fin aiguillon, veillant à ne pas trembler pour ne pas tuer sa victime.

Son père lui avait dit un jour qu'une personne blessée monopolisait en général trois autres, alors qu'un cadavre, l'on ne s'en occupait qu'après la bataille.
Voyant que son fils ne comprenait pas ses paroles, Setsuna lui avait expliqué que sur le champ de bataille, un blessé doit être mis en lieu sûr, ce qui occupe en général deux porteurs.
De plus, il y a toujours dans une escouade un homme de médecine, qui remet le sabre au fourreau pour s'occuper du compatriote tombé.
De ce fait, alors que l'on s'occupe des cadavres après l'action, les blessés brisent celle-ci.
Sans oublier qu'une personne qui se tord de douleur à un impact psychologique négatif bien plus fort sur le groupe.

Saito ouvre les yeux.
Il vient de se passer deux secondes, et après avoir vécu la scène dans son esprit, le jeune garçon sait qu'il est prêt et connaît les mouvements à exécuter si l'homme s'approche davantage.

Levant sa lanterne devant lui, le Gardien cherche une forme de tête humaine a hauteur d'adulte.
Caressant le Kunaï, sous sa toile, Saito affiche un large sourire.
L'homme baisse sa main et tourne les talons, et se dirige vers la sortie.
Dans sa tête, Saito se dit qu'il aurait bien voulu que l'homme se rapproche encore.
Il aurai bien voulu mettre sa stratégie en application, cependant, si cette personne n'était pas revenu, ses comparses seraient venu la chercher, et trouvant son corps, auraient été informées de la présence d'un intrus en leurs murs.

Entendant la porte se fermer, Saito reprend les choses où elles en étaient.
Le passage dans la pièce d'en face étant toujours compromis par l'éclairage et le nombre d'allés et venue, Il lui faut trouver une autre solution.
Saito lève la tête en quête d'une grille de ventilation.

Un quart d'heure plus tard, caché derrière une grille, dans le conduit, Saito observe la grande salle de l'Autel.
Un autel désespérément vide et dont le présentoir tout aussi vide attend son livre.
Une chose manque dans cette grande pièce !
Sans un son, il déloge la grille de son emplacement et la pose a côté de lui puis sortant du conduit de ventilation, se met a arpenter la poutre massive qui culmine a plus de quatre mètres du sol.
Tout comme dans les couloirs, les lampes sont équipées de ce fameux abat-jour qui laisse la partie haute de la pièce dans la pénombre.
Arrivant pile au dessus de l'autel, Saito se dit que quelque chose de louche se joue sous ses yeux.
Il empoigne le lourd grimoire.
Saisissant un fil de pêche pratiquement transparent, il entame la construction d'un nœud élaboré.
Tout en construisant l'attache autour du livre, il scrute la zone, et n'y trouve que deux grandes caisses et une plus petite.
L'absence de garde semble cacher quelque chose, mais il se dit que si le visiteur que les Gardiens attendent arrive jusqu'à ici, ce sera trop tard pour qu'ils sauvent leur honneur.
L'ensemble de nœuds autour du livre ressemble a de l'horlogerie et Saito esquisse un sourire se disant que les cours du Maître des Mots ne sont finalement pas si importants et seul compte ce que ses mains savent faire.

Avec une minutie toute particulière, il observe la pièce et outre le fait que les gardes manquent a l'appel, il note l'absence de nombreux livres.
Au fond, il peut apercevoir la porte principale et les deux gardes papotant.
Il attend patiemment que les deux adultes lui tournent la tête.
Soudain, c'est le bon moment.
Saisissant le livre, il cale un fil dans sa main droite et un autre dans la gauche puis il laisse tomber l'article.

Dans ses mains, les fils défilent et d'un coup sec, il referme sa main gauche, stoppant ainsi le l'ouvrage a un centimètre du présentoir de l'autel.
L'élasticité de la ligne fait remonter le livre de quelques centimètres et alors que l'objet redescend a nouveau, Saito tire un coup sec sur le filin de droite, défaisant ainsi le complexe noeud et permettant au livre de venir se placer doucement et sans bruits sur le présentoir.

Prestement, Saito fait remonter le filin et le replace dans la poche où il l'a pris, et sans demander son reste, fait demi tour.
Soudain, quelqu'un hurle.
Une lourde herse s'abat, verrouillant la porte principale alors qu'au niveau des fenêtres se fait entendre le bruit de loquets se verrouillant.
La salle se transforme en souricière alors que les portes se referment.
Saito regarde les deux mystérieuses caisses dont un des côtés vient de tomber.

Deux de ces machines humanoïdes improbables en sortent
Machines : Maître Créateur, alimente nous !

L'une des machines ouvre la petite caisse alors que l'autre en extrait une sorte de cylindre.
Saito remarque que la porte de la pièce est a présent fermée et dans on esprit, cela n'augure rien de bon.
Un sifflement aiguë se fait entendre du cylindre, et le jeune garçon constate que l'un des Humanoïdes vient de tourner une valve.


Machine 01 : Et le Maître Créateur contempla la Terre...
Machine 02 : Et il vit que la Terre était bonne et saine...
Machine 01 : Aucune herbe n'arrêtait son regard...
Machine 02 : Pas un seul brin de cette abomination végétale ne venait gâter son horizon...

Patrouillant dans la pièce en laissant le cylindre se vider, les deux machines continuent d'une voix sinistre.
Machine 01 : Que tes fourneaux soient alimentés !
Machine 02 : Créateur, alimente nous !
Machine 01 : Que tes fondations soient saines !
Machine 02 : Créateur, Alimente nous !
Machine 01 : Que tes ennemis périssent !
Machine 02 : Créateur, alimente nous !
Machine 01 : Que de tous tes efforts, tu sois remercié...
Machine 02 : Créateur, Père Faiseur, Alimente nous maintenant !

Dans la pièce, sortant du cylindre, un gaz rougeâtre prend forme et se répand rapidement.
Saito regarde horrifié le conduit par lequel il est arrivé.
Une plaque sortie de nulle part en interdit l'accès, rendant maintenant la pièce hermétique.
Le lourd gaz a maintenant rempli toute la partie de la pièce sous les poutres où se tient le garçon et seul les monocles lumineux des machines sont visibles.
Saito cogite rapidement pour tenter de trouver une solution face à ce gaz qui n'augure rien de bien bon.
Un petit flash rouge attire son attention.

Il prend une grande inspiration et se laisse tomber vers cette lumière, se rappelant où il en avait vu de semblables.
En deux pas il est dessus, saisis le masque, l'enfile et tourne la valve sur la bouteille a laquelle il est raccordé.
Un jet d'air lui souffle le visage, expulsant le gaz rouge présent dans le masque.
Peu rassuré, Saito prend une petite inspiration.
Quelques instants plus tard, il respire normalement.
Si le problème du gaz semble réglé, il reste encore ces deux monstruosités de métal marchant dans la pièce à la recherche de l'intrus.
Pour le moment, la suite des évènement ne s'annonce pas réjouissante car il n'a aucun moyen de remonter sur la poutre d'où il est venu, quand aux fenêtres, elles sont verrouillées par un mécanisme sur lequel il ne peut pas agir.
Les minutes s'égrènent et le Temps joue contre lui.
Il sait que quand le gaz se sera dissipé, il sera à la merci deux machines et des gardes qui inspecteront la salle.

Saito se dirige tout droit, arrive a un mur et marche le long de celui-ci.
Devant une armoire, il s'arrête et commence à examiner les contours et le mur.
Rapidement il continue sa route et son investigation alors qu'au centre de la pièce, les deux machines le cherche toujours.

Un bruit de loquet.
Une serrure qui se déverrouille.
Une personne entre, une autre sort...

Saito referme doucement la petite porte du passage secret pour ne pas créer de turbulences qui ne manqueraient pas de signaler son dernier emplacement.
En entrant dans la salle, un des gardes demande si ce n'est pas dangereux.
Maître Gardien : C'est inoffensif maintenant... allons rencontrer notre si habile voleur.

Prononçant ces mots, les loquets des vitres jouent alors que celles-ci s'ouvrent pour vider la pièce de l'air rougeâtre.
Saito regarde la scène par le trou pratiqué à côté de la porte du passage secret, et se demande pourquoi le gaz rouge n'a pas aussi envahi le conduit dans lequel il se trouve.

Alors que le Maître Gardien se dirige vers l'autel, d'autres inspectent la salle pour y déloger l'impertinent intrus qui a osé être mandaté pour venir prendre et remettre le Livre.


Gardien : Rien, la pièce est vide...
Maître Gardien : Allons, il ne s'est pas envolé...
Gardien : Aucune trace d'effraction, que dalle... Qui que ce soit, il est fort et sûrement loin...
Maître Gardien : Le principale est que le Livre soit de nouveau là...

Dans le couloir, une personne arrive avec hâte, et informe le Maître que tout est prêt.
Maître Gardien : Fort bien... nous utiliserons la jeune paysanne... allons y.

Saito n'attend pas son reste, et file rapidement dans l'étroit boyau, laissant glisser ses mains sur les parois à la recherche d'un accès vers les niveaux inférieurs.
En parlant de la jeune paysanne, le Maître Gardien avait du parler de la petite Hitomi qu'il avait rencontré lors de sa première visite.
S'il arrive à la libérer et à s'enfuir avec elle, les Gardiens devront faire face a une double humiliation.
Saito descend vers le rez-de-chaussée  en utilisant les passages secrets qu'il a référencés sur le carnet de cuir.
Pourtant, dans son esprit, le doute s'installe, une idée toute simple, mais si puissante.
Et si Hitomi avait été transférée dans un autre secteur.

Passant à proximité des cuisines, il lorgne par le hublot d'une porte.
Les serviteurs sont maintenant occupés à ranger les étages, et les ustensiles semblent attendre le retour des gens de bouche.
Ne pouvant résister a la bonne odeur, et poussé par un ventre grognant, le jeune garçon s'engouffre dans la grande salle après avoir effectuée les vérifications d'usage.
Impeccablement rangée, la cuisine ne laisse la place à l'erreur et Saito se doute que si un couteau change de place, le Chef le saura.
Au bout de cinq minutes d'exploration, il trouve la salle au trésor...
La chambre froide où sont stockées les vivres et autres produits frais.

Un quart d'heure plus tard, le ventre bien plein, Saito observe le monte-homme descendant vers la zone des geôles.
Un élément nouveau vient modifier la donne. Les lanternes parcourant le puits sont maintenant allumées et toute descente se fera au grand jour.
Caché par une pile de caisses, regardant la cage, une idée lui vient.
En quelques bonds rapides, il se place derrière le coffrage protégeant les roues dentées de la cage alors qu'en bas, une personne appelle l'ascenseur.
Saito est qui-vive, car dans cet endroit, nulle échappatoire possible, et il sait pertinemment que s'il est révélé, il lui faudra neutraliser l'alarme avant qu'elle se propage à la surface.
Cela impliquera certainement de tuer les gardes.




Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#121

La cage s'immobilise  devant une salle au niveau des geôles et Saito s'accroche à l'échelle alors qu'un Gardien pénètre dans celle-ci en appuyant sur une commande.
Laissant l'objet de métal remonter, il emprunte la petite corniche le conduisant à l'entrée de la salle d'accès à l'ascenseur, puis file se mettre a l'abri derrière un grand tonneau.
Faiblement éclairée par une lanterne qui n'est visiblement plus dans sa jeunesse, la petite pièce est plus au goût de Saito.
Dans une salle adjacente, deux voix s'élèvent.
La discussion porte sur le registre et l'un explique à l'autre comment noter les informations sur le transfert de prisonniers.
Saito se rend compte qu'il est descendu pour rien et que la prisonnière est déjà dans le fameux "labo N°3".
Escaladant rapidement l'échelle au mépris de se faire voir, il peste contre lui-même et se dit que la précipitation est mère de l'échec...
Arrivé au sommet du puits, il retrouve sa cache derrière la pile de caisses et ouvre le carnet de cuir, cherchant une information sur ce labo.
Pour s'y rendre, il lui faut traverser la grande cour intérieure, mais par chance, seul le pourtour est éclairé, laissant le centre dans l'obscurité.

Sortant le fin voilage gris sombre de son logement, Saito le passe sur ses épaules a l'instar d'un grand manteau puis lève les yeux vers le ciel.
Cachée derrière d'épais nuages noirs, la lune ne brille pas, permettant a l'enfant de pouvoir traverser sereinement.
Saito avance d'un pas rapide, sans courir, ce qui ferait bien trop de bruit.
Soudain, une impression étrange s'empare du jeune garçon qui se plaque au sol, laissant l'étoffe le recouvrir.
Quelques secondes plus tard, la cour s'allume.
Bénéficiant d'un trou dans la couverture nuageuse, la lune joue les projecteurs et illumine la zone comme en plein jour.
Sur le chemin de ronde, les gardes continuent leurs patrouilles sans s'occuper des ombres dans la cour.
Une fois de plus, le gris sombre du tissu de Saito s'avère d'une redoutable efficacité.
Appliquant un exercice de relaxation, il attend que les nuages veuillent bien voiler la face de la lune.

Après une traversée parsemée d'arrêts, Saito arrive devant le bâtiment désigné sur le plan du carnet de cuir.
Trouver le labo N°3 est relativement aisé, c'est la seule zone éclairée.
Saito grimpe à une échelle courant sur le mur de l'édifice et vient se placer devant une fenêtre ouverte dans le toit.
Au dessous de lui, la grande salle est remplie de  matériel de chimie, des tubes, béchers et autres ustensiles dont il en ignore la fonction.
Dans un coin, les poings liés par une chaîne, Hitomi, résignée, semble attendre la mort.
Autour d'elle, les préparatifs se terminent et le Maître Gardien dépose un sabre dans un présentoir horizontal.
Des machines bruissent, pouffent et sifflent. Certaines sont replies de cadrans et de divers instruments de mesures.
Les aiguilles bougent paresseusement, attendant des données à afficher.
Un Gardien s'avance vers un énorme pupitre rempli de moult afficheurs.
D'un coup d'œil il fait sa vérification et annonce que tout est en ordre et que l'expérience peut débuter.
Les cadrans sont positionnés de telle sorte qu'au stade normal, toutes les aiguilles pointent vers le haut; de ce fait, la moindre anomalie est aisément repérable.


Le Maître Gardien libère la jeune captive et l'amène devant le présentoir sur lequel est posé le sabre.
Maître Gardien : Nous avons besoin que tu réalises une petite expérience... par la suite nous te libèrerons...

Hitomi, blême, demande d'une voix faible.
Hitomi : Vous allez me tuer ?
Maître Gardien : Si notre dessin était ta mort, tu le serai depuis fort longtemps... Non, nous souhaitons juste que tu dise une phrase puis que tu te fasse une petite coupure avec cette lame.

Regardant le Maître Gardien, Hitomi se rend compte que ses yeux sont de couleur différente, l'un vert, l'autre mauve.
Quelque chose dans ce regard la trouble, et en même temps l'attire.
Maître Gardien : Peux tu le faire pour nous ?
Hitomi : Je...
Maître Gardien : Ecoutes et retiens bien ceci...
                       Sur une lame effilée, mon esprit a filé.
                       Libre a présent, Par delà l'espace et le temps.
Hitomi : ...

Le Maître Gardien s'écarte hors du cercle tracé au sol et va rejoindre le Docteur devant la grande console.
Maître Gardien : Alors ?
Docteur : Alors, ça n'a pas encore commencé qu'on a des donnés de partout...
Maître Gardien : Ne perdez trace de la moindre information... si ce que le Livre révèle s'avère juste, ce pourrait bien être une nouvelle ère pour nous.

Devant eux, Hitomi, complètement hypnotisée par le regard du Maître Gardien saisis le fourreau du Katana.
D'un noir profond, il semble aspirer la lumière environnante à tel point que de là où ils sont, les observateurs ont l'impression que la main de la jeune fille vient de fusionner avec le fourreau.
La lame sort d'un coup comme si un Haut Maître avait pris possession de la jeune fille, guidant ses gestes.
Dans le même et élégant mouvement, Hitomi se fait une légère entaille à la main gauche en prononçant les deux vers.

Sur les cadrans des instruments, les aiguilles dansent le funk.
Les bras mécaniques retranscrivant sur papier les données des machines s'affolent alors qu'autour de la jeune fille dansent des langues de lumière.
Un vent puissant émane du centre de la pièce alors que sur le fourreau du sabre, des inscriptions se mettent à luire comme si une personne venait de les calligraphier avec de la lave en fusion.
Un des Gardiens, posté devant une boite montée sur un trépied, actionne un petit levier, puis retirant une grande plaque de bois de la boite, la donne a une autre personne, insère une nouvelle plaque prestement en refaisant jouer le levier.
Cette nouvelle invention permettra aux Gardiens de posséder des images de l'expérience.

Au centre de la pièce, Hitomi semble pétrifiée.

Ses yeux ont tout simplement disparu, laissant place a deux orbites vides d'un noir absolu.
Docteur : Il faut arrêter !
Maître Gardien : Non ! C'est la découverte de notre temps, si nous menons cette expérience a bien !

Alors qu'il prononce ces mots, les langues de lumière pénètrent la lame.
Hitomi s'effondre et les aiguilles retombent.
Les inscriptions sur le fourreau disparaissent comme si elles n'avaient jamais existées.
Autour de la jeune fille, l'excitation bat son plein, et même si personne n'est en mesure de confirmer ou infirmer la réussite de l'expérience, tous savent que les données récoltée sont a elles seules d'une inestimable valeur.
Le Maître Gardien s'avance et s'accroupit devant Hitomi.
D'un geste brusque, il se redresse, faisant deux pas en arrière.

Un des hommes demande ce qu'il se passe.
Maître Gardien : ... Je ... ses yeux... Ils... Le blanc...

Devant le teint blafard du Maître Gardien, les murmures montent.
Pour la première fois, le plus expérimenté des personnes présentes sur ce rocher vient d'être ébranlée.

Le Docteur se porte au secours de son ami.
Docteur : Maître ! Que s'est il passé ?
Maître Gardien : Ses yeux... Mes défenses... Le blanc... Toutes brisées...

Le docteur se relève, et faisant le tour de la jeune fille au sol, se place derrière elle de façon à ne pas croiser son regard, puis lui ferme les yeux.
Se remettant de ses émotions, le Maître Gardien se relève.
Maître Gardien : Laissez là où elle est... nous allons continuer...
                       Venez, et faites moi votre rapport.

Le groupe se réunit autour du Maître et l'un des Gardien s'avance, un parchemin a la main.
Larksper : L'opération est un succès et même plus.
              Nos données indiquent que la jeune fille est belle et bien morte, ses fonctions vitales se sont éteintes.
Maître Gardien : Bien... Très bien... Quoi d'autre ?
Larksper : Son esprit est entièrement passé dans la lame.
Docteur : Le Livre mentionne qu'il faut qu'une personne se coupe pour que l'esprit puisse ressortir.
Larksper : Oui, sans cela, il lui est absolument impossible de quitter cette prison.
Maître Gardien : Prison ? Le Livre ne parle t'il pas de protection ? Ou est ce une mauvaise traduction ?
Larksper : Pour ma part, un lieu dans lequel je vais chercher protection, je suis en droit de m'attendre a pouvoir entrer a ma guise et surtout en sortir quand bon me semble... Cette protection me fait penser à une cellule... Certes vous y êtes protégé des ennemis à l'extérieur, mais il ne vous est possible d'en sortir.
                J'appelle ça une prison...
Maître Gardien : En effet, c'est un peu con comme protection...
Larksper : Ravi que vous soyez de mon avis... mais j'ai découvert autre chose...
Maître Gardien : Quoi ?
Larksper : Certaines données indiquent que le corps de la fille n'est pas totalement mort...
              Sauf défaut des appareils de mesure, il semble bien qu'il reste une petite partie de vie dans ce corps... comme si le processus était réversible
Maitre Gardien : Ce serait un moyen de sauter une génération, voir une époque complète en se mettant en stase dans l'objet ?
                      Mais pourquoi le corps garde des fonctions si la finalité de l'écrit est de changer de corps ?
Docteur : Peut être pour ralentir la décomposition ? Le Livre mentionne que cette technique permet de changer de corps, mais rien ne semble s'opposer au retour dans le corps d'origine.
             Ca expliquerai le ralentissement de la décomposition...
Larksper : Oui, il est en décomposition B...
Docteur : La décomposition quoi ?
Larksper : La décomposition B, c'est la décomposition avant C...

Le groupe explose de rire.
Le Maître Gardien se met la tête dans les mains.
Maître Gardien : Je propose, avant de mourir de rire, de finir cette expérience... Qu'en dites vous ? On a tenter le processus inverse...

Les gens se remettent en place alors que le Maître Gardien saisis la main de la jeune fille tenant le sabre.
Larksper : Prenez garde de ne pas vous couper, sinon, vous risquez de vous retrouver avec deux esprits dans votre corps.

D'un coup vif, le Maître Gardien fait une nouvelle entaille sur la main de la jeune fille à côté de la première.
Le groupe attend une réaction, un signe.
Rien ne se passe, les aiguilles des instruments ne vacillent pas et ne montrent aucune activité.
Le Maître se relève et se dirige vers la console principale.
Soudain une personne pousse un cri, sur le fourreau, les inscriptions rougeoient faiblement et de la lame s'échappent les langues de lumière qui l'avaient pénétré quelques temps auparavant.
Dans les cadrans les aiguilles prennent vie et les gens observent la scène avec attention.
Se réunissant au dessus du corps de la jeune fille, les filaments lumineux tournent pour former une petite sphère a peine plus grosse qu'une balle de tennis qui disparaît dans un petit flash.

Sur le corps d'Hitomi se matérialisent des arcs électriques.
Maître Gardien : Notez tout ! Ne perdez rien !

En un battement de paupière, les arcs électriques pénètrent le corps de la jeune fille étendue sur les froides pierres du sol, provoquant un violent spasme.
Hitomi, cambrée, ouvre la bouche pour chercher de l'air.

Son teint blafard semble reprendre des couleurs alors qu'elle s'assoie.
Hitomi : ... je ... je me suis évanouie...

Le Maître Gardien s'approche de la jeune paysanne en prenant soin de ne pas la regarder directement dans les yeux.
Arrivé a sa hauteur, et constatant que ses yeux ne sont pas blanc, il lui tend la main et l'aide a se relever.
Maître Gardien : C'est bon, c'est fini...

Accompagnant Hitomi vers un grand fauteuil en cuir, il lui demande de s'y reposer un moment puis retourne vers la console centrale.
Maître Gardien : Alors, qu'avez-vous ?
Larksper : Des données à n'en plus finir... Son esprit est bien passé dans la lame, puis est retourné dans son corps.
              Par contre, nous n'avons aucun moyen de savoir si c'est vraiment Hitomi qui a repris sa place dans ce corps.
Maître Gardien : En effet, il se peut qu'un autre esprit occupait déjà la lame... nous le saurons dans quelques temps.
Larksper : Et si nous utilisions la Rivière ? Peut être nous obtiendrions d'étonnants résultats ? peut être la possibilité de contrôler un corps de l'intérieur de l'objet directement...
Maître Gardien : Non, nous ne le pouvons pas... Et nous ne devons pas utiliser la Rivière...
                      Sa puissance nous est totalement inconnue, et de plus nous ne savons pas qui d'autre peut voir à travers les Pierres de Vision Perdues...
                      La Rivière doit rester dans son lit et ne jamais être utilisée...
                      Rappelez vous, nous n'avons pas la Source, et sans sa source, une rivière ne peut vivre.
                      Sans la Source nous ne pouvons contrôler la Rivière.
Larksper : Ce serait pourtant tellement enrichissant... pouvoir comprendre un peu plus sur leur savoir...
Maître Gardien : En effet, en étudiant les reliques des Précurseurs nous avons vu l'acmé d'une civilisation...
                      En voyant leurs ruines nous avons compris les dangers d'un tel accomplissement...
Larksper : Que voulez vous dire ?
Maître Gardien : Certains secrets de la Nature doivent le rester... tout ce qui nous entoure est constitué de grains de poussière, et si un jour l'Homme domestique la force de ces grains, il détruira le monde.
                        Les arquebuses que les Hommes des Mers ont apportées ici nous le prouvent.
Larksper : Nous pouvons grandir... mûrir...
Maître Gardien : Je l'espère... aujourd'hui, un gobelet de cette poussière noire peut détruire une cabane, dans quelques temps, ce même gobelet sera capable de détruire un village entier...


Sur le toit, ne perdant rien de ce qui se déroule au dessous de lui, Saito observe.
Dans son esprit se mêle émerveillement et incompréhension.
Il a déjà entendu parler d'une source, mais ne parvient pas à se rappeler où.
En bas, les discussions continuent, au dessus de lui, les nuages commencent à se dissiper.
Il doit être l'heure du Tigre , peut être du Lièvre et dans quelques temps, le soleil chassera les ombres de la nuit, le révélant aux yeux de tous.
S'il veut encore avoir une chance de sauver Hitomi de cette demeure, il lui faut agir vite.


Hitomi : ... je peux partir ? Vous aviez promis de me rendre ma liberté...

Un des Gardiens s'avance vers le Maître, et lui dit que la jeune fille souhaite lui parler.
Laissant les autres a leurs données, il se dirige vers le fauteuil et s'accroupit pour se mettre a la hauteur de la petite Hitomi.
Maître Gardien : Je tiens a te remercier, souhaites tu passer la nuit ici...
Hitomi : Je...
Maître Gardien : en invitée bien sur, non en tant que captive...
Hitomi : Je...
Maître Gardien : Fort bien, nous allons te mener a tes appartements...

Alors que la jeune paysanne est conduite vers une luxueuse chambre pour les invités de marque, Saito se glisse hors de sa cachette.
Avant de tenter de sauver une personne dont la disparition ne passera pas inaperçu, il doit trouver plus de renseignements.
Profitant des ombres, il se faufile de toits en terrasses au nez et à la barbe des gardes patrouillant toujours dans l'espoir de mettre la main sur l'individu qui avait promis de ridiculiser les occupants d'une des bâtisses les mieux gardées du pays.

Accroupi derrière une haute cheminée, Saito observe le long toit plat qui se déroule devant ses yeux.
Rassuré, il constate que le jour n'est pas encore levé et que son départ ne sera pas remarqué.
L'endroit idéal pour prendre la poudre d'escampette.
Prudemment, il file jusqu'au bout de la toiture, et satisfait, retourne a sa cheminée.
Saisissant les deux sangles passant entre ses jambes, il vérifie qu'elles soient bien a plat.
Quelques minutes plus tard, un grand sourire sur la face, il s'élance et au bout du toit, saute dans le vide.
Plus de trois cent mètres séparent le dernier endroit où il a posé le pied du sol.
Une chute vertigineuse.

Saito tire sur la poignée fixée à son épaule, et dans un grand bruit de tissu, l'aile se déploie.
Alors que la toile prend forme, il prie pour que la femme de Batu n'ait pas négligé une couture.
Se sentant ralentir, il lève la tête, empoigne les deux commandes et examine du regard cette grande aile qui lui ouvre la voie des cieux.
Désormais, le ciel n'est plus le domaine incontesté des oiseaux, et Saito entends bien y retourner aussi souvent que faire se peux.
Le tissu sombre ne trahis pas sa présence et le jeune garçon effectue une large courbe autour de la demeure des Gardiens, comme pour les narguer une fois de plus.
Sur les remparts, le nez baissé, les gardes attendent une personne qui escaladera les hauts murs.
Personne ne prête attention à ce drôle de grand oiseau noir qui file vers les terres.

Le voyage de retour s'avère plus calme et plus aisé que le jour précédent et Saito constate que non seulement le travail de la femme de Batu est excellent mais que ses coutures ont résolu les vibrations de la partie droite.

Un hurlement tire le jeune pilote de ses pensées.
Il tourne la tête vers la droite et sursaute devant la vue d'une chose qu'il n'oubliera jamais.
Au bout de son aile, une ligne d'oies sauvages volant en formation.
Saito reste en compagnie des volatiles une dizaine de minutes et entame sa descente vers le jardin de la maison familiale.
Utilisant la lueur des lanternes du grand portail comme point de repère, il effectue une série de cercles lui assurant une descente stable vers la pelouse.
Il espère juste ne pas finir dans le plan d'eau ornant le centre du jardin.

Dix minutes plus tard, Saito étend son aile sur l'herbe en se disant que le soleil fera sécher tout ça proprement, puis se dirige vers les emplacements où l'on plante les bambous recevant le linge après une lessive.
Le jeune garçon se déshabille, ne gardant qu'une sorte de pagne court et place ses effets sur la structure de bambou, bénissant la tiédeur de la nuit.
Ne portant que les poches de cuir à ses jambes et son pagne, il se dirige rapidement vers sa chambre dans laquelle il se glisse comme un fantôme.
Saisissant un linge, il s'essuie puis ouvre un tiroir et prend un Hakama qu'il enfile rapidement avec le reste de la tenue.

Peu de temps après, il file vers la grande salle.
Constatant que celle-ci est vide, il retourne d'où il est venu en passant par le couloir de la chambre de ses parents.
La respiration lente et régulière de son père et sa mère le rassure.
Saito se rend dans sa chambre, ouvre un grand placard et en sort un futon qu'il dépose au sol, puis étend les couvertures dessus.
Il enlève les vêtements qu'il vient de mettre, dépose les sacoches de cuir dans une cache aménagée entre les lattes du plancher puis se glisse sous les couvertures et s'endort...




Un rayon se faufile sur le visage de la personne endormie, réchauffant la peau sur son passage.
Un petit frisson parcourt la peau.
Faisant le chat en écoutant les bruits matinaux, elle se redresse en se frottant le visage.

Dans sa chambre, Saito se réveille en douceur, laissant a son cops le temps de recouvrer toute ses forces.
Dans la maison, on parle, on s'active.
Le jeune garçon finit de s'habiller et se dirige vers la grande salle où la famille mange le repas du matin.
Ouvrant la porte coulissante, il s'incline pour saluer les gens présent alors que son père l'invite par un signe de la main à se joindre a eux.

Le repas se passe et l'on discute de choses variées.
Plus tard, la salle rangée et nettoyée, Setsuna et le Voyageur écoutent avec attention le récit de Saito, comment il a utilisé le carnet du Voyageur, le Visages Mécaniques et ces horribles créatures métalliques, la grande salle et la cathédrale, il n'oublie rien.

Au moment où son fils mentionne la Rivière, cette pierre dérobée grâce à la clé-trèfle, Setsuna murmure.
Setsuna : Et dire que nous l'avions sous les yeux depuis le début...
Saito : Vous disiez, père ?
Setsuna : ...Non, rien... je réfléchissais a haute voix... As-tu récupéré la Rivière ?



Saito affiche un sourire que seules ses oreilles arrêtent et exhibe la magnifique pierre.
Un silence envahit la pièce alors que les regards de Setsuna et du Voyageur se laissent engloutir par la Rivière.
Le bleu de la pierre semble happer les esprits mais le plus envoûtant reste la structure de l'objet lui-même.
La pierre donne l'impression d'être constituée d'une couche de verre transparent emprisonnant une sphère de lave bleue en fusion.

Saisissant la pierre verte à son cou, Saito constate qu'une cavité de forme similaire est présente sur la pierre bleue dans sa main.
Saito : Père, vous voyez ? La Rivière et la Source semblent aller ensemble... Père ?

Saito retire la pierre verte et la pose sur la bleue.
Setsuna : Et le Créateur sépara la rivière de sa source afin que nulle créature ne puisse s'y abreuver...
             Et le Maître Créateur s'assura que nul ne puisse les réunir...


Setsuna hurle...

Les deux pierres se touchent.

Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#122
Un rayon se faufile sur le visage de la personne endormie, réchauffant la peau sur son passage.
Un petit frisson parcourt la peau.
Faisant le chat en écoutant les bruits matinaux, elle se redresse en se frottant le visage.
Sur une branche, une créature observe son environnement.

Non loin de là, une autre créature cherche son petit déjeuner...
L'esprit embrumé, Saito se frotte a nouveau le visage, en se demandant à quoi rime tout ceci, pourquoi il est allongé sur une branche à plusieurs mètres du sol et pourquoi sa maison, son père et le Voyageur ont disparu.
A sa verticale, une énorme créature noire semble chercher quelque chose.
Dans la confusion régnant dans son esprit, le jeune garçon n'arrive pas à choisir ce qui le terrifie le plus.
La créature noire en bas ou cette végétation luxuriante et inconnue.
Appliquant une méthode de relaxation, il fait le vide en lui et tente de se rappeler les derniers évènements dont il se souvienne.
Il s'est réveillé dans sa chambre, a mangé dans la grande salle avec ses parents, et le Voyageur.
Puis, après le repas, il a parlé de la pierre qu'il a rapportée de la demeure des Gardiens.


Saito : La Source... et la Rivière !!!

Il se rappelle que son père semblait lui dire quelque chose au moment où il faisait se toucher les deux objets.
Observant la créature noire au sol, Saito sait qu'il l'a déjà vu quelque part, mais n'arrive pas à se rappeler où et quand.
Dans sa tête, il lui semble entendre des voix; mais le plus important est cette sensation étrange dans le bas de son dos.
Prenant garde de ne pas tomber, il se retourne doucement et constate qu'une longue queue se terminant par une touffe de poils part du dessus de ses fesses.
Oscillant paresseusement, celle-ci s'agite a présent dans tous les sens.
Mais la queue n'est pas la seule chose qui ait changé.
Sa peau est maintenant rayée bleue et parsemée de points lumineux.
Saito percute et se rappelle maintenant avoir eu pareille vision lors de son premier contact avec la pierre verte que son père lui avait donné peu de temps auparavant.
Soudain, Saito sens sa tête tourner comme si l'on venait de lui retirer les commandes de son corps et qu'une autre personne en avait pris possession.

Messager : Messager affronterait bien cette légendaire créature...
Scratty' : Je propose de filer a l'Anglaise tant qu'on peut, hein ?
Moi : Je vote pour l'Anglaise !
Messager : Allons, ici Messager n'a de contrats vraiment digne de lui, il se sent faiblir, l'inaction mène à la défaite...
Moi : Et pourquoi pas aller a la chasse aux œuf d'Toruk ? Hein ?
Messager : Cela est possible ?
Scratty' & moi : Mêm' pas en rêve !

Non loin de là, un bruit métallique accompagné d'une série de jurons déchire le silence.
Dressant une oreille, je me dit qu'il est plus que temps de prendre l'option Anglaise avant de devoir jouer du toréador avec les bastos de 30mm de l'horreur métallique qui s'approche.
Moi : On s'arrache !

Au dessous, l'énorme créature lève la tête et recule se mettre en embuscade.
De l'autre côté le groupe avance avec la discrétion d'un orchestre et passe sous ma branche
Je la regarde s'éloigner sans un bruit et pousse un petit soupire de soulagement.
Dans ma tête, je sens une présence étrange.
Un petit moment passe, puis, un craquement de branche broyée par quelque chose de lourd.
Quelque chose qui fait un bruit métallique et mécanique.
La musique si caractéristique que font les AMP.
Dans un craquement magistral, l'énorme humanoïde de métal émerge d'un haut buisson.


Messager : HEY !
Scratty' : Ah non !
Moi : Quoi ?
Voix : Père !!!

Quelque chose perturbe mon équilibre, comme si une autre personne voulait bouger mon corps.
Mes mains dérapent.
La dizaine de mètres me séparant du plancher des vaches me parait être a des kilomètres et ma chute semble se faire au ralenti.
Je m'écrase lourdement sur l'épaule gauche de la machine, et laissant échapper un feulement, finis sur le sol.

Surpris de voir pleuvoir des Bleus, les cinq soldats en oublient de me mettre en joue.
Moi : Euh... désolé... j'veux pas vous faire de mal...
Messager : LES SANS HONNEUR SONT PROIES DU MESSAGER !!!

Levant mes mains en signe de non violence, je me relève difficilement.
La surprise passée, les canons des armements Humains prennent leur place devant ma figure.
Moi : Je ne suis pas votre ennemi.
Messager : IL SUFFIT ! MESSAGER PREND LES COMMANDES !

Le coup est puissant et ma tête heurte le sol violemment.
Dans sa machine, le pilote de l'AMP hurle.

Pilote : Montrez vous ou on l'abat sur le champ !

La tête coincée sous l'énorme main mécanique, je tente de me dégager.
Un des hommes place son couteau sous mes yeux

Sergent : T'as buté mes potes ! Tu vas payer...
Scratty' : Hey, Messager ! Fait quelque chose !
Messager : Messager ne peut se dégager de l'emprise de la machine...
               Faute lui incombe, il a attendu trop longtemps...

Voix : Que se passe t'il ? Pourquoi ?
Moi : T'es qui toi ?
Voix : Qui ?
Moi : Toi ! Ducon ! L'espèce de raclure qui nous a dévoilé !
Voix : Saito, fils de Setsuna...
Scratty' : T'as merdé, là, Saito fils de Setsuna ! On va y rester par ta faute !

Derrière le Sergent résonne les cris de ses frères d'arme qui l'encouragent à prendre la vie de ce Bleu dont les semblables ont massacré tant de leurs amis.
Sergent : J'vais te tuer très très lentement, t'entends...
Moi : Nous n'avons... pas voulu... ce conflit...
Sergent : Alors, tu iras l'dire à ta Déesse-des-Arbres...

Dans mon dos, je sens la main de l'homme me saisir la natte.
Sergent : Il parait que ça vous sert a tout... J'vais l'emporter comme souvenir et t'laisser crever ici ! Tu saisis ?!

L'homme relève la tête vers l'AMP
Sergent : Relâche un peu sa tête, j'veux avoir sa natte en entier.
Messager : Sotte sous-créature !

La main relâche son emprise.
Dans les mains du Messager la lame prend vie.
Le coup est violent et l'on entend le craquement des os de la mâchoire.
En un geste, le talon du sabre vient de mettre le sergent a terre alors que le Messager, maître de mon corps fait un bond pour se libérer de la main de l'AMP
L'homme dans la machine, excellent pilote, montre une fois de plus sa symbiose avec son armure et dans un seul et même mouvement, saisis son couteau, et le jette vers moi.
Le manche de l'énorme arme me frappe de plein fouet dans le dos, m'envoyant valser comme une quille vers l'arbre le plus proche contre lequel je m'écrase.
Dans ma tête, la voix de Saito nous vrille les tympans.

Moi : Tu la fermes !  Tu squattes mon cerveau, alors tu la fermes !

Allongé sur le ventre, je tente de me relever alors qu'une douleur me lacère le bas du dos...
Messager : Ton corps a pris cher, Xelloss ! Sois calme, ce combat n'est tien...

Reprenant a nouveau les commandes, le Messager force mon corps à se relever et je constate qu'il lui répond bien mieux qu'a moi.
N'attendant pas son reste, le pilote de l'AMP avait suivi son couteau et a nouveau je ressens un coup de massue.

Plaquée sur mon dos, l'énorme main me maintenant fermement au sol.
AMP : Il est a vous, chef... Ou préférez vous que je lui casse la colonne...
Sergent : Non... j'en fais mon affaire... Tiens le bien !

Péniblement je tourne la tête vers l'homme qui s'assied à côté en ricanant.
Messager : Sans Honneur... Messager réclame un combat loyal !
]Moi : Pourquoi tes yeux ne marchent pas !?
Messager : la cible ne regarde directement les yeux du Messager...
Sergent : T'es rien ! T'es qu'un putain d'animal... Et les chiens, j'les butes, moi !
AMP : Faut s'grouiller Sergent... il peut y en avoir d'autres... ou pire...

A nouveau, je tente de me dégager alors que la main de l'homme fouille au dessus de ma nuque pour trouver la base du connecteur neural.
Je ressens la lame froide.
Dans un mouvement sec, le Messager fiche les Kunaïs de mon bracelet de protection d'archer dans le sol, les saisis et les plantent dans la cuisse du Sergent.
Celui-ci hurle en tranchant la natte.
Les épais cheveux font leur travail, protégeant le long connecteur de la lame, tant et si bien que le couteau de l'homme glisse sur l'épaisse tresse, n'entaillant qu'une petite partie.
Le soldat décide d'utiliser le dos de son couteau.
La scie arrache les cheveux la chair et les nerfs.
Les autres soldats, se délectant du spectacle reculent devant mes hurlements.
La douleur est atroce et j'ai tout simplement l'impression que sa lame découpe l'intérieur de mon cerveau.


L'homme se redresse, son trophée a la main.
Sergent : On peut y aller !

La douleur s'empare de mon corps alors que dans le fond de ma tête résonnent les hurlements de Saito.
Derrière le groupe d'Humain  un rugissement se fait entendre.
AMP : OH PUTAIN !!!

L'énorme animal noir s'abat sur l'humanoïde métallique, le faisant tomber.
Dans sa chute, celui-ci perd son arme accrochée en bandoulière qui percute de plein fouet l'un des membres de l'équipe, l'assommant sur le coup.
L'AMP au sol, le Thanator se rue sur une autre cible, la saisis dans l'une de ses pattes, lui broie la colonne vertébrale et la lance sur un autre Humain.
Tombant au sol, l'un des deux Humains s'empale sur une large pointe alors que l'imposante bestiole bondit sur un homme cherchant à désenrayer son arme.
Arrachée par l'énorme patte, la tête de celui-ci vole et frappe le sergent qui épaulait son CRAB.
La rafale ricoche contre le crâne blindé du Thanator qui envoie sa proie valser contre un arbre d'un puissant coup de patte.
L'AMP se relève et porte la main à son couteau alors que la créature noire lui saute dessus.
Soudain, le pilote réalise qu'il a lancé sa lame sur le Na'vi que le sergent a tué.
Trop tard, s'abattant avec une violence inouïe, le Thanator renverse la machine et martèle la vitre pour en extraire la petite créature a la chair si appétissante.
Dans l'esprit de la bête, c'est jour de fête, car si la chair des grands bipèdes bleus est assez cossue, celle des petites créatures roses est un met de choix.
Cependant, c'est un met qui se mérite car ces proies sont recouvertes de nombres couches de peaux non comestibles.

Profitant de l'occupation du Thanator, le Messager force mon corps à bouger.
Doucement, je m'éloigne.

N'ayant pu avoir raison de la carcasse métallique, l'animal laisse le pilote qui pousse un long soupire de soulagement.
Saisissant le sergent et un autre membre du groupe, l'animal vérifie qu'ils sont toujours vivants et s'éloigne avec son butin.

Tremblant de tous ses membres, le survivant de ce massacre attend une dizaine de minutes caché dans un buisson puis se dirige vers l'AMP pour porter assistance a son ami.

A bout de forces, je m'écroule au bord d'une rivière et me laisse porter par le courant.

Pendant ce temps, l'énorme panthère noire regagne sa tanière et laisse tomber ses proies devant l'entrée de celle-ci.
Le Sergent regarde deux autres animaux semblables au gros sortir.
Avec horreur, il se rend compte que ce sont des jeunes et que lui et son ami vont leur servir de déjeuner.
Les deux petits tournent autour de ces nouvelles proies, collant un coup de patte de temps en temps.
Le sergent, étant le seul qui bouge encore, présente plus d'intérêt.
En rampant, il tente fuir, vite rattrapé par les jeunes Thanator commençant a prendre goût a jouer avec cette nouvelle chose.
Tenant toujours la natte du Na'vi, l'homme se dit que s'il lui avait laissé la vie sauve, ils n'auraient pas été si distraits et n'en seraient pas là.
Le Sergent emporte comme dernière vision celle de son ami pendant comme un marionnette désarticulée dans la gueule de l'une des jeunes créatures glapissant de joie sous les caresses affectueuses de la mère...



Pendant ce temps, porté par le courant, je tente de penser.
Penser tout court sera déjà bien et me permettrai de moins ressentir la douleur.
Dans le fin fond de mon esprit, dans le Jardin Japonais du Messager, j'entends sa voix et celle de Saito.

Messager : Qui es tu réellement ? Réponds prestement !
Saito : Je... je suis Saito...
Messager : Messager le sait ! Que fais tu en l'esprit de Messager ?
Saito : Je... Je ne comprends pas...
Messager : Tu as tué Xelloss, regardes son corps ! Et par ta faute, Messager va y rester !
               Messager réclame ta vie en paiement cette faute !


La lame du Messager est rapide et la pointe vient se placer sous la gorge du jeune garçon responsable du désastre.

Quelques temps plus tard, je m'échoue sur une rive.

Des cris se font entendre et au dessus de moi dansent des visages.
Saito : ... aidez moi...

Aux yeux de Saito, les gens penchés au dessus de lui ressemblent à des chats.
Leurs traits félins sautent à la figure.
Ils semblent jeunes et pourtant ont pratiquement la taille de son père.
Un des enfants accroupi se retourne vers les autres et leur dit.

Enfant : Ma smuktu, fwew Tsahìkti ayngal nang ! nìwin !

Sur ses paroles, un petit groupe de quatre enfants se disperse et file en direction d'un énorme arbre.
Soudain, une jeune fille pousse un cri en désignant de la main la tête du blessé allongé au sol.
Les regards se tourne vers la petite, qui, les mains sur la bouche lâche.

Jeune fille : Tswin peyä...

Un murmure d'horreur parcourt le groupe alors que des adultes s'approchent de l'attroupement.
La jeune Na'vi s'agenouille a côté de ma tête et montre ma tignasse.

Jeune fille : Tse'a srak ? Po... lângu tswinluke...

Se plaçant a la droite de la jeune Na'vi, un adulte saisis une longue feuille enroulée qu'il porte a la ceinture, la déroule et l'applique sous ma tête en marmonnant des phrases incompréhensibles pour Saito.
Saito : Mais... que dit il ?
Messager : Messager ne le sait... Il a compris le mot Tsahìk au début et tswin a la fin... Tsahìk est la personne qui guérit et tswin, "tresse".
Scratty' : Tu peux être fière de toi, Ducon ! T'as tout déglingué notre Z6PO ! La seule personne qui était capable de se faire comprendre est aux fraises par ta faute !
             J'espère que tu causes Na'vi parce que sinon la communication avec les Schtroumpf va avoir du plomb dans l'aile !
             Alors la prochaine fois que tu fais du cerveau-tourisme, fait le quand on est pépère au coin du feu, pas avec un Palu en dessous !

Saito : Je... suis désolé...
Messager : tu seras bientôt le cadavre le plus désolé en cette terre... l'autre mot que Messager a compris est traduction pour la natte... celle que le Sans Honneur a pris de part ta faute !
Scratty' : Ouais, et pour avoir un tout p'tit peu de connaissance dans leur anatomie, sans leur queue-d'cheval, ils crèvent, les grands bleus !
Saito : Je veux pas mourir... Pas ici !
Messager : Il fallait y penser avant, Faible Chose !
               Messager est heureux de ne mourir seul dans la foret...


Autour de moi, les airs sont abattus, et les gens savent que le temps de Celui-qui-marche-en-rêve est compté.
Beaucoup s'étonnent de me voir encore vivant alors que la mort est plus rapide d'ordinaire.

Quelques minutes plus tard, une adulte portant une peinture corporelle d'un rouge sombre se penche sur moi.
Partant de ses poignet jusqu'a ses coudes, ses bras sont recouvert de ce rouge tirant sur le noir.
Formant comme un soutien gorge, une large bande de peinture de ce rouge est dessinée sur sa poitrine.
En se penchant sur moi, je constate qu'elle ne porte rien, la peinture lui servant de vêtement.
Son pagne est plus traditionnel mais sa couleur noire aux reflets bleus offre un effet des plus splendides.

Recouvrant la moitié droite de sa chevelure, une parure orne un visage déjà magnifique.
Tsahìk : tswinluke... tasyerkup nga nang... ohe tsun srung sivi... Nga...
Messager : Messager ne souhaites pas... long discours... Puisses tu prendre rapidement... la vie du Messager... Tsahìk.
Saito : Elle a dit quoi ?
Scratty' : M'regarde pas comme ça... j'en sais rien...
Messager : Terkup c'est "mourir", srung c'est peut être "aide"... le reste importe peu aux yeux du Messager...

Portant la main à la poignée du Wakizashi, le Messager tend l'arme à la Tsahìk...
Messager : Puisse ta main être forte...
Saito : HEY ! NON !
Messager : Messager ne peut contenir plus longtemps la douleur... Messager se meurt...

Saisissant cette étrange dague étincelante, la Tsahìk lève les yeux vers le groupe autour d'elle.
Ne comprenant pas un traître mot des paroles du Messager, la Na'vi n'a maintenant plus aucun doute sur ses intentions...

Le sabre en main, la jeune Guérisseuse regarde d'un air triste le groupe l'entourant.
Les oreilles pliées et la queue basse la Tsahìk enfonce la lame dans la cage thoracique du jeune Marcheur-en-rêve dans un silence oppressant.
Affaibli, et mourant, je ressens le métal pénétrer mon corps.
Cependant la douleur est très faible, pratiquement inexistante.
Au fond de ma tête, j'entends les hurlements de Saito, l'entité qui m'a mené a ma perte.
Dans un murmure a peine audible, le Messager réussi à prononcer un "Sayonara".

La sensation est étrange, comme si une personne venait de me retirer de lourdes chaînes.
Je me sens libre, la présence du Messager a totalement disparue.

Je hurle, mais rien ne sort de ma bouche.

La douleur est double et arrive en spasmes.
Une douleur atroce au dessus de ma nuque, là où la natte a été déchiqueté.
Une autre douleur au niveau de mon torse, là où la Tsahìk a enfoncé la lame.
Je prend conscience à cet instant de toute la puissance du Messager et de ce qu'il devait endurer pour endiguer ce flot de douleurs.

Puis, d'un coup le mal disparaît alors que ma vision s'obscurcit...

La Tsahìk retire la lame, des larmes coulent sur ses joues.
Tsahìk : ... Lu hasey... po Eywahu... set...




Azami, tenant un plateau sur lequel repose trois tasses à thé et une petite théière,  fait coulisser le panneau donnant sur la grande salle.
Le plateau tombe au sol.
Le service se brise dans un grand fracas alors que la maîtresse de maison porte les mains à sa bouche.
Elle laisse échapper un petit cri devant la scène qui se déroule à ses pieds.
La grande salle a tout bonnement disparue, et en lieu et place, se tient une berge, un arbre aux proportions démentielles a sa droite et une rivière a sa gauche.
La végétation en arrière plan est juste indescriptible.
Devant elle, son mari et le Voyageur tout aussi pétrifiés.
Juste au-delà, des gens d'une taille impressionnante, et frisant les trois mètres de haut sont réunis autour d'une personne allongée sur le sol, près de laquelle d'autres gens sont accroupis.
Avec effroi, Azami remarque la lame de son mari dans la main d'une ce ces étranges créatures bleues.
Agenouillée au sol, la femelle bleue semble pleurer alors que du sang glisse le long de la lame du sabre.

Ne comprenant plus rien, Azami hurle alors que la forêt se dissipe dans une brume fantomatique.

A quelques mètres d'elle, le corps inanimé de son fils gît sur le plancher...

Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#123
Voix : Journal de Bord, jour 32, douzième cycle... Demain, ça fera 1000 jours que je suis sur cette lune, dans la zone la plus hostile à l'homme qui m'ait été donné de fouler.
        Rester en vie relève plus du miracle que de l'organisation...
        Cette lune toute entière est un vaste piège où tout ce qui bouge essaye de vous bouffer... et tout ce qui bouge pas aussi.
        Il y a cet animal étrange rappelant les biches terriennes, mais avec une énorme collerette qui ne semble pas faire montre d'agressivité... Mais c'est à peu près tout.
        Nous nous dirigeons vers Hell'sGate, nos moyens de communications étant en rade a cause de l'humidité, nous n'avons plus de nouvelles depuis trop longtemps.

Derrière, la voix de Kenji se fait entendre.
Kenji : Alors, Yana, tu viens manger où tu préfères nourrir ton journal ?

Sauvant l'entrée et éteignant sa machine, la femme se relève et se dirige vers le groupe.
Yana : Voilà, j'arrive...

Yana pénètre sous la cloche de plastique transparente de la tente d'assainissement d'air en refermant le sas.
Le dôme, prévu pour accueillir cinq personnes permet de travailler en extérieur sans avoir à porter son masque.
Kenji : Nous avons sécurisé le périmètre et posé les senseurs, on devrait être tranquille.
         Tu as réussi à avoir un contact avec le protocole court ?

Elle se place aux côtés de Kenji devant le feu et lève la tête vers l'extracteur supérieur qui aspire et refoule la fumée vers l'extérieur.
Yana : Non, rien, y'a pas un seul journal dans les dix kilomètres a la ronde a part les nôtres.
Kenji : Ca peut pas être une bête panne d'antenne... y'a un truc qui cloche... tenez.

Kenji retire du feu les morceaux de viande cuits et les distribue aux trois autres membres du groupe.
Yana : Merci mon amour.

Déposant la nourriture dans l'assiette de sa femme, Kenji lui adresse un petit sourire.
En face d'eux, Mathéo, s'esclaffe.
Ancien militaire, blessé lors d'une terrible bataille dont il ne se rappelle plus le motif, Mathéo avait perdu un bras et la plupart de ses amis.
Le bras, avait depuis été remplacé par une prothèse mécanoïde, mais il n'avait jamais réussi à remplacer ceux qui pour lui étaient sa famille.
Déclaré inapte au combat, il avait réussi cependant à rentrer dans la section de protection de la RDA et faisait du babysitting pour scientifiques en milieux hostiles.


Mathéo : Dites, les tourtereaux, vous vous rappelez de votre première rencontre ?

Yana relève la tête, et repousse en arrière sa longue crinière noire lui descendant sur le dos.
Yana : Je l'aurai bouffé en salade, le Kenji ! Mais comment j'ai fait pour être séduite par un truc comme ça ?
Kenji : Peut être que tu étais la scientifique la plus bornée de toute la galaxie et que tu attendais le chercheur le plus stupide de tous les temps ?

Empoignant la petite barbiche de Kenji, Yana colle son visage face au sien.
Yana : Mais c'est qu'il me cherche, l'raton d'labo...

Kenji saisis le menton de sa femme.
Kenji : Je te tiens, tu me tiens par la barbichette...
Mathéo : En tout cas, vous faites la paire vous deux... Y'a pas un pour relever l'autre !
            Par contre, vous gardez la lumière allumée la nuit pour vos ébats ?
Kenji : J'met une vision nocturne...

Le groupe explose de rire.
Emma : Ah, les hommes... une paire de couilles dans l'cerveau... heureusement qu'on est là pour relever le niveau...

Affichant un sourire de fouine, Emma s'esclaffe avec les autres.
Discrète et douce, son caractère tendre tranche avec sa carrure de catcheuse.
Binôme de Mathéo, Emma avait remporté sur Terre la Cible d'Or les dix années consécutives précédant son départ sur Pandora.
Tireuse d'exception, elle avait donné au tir à l'arbalète de précision ses lettres de noblesse.
Son plus beau trophée était incontestablement le cœur de Mathéo, et bien que le mercenaire ne le reconnaissait officiellement, certains signes trahissaient son inclinaison pour cette femme qui aurait eu son rôle dans ces films où des barbares vêtus de peaux de bêtes combattent avec une hache à la main.


Mathéo : Oh, ça va...
Emma : On est tout émoustillé ?

Impassible, le visage de son compagnon passe couleur pivoine pour le plus grand bonheur de tous.
Yana : C'est vrai que vous êtes quand même porté sur la chose... pour notre plaisir...
Emma : M'enfin, il a raison, ça doit pas être facile de te trouver dans le noir... heureusement que t'es grande...

Affichant un air faussement surpris, Yana hausse les sourcils.
Yana : ... j'vois vraiment pas pourquoi tu dis ça... C'est lui qu'est bigleux... ou moi qui suis trop noire... ou les deux...

Le groupe explose de rire alors que Kenji conte comment sa compagne profite des coins sombres la nuit pour lui faire des frayeurs.
Kenji : ... c'est flippant, jvous jure... tu vois juste deux yeux blancs et des dents... brrrr....



Les discussions s'enchaînent et l'on se remémore les vieux souvenirs.
Le temps, passe et le groupe replie le bivouac, prenant soin de ne pas laisser traîner de détritus pouvant les identifier.
Yana : Hey ! j'ai un contact !

Les yeux se focalisent sur la carte, et le point clignotant a une dizaine de kilomètres de leur position.
Yana : Là ! Juste en limite de mon scan'... On a failli passer a côté...
Mathéo : En avant, vant !

Suivant ce fil d'Ariane, le groupe remonte vers l'origine du signal.
Yana : Je reçois des données... ça vient par groupe... c'est noël !

Plus le groupe approche de sa destination, plus le sourire de la scientifique s'efface.
Après avoir fait un petit détour pour ne pas passer devant une tanière de Loup-Vipères, le groupe arrive a quelques centaines de mètres du signal.
Yana : Stop... Stop ! Ca va pas du tout !
         Le dernier rapport que j'ai sous les yeux mentionne qu'un 446 est a été déclaré...
Emma : Un quoi ?
Mathéo : Merde... un ordre de mobilisation général... Y'spasse quoi depuis qu'on est parti ?
Kenji : Et si c'était qu'un exercice ?
Yana : La meilleure façon d'en avoir le cœur net est encore d'y aller !

Le groupe arrive sur le site.
Une petite clairière dans laquelle on peut voir le ciel, mais rien, personne, pas une seule structure.
Mathéo : C'est quoi ce merdier ?
Yana : J'ai trouvé l'émetteur !

La jeune africaine lève a bout de bras un objet que tout le monde reconnais immédiatement.
Emma : Un journal militaire ?
Yana : Yep, c'est ce truc qui émettait en continue... Voyons voir...
          "Ils ont pris le pont et la deuxième salle. Nous avons barricadé les portes mais cela ne les retiendra pas très longtemps.
           Le sol tremble...Les tambours...Les tambours viennent des profondeurs...
           Nous ne pouvons plus sortir...Ils arrivent...
"
Mathéo : ... euh... tu te trompes pas de script, là ?
Yana : Ah, pardon, c'était le texte en tache de fond... Je reprend...
         "L'Avant poste n'est plus sûr, je crois que tout est lié au Caporal Sully, il a fait ce que le Haut Commandement redoutait... Il a réuni les Clans...
          Nous ne pouvons plus tenir, nous sommes trop peu équipés.
          Nous avons verrouillé le accès mais les Bleus sont bien plus forts que nous, et les portes ne tiendrons plus longtemps
"
          Nom d'un p'tit cowboy en sucre ! Bon, celui qui a écrit ça n'a pas renseigné la date, mais écoutez...
          "Un 446 a été déclaré... Ils sont fous ! Nous allons nous faire exterminer... Hier, l'un d'entre eux s'est jeté sur moi, et si la vitre n'avait pas été renforcée, il m'aurait déchiqueté.
           C'est la première fois que je vois une telle fureur sur le visage de ces gens si accueillent d'ordinaire.
           Soit ils en ont eu marre de nos année d'attitude de conquérant arrogant ou alors quelqu'un a fait quelque chose qui a du sérieusement les mettre en pétard...
"
Emma : Si ce journal est dehors, c'est que son propriétaire en a réchappé...
Mathéo : Ou qu'il est mort en foret !
Yana : "Ils prennent les salles les unes après les autres, Nous avons fui par les conduits d'aération souterrains mais je crains que s'aventurer en foret soit plus périlleux que rester sur site...
            Quoi qu'il en soit nous n'avons plus le temps
"
Kenji : Tu as son point de départ ? Son avant poste ? Y'a peut être des réponses là bas...
Emma : Pas certain, les Bleus ont peut être pris position sur le site.
Kenji : J'pense pas... notre techno' et notre béton, ils n'aiment pas ça... le site sera sûrement vide.
Yana : Faut partir... Faut pas rester là... J'ai un mauvais pressentiment...
Emma : Regardez...

La scientifique montre du doigt une petite forme accroupie à une dizaine de mètres d'eux.
Surpris, le groupe recule de quelques pas.
Yana : Depuis quand il est là ?
Mathéo : Aucune idée...
Emma : En tout cas, il est plein de sang... et sûrement blessé... Faut l'aider.
Yana : NON !

Se mettant à la hauteur de la petite forme bleue accroupie, Emma avance doucement sa main.
Emma : Srung kin ?

Tournant la tête vers ses compagnons, Emma leur signale qu'il n'y a rien à craindre.
Repoussant les cheveux, Emma révèle le visage d'une petite Na'vi tout sourire.
Emma : Pourquoi vous faites ces têtes ?

Horrifié, le groupe ne peut détacher les yeux des trois longues aiguilles sortant du corps de l'imposante mercenaire.
Mathéo : On putain ! Oh putain !!

Derrière Emma, un petit gloussement se fait entendre alors que la créature retire ses griffes, laissant choir le corps de sa victime, dévoilant une enfant au corps recouvert de tâches de sang, affichant un large sourire espiègle.
Collés par le sang, ses cheveux donnent la définition du mot "gras".
Sa queue se balance paresseusement derrière elle, ne montrant aucun signe d'agressivité.
Ne cherchant pas à comprendre, Mathéo se lance vers le corps de la seule personne avec qui il se sent bien.
Une douleur lui lacère le dos et, secouant sa tête, se rend compte qu'il est a terre.
La petite Na'vi vient de lui sauter dessus, l'envoyant direct au tapis.
Il regarde avec horreur les mains de la petite fille et constate que ses doigts ne sont en réalité que de longues griffes.
La jeune Na'vi retire ses griffes de la gorge de Mathéo et saute vers les deux ennemis restant.

D'un puissant coup, Kenji éjecte sa douce de la trajectoire de la Na'vi, et vient se placer devant.
Le choc est violent et l'homme percute le sol en entendant un sinistre craquement au niveau de son cou.
Il emporte avec lui l'image de cette petite Na'vi toute souriante.
Feulant de plaisir, la petite furie lèche le sang sur ses longues griffes et regarde du coin de l'œil Yana.
Son sourire enjoué la rend encore plus terrifiante et la scientifique reste pétrifiée, incapable d'esquisser le moindre mouvement.

Un bruit de cartouche montant dans une chambre.
Une détonation.
Un cri, suivi d'un râle.

La petite Na'vi, a califourchon sur le corps de Mathéo lui enfonce encore un peu plus ses griffes dans le cœur alors que sa mains s'ouvre, lâchant le pistolet..
Avec un large sourire elle fait voler le masque car elle sait que sans cette chose sur la figure, les Démons ne peuvent vivre longtemps dans la forêt.
Les oreilles et la queue dressées, la petite Na'vi montre sa joie.

Yana se repasse la scène dans son esprit.
Le bruit l'armement, le coup de feu, le saut magistral de cette petite furie qui la toisait.
Jamais la scientifique aurait cru les Na'vi capables de tels bonds.
Titubant, elle s'avance vers le corps de son mari, et se laissant tomber a genoux, le prend dans ses bras.

Un hurlement de douleur déchire la forêt.
Yana pleure en serrant son compagnon.
Devant ses yeux, la tête de la petite Na'vi, penchée sur la droite, les oreilles dressées.
Yana sait que pour elle c'est la fin et qu'elle ne reverra pas le soleil se lever, mais tout ceci n'a plus d'importance, car elle préfère mourir ici et maintenant plutôt qu'affronter cet endroit seule et surtout sans Kenji.

La petite regarde ce Démon pleurer.
Dans sa tête, elle se pose des questions.
Pourquoi les Démons sans sentiments pleurent ils ?
Existe t-il plusieurs sortes de Démons ?

Les Démons vêtus de ces choses aux couleurs de la forêt n'ont jamais pleurés, pourquoi cette femelle Démon aux vêtements clairs pleure.
Elle se rappelle les siens pleurant pendant le Grand Chagrin, ses semblables accablés par la tristesse, le chagrin et cette douleur dans les cœurs.
Si Un démon peut pleurer, c'est que son cœur est triste... ?
Mais surtout, ce Démon femelle à la peau comme la nuit. Les Démons de la Nuit ne sont peut être pas comme les Démons du Jour, ceux à la peau claire.

La jeune Na'vi au corps recouvert de sang pose sa main droite sur l'épaule de Yana en baissant les oreilles.
La scientifique lève la tête, surprise d'être encore en vie, et regarde ce visage triste.
Alors qu'elle arrachait la vie de ses amis, cette petite Na'vi affichait un sourire si radieux que son expression de tristesse actuelle met la femme mal a l'aise.
Dans les yeux de la petite fille, Yana semble y voir une sorte de colère mêlée de chagrin.

En un battement de cil, la petite Na'vi disparaît dans les buissons en poussant de petits cris.

Submergée par toutes ces émotions, Yana se laisse tomber sur le corps de son mari et sombre dans le noir...











Voix : HEY ! T'EMERGES OU  J'TE METS DES TARTES ?

L'esprit dans le vague, je tente de remettre de l'ordre dans ma tête et de virer l'orchestre qui a pris place au fond de mon crâne...
Moi : ... Nang... T'es pas la dernière personne que je voulais voir... mais presque...
Scratty' : Ouais, bein active toi, le Messager m'inquiète !

Doucement, j'émerge de ma torpeur et tente de reconstituer l'histoire...
Bon... On a fait un sitting avec Krystal et les autres...
Ensuite,  bien, a la fin, Messager s'est levé et a gentiment demandé a Krystal de prendre ses cliques et ses claques.


Je fermes les yeux et revois la scène...
Les cerisier laissant pleuvoir une pluie de pétales, les deux Kodachi dans les mains du Messager, son regard, et le départ de mes amis.

Moi : Mais pourquoi Krystal a dit que ce qu'il essaye de faire est vain ?
Scratty' : Pas la moindre idée...  Et ce qui me gratte les synapses c'est que personne n'a quitté le cercle, du coup, j'vois pas comment ... Enfin ça me dérange, quoi !
Moi : Personne n'a quitté le cercle... mwouais !  Faut l'dire vite !
       On a quand même dans le lot un samouraï qui peut aller où bon lui semble dans ma tête, une renarde télépathe.

Scratty' : ... a croquer...
Moi : Oh, ça va, hein !
Scratty' : On a aussi les deux autres loustics... Titi & Grosminet...
Moi : Ah ouais !  J'les avais oublié ces deux grands steaks !
Scratty' : Eux aussi sont deux grosses taches qui font des trucs télékinésitruc.
Moi : Mais ce qui me chiffonne le plus c'est que depuis l'incident, j'ai plus accès a mon corps... qui a été jouer avec mon cerveau au point d'me l'bouziller ?

Scratty affiche un air qui semble dire "ça va pas te plaire"
Je m'approche de lui et lève la tête.

Moi : Ecoute, demie portion de rondelle de cuir... Tu m'caches un truc et si tu craches pas ta pastille de suite, j'vais tellement te tanner l'cuir que tu pourras plus toucher tes p'tites fesses pendant une semaine ! Vu ?
Scratty' : Euh...

{PAF}

Scratty' : Hein ?
Moi : Eh ouais ! T'as pas le monopole cartoon, ici...
Scratty' : La massue c'est pas du jeu !
Moi : Ah ouais ?

J'enfile une paire de gants de boxe trop grands et trop cartoon eux aussi...
Scratty' : J'avoue tout !
Moi : C'est mieux !
Scratty' : Bon, soyons sérieux deux minutes...La dernière chose dont je me souviens, c'est que le Messager a fait une sortie...
            Ca a été bien plus vilain que d'hab' car là, il t'a sucré tout contrôle et toute ton énergie par la même occasion.
            Il était à deux doigts d'inscrire ton grand ami à son tableau de chasse mais sa compagne s'est interposée.
            Ce que je pige pas c'est pourquoi il n'a pas attaqué ...

Moi : Il a rien fait ?
Scratty' : Rien ! Que dalle ! Il est resté là comme une poule devant un couteau !
Moi : Elle a fait ou dit quoi ?
Scratty' : Euhh... Elle s'est mise entre ton pote et les lames du Messager.
Moi : Ca suffit pas... Y'a un truc !  Messager n'épargne une vie que si cela sert son dessein ou si la cible...
Scratty' : ... n'est plus une menace ! Elle a jeté sa dague en se mettant entre le Messager et son compagnon...
Moi : Pas conne la petite... Mais ça marche qu'un temps...
Scratty' : Ensuite le Messager a perdu les commandes et comme t'étais déjà hors jeu, c'est bibi qui les a récupérées... mais ton corps était totalement hors fonction... J'avais jamais vu ça...
Moi : C'est ce qui se passe en ce moment ?
Scratty' : Quelque chose a surchargé ton Avatar, ça a bloqué les liaisons entre le cerveau et les muscles moteurs
Moi : Encore un coup de l'onde du satellite de ton maître ?
Scratty' : Non, c'est une chose différente cette fois ci...
Moi : Une attaque RDA ?
Scratty' : Improbable... quand le Messager a perdu les commandes et que je les ai récupéré, j'ai remarqué que tu étais le seul a terre... de plus, j'ai entendu Mayuko demander si ils avaient des soucis avec toi...
              C'est un truc qui ne semble agir que sur ton corps.

Moi : Ouais, cool, mais il me rendent les clés quand
Scratty' : Aucune idée... mais y'a plus préoccupant... C'est le Messager qui pilotait quand ça s'est passé... Et si ils avaient tout simplement tué le Messager ?
            Si le Messager meurt en pilotant ? Que se passe t'il ?

Moi : Tu veux dire que si l'autre meurt les commandes a la main, il ne les relâchera plus ?
Scratty' : C'est a envisager...
Moi : Tu parles, Charles ! Enfermé dans mon propre corps avec le macchabée d'un samouraï assassin et un sadomaso... J'ai fait quoi aux Dieux pour mériter ça...
Scratty' : Et si tes potes étaient un tantinet intelligent et qu'ils demandent a Eywa ?
            J'suis certain qu'elle arriverait à te remettre sur pattes !

Moi : Pire cas de figure... Elle ne m'a pas a la bonne la p'tite Eywa... et on s'demande pas grâce a qui ?

Je lève un sourcil, dresse une oreille et pose un regard inquisiteur sur le grand gus tout de cuir vêtu se tenant a mes côtés.
Scratty' : Eh, l'autre... j'te signale que ce sont tes nanomachines et TES organes cybernétiques qui l'on mise de travers... Faux frère, va !
Moi : Ouais, mais en tout cas, va falloir prier que les autres dehors n'aient pas la bonne idée d'aller demander a Tata Eywa un coup de main, car je risque de terminer mon existence au paradis des Schtroumpfs, moi...
Scratty' : Pour le moment, faut trouver comment remettre le Messager en fonction, et piger ce qui l'a mis de traviolle car sinon a son réveil, il va tout simplement reprendre là où il en était...
Moi : On va pas fouiller sa baraque ?
Scratty' : On VA fouiller sa baraque !
Moi : T'es pas fou ? On n'y a pas été invité... Il va l'avoir mauvaise si il l'apprend...
Scratty' : Il va l'avoir mauvaise SI il se réveille... On a juste pas le choix...

Au fond de moi, je sais que c'est la seule solution, mais je sais aussi avec certitude que ce que nous allions découvrir là bas ne nous plairait pas, mais pas du tout.
Scratty' : Si Eywa t'a dans l'nez, c'est p'tet qu'elle a vu les desseins du Messager ?
Moi : Je ne sais pas, je ne crois pas... Elle a dit qu'une partie de mon esprit lui était verrouillée, et ça avait l'air de la mettre mal à l'aise...
Scratty' : Tu m'étonnes, le Super Admin' qui se retrouve bloqué, ça vexe !
             Elle n'a peut être pas eu accès aux données mais si elle a ne serait-ce que ressenti l'esprit du Messager, je comprend qu'elle soit en pétard.

Moi : Tu te rappelles, c'est Krystal que le Messager pointait avec ses lames... c'est a elle qu'il faudrait poser la question.
Scratty' : Il faudrait qu'elle revienne ici... Qu'elle nous parle, et parle avec le Messager...
Moi : Je sais pas si c'est une bonne idée... Il risque fort de la tuer... On est chez lui ici.
       T'as vu comment l'environnement a changé avant qu'ils partent ?

Scratty' : Elle peut faire comme Ale'yah... montrer qu'elle ne veut pas combattre...
Moi : Y'a trop de "si" et de conditionnel dans toute c'te conversation... Faut pas trop compter là-dessus...

Discutant d'hypothèses diverses et variées, nous arrivons devant la demeure en bois typiquement Japonaise.
Scratty' : On dirait ces holophotos d'archives...
Moi : J'ai toujours rêvé de visiter des archives !

La grande bâtisse en bois montre le perfectionnisme d'un peuple ayant élevé la construction d'une simple maison de bois au rang d'art.
Les lattes de bois clair renvoient la lumière et donnent un aspect surréaliste a la scène.
Au pieds de la structure, un plan d'eau d'un calme reposant.

Moi : Comment un assassin de son genre peut avoir une maison dans un cadre si tranquille ?
Scratty' : Attends, on n'est pas encore rentré... c'est peut être une boucherie l'intérieur...

Bien que la bâtisse était visible a travers les arbustes je ne m'y était jamais réellement approché, préférant éviter cette partie du monde du Messager.
Scratty' : Allez, on embarque !
L'homme en cuir saute dans une barque et me jette une rame.
Scratty' : Tu bailleras aux corneilles plus tard ! On a un bicoque à investir !

La barque avance doucement sur ce plan d'eau dont le calme excessif ne m'augure rien de bon.
Je parcours du regard l'édifice en me demandant comment avec un lieu de vie aussi calme on peut devenir la Mort elle-même.

Moi : LA !
Scratty' : Hein ?
Moi : Y'a quelque chose derrière la fenêtre du deuxième !
Scratty' : Le fantôme d'un servant, peut être...
Moi : Très drôle ! J'ai vu quelque chose !
Scratty' : En tout cas, c'est pas hostile, sinon on en aurai déjà pris plein la tronche, non ?

La proue de l'embarcation touche le ponton de la maison et Scratty' saute sur les planches en attachant l'amarre a un barreau de la balustrade.
Dans ma tête, cette sensation de malaise ne me quitte plus.
Scratty' enlève ses chaussures et me demande de faire pareille.

Moi : j'arrive pas a les enlever...

L'homme en cuir baisse les yeux alors que je lui montre mes pieds nus.
Dans mon dos, ma queue s'agite dans tous les sens alors que mes oreilles se plient au fur et a mesure que j'approche de la porte coulissante...


Sans un bruit, la panneau glisse, émettant un clac caractéristique en tapant contre le fond de son rail.
Moi : Bon... On y est... Commençons par les nivaux hauts.

L'intérieur de la maison est propre et bien rangé, comme si le Messager faisait le ménage tous les jours.
Les murs de bois et de papier craquent, donnant vie a l'ensemble de l'édifice.
Dans la grande salle de vie, une gravure attire mon regard.
J'effectue un pas en arrière devant le visage de la femme.
Sur la toile, un homme et une femme, assis au bord d'un plan d'eau, se serrent mutuellement dans les bras.
La tête de la jeune femme sur l'épaule de l'homme, toute l'image renvoie une grande sérénité.

Moi : Impossible !

Scratty' s'approche de moi.
Scratty' : Quoi qu'est impossible ?
Moi : La fille sur la photo... C'est la fille au sabre de mon Journal de Bord...
Scratty' : La même ?
Moi : La même...
Scratty' : Tu la connais ?
Moi : Pas du tout...
Scratty' : Alors pourquoi tu as gardé sa photo ?
Moi : Je sais pas... J'ai même jamais songé à la supprimer
Scratty' : Le Messager et sa femme ?
Moi : Aucune idée... Tu crois qu'il a une compagne ? Allez, on traîne pas...
Scratty' : Vu le gars, j'ose même pas imaginer sa moitié...

Nous quittons la salle alors que le visage de la jeune fille me reste dans l'esprit.
Les autres salles ont le même niveau de propreté et nous grimpons à l'étage.
Deux grandes pièces et une terrasse composent cette partie de la maison, et si l'une des deux pièces semble être une chambre, la seconde est une énigme.
Nous investissons le dernier étage composé d'une seule et unique pièce.
Devant nous, prenant tout le mur, un placard aux dimensions phénoménales dans lequel est rangé du linge, des couvertures et des futons.
Ouvrant un des panneaux coulissant des murs, je constate qu'un balcon fait le tour de la pièce.
Un poste de tir idéal permettant de couvrir toute la maison.

Scratty' : Y'a peau d'zob' ici... Hey ! Tu m'écoutes ?

Complètement absorbé par le panorama, je mets quelques secondes à réagir.
Moi : Oui oui... On va faire le rez-de-chaussée... On n'a pas encore vu les cuisines et le reste.

Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#124
Nous redescendons les escaliers dont les lattes chantent sous nos pas.
En bas de l'escalier nous prenons a droite, direction la cuisine de la maison.
Là aussi tout est impeccablement bien rangé.


Scratty' : OUAIIIIS !

Venant de la pièce d'à côté, la voix de mon sadomaso préféré montre qu'il est tombé sur quelque chose d'intéressant.
Entrant dans la pièce, je trouve l'homme en cuir tout sourire devant une énorme baignoire aux airs de jacuzzi carrelé est rempli d'une eau fumante qui semble attendre l'arrivée d'une personne.

Scratty' : J'ai toujours rêvé de prendre un bain dans une de ces baignoires...
            T'as vu comme c'est grand ? Ca doit faire deux mètres par trois...


Le choppant par l'arrière de sa ceinture, je le stoppe avant qu'il n'ait pu faire un pas.
Moi : Mem' pas en rêve ! Déjà qu'on devrait pas être là... imagine s'il apprend qu'on a utilisé sa baignoire...
Scratty' : Mais elle est toute chaude...
Moi : Ah non ! C'est encore bibi qui va manger après...  Allez, on a encore à fouiller !

Nous sortons de la salle de bain, devant nous un couloir semble nous inviter.
Moi : Bon, y'a plus que ce chemin...


Au fond du corridor, une cage métallique semblable a ces tout premiers ascenseurs en fer forgé.
La lumière offre des teintes orangées à cause des papiers colorés présents sur les grandes portes coulissantes.
Dans la cage, une série de boutons dont le dernier est enfoncé.

Scratty' : Pas de numéro ? Tu connais ce symbole ?
Moi : Non...
Scratty' : Eh bein, on va aller voir...


L'obscurité envahie le couloir.
Moi : T'as fait quoi ?
Scratty' : Rien... enfin, pas encore...
Moi : T'as appuyé ?
Scratty' : Non...
Moi : Alors ça vient de dehors ! Faut sortir de là !


Dehors, de lourds nuages noirs s'agglutinent, donnant a la scène un côté fantastique et oppressant.









Quelque part, en pleine forêt Pandorienne...


La machine émet un petit bip et une mélodie de quelques notes. Suivant le groupe, Zonllwätx tente de naviguer a l'intérieur des menus du Journal de Bord de l'Homme-a-l'Oiseau.
Ligoté sur un travois, l'Humain n'est toujours pas sorti de sa torpeur et dans le groupe, on s'était demandé si il n'avait pas trouvé la mort.

Prrtxupx avait collé son oreille contre le torse de l'Humain et entendant les battements de son cœur, avait dit.
Prrtxupx : Oel stawm pamtseoti ta peyä txe'lan...
Zonllwätx : haha ! Omum a fì'ut set ... Sawtuteru lu te'lan nang !

Le regard dans le vague, il observe cette jeune Na'vi, voyant en elle sa sœur disparue.
Remarquant  son air triste, Prrtxupx tirant le travois ralentit et se met à la hauteur de Zonllwätx.
Prrtxupx : Oel tse'a pìwopit txe'lanmì ngeyä... Nga längu keftxo... Pelun ?
Zonllwätx : Poltxe oe poer san Tsun hivahaw pohu nga nang... Ulte fìtxon... Fìtxon...
Prrtxupx : Ke kllfro' nga nang !  Stawm oet ngal srak ?
Zonllwätx : Slä poe namew kivä oehu... Poltxe oe... Ulte...
Prrtxupx : Lamu tìpe'unti Eywayä... Eywayä !
Zonllwätx : Slä... Oe... Pelun ?

Zonllwätx s'arrête, les yeux fixés sur le journal et cette petite Na'vi lui renvoyant l'image de sa sœur.
Prrtxupx : Tìng oer...

Lui prenant doucement le journal des mains, Prrtxupx pose la main sur l'épaule de son ami, et bien que de clan différent, il comprend et partage sa douleur.
Il sait que Zonllwätx ne s'est jamais pardonné ce jour et qu'il est rongé par une haine vorace qui le consume petit à petit.
Une haine dirigée contre le Peuple du Ciel, mais surtout contre lui-même car sans ces quelques mots, sa sœur serait encore en vie.
Une petite phrase de rien du tout, qui change tout.
Perdu dans les tréfonds de son chagrin, il n'était plus que l'ombre de lui-même.
Le groupe s'arrête.
Prrtxupx ne craint qu'une chose.


Zonllwätx : Kllfro' ayfo pak !

Le regard du Na'vi baissé laisse entrevoir une colère se transformant en rage.
Depuis trop longtemps il s'était senti impuissant.
Il aurait aimé être là cette nuit pour combattre les Démons, ces animaux couards qui portent le combat au loin, et se cachent dans des monstres de métal.
Il serait mort, sûrement, certainement, même, car la lance et l'arc ne peuvent rivaliser avec les armes des Démons, mais il serait mort pour protéger sa sœur.
Une vie pour une vie...
Mais voir ce Démon, là sous ses yeux, un de la race de ceux qui avaient lâchement assassiné ceux du village dans la nuit, sans leur faire l'honneur du combat, ça, il ne peut le supporter.


Zonllwätx hurle en faisant jaillir sa dague de son fourreau.
Zonllwätx : KLLFRO' !

Médusé, le groupe regarde le grand Na'vi se jeter sur le soldat inconscient, une lueur de folie dans le regard.
Zonllwätx : TSMUKEFPI OEYÄ !!!!

La réaction de Prrtxupx est vive et sautant vers Zonllwätx, il l'empoigne au niveau des épaules, posant ses pieds dans le creux derrière ses genoux.
Entraîné par cette surcharge, Zonllwätx tombe, avec Prrtxupx qui l'accompagne, le faisant rouler sur lui, et utilisant le mouvement pour l'envoyer voler au loin.

Zonllwätx percute un membre du groupe, et se relève pour voir son ami à quelques mètres devant lui, protégeant l'Humain dans le travois.
Zonllwätx : Nga ! Oewä !
Prrtxupx : Kehe... Ke wasyem...
Zonllwätx : FÌTAWTUTER PAK SRUNG SI NGA ! PELUN !
Prrtxupx : Mawey ma tsmuktu... Mawey... New 'ivomum tsmuketeri ngeyä... Kxawm lu syayvi le'aw po !
Zonllwätx : HAAARRR !
Prrtxupx : Ftxey kllfro' po fuke... ke omum ayoeng !
             Zene pivey tìtxenti peyä... Ulte, tsun tspivang pot nga...

Dans les yeux de Zonllwätx, la colère ne semble faiblir.
Pourtant, à maintes reprises, il avait défié la Mort dans le but de rejoindre sa sœur et sa famille.
Connaissant la détermination de son ami, Prrtxupx baisse la queue et jette sa dague et sa lance pour bien montrer qu'il ne souhaite pas l'affrontement.
Après la perte de sa sœur, Zonllwätx avait commencé a changer, mais ce fut lorsque les Omatikaya avaient ramené le cadavre de son frère qu'il s'était mis a haïre le Peuple du Ciel.
Une Marcheur-de-Rêve avait expliqué qu'un groupe était poursuivi par des guerriers car ils avaient incendié un Coupe-Clair, ces énormes animaux métalliques sans âme qui creusaient d'énormes cicatrices dans la forêt.
Les guerriers venus du ciel avaient tiré sur ceux qui avaient détruit la machine et s'étaient réfugié dans l'école de la Mercheur-en-Rêve.
Les tirs avaient tué son frère qui étudiait la langue du Peuple du Ciel.
Ce jour là, quelques un réussirent à échapper aux armes des guerriers, mais beaucoup perdirent la vie, et sans l'intervention de la Tsahìk des Omatikaya, il aurait pris la vie de celle qui marchait en rêve.
Dès lors, le sort semblait s'acharner sur lui, et c'est avec horreur qu'il avait découvert, en revenant de la chasse avec son père, les restes du majestueux lieu de vie du clan Omatikaya.
L'énorme arbre était a terre alors que des incendies ravageaient toujours la zone.
Fouillant les lieux à la recherche de sa mère et sa deuxième sœur, lui et son père avaient passé une journée en enfer, déambulant au milieu de cadavres calciné dont certains étaient tout simplement méconnaissables.
La nuit venue, malgré l'excellente vision nocturne de ceux de sa race, ils avaient fini par abandonner les recherches, car les corps pouvaient très bien être un de ces malheureux calcinés ou tout simplement broyés sous l'imposant arbre.

Plus tard, la nouvelle d'une guerre imminente se répandit.
Les Marcheurs-en-Rêve planifiaient une attaque et l'un d'entre eux rassemblait les clans pour stopper la folie de ceux de sa race.
Zonllwätx avait volé aux côtés de cet homme qui avait su mériter le respect de tous en devenant le sixième Toruk Makto, le Chevaucheur Légendaire, celui qui guide le Peuple.
A nouveau il avait tenté de rejoindre sa famille dans la Demeure d'Eywa.
A nouveau, il lui semblait que cette dernière n'était pas disposée à la laisser mourir.

La victoire était acquise et le Peuple du Ciel fut prié de retourner dans leur monde à la grande surprise de ces derniers qui s'attendaient a se faire massacrer jusqu'au dernier.
Cependant, l'expérience et la Mémoire montrait que le massacre  de représailles n'engendrait que plus de massacres de représailles et Zonllwätx regardait ces créatures embarquer dans leurs oiseaux métalliques en pensant à l'humiliation a l'arrivée sur leur terres.
L'humiliation de la défaite face a un peuple qu'ils disaient sous-évolué.

Cependant la joie de cette victoire se transforma en horrible cauchemar pour Zonllwätx quand un des membres de son clan était venu lui annoncer que son père était tombé.
Une fois de plus, quelque chose lui arrachait ce qu'il avait, comme le Palulukan jouant avec sa proie avant de lui asséner le coup de patte fatal.

Mais sur qui laisser sa haine se déverser... les quelques Démons qui restaient dans leur grande maison métallique avaient eu la permission de vivre parmi le Peuple, il était tout simplement impossible de les tuer car ils avaient risqué leur vie pour ses semblables.

Depuis ce jour, Zonllwätx traquait les Démons Guerriers, leur faisant payer la mort de sa famille.

Maintenant, c'est un de ses propres frères qui lui demande d'épargner la vie de ces êtres sans cœur.

Zonllwätx feule et hurle, puis range sa dague, les oreilles baissées et la queue fouettant l'air.
Zonllwätx : tìrey peyä lu poru set... SLÄ... lasyu oer ye'rìn !
Prrtxupx : Srane... oe mllte... Slä zene pänutivìng oer futa pey nga...
Zonllwätx : Lu pänu oeru !
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

Journal de bord N°4
Entrée N°021



** Reception Message Audio **
** Urgence N°07**
** Destinataire : Tous canaux **
**Auteur : Yana**


... Ils sont morts !  Tous mort !
La petite fille... ses mains...
Ils sont morts !

Je me dirige vers un avant poste... le 34 je crois...
J'ai réussi à panser mes blessures, mais je ne vais pas tenir longtemps.
J'espère que quelqu'un recevra ce message a l'avant poste.
Nos protocoles de diagnostiques sont hors service et nous n'avons aucun moyen de savoir si les modules de communication sont vraiment opérationnels, mais je continue à émettre au cas ou quelqu'un nous entendrait.
Cela fait plus d'un an que nous sommes sans la moindre nouvelle.
La mission pour laquelle on nous a envoyé est une perte de temps...
Les Plaines Noires ne seront jamais un site d'exploitation viable car ce lieu...
Je...





Un petit sifflement aigue se fait entendre et quelque chose percute Yana en pleine poitrine, la projetant violemment en arrière.
Tombant lourdement sur le sol, le souffle coupé, elle regarde hébétée cette grande flèche en se disant qu'elle rejoindra son compagnon plus rapidement.
Soudain, elle se rend compte que le projectile ne possède pas d'empennage.
Péniblement, Yana se relève, titube et prend appui sur le tronc d'un arbre.
Faisant deux pas, elle se baisse pour récupérer son journal puis clopinant, s'éloigne aussi rapidement que possible alors qu'un autre trait passe au dessus de sa tête dans un sifflement lugubre.
Le souffle court, haletant bruyamment, la jeune scientifique sait que ses minutes sont comptées si elle reste plus longtemps dans le secteur.
Après avoir parcouru une dizaine de mètres, elle défait son sac a dos et s'assoie péniblement au sol contre le tronc d'un arbre mort.
Prudemment, elle déverrouille les sangles du sac a dos qu'elle porte sur le ventre.
Ne  ressentant pas de douleur dans la poitrine, elle se détend et laisse glisser le sac a ses pieds en regardant la longue flèche naturelle fichée dans ce gilet pare-balle improvisé.
Poussant un grand soupire de soulagement, elle fait le vide dans son esprit en tentant de réprimer les frissons qui parcourent son corps.
La jeune Africaine ne peut s'ôter de la tête la vision de ceux qu'elle a vu mourir du poison de la flèche plantée dans son sac.
Elle sait que les Na'vi utilise dès fois ce neurotoxique mais en quantité plus infime.
La flèche qu'elle a reçue est une naturelle, lancée par la plante elle-même, et son poison bien plus concentré.
Dans son esprit dansent les images des personnes convulsant sous l'effet du poison.
Elle repense à cette journée ou son compagnon avait donné des explications sur ce poison.




Quelques mois plus tôt...

Une forme humaine saute par-dessus une grosse racine, derrière elle, une masse sombre en fait de même.
Dans son dos, la personne sens un violent courant d'air et le sifflement caractéristique que font les griffes du grand prédateur qui a décidé de se faire les dents sur cette petite chose a la peau noire qui court devant lui.
La jeune femme se prend le pied dans une plante et trébuche.
Derrière elle la forme surgit, et lui saute dessus.
Elle se protège machinalement la tête avec les mains tout en sachant pertinemment que cela ne servira a rien.
L'énorme bête noire, rugit en lui tombant dessus puis se met a gratter violemment la terre de part et d'autre de la jeune fille.
La scientifique hurle alors que l'imposante créature roule sur le dos, fouettant l'air de ses six pattes sous le regard interloqué de sa proie.
Quelque chose se pose sur l'épaule de la fille qui hurle.


Mathéo : YANA !  VIENS ! NE RESTONS PAS LÀ !!

L'homme secoue énergiquement l'épaule de la scientifique pour lui faire reprendre ses esprits.
Haletant dans son masque, Yana court derrière Mathéo pour rejoindre le reste du groupe quand une petite chose s'abat sur le mercenaire.
L'animal de la taille d'un gros chien fait une roulade et saute a nouveau sur l'homme a terre, gobant d'un coup son bras.


Mathéo : AH, T'AIMES CA ? HEIN ?

Le chien, les crocs plantés dans les biceps de Mathéo tente de lui lacérer le visage avec ses griffes.
Soudain, le regard de l'animal se pétrifie et une petite volute de fumée sort de sa gueule ses narines et ses oreilles.
Le mercenaire affiche un rictus alors que le chien carapacé glisse lentement le long de son bras.


Mathéo : Maintenant t'es au courant qu'le Mathéo c'est pas bon, charogne...

Yana regarde bouche bée le bras en sang de l'homme alors qu'autour d'eux des jappements plaintifs se font entendre, les informant que la meute, a laquelle appartenait la créature, s'éloigne.
Les parties de peau arrachées par le chien révèlent une structure de métal parcourue par de petits arcs bleutés.


Mathéo : Deux millions de volts, ça calme, assurément ! Viens, le groupe ne doit pas être bien loin.
Yana : C'est quoi ?
Mathéo : Un système de défense que j'ai inventé... il tire son énergie de mon corps, le stocke dans un Kondar ... j'peux griller six cibles avant d'être obligé de le recharger.
Yana : Tu t'mets les doigts dans une prise ?
Mathéo : Tout juste.
Yana : Tu t'fous de moi ?
Mathéo : Pas du tout... Je peux laisser le mécanisme se recharger avec la bioéléctricité que génère le corps ou aller plus vite en me branchant direct sur du courant... Ah, les voilà !

Yana et Mathéo arrivent en vue d'un arbre dans lequel le groupe a trouvé refuge sur une plateforme naturelle.
Le groupe s'assoie et chacun commence à rassembler les affaires pour le repas alors que Mathéo dispose des détecteurs autour du site.
La jeune scientifique raconte son aventure avec l'animal et sa mort étrange alors que Kenji la serre contre lui.


Kenji : C'est un jeune palulukan ta bestiole, tu peux t'estimer chanceuse, car jeune, ils sont plus rapides et vifs d'ordinaire...
        Tu dis qu'une flèche est sortie de nulle part ?
Emma : Un trait Na'vi ?
Kenji : Peu probable, impossible même ! Ils en ont une peur bleu, et n'oseraient jamais tuer un jeune car les phéromones sur la carapace restent activent pendant des années...
        Et en allant récupérer la flèche ils empesteraient le palu crevé, un peu comme s'ils se trimballaient une chorale beuglant "Il a tué un palu, annonce a tous les adultes..."
Mathéo : ... sauf sur une mue, non ?
Kenji : Tout juste... Du coup, il est fort probable que ce soit un tir  de Bansheba.
Emma : Un quoi ?
Kenji : Une plante a la con qui a le don particulièrement agaçant de jouer les tourelles de défense.
        Cette blague a racines peut détecter la chaleur d'un corps, tourner la tête et balancer des aiguilles de la taille de nos bonnes vielles flèches Terriennes... quoi que... un tantinet plus grosses...
        A mon avis, le trait t'était destiné, Yana...
Mathéo : Mais elle est tombée pile au bon moment et c'est l'autre qui l'a mangé... dans tous les sens du terme !
            C'que j'pige pas c'est sa mort...
Kenji : Attendez, j'vous ai pas tout dit... Non content d'avoir la fonction tourelle, la plante a l'option poison de série...
Emma : C'est vraiment un monde de barjos !
Kenji : J'te l'fais pas dire, surtout que le poison en question est un inhibitheur de cholinestérases...
        C'est moche a mort, ça empêche le cerveau d'envoyer des messages nerveux a l'épine dorsale en trente secondes...
        Si vous vous faites contaminer vous le saurez tout de suite, au creux des reins un élancement quand le poison envahit votre système nerveux, et c'est là qu'on commence à rigoler...
        Les muscles s'immobilisent, on ne respire plus, et les spasmes sont si violents que vous vous brisez la colonne et crachez vos boyaux... mais avant ça, la peau s'est liquéfiée.
Mathéo : Par tous les Dieux...
Kenji : ... Ouais, on aimerait bien qu'ils soient de notre côté à ces moments là...

Le groupe reste un moment en silence, pensant a Yana qui venait de frôler une fin peu enviable.
Yana : Comment il contamine.
Kenji : Par contact sur une peau non chitineuse ou par le sang... Qui a faim ?








Yana se secoue la tête et se met une baffe pour faire sortir ce souvenir.
Dans son esprit résonne la phrase de son compagnon... " Par contact sur une peau non chitineuse ou par le sang..."
Pour le moment, la chance est avec elle car le poison n'a pas touché la peau, mais elle sait que son sac est inutilisable car elle ne souhaite pas courir le risque de porter un objet dans lequel pourrait se trouver une goutte de cette chose.
Soudain, une idée lui traverse l'esprit.


Yana : Allons !  C'est pas de l'acide de Xéno' ! Où sont mes gants...

La jeune scientifique sort d'une poche de son pantalon deux feuilles de tissu qu'elle dépose a plat sur le sol puis applique ses mains dessus.
Les tissus prennent vie et se referment sur ses mains dans un concert de petits cliquetis, créant ainsi une seconde peau.
Sur la paume de la main s'illumine un petit logo discret "Stark Industries"
Conçus un quart de siècle plus tôt, ces gants sont toujours une révolution technologique dans le monde de la protection contre les milieux hostiles.
Composés de milliards de nanoplaques de Carmique, un alliage composé principalement de carbone et céramique ces gants épousent parfaitement les formes des mains du porteur, octroyant a celui-ci une protection a toute épreuve lui permettant même de conserver la sensation du toucher.

Yana saisis un filtre polarisant dans une de ses poches et le fixe sur  son masque.
Le poison étant translucide, elle ne veut pas prendre le risque de s'en mettre plein partout, cependant, le filtre révèle des zones plus sombres.
Saisissant la flèche par l'arrière, elle la tire doucement et constate que seule le premier tiers est imbibé de la substance mortelle.
Elle observe l'objet long de quatre vingt dix centimètres et dont le diamètre frise les deux centimètres.
La tenant à deux doigts, elle jauge son équilibre et constate que le centre de gravité se situe à la jonction entre le premier et le deuxième tiers.
En y regardant de plus près, elle se rend compte que ce premier tiers est une poche de poison recouverte de petites excroissances contenant chacune une goutte.
Yana se relève et tend le bras devant elle, la flèche à la verticale, la pointe vers le bas.
Aucune goutte ne glisse, elle fait tourner son poignet et pointant maintenant vers le ciel.
Même tarif, aucune des gouttes sur les petites excroissances ne tombe.
Elle effectue un geste circulaire vif en direction d'un arbre.
Un groupement compact de gouttes volent et éclatent sur l'écorce comme une décharge de chevrotine.
Si la scientifique n'à aucune idée du nombre de fois qu'elle peut projeter du poison, elle affiche un sourire rassuré en se disant qu'elle a maintenant une arme a distance.
Elle pose sa nouvelle arme contre un arbre et ouvre complètement le sac contaminé qu'elle vide promptement avant de l'enterrer.

Deux heures plus tard, elle a fini et verrouille la dernière poche de son sac a dos en se demandant si l'inventeur du jeu Tetris n'avait pas eu cette idée en tentant de faire tenir  "x" objets dans un sac conçu pour la moitié moins.

La jeune scientifique se relève, s'étire et déverrouille ses gants qu'elle range dans la poche latérale de son pantalon.
Saisissant son sac a dos, elle se dit que sa poitrine est maintenant exposée sans la protection que lui offrait le sac qu'elle portait sur le ventre.
Yana repose le sac a dos, prend une grande inspiration, enlève son masque et entreprend de se déshabiller.
La poitrine a l'air, elle pose son soutien gorge, replace son masque et saisis la paire de gants de sa poche.
Une idée folle lui avait traversé l'esprit et elle compte bien voir si ces gants peuvent être détournés de leur utilisation primaire.
Elle appose une des deux feuilles que forment les gants au repos sur son ventre.
Deux secondes plus tard, un petit concert de cliquetis se fait entendre alors qu'elle ressent les nanoplaques se fixer sur la peau.
Fière de son résultat, elle applique la deuxième feuille sur sa poitrine.
Yana caresse cette armure improvisée en se demandant si d'autres y ont pensé.
Tapotant dessus, elle constate que la structure, malgré sa souplesse, semble plus dure que lorsqu'elle utilise ces feuilles en mode gants sur ses mains.
Elle ouvre une poche de son sac a dos, et en sort la deuxième paire fournit avec le package de dotation.
La scientifique applique une feuille sur le haut de sa poitrine en se disant qu'une paire de seins un peu trop volumineuse peut être un handicap.
Non satisfaite de son puzzle, elle désactive les trois plaques fixées sur son corps et essaye une nouvelle configuration.
Au bout d'une demie heure, elle affiche un large sourire en se disant qu'elle a trouvé la meilleure organisation des plaques.
Trois de ces choses lui enveloppent la taille, créant ainsi une sorte de large ceinture blindée.
La quatrième plaque recouvre son sein droit et une petite partie du reste de sa poitrine.
La scientifique remet ses vêtements, verrouille son sac a dos et rebrousse chemin.
D'un pas déterminé, elle se dirige vers l'endroit où la petite Na'vi aux mains griffues avait décimé le groupe.

Une bonne heure plus tard, elle arrive sur la zone, et retrouve les corps de ses amis.
Les larmes aux yeux, elle récupère les deux paires de gants sur chaque cadavre.
Maintenant en possession de douze feuilles, elle se déshabille entièrement et finit de se recouvrir.
Souriant largement, elle contemple son œuvre. Trois plaques font le tour de son ventre, et passent dans le dos, trois autres au niveau de la poitrine et une sur le cou, jouant les gorgerins improvisés.
Une plaque par bras et une par avant bras la protègera des dégâts que pourraient lui infliger certaines plantes dont les feuilles sont effilées comme des lames de rasoirs.
La dernière feuille est à un endroit plus conventionnel et protège sa main droite, lui permettant de saisir sans soucis des objets.
Yana récupère le sac a dos de Mathéo et répartit la charge, puis, vidant celui de son compagnon, le plie et le range dans le sien.

Une heure plus tard, après avoir pleuré et enterré ses amis sous un amas de bois et de pierres, elle se remet en route vers l'avant poste 34, vers l'espoir...

Cela fait plus de deux heures que Yana marche dans la forêt, enjambant les racines, pierres et autres obstacles.
Elle se dit que les Na'vi doivent moins être en galère avec leurs longues jambes et pense a ceux qui ont eu la chance d'avoir été retenus dans le Programme AVTR.

Quelques temps plus tard, elle semble distinguer des voix.
Déviant de sa route, elle se dirige prudemment vers les sons.
Dans un arbre discutent des gens et Yana reprend espoir.


Voix féminine : C'est plus fort que de la peur... j'ai déjà ressenti la même chose enfant quand j'ai vu un Palulukan passer très près de moi...
Voix masculine : Mais elle a vu quoi ?
Voix féminine : Je ne sais pas, mais c'est son Palulukan... Et je ne crois pas qu'elle voudra en parler tout de suite.
Voix masculine : Putain' !  J'vais m'le faire, un jour c'te demie portion d'Chats Noirs !

Adossée contre un arbre, elle tente de comprendre ce qu'ils disent mais la fatigue de ces derniers jours embrume son esprit et brouille ses pensées.
Faisant un pas de côté pour aller à la rencontre des voix, elle aperçoit une grande silhouette bleue a travers les feuillages.
Dans sa tête, elle se rappelle le texte du journal du soldat trouvé dans la forêt.
Un code 446 était déclaré, disait le texte, et en ce moment, elle n'a aucun moyen de savoir si ce code est toujours en vigueur.
Ne souhaitant pas être faite prisonnière, elle se cache a nouveau derrière son arbre et, laissant les voix derrière elle, poursuit sa route en prenant soin de ne pas trop faire de bruits.

L'arrivée a l'avant poste entame considérablement son morale.
Les grilles de l'enceinte défoncées et le sas d'entrée des véhicules complètement éventré attestent de la violence des combats qui se sont déroulés ici.
Yana pénètre dans l'enceinte et se dirige vers le sas en regardant autour d'elle.

Autour d'elle, les tourelles automatiques semblent avoir été la cible d'animaux prenant leur revanche sur ces créatures métalliques qui ont pris la vie de leurs semblables.
La jeune scientifique arrive au sas principal pour le personnel et passe son badge devant le lecteur.
Le sas fonctionnant sur son propre système énergétique autonome, et rechargeant sa batterie via un panneau solaire, rien ne pouvait lui indiquer que derrière, ce serais le chaos.
La porte extérieure se ferme alors que Yana serre plus fort la flèche qu'elle tient comme une épée.
La porte intérieur s'ouvre réduisant a néant tout ses espoirs.






Une double porte s'ouvre en coulissant silencieusement, révélant l'intérieur du TurboLift et un Adolf plongé dans sa paperasse.
Le médecin surgit de la machine et s'engouffre dans le couloir d'un pas décidé.
Il croise un garde qui le salue en se disant que les scientifiques sont quand même de curieux personnages.
Soudain, un bruit de cloche se fait entendre et résonne dans le corridor.

Le garde se précipite vers l'homme en blouse blanche et s'accroupie a ses côtés.
Garde : Hey ! Ca va ?

Adolf, sonné, se secoue la tête pour remettre ses idées dans le bon ordre.
Adolf : Mais qui a mis un tayaut ici ?
Garde : L'architecte, je pense... Il me semble que vous n'êtes pas au bon niveau, non ?

Le scientifique se relève en saisissant ses feuilles éparpillées au sol.
Adolf : C'est un fait, moi qui pensais être au douze.
Garde : J'y monte aussi, Mr Metallium a requis mes conseils, allons y.
Adolf : Avec plaisir.

Les deux hommes pénètrent dans la machine alors que le garde appuie sur la commande de fermeture des portes.
Garde : Alors, vous vous en sortez avec le petit ?
Adolf : Ca dépend des jours... Il passe de la tendresse compréhensive à la brutalité aveugle dans la même seconde.
Garde : J'ai vu ce dont il est capable sur les moniteurs de la salle huit, êtes vous certain qu'il peut être réellement contrôlé ?

Un petit tintement se fait entendre alors que la machine s'immobilise.
Les deux hommes sortent de l'ascenseur et se dirigent vers le centre d'une salle remplie d'écrans.
Adolf : Il y a encore quelque années, j'aurai pris le cas Saito pour de la pure fiction, il y a quelques mois je me disais que seuls nos descendants auraient été capables de maîtriser une telle technologie...
Voix : ... et maintenant vous n'arrivez pas à imaginer des gens de l'ère Edo l'utiliser... N'est-ce pas cher docteur ?

Sortant d'une zone d'ombre tel un assassin, Vladislas s'avance vers les deux hommes.
Vladislas : Je vous ai fait mander car vos avis d'experts me sont utiles en cet instant.

L'homme en noir fait un pas vers le garde.
Vladislas : Emilien, vos connaissances de l'époque Edo vont nous servir.








Doucement, j'émerge du néant qui remplissait mon esprit.
Le corps tout endolori, je fais une grimace en m'asseyant.
Les dernières images sont celles de la Dame en Rouge tentant de me tuer.
PAYTRUC ! Elle est où ?!

Me redressant, une main contre le mur, je revois la grande créature bleue dans sa caisse, et bien que je ne la connaisse pas du tout, quelque chose au fond de mon esprit me pousse a lui porter secours.
Dans ma tête, la voix se remet à fredonner doucement alors que j'examine la pièce dans laquelle je suis.
Sur les murs, un papier peint couleur saumon, des étagères sont accrochées ça et là, dessus sont posés divers objets décoratifs.
La pièce, ressemblant à une antichambre est pourvue de deux canapés séparés par une table basse en verre massif.
Dans un coin, un petit bar semble attendre que des visiteurs viennent s'y désaltérer.
Ne comprenant pas ce que je fais là, je fouille la pièce du regard puis me  glisse derrière le bar.
Sur le mur derrière le comptoir, un petit sabre est accroché dans un cadre.
Saisissant un tabouret, je me met à la bonne hauteur et décroche l'objet, qui, à ma grande surprise ne coupe pas.
La lame est totalement émoussée mais d'une rigidité impressionnante.
Descendant de mon perchoir, je la glisse dans mon dos, le "tranchant" vers le bas.
Explorant la pièce, je cherche tout objet pouvant m'aider à m'enfuir de cet endroit.
Cette immense bâtisse et ses occupants ne m'ont causés que du tort jusqu'à présent et je me rends compte que ceux que j'appelle "Parents" ne m'accepteront jamais.
Dans mon cerveau, la voix se fait de plus en plus forte.
Je m'approche de la porte et lorgne par la serrure. Machinalement, ma main vient se placer sur l'interrupteur.
Appuyant sur celui-ci, je plonge la pièce dans le noir tout en ouvrant délicatement la porte.

Le couloir est faiblement éclairé et au fond, deux hommes armés discutent.
Charles : On t'a dis pourquoi on devais faire l'pied d'grue ici ?
Antoine : Non, juste que c'est notre tour de garde dans ce secteur.
Charles : C'est complètement con, y'a rien a ce niveau a part des salles vides.
Antoine : T'es nouveau ici, non ?
Charles : Ouaip, on est arrivé le mois dernier
Antoine : Alors, pose pas trop d'questions, et tu vivras plus longtemps... Les murs ont des yeux et des oreilles ici.
Charles : J'pensais pas a mal, je voulais juste dire que le secteur n'est pas super stratégique et qu'on serait peut être mieux a surveiller un truc plus important.
Antoine : Tu es franc et c'est tout à ton avantage, mais ici...

Le garde baisse la voix, regardant autour de lui.
Antoine : ... ici, tu es chez les Metallium... Y'en a qui ont disparu pour moins que ça.

Charles réprime un frisson lui remontant le dos alors que son binôme reprend a voix normale.
Antoine : ... et puis, on n'est pas mieux ici que dehors à s'en prendre plein la tronche pour pas un rond ?
            La bouffe est correcte, les piaules spacieuses et tant qu'on fait ce qu'on nous demande, on est à l'abri.
Charles : Mwouais, c'est pas totalement faux...
Antoine : Quand tu te poses trop de questions, réfléchis juste a celle-ci : "C'est quoi qu'est mieux ? Ici, dehors, ou sur Pandora ?"

Laissant les deux gardes papoter, je me glisse dans la pénombre du couloir, ferme la porte et m'engouffre en silence dans la pièce de l'autre côté.
Assez spartiate, cette pièce est chichement meublée et tranche avec celle où je me suis réveillé.
Me dirigeant vers le bureau a la lueur de la luciole de sécurité sur laquelle est marqué "EXIT", j'aperçois une porte sur le coté. Le contenu des tiroirs est tout aussi pauvre que le reste.
Je glisse trois stylos dans ma poche.
On verra bien a quoi ils pourront servir...
Ouvrant avec précaution la porte repérée auparavant, je jette un œil dans cette nouvelle pièce et observe en silence avant d'y entrer.

Une demie heure plus tard, je pénètre dans une autre pièce et déniche le Saint Graal, un plan incendie de l'étage.
Passant la lame du sabre derrière, je décolle cette feuille plastifiée et me rend compte que le couloir forme une sorte d'axe de symétrie par rapport aux pièces.
Celles-ci communiquent toutes les unes avec les autres par les petites portes de bois que j'ai emprunté.
Le seul moyen de sortir est de passer par la porte du fond du couloir, et elle est gardée.
Il est clair que si je veux quitter ces lieux, mieux vaut passer inaperçu.
Gambergeant à toute vitesse, j'imagine ce qui pourrait pousser les gardes à quitter leur place sans donner l'alerte.


Charles :
Hey ! Ca sent le cramé ? Non ?

Imitant son collègue, Antoine renifle l'air.
Charles : Viens ! Faut chercher d'où ça vient !
Antoine : On ne peut pas quitter nos postes avant la relève...
Charles : On quitte pas notre poste, on intervient ! C'est pour ça qu'on nous paye, non ?

Les deux hommes ouvrent les portes une a une et avancent.
Au fond du couloir, Antoine pousse un cri en direction de son collègue.
Antoine : L'extincteur ! Vite.

L'homme se précipite dans la pièce et débranche le fil de la lampe de bureau alors que Charles vaporise de la mousse spéciale sur les flammes.
Charles : Comment une lampe de bureau peut prendre feu ? Je lance l'alerte ! On a un intrus !
Antoine : N'en fais rien, j'ai trouvé le coupable.

Antoine tend la main vers le responsable de l'incendie, le saisi et le lance en direction de son collègue.
Antoine : Tiens ! Le v'la, le coupable !

Charles attrape la chose et la regarde d'un air interloqué.
Antoine : Un classeur tout con.... Il s'est déformé sous son poids, a glissé et est tombé sur la lampe.
            Les feuilles ont volé pendant la chute et une est restée sur l'abat-jour.
Charles : Le poids du classeur a appuyé sur le bouton... la lampe a fait le reste. On le notera dans le registre
Antoine : Tout compte fait, on a bien fait d'avoir été affecté dans ce niveau...
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#126
Laissant les deux gardes papoter, je me glisse hors du couloir, un petit sourire de satisfaction sur le visage.

La porte donne sur un nouveau couloir, et je me demande pourquoi il n'apparaît pas sur le plan.
Au bout de quelques secondes, je réalise que le plan n'indique que les salles entourant le couloir précédent.

A ma droite et à ma gauche se tiennent deux portes. Je scrute le couloir se divisant en quatre puis me dirige vers la porte de droite.
Celle-ci est fermée a clé. La porte de gauche n'est pas mieux, et ne possédant pas les clés ni d'outils pour les ouvrir, je m'avance.
Je passe à côté d'un chariot porte-plats et me glisse derrière.
Quelques minutes plus tard, après avoir examiné le chariot, je le pousse dans le couloir, me disant qu'il me sera facile de me cacher dedans si j'entendais quelqu'un arriver.
Soudain le chariot se dérobe sous mes mains alors que je reste planté là en cherchant à reconstituer la scène.
Devant moi, le chariot est coupé en deux d'une façon nette.
Dans ma tête, la voix vient de se couper, comme si elle était aussi sous le coup de la surprise.
Cherchant une explication logique à cet incident, je remarque que la jointure des dalles de carrelage est mal faite.
Une séparation d'un bon centimètre est visible entre les dalles.
Je m'accroupi et restant a bonne distance, saisis un couteau dans un tiroir du chariot et  approche la pointe de la lame de cette jointure.
La surprise s'empare de moi alors que je regarde l'énorme plaque métallique coulisser et remonter se cacher dans le plafond.
La chose, aussi large que le mur émet un petit clic arrivé en haut.
Tout tremblant, je pousse un peu le chariot pour voir si l'énorme plaque retombe.
A mon grand étonnement, rien ne se produit, et je passe de l'autre côté de la ligne.
J'arrive a l'intersection, m'accroupie contre le mur a ma droite et jette un coup d'œil rapide.
Les couloirs de droite et gauche sont de parfaites copies de celui d'où je viens, le même piège avec la lame semble être présent.
Je décide d'aller tout droit car c'est le seul accès dans lequel la fente n'est pas présent.
Par précaution, je saisis une moitié du chariot et la pousse devant moi jusqu'à la porte du fond après avoir vérifié les autres portes.
Redoutant un autre piège, je saisis une poignée de serviettes dans le chariot et les assemble de façon à avoir une corde dont je fixe l'extrémité à la poignée.
Je fais passer la corde sous le chariot m'en servant comme poulie, puis doucement, tire dessus.
La poignée tourne et la porte s'ouvre sur un hangar où sont entreposés des véhicules.
Des gardes patrouillent et je me dis qu'il me faudra les éviter à tout prix car ils portent la même armure que ceux qui m'ont maîtrisé dans la pièce avec la grande dame bleue... des armures DARWIN...
Refermant doucement la porte que je laisse entrebâillée, j'inspecte la moitié de chariot et m'équipe.
J'enroule une dizaine de couteaux dans une serviette, et fait de même pour les fourchettes et cuillères.
Dans un tiroir, je trouve quelque chose qui me fait sourire, deux couteaux a pain dont les lames frisent la trentaine de centimètres.
Une bonne demie heure plus tard, je fais le dernier nœud et admire le résultat alors que la voix dans ma tête siffle un air de contentement.
En bandoulière, fixée le long d'une ceinture de serviettes, se tiennent les couteaux, fourchettes et cuillères eux même enroulés dans du tissu pour ne pas être trahis par le tintement.
Ainsi positionnés, je peux facilement saisir un couvert.
Les deux couteaux a pain sont solidement attachés a une autre ceinture de serviettes.
Dans mon dos, caché sous mes vêtements, une planche a découper en bois me garantie une protection totale contre les darts électriques des armes des gardes.
Me faufilant sans bruits par la porte et la refermant discrètement, je me précipite sous un camion puis évalue la situation.
A deux cent mètres de ma position, une énorme porte, la porte principale du hangar, donnant sans nul doute vers l'extérieur.
Je passe de véhicule en véhicule, prenant soin de ne pas croiser de garde.
Soudain, je sens mon corps se soulever et s'agripper aux barres de maintient de la roue de secours sous une remorque.
Encore sous le coup de la surprise de ce mouvement, je me rends compte que la voix chantonne différemment.
Un sifflement aigue se fait entendre et je vois un petit robot chenillé s'arrêter à ma hauteur dans l'allée.
Un fin pinceau bleu de lumière passe sous la remorque et je comprends que cette chose scanne la zone. Si la voix n'avait pas pris le contrôle et fait monter contre la roue, le robot m'aurait vu.
Je laisse la petite machine s'éloigner et attend pour être certain qu'elle ne m'entende pas.
Non loin de moi, des gens discutent en chargeant un camion avec des caisses.
Sans bruits, je me faufile derrière une pile de ces caisses et attend que les quatre personnes embarquent dans la cabine.
En deux bonds, je saute et m'accroche à la ridelle puis me glisse à l'arrière du camion en replaçant la bâche.
Un grand bruit métallique m'informe que la porte principale s'ouvre.
Le camion sort de l'entrepôt et passe une clôture dont la hauteur du mur me laisse perplexe.
Nous passons un pont qui se relève juste derrière nous, puis quelques dizaine de mètres plus loin, un deuxième mur d'enceinte identique au premier.
Mais pourquoi tant de sécurité ?



Remettant le coin de la bâche en place, je tâtonne dans le camion en essayant d'ouvrir ces grandes caisses.

Quelques rues plus loin, nous nous arrêtons devant une maison d'un quartier résidentiel.
Je saute rapidement du véhicule et file me cacher dans une niche vide alors que les quatre personnes sortent de la cabine en ajustant leurs capuches.

La pluie battante ne me permet pas d'entendre clairement leurs conversations, mais il me semble que cette maison semble être la dernière à livrer.
Martin : J'en ai plein les bottes ! Vivement la pause !
Laurent : C'est clair... et c'temps d'merde !  Ils auraient pu choisir un temps sans pluie.
Martin : Ils ont un chien ?
Laurent : Attend, je vérifie... non, pas cette fois...
Pas cette fois ?
Joel : Dites, au lieu de papoter, venez nous filer un coup de main, la boite 3 nous les casse...
Laurent : C'est celle-ci qui bloque, attends...

Le garde saisi une petite boite, la pose au sol et aide ses collègues à charger les deux grandes caisses dans camion.
Dans mon esprit s'allume la flamme de la curiosité et je trépigne d'impatience, voulant entrer dans la maison pour savoir ce que contenaient les caisses.
Laurent : Allo, la dernière résidence a été livrée, nous rentrons, vous...



La porte de la cabine se ferme, ne me laissant pas entendre la fin de la phrase.
Je regarde le camion s'éloigner et la boite qu'ils ont oublié.
En quelques bonds, je saute sur la petite caisse, et retourne me mettre à l'abri dans la niche.
La boite ressemble  n'importe quel kit de premier secours a la différence notable que dans celle-ci il y à aussi une sorte de grand masque a gaz équipé d'une vision de nuit.
Tout content de ma trouvaille, j'enfile le masque, le verrouille et active la vision de nuit.
L'intérieur de la niche s'allume et je vois pratiquement comme en plein jour.
Dans la boite, de petites trousses sont placées dans des logements sur mesure, et dans le couvercle est fixée une ceinture sur laquelle sont dessinés de petits symboles.
En regardant attentivement, je me rend compte que ces symboles correspondent a ceux des trousses dans la boite.
Je saisis la ceinture et les trousses puis après avoir attaché chaque trousse à la ceinture en respectant les symboles, l'enfile autour de ma taille.
Dehors, une sirène lugubre retentit.
Me demandant si mon évasion a été remarquée, je constate que le fond de la boite peut s'enlever.
Je tire la sangle rouge et ouvre une trappe révélant une arme étrange et des chargeurs tout aussi bizarres.
L'arme est compacte et, chose curieuse, les chargeurs ne se fixent pas a la verticale par le dessus, mais a plat par le dessus.
Un chargeur est déjà engagé et huit autres sont répartis dans deux housses distinctes.
L'arme est accrochée a une sorte de sangle rappelant un sac a dos.... Sans sac.
Je retire ma bandoulière porte-couverts et défait le mousqueton reliant l'arme a l'étrange sangle.
Au bout d'un quart d'heure, je comprend le fonctionnement de la sangle, la fixe sur moi et attache l'arme au mousqueton.
Les fixations des housses porte-chargeurs sont bien plus simples à comprendre et je les place sur mes cuisses.
Je referme la boite et la pousse au fond de la niche, puis discrètement sort et me cache dans un buisson.
La pluie battante s'est transformée en une petite bruine fine qui diminue rapidement.
C'est la première fois que je dispose d'un tel armement et me dit que maintenant il me sera plus aisé de sauver la dame bleue.
En premier, il ma faut trouver où se situe l'endroit où est retenue la grande bleue.
Je me glisse a nouveau dans la niche, saisis la boite et prend la notice a l'intérieur.
Sur la première page, un grand symbole en forme de bouclier Templier dans lequel est marqué "GamP corp"

Je croise un passant qui s'esclaffe à mon passage.
Passant : Alors, petit on s'entraîne pour halloween ?
Moi : Oui... Dites, vous savez où je peux trouver l'entrepôt Gamp ?

L'homme regarde le papier que le lui montre et hausse les sourcils.
Passant : Non, en tout cas, je n'ai jamais entendu parlé d'eux... C'est quoi ?
Moi : C'est ce que j'aimerai savoir...
Passant : Bonne chance alors, bonne soirée.



Je le regarde s'éloigner et s'asseoir sur le banc d'un arrêt de bus en posant sa mallette a ses pieds.
Sur le panneau de l'arrêt une horloge affiche 21h30, je me dirige vers une maison dont les lumières sont allumées et sonne après avoir enlevé mon masque.
Pas de réponse, pas un bruit, je frappe a la porte et a ma grande surprise, celle-ci n'étant pas fermée, se pousse.
Doucement j'ouvre et appelle.
Dans la maison résonne le tic tac d'une grande pendule qui brise un silence oppressant.
La cuisine à ma droite est vide et une paire de tasses fume encore.
Je me dirige vers le salon dans lequel j'aperçois deux personnes.
M'approchant doucement, je leur parle.
Les deux gens semblent dormir et ne réagissent pas à mes appels, je fais le tour du grand canapé et pose la main sur la joue de la femme.
La retirant aussi sec, je fais un pas en arrière et me retourne en empoignant l'arme accrochée a ma poitrine.
La joue de la dame est froide et doucement, je fais un pas de côté en touchant celle de l'homme.

Le résultat est sans appel, je cours vers la porte de d'entrée, et me précipite dans la rue vers l'arrêt de bus dans lequel est assis l'homme avec qui j'ai discuté.
Moi : HEY ! VOUS ! APPELEZ LES SECOURS ! VITE !

Arrivant à sa hauteur, je constate qu'il s'est endormi et ne m'a pas entendu.
Je lui secoue le bras en réitérant ma demande.
L'homme ouvre les yeux et me saute dessus en me saisissant les épaules.

Je me laisse tomber en arrière, l'entraînant dans ma chute et le propulse par-dessus moi, l'envoyant rouler à quelques mètres.
Moi : HEY ! CA VA PAS OU QUOI  ?

Un peu déboussolé, l'homme se redresse et tourne la tête vers moi.
Moi : Désolé de vous avoir réveillé, faut pas s'mettre dans des états pareils... Les gens de la maison à côté, ils... HEY !


L'homme se jette a nouveau sur moi.
Faisant pas de côté, je le laisse s'écraser contre la vitre de l'abri-bus alors que dans ma tête la voix se met a chanter plus fort.
Non loin, le bus passe un carrefour et s'engage dans la rue, vers nous.
L'homme se relève en grognant. Je remarque qu'il bave une sorte de mousse blanchâtre avant de le voir se ruer de nouveau vers moi.
A nouveau je l'esquive et l'envoie promener, puis saute a mon tour.
Le bus, fonçant droit sur nous finit sa course dans l'abri.
L'intérieur est maculé de sang et je regarde le chauffeur se débattre contre les passagers alors que dans mon dos l'homme à la mallette se relève.
Sa tête explose et  je le regarde tomber comme une marionnette à qui on aurait coupé les fils.
Dans mes mains, le canon du P90 fume encore du départ du coup alors que dans ma tête j'entends au loin une voix dire "On s'arrache !"
En l'espace de cinq minutes la rue paisible se transforme en enfer, comme si la guerre venait d'être déclarée.
Les explosions couvrent des coups de feu alors qu'ici et là, des gens se poursuivent.
Un groupe de quatre personnes se ruent vers moi.
Je constate avec horreur que leurs visages sont déformés par une sorte de haine.
En un battement de paupière, les quatre têtes explosent alors que quatre douilles touchent le sol dans un tintement cristallin.
Avec une horreur mêlée de surprise je me rends compte que la voix me contrôlant est terriblement efficace avec cette arme.
Je regarde mon propre corps bouger tout seul et se diriger vers l'église sans comprendre pourquoi.
Tout en courant, j'enfile a nouveau le masque et active la vision nocturne en serrant les sangles au maximum.
L'objet n'ayant pas été conçu pour la tête d'un enfant d'environ 8 ans, je me demande s'il est vraiment étanche sur mon visage.
Arrivant au niveau de l'église, je longe le mur en pierre et trouve une entrée.
L'intérieur est vide et pour cause, ce n'est pas l'heure de l'office.
Je file vers l'entrée principale à la recherche de l'accès au clocher mais ne trouve aucun escalier.
Soudain je remarque une passerelle traversant l'église en son long.

L'accès doit se faire par le presbytère !


Rapidement et en silence, je me dirige vers une porte au fond de l'édifice.
L'arme dans le creux de l'épaule, je pousse la porte et tombe sur un plan incendie des lieux qui me donne ce que je cherchais.
Dans le bureau du prêtre, je prends le trousseau de clés accroché à un clou et me dirige vers la porte donnant l'accès à l'escalier menant à l'étage.
La porte, à l'instar des autres, est en bois massif. Je l'ouvre, entre, la verrouille derrière moi puis grimpe l'escalier en colimaçon.
Celui-ci monte en tournant vers la droite, une astuce architecturale handicapant un assaillant montant et utilisant son épée dans la main droite
Heureusement pour moi, je suis gaucher et ne subit pas le handicap.
Le haut de l'escalier est aussi barré par une porte que je verrouille derrière moi.
Je m'aperçois que l'étage est le lieu de vie de l'homme de foi, et redouble de prudence en fouillant les quatre pièces qui servent de stockage de nourriture et de débarras.
M'engageant sur la passerelle en bois, je me dis que comme piège, on ne peut faire mieux.
Les planches semblent si pourries que je marche sur les côtés de peur de passer au travers.
Soudain, un hurlement se fait entendre à l'autre bout et vois le prêtre me foncer dessus en mugissant.
Le canon de l'arme se lève tout seul, mais rien ne se passe.
Interloqué, je fais un tour sur moi-même en me demandant comment l'homme a fait pour disparaître et surtout où vas t'il se matérialiser.
En bas, un bruit sourd et un gémissement plaintif.
Je passe la tête par-dessus la rambarde et constate que mon prêtre est descendu d'un niveau.
Avançant prudemment, je m'arrête devant le trou dans la passerelle et me rend compte qu'elle a tenue tout ce temps mais n'a pas résisté à la course balourde de l'homme.
Au niveau de la passerelle, du côté clocher, une porte similaire a toutes celles de ce bâtiment, massive et lourde que je verrouille aussi.
Le clocher, de l'autre côté est divisé en trois étages possédant chacun deux pièces.
Les deux pièces du rez de passerelle font office de cuisine et de réserve, les deux du premier niveau consistent en une chambre assez cossue et une bibliothèque.
Quand au deuxième niveau, il abrite la cloche et une pièce fourre tout.
La pièce fourre tout et la chambre possèdent deux meurtrières donnant sur la passerelle, quand aux autres pièces, leurs ouvertures donnent sur l'extérieur.
Une lourde porte de métal, dans la pièce fourre tout, donne sur l'extérieur, sur une petite plateforme métallique faisant le tour du toit, sans doute pour l'entretien de celui-ci, dans le flanc du clocher dans lequel est pratiqué des encoches permettant de gravir le mur à l'abri des regards indiscrets.
Faisant le point sur mon abri, je me rends compte que l'édifice a été conçu comme une forteresse, ce qui m'arrange bien.
Ouvrant une meurtrière, je constate qu'elle aussi possède deux vitres, une au niveau de la paroi intérieur et une autre sur la paroi extérieure.
En bas, l'horreur se poursuit et, de mon perchoir, je regarde impuissant des survivants tenter d'échapper a leurs poursuivants.




Trois heures plus tard, le calme est revenu.
Un silence relatif brisé par la complainte gémissante des gens déambulant a l'extérieur comme des zombies.
Dans la maison face à l'église, une petite lumière s'allume dans le grenier et s'éteint presque aussitôt.
Les gens les plus intelligents, ou ceux qui ont juste la chance d'avoir un grenier avec une échelle semblent avoir réussi à se mettre à l'abri.
La soirée passe et je fais l'inventaire des produits présent dans la zone de stockage de l'autre côté de la passerelle.
Prévoyant un séjour de longue durée, je divise en deux les rations et autres produits de première nécessité, une partie restera dans la zone de stockage de l'autre côté de la passerelle et la deuxième dans la zone de vie dans le clocher.
Même si en cas d'attaque, la zone de vie est la mieux protégée, il me faut pouvoir m'assurer que la zone de stockage fera un bon bastion.
Dans une pièce, je découvre deux gros bidons d'alcool a brûler certainement utilisé pour les flambeaux.
Après avoir réfléchi à leur utilité, je les dispose sur la passerelle, ils me serviront à couper définitivement l'accès.

Un besoin pressant me fait stopper mes investigations, et je me mets à la recherche des toilettes que je découvre dix minutes plus tard dans la zone de stockage rez de passerelle du clocher.
Les toilettes ne ressemblent a rien de ce que j'ai pu voir auparavant, mais je me dis qu'un enfant de huit ans ne dois pas avoir grande expérience en matière de matériels sanitaires...

Trois jours ont passés, et à l'extérieur, les plaintes des gens, déambulants le regard vide, continue inlassablement.
Jetant un coup d'œil par une des meurtrières, j'aperçois une forme dans la pénombre qui se précipite vers la porte principale de l'église.
Derrière elle, une horde de gens semble intéressée par ce bout de viande fraîche qui tente de leur échapper.
La personne frappe et hurle contre la lourde porte de l'édifice alors que je me précipite sur le P90 avant de gravir les étages menant au sommet du clocher.
Dans ma tête, ne s'étant jamais tue, la voix chantante entonne un air rapide.
Accroupi sur le rebord du toit, je me penche vers l'avant, regarde le parvis de l'église et constate que les affamés ne sont plus très loin.
Je hurle à la personne en lui désignant le pignon de l'édifice.
Au bout de quelques minutes, elle semble comprendre, pour ma plus grande joie.
Laisser cet être se faire dévorer alors que je pouvais agir ne m'aurait été supportable, mais dans ma tête, la voix ne semblait pas encline à gâcher ses munitions.
La personne, une jeune femme aux cheveux noirs arrive au sommet du passage pratiqué dans le flanc du clocher et fait un pas vers moi.

L'arme se lève instantanément.
Moi : Enlevez vos vêtements !

La fille, écarquille les yeux, n'arrivant pas à se décider de quelle situation la choque la plus, les zombies ou mon injonction.
Mais pourquoi j'ai dit ça, moi ?
Moi : Vous comprenez ?
Mais...
Fille : Tu ... tu n'es pas un peu jeune pour...
Moi : L' age n'a rien a voir et...
Mon corps...

Soudain, le visage de la jeune fille se fige, comme si elle venait de voir un fantôme.
Dans ma tête, la voix chantante occulte tous les autres sons.

C'est un cauchemar ! Je veux me réveiller !
De ma bouche sort une voix que je n'avais jamais entendue, une voix grave et calme, trop calme.
La voix d'une personne suintant le Mal avec un grand "M".
Messager : Messager n'a que faire du corps qui es tien, petite chose !
               Il souhaite s'assurer qu'il ne fait entrer en sa demeure une de ces créatures...
T'es qui toi ?
Fille : Je...
Messager : Messager te propose alternative, redescendre !
Fille : ...

Détournant le regard pour ne pas croiser ces yeux blancs qui la terrifie, la jeune femme lève les bras.
Fille : Je... Je vais le faire.
Messager : Messager t'en remercie...
Rends moi mon corps !




Regardant la jeune fille se déshabiller, je me rends compte que je ne contrôle plus du tout mon corps, mais surtout que c'est la première fois que j'ai cette sensation.
Je veux hurler mais rien ne sort, et alors que je tente de me calmer, le décor change.
La ville ravagée et le toit du clocher laissent place a un superbe jardin au milieu duquel est posé un plan d'eau enjambé par un petit pont de bois rouge.
Allongé au sol, incapable de bouger, je regarde avec un air d'ahuri l'adulte se tenant au dessus de moi.
L'homme porte un habit que je n'ai jamais vu et ressemblant a une longue robe blanche.
A sa taille, une ceinture de plus de dix centimètres de large maintient deux sabres courbes dont le fourreau a eux seuls semblent être des œuvres d'art sortis d'un musée.

L'homme se penche vers moi alors que je hurle en voyant ses yeux d'un blanc oppressant.
Messager : Tiens toi sage, faible chose !
Moi : Qui êtes vous ?

Ne comprenant pas ce qu'il se passe, qui est cette personne ni ce que je fais dans ce jardin, je tente de bouger.
Rien n'y fait, mes muscles ne répondent plus. Je peux toutefois, maigre consolation, voir ce que voient mes yeux et reçois les signaux de mes sens.

Dehors, la fille a fini de se déshabiller.
Messager : Nue, Messager a dit "nue"
Fille : Mais... bon...

Le soutien gorge et la culotte de la fille rejoignent les autres vêtements alors que le visage de la propriétaire vient de passer rouge pivoine.
Messager : Tourne sur toi-même... Lentement !

La fille, ne sachant plus quoi penser, s'exécute.
Messager : Bien, lève les bras.

Je m'approche de la fille et l'examine sous toutes les coutures, faisant monter d'un cran sa gène.
Au bout de cinq minutes, je m'écarte en faisant un pas en arrière.
Messager : Tu peux te revêtir...

La fille se rhabille et me précède en entrant dans l'ouverture que je lui désigne.
La suivant, je passe la porte et la verrouille.
Messager : Viens, tu dois être affamée !


Je descend au niveau de la cuisine et y pénètre, puis, mettant mon arme dans mon dos, je saisi une chaise que je lui présente.
Alors qu'elle prend place, visiblement un peu plus rassurée, j'en prend une et m'en sert comme d'un escabeau pour aller chercher une boite de conserve dans le placard.
Messager : Messager n'a voulu t'offenser, il devait vérifier que tu n'étais des leurs...

Posant une casserole sur le feu, je dépose la boite a l'intérieur et place un couvercle.
Messager : Cette pitance sera prête dans dix minutes... tu peux conter ton histoire.
Fille : Je m'appelle Elena, je suis comptable chez MAC ... il y a trois jours, au matin, un homme a frappé a notre porte, il semblait malade...
       Le temps que nous appelions l'hôpital, il a fait une sorte de crise d'épilepsie, puis.... Il... Il...
Messager : ... Il s'est jeté sur toi...
Elena : Oui... Steve lui a tiré dessus mais il a eu le temps de le mordre... J'ai vu ce qu'on devient si ils vous mordent...
         Aujourd'hui, je suis sorti pour chercher de la nourriture et tenter de trouver un moyen de sortir de cette ville...
         Il faut que je retourne chez moi, Elodie et Sarah doivent être mortes d'inquiétude.
Messager : Steve est compagnon d'Elena ? Qui sont Elodie et Sarah ?
Elena : Mes filles.

La jeune femme baisse la tête et sanglote
Elena : Je dois retourner chez moi, elle vont croire que je suis morte.
Messager : Elena vit en ces lieux depuis longtemps ?
Elena : ... Oui...
Messager : Bien... Messager propose contrat à Elena !
Elena : Contrat ? Comment ça ?
Messager : Messager ramène Elodie et Sarah, en contrepartie, Elena donnera au Messager toutes les informations qu'elle possède sur cette ville, Cela respecte le Principe de l'Equivalence...
Elena : Je....
Messager : Où Elena a laissé ses filles ?
Elena : Elles sont dans le grenier.
Messager : Accès ?
Elena : On y monte par une échelle, nous voulions aménager le grenier pour en faire un petit nid mais nous n'avions pas prévu de nourriture.
Messager : Elena doit savoir qu'il tuera les filles si elles sont une menace.

Elena regarde, bouche bée, cet enfant de sept ans, se demandant comment, à cet age, on peut tenir de tels propos.
Elena : Je...
Messager : Messager promet à Elena qu'il ne fera souffrir Elodie et Sarah si la nécessité le contraint a prendre leurs vies...
Elena : Je ne comprends pas... pourquoi ta voix est... euh... Tes yeux... Qui es-tu ?
Messager : Messager est Messager il cherche des réponses.
Elena : Mais tu n'es qu'un enfant...
Messager : Trompeuses peuvent être les apparences, mais plus que tout,Elena ne croirait Messager même s'il lui contait son histoire...
               Messager ira chercher les filles d'Elena, ensuite, elle honorera sa part du Contrat.
Elena : Et si d'autres viennent ? Et si tu ne reviens pas ?
Messager : Lourdes sont les portes de cet édifice, et il n'y a qu'un accès... Reste ici !

Revêtant une soutane que j'ai déchirée afin qu'elle soit à ma taille, je regarde la jeune fille en lui faisant un petit signe, puis grimpe vers le sommet et l'accès a la sortie.
Dans ma poche, accrochée à un mousqueton, je sens les clés de la porte donnant sur la passerelle.
Sachant que la fille ne pourra pas l'ouvrir, je descends l'esprit tranquille car les gens atteint de cette étrange démence ne sont pas capables de grimper aux échelles.
La nuit tombante couvre mes déplacements, levant les yeux au ciel, je constate que l'épaisse couverture nuageuse est toujours présente, renforçant le côté sinistre de la situation.
Au loin, les plaintes lugubres des gens ne semblent vouloir cesser.
M'approchant d'un arrêt de bus, j'examine la carte et repère la maison d'Elena.
Sautant de coins sombres en zone d'ombre je regarde, sans rien pouvoir faire, mon corps se déplacer avec la grâce d'un chat.

Moi : Mais qui es tu, Messager ?
      Pourquoi tu me prends mon corps

Messager : Messager ne souhaite mourir, et encore moins dans le corps d'un enfant !
Moi : Pourquoi es tu là ? Pourquoi tu ...
Messager : Fais silence ! Messager ne peut entendre les choses avec tes paroles !
Moi : Bah, tu as une arme, non ? Tu pourras les tuer facilement.
Messager : Cette arme ne possède munitions illimitées...
Moi : C'est pas faux...

Le plan m'indique que la maison d'Elena se situe à cinq kilomètres environ de ma position.
Un trajet rapide en bus, mais à l'heure actuelle il ne faut plus trop espérer des services de transport en commun, de plus, il me faudra éviter autant que faire se peut, les personnes infectées.
Dans mon esprit, une pensée me dit que le mieux serait que les deux filles soient mortes ou contaminées

Moi : Hey ! Comment tu peux penser ça ?
Messager : Messager n'est enjoué à l'idée de savoir dans son sillage deux personnes qui risquent de le faire tuer !
Moi : ...









Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#127
Longeant le mur défoncé d'un petit immeuble, je jette de temps en temps un coup d'œil à l'intérieur des appartements.
Dedans, c'est comme si une guerre avait éclatée et que les envahisseurs s'étaient livrés au pillage.
Tout est généralement sans dessus dessous et les quelques lumières encore allumées rajoutent un côté cauchemardesque et irréel.
Traversant un carrefour, je me rend compte a quel point le virus a dû être rapide a infecter les gens, car de nombreuses voitures sont encastrées les une dans les autres.
Au fond de la rue, un mur fait de hautes plaques de béton se dresse, comme pour dire aux gens "Jamais vous ne quitterez ce lieu".
Je m'y approche et constate du haut de mon corps d'enfant qu'une vingtaine de mètres est une sacrée hauteur.
Dix minutes plus tard, après avoir grimpé dans l'immeuble bordant le mur et laissé passé trois contaminé en me cachant dans un recoin sombre, je pousse la porte donnant sur le toit de l'immeuble.
La vue, du haut des quatre étages, est assez bien dégagée, et je regarde au-delà du grand mur.
A ma grande déception, je constate qu'une épaisse brume semble entourer le mur d'enceinte, rendant la visibilité quasiment nulle.
M'approchant du bord du toit, je constate que l'échelle accrochée sur un mur dans le hall d'entrée ferait un parfait pont.
J'ai maintenant au moins une porte de sortie pour quitter la ville.
Un détail, cependant m'aurait permis de découvrir le secret de cet endroit, mais ma taille d'enfant ne me permit pas de le voir.
En redescendant, sur le palier du premier étage, je tombe nez a nez avec une personne accroupie devant le corps d'une autre.
Le bruit de mastication me renseigne tout de suite sur les évènements se déroulant ici, vite confirmés quand la personne accroupie se retourne.
La femme tient dans ses mains le bras de l'homme étendu, me regarde en penchant la tête comme un animal curieux et arrache d'un coup de dents un autre morceau du bras qu'elle mâche et avale goulûment.
Sous le coup de la surprise, je mets un petit temps à réagir quand elle me saute dessus, laissant le bras tomber sur le sol dans un bruit visqueux.
Je me précipite vers elle en plongeant dans ses jambes, le choc la fait trébucher et la fait tomber dans l'escalier, l'envoyant fissa au re-de- chaussée.
La femme s'écrase violemment contre la porte vitrée et, poussant un râle, se relève en titubant.
Son râle s'arrête alors que l'arrière de sa tête vole en éclat sous l'impact du petit projectile.
Le canon encore fumant, je me précipite vers l'extérieur en me disant que le bruit a certainement dû alerter tout le monde.
Disparaissant dans une ruelle obscure dans laquelle un lampadaire clignote, je tend l'oreille à ma recherche de bruits trahissant les pas des infectés.
Rajustant mon masque, j'augmente la sensibilité de la vision nocturne. Soudain, mon corps s'arrête.

Moi : Tu fais quoi ?
Messager : Silence !
Moi : Hey ! C'est mon corps ! Je...


Dans le jardin Japonais, je vois l'adulte en habit blanc se pencher sur moi, Son visage dans l'ombre du chapeau de paille qu'il porte ne me laisse voir que ses yeux.
Deux yeux d'un blanc pur et totalement oppressant.

Messager : Il suffit, trop longtemps Messager a été prisonnier, Tiens toi coi !

Son visage a quelques centimètres du mien, je sens une main se plaquer sur ma poitrine.
L'adulte se relève, et je me rends compte qu'il tient quelque chose dans le creux de sa main.
Une petite sphère lumineuse qu'il pose sur son torse, et alors qu'elle entre en lui, je sens mes forces me quitter.
Je veux hurler mais rien ne sort de ma bouche, mon cerveau envoie des ordres mais mon corps ne daigne plus répondre.
Le visage déformé par la terreur de cette paralysie, je ne peux que regarder l'Homme aux Sabres qui se tient devant moi.

Messager : Tiens toi coi...

Alors que dans le monde du Messager je glisse lentement vers la démence, dans le monde réel, je recule doucement et sans un son.
Devant moi, deux formes sombres semblent grignoter une troisième, et rehaussant d'un cran la vision nocturne je prend conscience de l'horreur du spectacle.
L'une des choses lève la tête, émet un glapissement sinistre et se rue sur moi.
La bête est rapide et en deux bonds est sur moi, mais le réflexe du Messager pilotant mon corps l'est encore plus.
Un bruit de cloche résonne alors que l'animal, emporté par son élan, percute la tête la première le container métallique derrière moi alors que son congénère se précipite a son tour sur cette nouvelle proie.
En deux mouvements, les couteaux a pain se placent dans mes mains, et le deuxième animal vient percuter le premier, l'envoyant une nouvelle fois se heurter a la poubelle métallique dans un nouveau bruit de cloche.
Tournant sur lui-même alors que son congénère se relève, le deuxième assaillant fouette l'air de ses pattes en donnant des coups de tête dans le mur pour tenter de retirer la lame fichée dans sa gueule.
Profitant de la confusion, je cours vers une échelle, me mettant hors de portée de ces animaux faisant ma taille.
Du haut de mon promontoire, j'observe les créatures qui n'ont de chien que le nom, leur peau, n'étant plus qu'un vaste souvenir, les chairs a vif présentant de larges plaques de pourritures leur donnent des airs de chimères sorties tout droit de l'esprit d'un réalisateur de film d'horreur.
Laissant les deux chiens sur le plancher des vaches, j'escalade l'échelle vers le toit.
Chaque passage sur les paliers de chaque étage me montre l'horreur de la situation.
Sur le toit, un campement de fortune est dressé, deux petites tentes a déploiement rapide recouvertes d'une bâche grise se fondent dans le décor.
Au milieu, un bivouac abandonné.
Saisissant le P90 et le coinçant dans le creux de mon épaule, je m'approche doucement.
Les deux tentes sont ouvertes et l'intérieur semble indiquer que les occupants ont quitté les lieux précipitamment.
Restant a bonne distance, j'observe l'intérieur puis me dirige vers la petite guérite menant a l'escalier descendant vers les étages inférieurs.
La petite structure dans ma ligne de mire, je prends bien soin de rester le plus loin en contournant largement.
La porte défoncée m'explique pourquoi les occupant des tentes ont fuis les lieux.
Doucement, je m'approche de l'antre noire et béante en regardant la lourde porte de métal tordue et tenant comme par magie sur son dernier gond valide.
Sachant pertinemment que les lieux clos sont de véritables pièges mortels, je recule en direction d'une autre échelle tout en prenant soin de ne pas trop faire de bruits sur les gravillons.
Enjambant le parapet, je me glisse sur la plateforme métallique et entreprend de descendre les échelles.
En bas, je retrouve les occupants du toit, leurs corps démembrés par la chute.
Rapidement, j'enjambe leurs corps et me dirige vers la rue principale en me déplaçant au gré du couvert que m'offre les carcasses des véhicules abandonnés.
Dans mon dos, le clocher de l'église rapetisse au fur et a mesure que je progresse.
Soudain, un hurlement sinistre déchire le silence pesant.
Me mettant en joue et regardant dans la direction de la maison d'où est venu le cri, j'aperçois une forme en sortir rapidement à quatre pattes comme un animal.
Derrière elle une autre forme plus petite tente de lui attraper les jambes.
Sachant que ce raffut risque d'en attirer beaucoup d'autres, je me précipite vers les deux combattants.
Sur le sol, un homme d'une cinquantaine d'années est en proie avec une petite fille tentant de lui attraper la tête en fouettant l'air comme une forcenée.
Bien que le rapport de force paraisse largement en faveur de l'adulte, il ne peut se défaire de cette furie qui semble bien décidée à en faire son quatre heure.
L'homme se débat, donnant des coups avec la crosse d'un antique révolver.
Soudain la tête de la fille explose en éclaboussant le visage de l'adulte.
Poussant le cadavre inerte, l'homme fait quelques pas a reculons en titubant et se retourne en pointant son arme vide sur moi.

Poussant un soupir de soulagement il abaisse le canon de son arme et fait un pas vers moi en souriant.
Homme : Merci, mon petit, tu m'as sauvé la vie, je...

Un coup de feu éclate, l'homme reste quelques secondes sans bouger, puis s'écroule.
Dans le jardin Japonais, témoin impuissant de la scène, je hurle tout ce que je peux en maudissant le Messager.


Messager : Il suffit ! Les traces de morsures sur ses bras l'auraient transformé en une de ces choses.

Un petit bip attire mon attention et je constate que l'homme porte qu niveau de sa ceinture une boite grosse comme un téléphone portable sur laquelle une barre de leds rouges se remplie au rythme d'un bip par led et par seconde.
Dix secondes plus tard, la dernière led s'allume et une série de trois bips sort de la machine.
Le son suivant est strident et vrille les tympans.
Dans un mouvement réflexe j'épaule l'arme et explose la boite qui émet un dernier couinement.
Ne sachant pas ce que c'est, je m'éloigne rapidement alors qu'autour de moi, les gémissements se rapprochent.
Sortant des rues voisines, et attirés par le bruit, une multitude de gens titubent vers l'origine du son.
Soudain, une des personnes hurle et se précipite vers moi, rapidement suivi par la horde.
Tenant fermement mon arme, j'engage un sprint pour tenter d'échapper à mes poursuivant visiblement bien remontés.

La course est inégale et même si je sens le Messager pousser mon corps dans ses derniers retranchements, il doit distancer des adultes dont l'enjambée est bien plus grande.
Sachant que je ne pourrait tenir longtemps la distance, je cherche une échappatoire, un endroit assez petit pour me mettre à l'abri de mes poursuivants.
Dans le coin de la rue, un rideau métallique se lève, laissant une ouverture d'une cinquantaine de centimètres au raz du sol.

Aux fenêtres, de part et d'autre, résonnent le bruit d'armes à feu et une voix dans un mégaphone.
Voix : Par ici !

Je bifurque derrière une carcasse et me précipite vers cette aide providentielle.
Me laissant tomber au niveau du rideau métallique je glisse dessous, et alors que je me relève, une personne a ma droite lâche un levier, laissant l'imposant rideau retomber.
Robert : Bein nom p'tit gars, t'en a eu d'la chance de tomber sur nous... Il sont rapides ces cons !

Une femme se penche vers moi et tendant la main, dit avec un sourire.
Hélène : Celui qui vient de parler c'est Robert, notre cuistot, il tient le Restaurent du Cèdre...
Robert : ... tenait, plutôt...
Hélène : ... c'est pas faux, elle derrière avec les vêtements de cuir, c'est Akihira et...

Dans la pièce du fond, une voix se fait entendre, la voix d'un homme en colère.
Voix : Qu' est l'con qui a ouvert la grille ?


Apparaissant sur le pas de la porte deux hommes de forte carrure entrent dans la pièce, le mouvement de recul des gens m'indique que ces deux individus mènent la danse dans cet endroit.
Gonzague : Tu fous quoi chez moi, morveux ?

Regardant dans les yeux cet imposant homme, le visage dans l'ombre de ma capuche, je lui lâche.
Messager : Quand on rencontre et adresse la parole a une personne pour la première fois, il est d'usage de se présenter.
Gonzague : Joue pas a ça avec moi, cloporte, où j'te refous dehors a coup d'pompe dans l'train.
Messager : Facile est l'édiction de phrases menaçantes... Bien plus dur est la mise en pratique...
              Messager se présente, Il est Messager, il cherche des réponses et ne veut de mal a personne.
Gonzague : Toi !

L'homme lance sa main vers ma tête, et d'un puissant revers, frappe de toutes ses forces.
Hélène : NON !
Gonzague : ...

Interdit et bouche bée, l'homme regarde la soutane qu'il tient dans la main, étonné de ne pas voir l'enfant voler contre le mur.
Ayant fait un petit pas en arrière, me mettant hors de portée de la lourde main, je lui avait laissé comme unique trophée ce qui me sert de manteau.
Messager : Messager ne souhaite combattre.

Gonzague écarquille les yeux et sortant un pistolet de sa ceinture, le pointe vers moi.
Derrière lui, l'autre homme siffle d'admiration.
Marcus : Hey, visez un peu c'qu'on a trouvé... Il en a d'l'a quincaillerie le p'tit...
Gonzague : Allez, pose tes jouets a terre, et on te laisse repartir.
Hélène : Ne fais pas ça, Il va se faire tuer dehors.
Gonzague : Bein, dehors ou par moi, c'est pareil, de toutes façons j'vais l'buter.

La fille se place entre moi et l'adulte, dans ses yeux une peur tenace.
Lui posant la main sur la cuisse, je saisis sa robe et la tire doucement en arrière.
Messager : En arrière, Hélène gênera le Messager.
              Cet homme n'est ennemi du Messager mais il l'a menacé... Messager réclame réparation de l'affront qui a été fait.



Passant dans mon dos, Marcus émet un petit ricanement.
Marcus : A huit ans, tu crois faire le poids ? J'vais t'mettre une fessée cul nu que tu vas en pleurer ta mère !

D'un mouvement de la tête, je fais le tour des visages dans la pièce et d'une voix calme, demande.
Messager : Ceux qui ne souhaitent mourir en ce lieu reculent d'un pas...

Dans la pièce, seul Marcus et Gonzague tiennent leurs positions, heureux de pouvoir coller une raclée à ce gosse.
Gonzague : Je vais...

Hélène porte les mains a sa bouche, réprimant un cri en voyant la giclée de sang s'échapper du cou de l'homme alors que dans les yeux de ce dernier se lit toute la surprise du monde.
Lentement, il tombe a terre comme un pantin désarticulé.
Accroché sur son dos comme un parasite, je porte la lame du couteau a pain vers ma bouche, et dans un mouvement lent, passe ma langue sur la lame, puis me lèche les babines.

Me penchant vers l'oreille de l'homme dont la vie le quitte, je lui murmure
Messager : Ton sang a le goût de la peur, petit cochon...

Marcus : Putain ! Putain ! Putain ! Putain...

Pris de panique, Marcus porte la main a son holster, dégaine son révolver et s'excite sur la détente.
Les coups partent et résonnent dans la pièce alors que dehors, les gens tambourinent sur le rideau métallique du magasin.
Messager : Impatient, trop rapide, tu distribues des pruneaux comme des bonbons... Et maintenant ?

Marcus hurle alors que son arme tombe au sol.
L'homme se tient la main en serrant le dessus de celle-ci, regardant l'énorme entaille que le couteau a pain vient de lui faire.

Poussant un petit gloussement, je lui assène un violent coup de poing dans les parties génitales, le faisant se plier en deux.
Messager : Trop grand, te voila a bonne hauteur
               Il faut être fou pour provoquer le Messager sans se soucier des conséquences de ses actes...
               Messager va te laisser vivre, et ce, afin que tu puisses apprendre l'humilité...

Délicatement, sous le regard horrifié des autres personnes présentes dans la pièce, je pose la lame du couteau sur sa joue.
Messager : Et ceci pour ne jamais oublier.


Dans la ville, un hurlement sinistre résonne alors que les dents d'un couteau a pain se frayent un chemin dans les joues d'un petit homme ventripotent.
Gardant la lame dans la plaie, je tourne la tête en direction des autres.
Messager : Ce lieu est une armurerie, avez-vous un sas d'entré sécurisé ?

Toujours sous le choc de la scène qui se déroule sous leurs yeux, bouchée bée, personne ne répond
Messager : ALORS ? Ne voyez vous que Marcus s'impatiente ?
Akihira : Dans la zone de stockage...

Un sourire reptilien sur la face, je colle ma tête contre l'oreille de Marcus.
Messager : Bien... Alors, écoute bien le Messager, petit homme !
              Il va retirer la lame de ta joue, ensuite, tu porteras ton ami dehors par le sas...
              As-tu bien compris le Messager ?

Sanglotant, Marcus renifle et bégaye.
Messager : Messager n'a entendu de réponse claire...
Marcus : ... oui... oui oui....
Messager : Bien...

Dans l'armurerie, un nouveau hurlement vient s'ajouter au nombreux poussés par l'homme qui, quelques minutes plus tôt riait a l'idée de mettre une fessée cul nu a un enfant.
Essuyant le sang de la lame sur ma cuisse, je regarde Marcus soulever le cadavre de son ami et le traîner  vers la salle de stockage.

Hélène se précipite sur la commande d'ouverture de la porte intérieure et l'active tandis qu'Akihira saisi la main de Robert en regardant ce mystérieux enfant comme s'il s'agissait du Diable en personne
Marcus : Hélène... non... je t'en prie... laisse moi une chance
Hélène : Je vais te laisser une chance... la même que tu m'as donnée quand tu m'as violée alors que ton gros porc d'ami me tenait...

Un bruit métallique se fait entendre.
Hélène : Tiens, vu que vous étiez comme les deux doigts de la main... ENTRE !

Sanglotant, Marcus entre dans le sas prévu pour la livraison des armes alors que la porte se ferme derrière lui.
Hélène allume le panneau de communication et regardant le petit écran interpelle Marcus.
Hélène : Marcus, si tu me ramènes une glace Ruhm-Raisin, je te laisserai entrer et te pardonnerai !
Messager : Ruhm-Raisin ?
Robert : Tu es vicieuse...

Blottie derrière Robert, lui tenant la main, Akihira sanglote.
Akihira : C'est qui ce gosse ? Comment il peut faire ça ? T'as vu comment il a disparu tout a l'heure ? T'as vu ses yeux... ses yeux...
           J'veux pas mourir... pas comme Gonzague
Robert : Calme toi, s'il avait voulu nous tuer aussi, nous serions déjà morts...


Hélène affiche un large sourire en appuyant sur la commande d'ouverture de la porte extérieure.
Marcus fait un pas et se retourne alors que la porte se referme.
Dehors, et traînant un cadavre, Marcus s'éloigne de l'armurerie.

Regardant l'écran de la caméra extérieur, je lève un sourcil interrogateur.
Messager : Messager ne comprend pourquoi Marcus ne lâche pas la main de l'autre homme...
Hélène : Je suis certain qu'il le voudrait... mais il ne peut pas...

La fille, affichant un large sourire espiègle, fait tourner autour de son doigt une clé attachée à une petite chaîne...
Akihira : Tu les as menottés ensembles ?
Hélène : ... Avec la même paire de menottes que Gonzague avait utilisé pour m'attacher...
           Depuis tout ce temps, je les garde sur moi... attendant.
Messager : Messager aime la façon de faire d'Hélène...
Robert : Venez, allons dans un endroit plus confortable !

Suivant le groupe, je monte à l'étage, découvrant un grand salon équipé d'un bar et éclairé par de petits groupes autonomes se rechargeant à la lumière.
Se mettant derrière le bar, Robert me regarde.
Robert : J'te sers quoi ?
Messager : Messager prendra un saké chaud si Robert en possède...
Robert : Wow... Saké on a, mais chaud...
Messager : Messager est heureux de pouvoir goûter au saké de Robert, même s'il est froid.
Hélène : D'où tu viens et pourquoi parles tu comme dans les Temps Anciens ?
Messager : Messager vient de l'église, et son parlé a toujours été ainsi... du plus loin qu'il se souvienne...
Hélène : En fait, c'est... Pourquoi tu as tué Gonzague et Marcus ?
Messager : Messager n'a tué Marcus... quoi que...
              Toujours est il que Gonzague avait jeté a bas l'honneur du Messager, et ceci ne peut se résoudre que par un duel.
              Messager se devait de laver son Honneur...
Robert : En tout cas, t'es un sacré... tes parent se sont planté et ont confondu l'Dojo de ton village avec la garderie ou quoi ?
Messager : Messager ne sait ce qu'est une garderie, mais sa famille possédait un Dojo...
Akihira : Bah, si on arrêtait de l'embêter avec nos questions...
Messager : Messager a des questions...
Robert : Balance ! Vous prenez quoi les filles ?

Sortant de ma poche le papier avec le logo marqué "GamP corp", je demande des infos sur cette société.
Robert : Fais voir ?


Hélène, examinant le papier, le tend à l'homme qui lui pose un verre dans ses mains.
Robert le saisis, prend la boisson qu'Akihira lui a demandée. La lui donne et vient s'asseoir sur un fauteuil.
Robert : J'ai jamais vu ce logo, où l'as-tu eu, petit ?
Messager : Messager l'a récupéré dans la caisse où il a trouvé son équipement.
Robert : Un P90, c'est pas banal... t'as fouillé un musée ?
Messager : Non...
Hélène : Il a quoi de spécial ce flingue ?
Akihira : Il a de spécial que ses munitions ne sont plus fabriquées depuis longtemps... La dernière génération de munitions ont été jugées contraire a l'éthique de la Guerre...
          Vous l'croyez, ça ? l'Ethique de la Guerre...
Messager : Les Metallium semblent en fabriquer.
Robert : Qui sont les Metallium ?
Messager :  Ceux qui ont construit Xelloss, ils...
Robert : Qui est Xelloss ?

A nouveau, les visages des trois adultes affichent une surprise intégrale.
Dans le jardin Japonais, le Messager se penche vers moi alors que je réprime une terreur sourde.
Messager : Fais calme en toi, Xelloss... Messager ne comprend pourquoi personne ne connaît les Metallium en cette ville...

Me redressant, je constate que le samouraï en blanc semble m'avoir redonné le contrôle de mon corps... du moins dans son monde...
Moi : Je ne sais pas... La famille Metallium est puissante, et tout le monde a au moins entendu parler d'eux une fois, non ?
       Dans le bureau de Père, j'ai vu des papier avec le logo de la RDA, tout le monde connaît la RDA, donc pour ma famille...


Messager : Messager se rend a la rue du Pilotis, il cherche la maison 35, savez vous par où aller ?
Robert : C'est trois rues plus loin, mais pourquoi t'y rends tu ?
Hélène : Pourquoi ne restes tu pas ici le temps que les autorités mettent en place un plan pour nous venir en aide ?
Messager : Messager a promis à Elena de lui ramener Elodie et Sarah.
Robert : Qui sont... Bah, oublie nos questions, petit !

Regardant le petit verre contenant le saké, je frappe une fois dans mes mains, puis le porte a mes lèvres et l'avale d'une traite.
Robert : Ouah ! Voir un gosse demander du saké chaud, ça restera le truc le plus dingue que j'ai entendu, mais l'voir le descendre d'un coup d'un seul...
Messager : Ce saké est bon...

Mes yeux dérivent vers le dessous-verre posé sur la table.
Sur celui-ci, une photo dessinée d'une plage formant une anse et dont la pointe rocailleuse est surmontée d'un phare.
Dans le haut gauche, un soleil souriant et les mots "Greetings from Shell Beach"


Je regarde l'image et saisis le dessous-verre en le montrant aux trois personnes.
Messager : Curieux endroit, il y a vraiment des maisons sur le sable ?
Akihira : Oui, nous devions y aller ce weekend, mais avec l'épidémie...
Robert : ... C'est tombé à l'eau, je crois...
Messager : Cet endroit est peut être a l'abri de l'infection qui touche les gens, ici...
               Peut être devriez-vous y aller pour voir...
Hélène : Il a raison, on peut prendre la... euh... C'est la nationale 135, non ?

Devant la question, un silence s'installe alors que tous cherchent une réponse.
Akihira : Non, on passe par.... Euh... par la route côtière... je crois...
Robert : Fichtre ! J'ai beau me creuser l'cibouleau, pas moyen d'me rappeler par où on passe...
          J'ai toujours pris le train, c'est plus rapide... On prend la ligne... Euh...
          Et toi petit, t'y allais comment avec tes parents ?
Messager : Messager n'es jamais allé à la plage avec ses parents... Il ne vous sera de grande aide pour cette question...
Robert : C'est inouï, j'en ai parlé hier avec l'Inspecteur Bumstead, il m'a dit qu'il y avait des travaux sur la ligne... Euh... mais qu'en prenant la...

Dans la pièce, un nouveau silence, alors que tout le monde se demande pourquoi il leur est impossible de se rappeler la route de Shell Beach.
Hélène : Bah, cette histoire d'épidémie a du nous mettre la tête sans dessus dessous... on y verra plus clair demain !
Akihira : Reste ici cette nuit, Messager, tu repartiras demain matin...
Messager : Messager ne souhaite traverser la ville de jour, la nuit est protectrice et les ombres plus nombreuses...
Robert : C'est pas faux... T'es futé, toi ! Allez, viens, j'ai ce qu'il te faut !

Finissant les verres, le groupe descend et alors que Robert fouille dans un tiroir, Hélène me tend ma soutane.
Hélène : N'as-tu rien d'autre à te mettre sur le dos ? Elle est sale et malodorante...
Messager : La couleur se fond dans l'ombre et l'odeur dissimule celle du Messager...
Hélène : T'as vraiment huit ans, toi ?
Robert : Tiens, j'ai trouvé !

L'homme me tend une paire de lunettes et une carte.
Robert : Ces lunettes seront plus efficaces et plus légères que ton masque... Sur la carte, je t'ai entouré l'armurerie et la maison que tu recherches.
Messager : Messager remercie Robert !
Robert : Pas de quoi !

L'homme ouvre la porte principale de l'armurerie, et pose la main sur le rideau métallique.
Robert : Allez-y !

Suivant Hélène qui se dirige vers la salle de stockage et le sas, j'entend Robert secouer le rideau pour attirer les infectés du côté opposé de ma sortie.
Ouvrant la porte intérieure, Hélène se met à ma hauteur et me dépose un baiser sur la joue.

Tout étonné, j'affiche un grand sourire alors qu'Akihira fait de même.
Akihira : ... Pour que l'autre joue ne soit pas jalouse, et pour te remercier de nous avoir débarrassé de ces deux brutes qui squattaient notre armurerie...

La porte du sas se referme alors que Robert entre dans la pièce en me saluant.
Robert : Salut et bonne chance, P'tit Gars !

Passant la porte extérieure, je fais un signe vers la caméra et vers ces gens puis, remet ma capuche et disparaît dans l'ombre.
Hélène : Drôle de bambin...


Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#128
M'aidant du plan, je repère rapidement ma route, les lunettes de Robert sur le nez, je jouis d'une excellente vision.
Une heure plus tard, je me poste en face de la maison, à bonne distance.
Dans la rue, déambulent des gens ressemblant à des fantômes.
Par les lucarnes du toit, j'aperçois une pâle lueur se déplaçant d'un bout à l'autre de la maison.
L'absence de cris et la lumière bougeant m'informent que les deux enfants sont toujours en vie... au moins un des deux.
Faisant le tour de la maison en gardant une bonne distance, je cherche un moyen de monter sans passer par l'intérieur.
Quelques temps plus tard, je repère une potence sur un pignon, caché dans un buisson, j'attend qu'un petit groupe de trois personnes passe puis me faufile et me plaque rapidement contre le mur de la maison.
Arrivant à la verticale de la potence, je me rends compte qu'elle est équipée d'un treuil.
Les boutons de commande me narguent sous un panneau de plastique transparent verrouillé par un cadenas.
Cependant, je me dis que comme la ville est privée d'électricité, le panneau doit être aussi utile qu'une paire de gants a un manchot.
Deux minutes plus tard, je fais passer une longue tige de fer dans l'anse du cadenas et tourne.
Sous la force, celui-ci cède, libérant ainsi le panneau de contrôle, mais me donnant accès à la clé permettant de manœuvrer le treuil manuellement.
La clé, simple manivelle, s'insert dans une fente prévue a cet effet et permettant, par un jeu de cardan et d'axes, de faire tourner le treuil.
Quelques minutes, qui me parurent des heures, plus tard, le crochet touche le sol.
Personne n'étant prévenu de ma visite, je vais devoir grimper seul à la corde.
Mettant la clé dans une poche, j'entreprends mon ascension.
Un peu plus tard, je pose le pied sur le rebord de la porte et l'observe.
Sans grande surprise, celle-ci est verrouillée, mais le plus étrange est qu'elle ne possède pas de poignée, uniquement un trou carré en lieu et place.
Mettant plus de cinq minutes a trouver la solution, je me traite d'imbécile, fouille dans ma poche, en ressort la manivelle et l'insert dans le trou carré.
Doucement, j'ouvre la porte, me glisse à l'intérieur et la referme en silence.
Au fond de la grande pièce, sur deux lits de camp, dorment Elodie et Sarah.
Je m'approche d'une petite table sur laquelle sont disposés divers objets dont un briquet et des bougies que j'allume en regardant si toutes les ouvertures du toit sont bien occultées.

Saisissant une bougie, je m'approche d'une des filles et lui secoue doucement l'épaule.
Messager : Tu dois te réveiller....

Au bout de quelques secondes, elle ouvre les yeux et me regarde d'un air hébétée.
Messager : Ce n'est un rêve et Messager ne te veut du mal, Réveille ta sœur, nous devons partir rejoindre Elena...

La petite fille, serre une peluche contre elle et je remarque l'étiquette sur laquelle est cousu un nom.
Messager : As-tu compris, Sarah ?
Sarah : Qui es tu ?
Messager : Messager...
Sarah : Pourquoi on doit partir ?
Messager : Pour rejoindre Elena, ta mère.
Sarah : Elle est où ?


Dans l'autre lit, Elodie ouvre les yeux, et demande d'une voix endormie a qui parle sa sœur.
Messager : Vous devez rejoindre votre mère, Messager vous y mènera et vous protègera.
               Rassemblez vos affaires.

Une heure plus tard, après avoir expliqué la raison de ma présence ici et répondu a moult questions, j'ouvre la porte donnant sur le pignon.
Messager : Messager descendra en premier et manoeuvrera le treuil d'en bas...
Sarah : Pas besoin, on peut le faire d'ici... tiens...

La petite fille me tend un boîtier de commande en souriant.
Messager : Messager gage qu'il ne soit très utile... sans électricité.

Avec un sourire jovial, la fille appuie sur un bouton, faisant descendre le crochet.
Sarah : Il n'a pas besoin d'être branché... le soleil le recharge.
Elodie : On aura besoin de ça...

Tendant le boitier a la petite fille, je lui dit
Messager : Tiens, tu commanderas la machine

Derrière nous, le bruit d'une chose traînée sur le plancher, un plateau sur lequel est fixé une élingue a chaque coin.
Elodie : On le fixe au crochet pour monter ou descendre des choses

Ayant utilisé le treuil des centaines de fois, les deux petites filles le mettent en fonction rapidement, et accrochent le plateau au crochet, puis attrapant leurs sac a dos, se placent dessus.
Sarah : Viens, Messager...


Je pose le pied sur le plateau en le tenant à une élingue alors que Sarah appuie sur la commande de descente.
Celle-ci fut de loin la plus longue et la plus stressante de toute ma vie tant le treuil fait du bruit.
Toutes les deux minutes, nous devons stopper la manoeuvre le temps qu'une personne passe.
Une éternité et demie plus tard, nous touchons le plancher des vaches puis allons nous cacher dans la haie.

Sarah, à l'aide de la commande, fait remonter le plateau et la glisse dans le sac a dos de sa sœur.
Sarah : On peut y aller.
Messager : Nous allons jouer au jeu des Ombres, vous serez ombres du Messager, et ferez tout ce qu'il fait...
Sarah : Oui
Elodie : Chef, oui, chef !
Messager : Bien !

Je sors la carte et leur montre le chemin a parcourir quand soudain, mon regard tombe sur  cette plage et son phare, Shell Beach.
Elodie : Dis, tu viendras avec nous a la plage quand tout ça sera fini ?
Messager : Shell Beach ?
Sarah : Oui, on y va tout les samedi avec maman...
Messager : Messager ne sait, il ...
Sarah : Allez, c'est rapide, y'a juste a prendre la ligne... Euh...

Sarah se frotte la tête, réfléchissant a la ligne menant a la plage puis affiche un large sourire.
Sarah : J'm'en souviens plus...
Elodie : Allons, t'as vraiment une mémoire de poisson rouge... Faut passer par.... Euh...

Sarah émet un petit gloussement.
Sarah : Poisson rouge, poisson rouge...
Elodie : J'ai un trou...
Messager : Ce n'est grave, nous demanderons à Elena... Venez...

Le ciel chargé de lourds nuages noirs cachant la lumière de la lune et des étoiles est une providence nous permettant de nous faufiler rapidement au gré des zones sombres.
N'y ayant pas fait attention, je remarque a présent que beaucoup de panneaux publicitaires sont a l'effigie de cette plage, "Shell Beach".
Passant dans une ruelle, une impasse attire mon regard.

Les deux filles sur les talons, je m'y engage et tombe nez a nez avec un haut mur de briques recouvert d'affiches déchirées.
Elodie : Y'a un trou d'souris...

La petite fille pointe du doigt un trou d'environ un mètre de haut en me souriant.
Passant ma tête par l'orifice, je regarde l'épais brouillard qui recouvre la zone, et me dit que passer derrière les maisons par un trou dont les personnes infectées par la maladies ignorent l'existence doit être un bon moyen de rallier rapidement et sans danger l'église.
Messager : Nous allons faire la chenille, Tenons nous par l'épaule...

Progressant en tête, les lunettes sur le nez, je cale la crosse du P90 dans le creux de mon épaule alors que derrière moi, Sarah me saisit la soutane au niveau de l'épaule, imitée par Elodie qui serre sa main sur la poignée du sac a dos de sa sœur.
Si les rues de la ville sont oppressantes avec leurs gens déambulant comme des zombies, l'endroit où nous sommes, l'est encore plus.
La si faible luminosité ambiante et l'épais brouillard confèrent un air glauque, et les lunettes amplificatrices de luminosité ont bien du mal a me fournir une image tant la lumière naturelle est faible.

Nous longeons le mur, et au bout de dix mètres, je m'arrête.
Messager : Nous allons faire demi tour, on ne peut passer ici...

Devant moi, la route continue, mais a ma droite, une montagne de cadavres entassés les un sur les autres ne présage rien de bon.
Le brouillard est si épais qu'il m'est impossible de distinguer le haut de la pyramide.
Faisant demi tour, nous longeons le mur en direction du trou.
Si j'avais poussé un peu plus dans la direction que nous avions prise, j'aurai compris ce qui se passait ici...


Nous repassons le mur et retournons dans l'impasse.
Messager : Nous allons suivre l'itinéraire initial... Venez...

Sur le chemin du retour, allongé dans l'herbe du jardin Japonais du Messager, je ne peux m'empêcher de penser a cette plage, et au fait que personne ne sache comment y aller.
Messager : Messager aussi trouve étrange...

Debout à côté de moi, l'homme, une main posée sur le  talon d'un de ses sabres, regarde vers les montagnes.

Une heure plus tard, nous arrivons en vue de l'église.

D'un mouvement vif, je me dissimule dans un buisson, imité par les deux filles.
Sarah : Il se passe quoi ? Pourquoi on se cache.
Messager : Cris et combats dans l'église... Venez !

Faisant le tour de l'édifice en restant dans le couvert de la haute haie, je conduis les deux petites au pied du mur et de l'échelle dissimulée dans la pierre.
Messager : Montez ! Messager vous rejoins plus tard...

Silencieusement, je me faufile vers la porte principale et tente de l'ouvrir sans résultats.
Continuant mon chemin en longeant le mur, je me rend compte qu'une poterne est défoncée et voit des personne s'y engouffrer.
Dans le bâtiment, des coups de feu résonnent.

Faisant passer mon arme dans mon dos, je me précipite vers l'échelle et la gravit rapidement, rejoignant les files sur la plateforme.
Messager : Rentrez !

Laissant les filles s'engouffrer à l'intérieur, je m'engage sur une passerelle métallique donnant accès aux vitraux.
Envoyant un puissant coup de crosse dans le premier, je brise un des éléments et regarde dans l'église.
Dehors, la pluie a commencé à tomber et un éclair illumine le ciel.
Du coté du clocher, par une des meurtrières donnant sur la passerelle, je vois une flamme et entend le coup qui va avec.
Sur la passerelle, des infectés progressent en direction de la porte, et si quelques un tombent dans le trou fait par le prêtre, la masse pousse et tambourine sur la porte.
Hey ! Ils ont réussi à passer comment les lourdes portes de bois ? Ils savent crocheter une serrure ?

Totalement stupéfait, je vois une petite explosion au niveau des gonds de la porte verrouillant l'accès à la zone du clocher dans laquelle est réfugiée Elena.
Régissant promptement, je fais passer le canon du P90 par le trou dans le vitrail et arrose le bidon le plus proche de la porte.
Celui-ci explose, projetant des débris métalliques dans toutes les directions, comme du shrapnel.
En même temps, le deuxième, sous mon feu nourrit suit l'exemple du premier.
Déjà affaiblie par les pas balourds du prêtre, la passerelle ne semble pas avoir supporté les deux violentes explosions, rend l'âme et se brise en deux.
Fouettant l'air en faisant de grands moulinets, les gens tentent de se rattraper à ce qu'ils peuvent.
Avec un air de contentement, je les regarde s'agripper les un aux autres et s'entraîner mutuellement dans l'abîme.
La fumée de l'explosion bouchant la vue, je ne peux voir si la porte est toujours debout ni si l'un des infecté a réussi à rentrer.
L'absence de coup de feu me laisse présager le pire et je me précipite vers le clocher.
A l'intérieur, je distingue des sanglots, et me précipite en silence vers l'origine en changeant de chargeur.
Dans la pièce menant à la passerelle, je trouve Elena et ses filles a genoux, se serrant dans leurs bras.
Les laissant à leurs retrouvailles, je me précipite vers la lourde porte de bois et constate que deux des quatre gonds se sont tordus sous l'effet de l'explosion.
Ne comprenant pas l'utilité de mettre des explosifs sur une porte, mais constatant que celle-ci est désormais inaccessible de l'éxtérieur, je me dirige vers les filles.

Elena se relève et me serre dans ses bras.
Elena : Merci... Merci... Je croyais que tu nous avais abandonné quand j'ai vu ces créatures débouler ici...
Messager : Comment ont elles réussi à rentrer ? Messager a vérifié tous les accès lui-même...
Elena : Je ne sais pas... j'ai entendu des bruits d'explosions, et je les ai vu envahir l'église.
         Je me disais qu'elles n'arriveraient jamais a monter mais la porte d'en bas a explosée... et puis, j'ai cherché une arme au cas ou...

Essuyant ses larmes, elle désigne un long fusil de chasse à double canon et une boite de cartouches.
Stupéfait, je me rend compte qu'elle n'aurait pas été de grand secours, hormis faire du bruit et ameuter plus de gens, car sur la boite de  cartouches est marqué en lettre rouges "GS"... Des munitions au... Gros Sel...
Messager : Elena et ses filles ne craignent plus rien, personne ne peut monter l'échelle dans la pierre et le seul accès praticable est détruit.
               Rester ici est la meilleure solution, il y a vivres, équipements, couvertures et surtout un toit.
Elena : Comment te remercier...
Messager : En donnant réponses aux questions du Messager...
Elena : Je vais préparer le repas pendant que tu me poseras tes questions... Elodie, Sarah, allez poser vos sacs en haut.
Messager : Ceci est la première...
              Où est Shell Beach ?
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#129
Journal de bord N°4
Entrée N°022



** Reception Balise de Détresse **
** Urgence N°00**
** Destinataire : Tous canaux **
**Auteur : Yana**


45.2398,15
86.472,32






Sur Pandora, et plus précisément dans le Jardin Japonais de mon esprit, je me précipite vers l'entrée principale de la maison du Messager avec un Scratty' sur les talons.
Dehors, le ciel devenu totalement noir est chargé de lourds nuages qui s'amoncèlent en prenant comme centre la demeure de l'Assassin aux Lames Divines.

Moi : Nom de Zeus ! J'le savais que pénétrer sa maison c'était une grosse connerie...
       T'as touché à rien ?
Scratty' : J'ai même pas eu le temps...

Sautant dans la barque que nous avons utilisé pour y venir, nous quittons la demeure et atteignons l'autre rive rapidement.
La traversée bien que coutre me sembla durer une éternité et j'avais l'impression que quelque chose souhaitait ardemment que nous n'atteignons jamais l'autre rive.
L'embarcation touche le fond sablonneux et je saute en tirant l'esquif.
Courant comme un dératé, je me retourne.


Moi : FAUT ATTEINDRE LES CERISIERS ET FILER FISSA !!!
Scratty : HEY ! J'peux pas sortir, moi ! Le monde du Messager s'écroule !  J'veux pas crever ici !
Moi : On verra le temps voulu, pour le moment, faut savoir pourquoi tout part à vau-l'eau !

Soudain, je percute quelque chose et fait un vol plané vers l'arrière.
M'écrasant comme une merde au sol, je termine ma course dans les jambes du bonhomme en cuir qui baisse la tête


Scratty' : Quand t'aura fini de faire le pitre, on pourra y aller ?

Scratty' baisse la tête et pousse un soupir de résignation en voyant mes yeux en forme de spirale.
Scratty' : Et Merde ! Le revoilà parti sucrer les fraises...

M'empoignant sans ménagement par les bras, Scratty me jette sur son épaule comme un sac a patates et file aussi vite que possible en direction de la grande allée aux cerisiers.



J'ouvre les yeux avec l'air de quelqu'un qui vient de se prendre un arbre sur la tronche.
Face à moi, la tête d'une Na'vi, Ale'yah.


Ale'yah : De retour parmi nous?
Moi : Je me suis pris une comète dans la tronche, c'est ça?
Ale'yah : Presque. Allez secoue toi, j'ai quelque chose à te confier.
Xelloss : Minute papillon, faut que je compte mes dents.

Encore un peu dans le gaz, je me relève en me massant la joue endolorie par la méga-tarte que je viens d'avaler.
Sur ma joue, la trace nette et bien visible des doigts de la compagne de mon ami.
Une fois mes idées en place, je passe un doigt sur mes quenottes, certain qu'il en manque au moins une à l'appel.
Rassuré sur le fait que toutes semblent présentes, je fixe la grande folle et dressant les oreilles lui demande.


Moi : Alors, qu'est ce que tu veux me confier.
A part tes phalanges sur ma tronche...
Ale'yah : Krystal.
... !!!

La bouche ouverte, je veux lui dire à quel point elle est folle, que Teranas à de mauvaises influences sur elle, que quelque chose ne tourne pas rond dans sa petite tête de linotte et que c'est la meilleure des pires mauvaises idées que mes oreilles ont entendu depuis au moins dix minutes.
Cependant rien ne sort de ma bouche et je reste là à fixer d'un air ahuri son visage en cherchant les signes d'un rêve.
Quelques minutes plus tard, je prend ma décision et m'allonge doucement sur  le sol en écartant les bras sous l'air interloqué d'Ale'yah.

Ale'yah : Qu'est ce que tu fais?
Moi  : C'est un mauvais rêve, je vais retourner où j'étais, tout ça n'est jamais arrivé.
Parace que j'sais pas si j'préfère pas le Jardin du Messager là, moi...
Scratty' : Et c'est pour entendre ce genre de stupideries que tu m'as quitté ? Faux frère, va !

Dans je Jardin Japonais, un peu groggy, je me relève en m'appuyant contre un cerisier
Moi : T'es gentil, t'en rajoute pas, hein ? Mon tout petit cerveau à déjà du mal à se remettre de ce l'autre folle projette de faire.
Scratty' : J'dis ça comme ça, mais je serais toi, je ferais gaffe à mes pattes...
Moi : Hein ? HEY ! AAHH !

Sans attendre son reste la grande bleue se redresse, me chope une cheville et me soulève rapidement.
Incrédule et sous le choc, j'ouvre les yeux et agite les bras pour tenter de me défaire ce cette situation pour le moins saugrenue.
Vive et surtout perspicace, Ale'yah plaque sa main sur ma bouche, coupant court au flot d'injures mêlées de protestations qui s'apprêtaient à sortir.


Ale'yah : Tu te tais et tu m'écoutes.
Moi : Mphmmmphph.
Nom de [censuré]
Ale'yah : Ecoute, je sais que c'est dangereux, mais on a pas le choix. On ne peut pas prendre le risque de l'emmener n'importe où.
            Il faut quelqu'un qui connaisse son existence pour la garder à l'abri.
Lâche ma bouche que je puisse te dire à quel point t'es siphonnée du citron !!!

Les bras croisés, la tête en bas, je lance un regard mauvais, tentant de communiquer par mes expressions mon mécontentement.
Faisant fi de ma queue s'agitant dans tous les sens et mes oreilles basses, Ale'yah décide de me laisser une chance d'exposer mes arguments et enlève sa main.


Xelloss  : MAIS T'ES COMPLETEMENT MALMPHPHPMMMPHPHMPHMMPH...
...ALDE ! C'EST QUOI QUI TOURNE EN PATATE DANS CE QUI T'SERS DE CERVRAU ?
J'SAVAIS LES NA'VI DEJANTES MAIS TOI, T'ES LA REINE... T'XPLOSE LES RECORDS !

Ale'yah : Tais toi. On a pas le choix, et je baisserai pas ma main, tant que tu te décideras pas à parler tout bas.
Oh l'aut', comment elle profite de sa taille !
J'te botterai bien ton p'tit cul tout bleu si j'faisais pas la taille d'un Schtroumpf nain !

Résigné devant l'inégalité de la situation et devant l'indiscutable écart de force entre cette adulte et moi, je hoche la tête et laisse mes oreilles et ma queue indiquer que je me suis calmé.
Comprenant que je serai un petit garçon sage, la grande folle me pose à terre.


Moi : Je te dis que c'est de la folie. Je sais pas pourquoi, mais le Messager, il a envie d'en faire une descente de lit toute bleue de Krystal.
Et encore, la descente, c'est si il est de bonne humeur... et qu'il n'a pas envie de jouer avec avant...
Ale'yah : Et on pourrait faire quoi d'autre? On peut pas la cacher n'importe où, sans surveillance, pas si d'autres ont une petite chance de tomber dessus. Personne ne doit la découvrir. Seuls ceux qui la connaissent déjà peuvent la surveiller.
Pourquoi moi ? c'est pas juste !
Scratty' : Tonton Scratty' peut faire renarsitter ? hein ? hein
Moi : Renar-quoi ? Même pas en rêve !
Scratty' : Roohh !
Moi  : Alors pourquoi tu le fais pas?
Ale'yah : Parce que Teranas a des ennuis avec son corps, on va le ramener à la base, et moi je vais rester à ses côtés. Et tu penses qu'emmener Krystal là bas serait une bonne idée ? Avec le risque de qu'elle soit découverte ?
Moi : Non ça l'est pas, mais me la laisser à moi, alors que l'autre cinglé veut la tuer, et je ne sais même pas pourquoi, ça l'est pas non plus.
On se retrouve un peu coincé, là
Ale'yah : Le risque est bien trop grand, il vaut mieux essayer avec toi.
En gros, j'me fais avoir... si je refuse et qu'elle s'en prend plein le nez à la base, ça va être de ma faute et si l'autre exité-du-sushi en fait des sashimis, c'est aussi moi qui vais trinquer...
Echec et Mat !

Scratty : Allons, c'est pas si grave, avec l'autre zouave, elle à de forte probabilités de rencontrer un terrain favorable à un décès prématuré... Et bibi va pouvoir étudier l'intérieur de son joli petit corps.
Moi : Tu la touches, tu rencontreras un terrain favorable à un enfermement dans un tiroir de bureau, s'pèce de dérangé du carafon !
Scratty : C'que t'es rabat-joie !

Alors que je tente d'ôter de la tête de l'homme en cuir l'idée de disséquer la renarde, Ale'yah dresse une oreille.
Non loin retentit une voix.


Mayuko : Ale'yah ! Tu fais quoi ?

D'un geste prompt, la compagne de mon ami me saisis la main, y colle le petit bâton de la renarde et disparaît comme une voleuse, me laissant sur place en tête à tête avec mon air con et un Scratty' qui hurle de rire dans mon crâne.

Moi : J'le crois pas...
Scratty : mouhahahaha.... Warf warf warf !
            Comment elle t'a mouché l'autre, là !
            Tu t'es fait mettre Mat en deux coups... Ah il est beau le Grand Planificateur ZeroS qui laisse rien au Hasard...

Moi : Alors toi, c'est pas l'moment, hein ! S'pèce de lâche !
      J'vais m'servir  du grand bâton de l'autre tronche de renarde pour te tanner le popotin, on verra si tu fais autant l'malin !

Scratty : Minute ma gueule, on est devant une aubaine inespérée !
Moi : Du genre de celles où on bouffe un sushi de renarde bleue ?
Scratty : Du genre où on à sous la main la seule personne qui ait exploré la demeure du Messager.

Un silence se pose alors que les mots de l'homme en cuir s'envolent dans les airs...
Dans le Jardin Japonais du Messager, tenant le bâton de Krystal dans les mains, je dresse une oreilles alors que mon regard zappe de Scratty' au bâton en passant par le corps étendu du Messager près duquel notre course nous a mené.

Moi : Mwouais... Mettons que Krystal veuille bien nous raconter ce qu'elle a vu là bas, l'autre ne va pas rester indéfiniment à Plougastel en train de sucrer des fraises...
       Et quand il va se réveiller, il risque fort de nous proposer un p'tit barbeuk' avec au menu de la renarde aux champignons noirs...

Une main se pose sur mon épaule
Vince' : Xell', tu viens ? Tu faisais quoi ?

Réprimant un sursaut, je fais le calme dans mon esprit

Moi : J'me posais tout un tas de questions existentielles, à commencer par "pourquoi je suis tombé comme une merde au moment où le Messager à failli transformer ... Ale'yah en cordon bleu.

D'un geste discret et furtif je laisse choir le bâton de Krystal au fond de ma besace en espérant que la miss' en fourrure possède la capacité de savoir où elle est avant de se lancer dans une transformation.
Vince : Aucune idée...

Regardant d'un air inquisiteur mon ami, je ne peux m'empêcher de noter les mouvements de ses oreilles.
Si j'avais un tant soit plus étudié la sinergologie des Avatars et Na'vi, j'aurai décelé ce qu'il me cachait.


Moi : Ah, bon, pas grave, peut être une défaillance de mon Avatar.
       En tout cas, ça a sauvé le p'tit cul de l'autre grande folle.
Vince' : Si tu l'dis... Allez, viens ! Le bivouac est plié,  ton pote et sa douce sont repartis vers la base et nous, on continue vers les Hiltxkxv'Atikaya.
Moi : Les fourbes, ils sont partis comme des voleurs ! Surtout l'autre grand steak à qui j'avais des questions à poser !
Vince' : Je sais, il à eu un appel de Paul, et à mon avis, on n'est pas près de le revoir en bleu...
           Il est tellement accro à son Avatar que la dernière fois quand Max à explosé la vitre à coup de CRAB il n'a même pas percuté que nous étions avec lui sur site...
Moi : Connaissant l'autre fou, il va lui coller un sédatif pour bison et l'envoyer en rééduc' pendant une petite éternité et demie...
Vince' : J'ai surtout l'impression que ça va faire des étincelles entre Ale'yah et Paul... Surtout si celui-ci décide de confisquer la machine de Teranas.
Moi : Ouais, j'en connais une qui va démonter la base à la clé d'six parce que je pense qu'elle doit préférer le corps de l'Avatar de Tera a celui du pilote.

Suivant mon ami vers le bivouac dont nous nous étions éloignés, je ne peux m'empêcher de penser à Za'otxu et son message concernant Talyäe.
Arrivant sur le lieu du bivouac, je répond au salut de Nao et propose de porter le grand sac à dos qu'il s'apprête à prendre.
Ravi, il accepte en me montrant comment bien le placer sur mon dos et comment positionner la sangle sur mon front.
Étrangement, le poids du sac fait de tiges tressées semble s'envoler au fur et à mesure qu'il trouve sa place sur mon dos.
La sangle ne me permet pas de bouger la tête, mais le poids étant bien réparti, je peux tourner tout le corps sans être trop déséquilibré.
Rajustant mes sabres dans ma ceinture, je me demande comment réagira le Messager quand il se rendra compte que c'est moi qui possède Krytal maintenant.


Le groupe se remet en marche et nous nous frayons un chemin dans la végétation dense.
En tête du cortège, poussant les larges feuilles de sa lance, Pìwopx semble suivre un GPS invisible et avance sans hésitations.
Discrètement je fais signe à Mayuko de me tendre l'oreille.


Moi : Y'a un truc qui m'échappe, comment Pìwopx fait pour se repérer ? Tous ces arbres se ressemblent... Pourtant on à l'impression  qu'elle suit une route au sol.

L'Avatar émet un petit rire discret.
Mayuko : Mais c'est peut être parce qu'elle suit effectivement une route.
             T'as vraiment rien écouté lors de ta formation, toi ?
Moi : On peut dire ça...
Mayuko : Nous avons cinq sens communs avec les Na'vi, mais eux, en ont que nous n'avons pas.
            Par exemple, la sensibilité aux champs magnétiques.
            On la ressent un peu avec nos Avatars, mais il faut une bonne dose de concentration et d'entraînement.

En tout cas, cette révélation prouvait deux choses :
-   Que j'ai vraiment rien suivi du peu de formation que j'ai reçu
-   Que j'ai vraiment rien retenu du peu que j'ai suivi du peu de formation que j'ai reçu


Scratty : Pignouf ! Poisson rouge ! S'pèce de... AH NON !

Dans le jardin Japonais, je chope une énorme branche et la lève.
Soudain, je réalise que nous faisons les pitres alors qu'auparavant, nous tentions de fuir un monde qui tombait en lambeaux.
Laissant tomber la branche, je dresse une oreille.


Moi : T'as remarqué comme le Monde du Messager à changé ?
Scratty : ... depuis que l'autre folle t'a donné le bâton de Krystal.
Moi : Ce qui me turlupine c'est que...
Mayuko : Je n'ai pas tout compris quand Nokx'ayu me l'a expliqué mais c'est un peu comme s'ils "voyaient" des lignes sur le sol,  des trucs de couleur différentes, un peu comme des pistes odorantes pour un chien.
Moi : C'est dégueu' ! Pourquoi ils ont le GPS de série et pas nous ?
Mayuko : Ca, faut l'demander aux rats d'labo qui bossent sur la conception des Avatars.
            Et tu vas pas t'plaindre, tu n'es plus pilote maintenant, t'es "dans" ton Avatar, ce qui implique que nombre de sensations mineures que le caisson filtre pour ne pas surcharger le pilote d'infos inutiles te sont désormais accessibles.
            Gros veinard !
J't'en foutrai, moi, du "Gros Veinard" !
Moi : Bein on va y aller mollo, hein, c'est déjà assez le merdier dans ma tronche, on verra l'option TomTom et autres joyeusetés un peu plus tard.
       T'as pas idée du nombre de sensations que je ressent à longueur de journée sans savoir à quoi elles correspondent...

Gwenn arrive à notre hauteur et se joint à la conversation.
Gwenn : C'est vrai que tu ne nous as jamais décrit comment c'est d'avoir son esprit dans l'Avatar sans le caisson entre les deux.

Soupirant, je regarde mon ami avec un sourire carnassier.
Moi : En tout cas, tes phéromones indiquent que tu veux t'accoupler avec Mayuko...
Gwenn : QUOI ?
Mayuko : QUOI ?
Sa'pay : Tsaheyl si tupe ?
Mayuko : Hey !  Personne ne tsaheyl si, avec personne, hein !

D'un geste vif, l'Avatar tente de choper le morpion responsable de ce quiproquo géant.
Ayant senti venir le coup à des lieus à la ronde, j'esquive promptement et me met hors de portée du grand bras de l'adulte
Lui tirant la langue, j'esquisse une grimace.


Moi : Bèèèèh !
Mayuko : Si j't'attrape, j'te taille les oreilles en pointe !
Moi : J'te souhait bien du plaisir !

Oubliant pour un temps la raison de notre marche vers le clan Hiltxkxv'Atikaya, nous nos laissons aller au jeu du chat et de la souris sous le regard amusé des autres membres du groupe.

Nous longeons une rivière dans laquelle des poissons aux allures de piranhas terriens remontent le courant.
Je ne saurait dire ce qui me dérange le plus, les deux paires d'yeux, donnant à ces trucs l'apparence de bestioles radioactives que l'on trouve dans les rivières bordant les ruines des archaïques réacteurs EPR ou la dentition peu engageante de la chose.
A moins que ce ne soit leur taille monstrueusement grande.
Détournant les yeux de ces horreurs-à-dents, je laisse mon regard se balader vers les hautes branches.
Non loin de là, j'aperçois un Dracureuil se fondre dans le feuillage.
Alors que Ma'utx et Nao parlent ornements en comparant les techniques de leurs clans respectifs, Pìwopx, une vingtaine de mètres en tête de colonne, lève le bras.
Rapidement nous nous baissons, en restant à l'affût.
Communicant par le langage des signes qu'utilisent les chasseurs, la Na'vi nous informe de la présence d'une piste fraîche indiquant qu'une tanière de Palulukan n'est pas loin.
En quelques bonds silencieux, elle rejoint le groupe et nous explique le nouvel itinéraire à suivre pour éviter de servir d'apéritif à l'imposante créature noire.
Rajustant les sabres à ma ceinture et bougeant le dos pour le caler contre le sac, je touche ma besace et pense immédiatement au bâton qu'Ale'yah ma confié.
Je sais pertinemment que lorsque l'autre furie aux sabres sera réveillée, il fera tout pour reprendre là où il avait laissé les choses.


Scratty' : Je t'efface la mémoire concernant le moment où l'autre grande asperge te donne la renarde et hop, le Messager n'en saura rien.
Moi : Il peut aussi lire tes pensées.
Scratty' : C'est là que c'est fun et bigarré ! Il peut lire ce que je décide qu'il peut lire, le reste n'existe tout simplement pas pour lui...
             Je ne suis qu'un programme qui n'est pas destiné à être lu, mais à récolter des infos et si TataEywa ne m'avait pas percé à jour, ni toi ni l'autre ne se seraient douté de ma présence.

Moi : Je suis d'accord, mais si l'autre l'apprend il va l'avoir bien mauvaise.
Scratty : C'est là l'astuce, il l'apprendra mais comme ça viendra de moi, la pilule passera mieux car il est habitué à mes idioties.
Moi : J'veux bien, mais savoir que tu peux effacer un pan de ma mémoire me chagrine, j'aime pas ça.
Scratty' : C'est toi l'boss !
Moi : Et surtout, ne pas se rappeler qu'Ale'yah m'a donné le bâton ne va pas nous aider car ma besace n'est pas un sac sans fond...
Scratty' : Ouais, tu vas finir par tomber dessus à un moment... Chier ! j'avais pas pensé à ça...

Soudain, un bip répété se fait entendre, le convoi stoppe et les Avatars sortent leurs journaux de bord responsables de ce tintamarre.
Gwenn lève les yeux vers nous et nous demande si nous avons la même chose que lui.
Scrutant mon écran, je lui décris ce qu'il indique.


Moi : On entre en zone contaminée, d'après le log, il y a une fuite radioactive d'un missile non explosé qu date des Premiers Contacts.

Mayuko tourne la tête vers les Na'vi se demandant de quoi nous parlons.
Mayuko :  Längu txum lehrrap tsatsenge, ke tsun ziva'u, zene 'ivawnem fìna'rìngä hapxì
Moi : Mon cul, qu'on évite ! On va y aller !
Mayuko : t'es pas fou ?

Fouinant dans ma besace, je sors un appareil un peu plus gros qu'une montre de plongée.

Moi : Regarde, j'ai rien sur ma sonde !
Gwenn : T'as piqué ça...
Moi : ... A Selfridge, oui ! C'était sa Multisonde qu'il utilisait quand il se rendait sur les sites de forage... maintenant je pense pas qu'il en aura encore besoin...

Désignant le petit appareil, je le pose sur le journal de Gwenn.
Les deux machines affichent la même carte et les oreilles des Avatars se lèvent.


Moi : Je l'avais subtilisé pour la lui détraquer un peu, mais le temps que je mette ma connerie à exécution, tout le monde avait été prié par nos amis de gentiment rentrer sur Terre...
Sa'pay : munea atxkxerel aketeng, pelun ?
Moi : Taluna oe fpìl futa fìrel lu tsleng...
Pìwopx : Pelun ?
Moi : Ayeltu lefngap awngeyä tsun pivängkxo hu txina eltu lefngap mì Tawtuteyä tsray, ha frapo tsun wivìntxu tslenga rel.
Sa'pay : lu skxawng !
Scratty : Bon, on y va où on tient un colloque ?
Mayuko : Fìingyentsyipfa tuteo tsun srung sivi fu wivan uoti ulte pot awngati keykä neto
              Lu sìlronsem !

Gwenn : Et les soutitres, les gars ! Les soutitres ! J'vous rappelle que le Parlé-Bleu, on maîtrise les bases mais faut pas pousser mémé dans les orties !
Moi : En gros je leur ai dit que je préfère croire ma machine qui est seule plutôt que celles qui sont liées ensembles...

Nous reprenons notre route à travers la végétation.
Gwenn : T'es certain pour ton info ?
Moi : Etrangement j'ai plus confiance en un truc qui est autonome plutôt qu'à une machine reliée à un réseau.
       L'information peut être utilisée pour informer ou désinformer, et là... je trouve trop gros le coup de la fuite.
Gwenn : Imagine que c'est un truc vraiment dangereux, un truc que nous ne devrions pas approcher...
Moi : Alors, pourquoi ne pas dire ce que c'est ? Non, cette histoire ne me plait pas, trop facile !

Alors que nous dissertons sur la véracité de l'info et ce qu'elle pourrait cacher, Pìwopx vient se mettre à ma hauteur.
Pìwopx : Ma Zelos, tìng mikyun, kea 'ioang fìtseng...

Mettant un petit moment à percuter, je la regarde et fait part de l'information au reste du groupe.
Mayuko : J'ai mon journal de bord qui devient fou au fur et à mesure qu'on marche.
Moi : Ca me plait, j'adore les chiffres de ta machine !
Pìwopx : Vurpe peng holpxayìl ?
Mayuko : Holpxay lu lekye'ung ! Kä ko !

Reprenant notre marche, nos pas nous mènent au pied d'un mur végétal composé de lourdes ronces et de plantes ressemblant à des ajoncs hérissés d'épines.
Je fais signe que je vais contourner par la droite.
Nao propose de se séparer en deux groupes et de garder le contact par les colliers-qui-parlent.
Aussitôt dit, aussitôt fait, nous nous scindons et progressons le long de l'imposant mur naturel.


Mayuko : T'en fais une tête... raconte à Tonton Mayuk' ce qui te chiffonne...
Moi : Le mur ! Voilà ce qu me chiffonne.
Mayuko : C'est un mur...
Moi : C'est trop parfait, trop propre, trop... Humain
Mayuko : Un holo' ?
Moi : Peut être...
Hmmmmm... grrr !

Moi : aynga neto rivikx !

Alors que le petit groupe recule, je pose délicatement la main sur la poignée du Katana en fermant les yeux et expirant longuement.
L'inspiration qui suit est sereine et la terminant, j'ouvre les yeux en laissant échapper un kiaï puissant alors que la lame jaillit du fourreau dans un grand mouvement en diagonal.
Le retour de lame trace un autre trait en diagonal alors que le dernier, horizontal file près du sol.
En un clignement de paupière, le sabre retrouve sa place alors que sur le mur rien ne semble s'être produit.
Pìwopx pose la pointe de sa lance au centre du triangle que mes trois coups de lames viennent d'effectuer.
Dans un craquement végétal, le triangle découpé tombe sous la poussée de la lance Na'vi.
Affichant un large sourire de victoire, je me retourne vers Mayuko.


Moi : Trop facile...
Mayuko : J'en informe les... Oui ?

Dans son oreillette, la voix de Gwenn retentit si fort que nous pouvons l'entendre distinctement.
Gwenn : Faut qu'vous veniez voir ça !
Mayuko : Laisse moi deviner, le mur est une blague ?
Gwenn : gagné ! Comment tu sais ?
Mayuko : Xelloss s'est taillé sa porte personnelle. Bougez pas, on vous rejoins.

Expliquant rapidement la situation, Mayuko se met en marche en rebroussant chemin.
Une dizaine de minutes plus tard nous rejoignons le reste du groupe devant un trou béant éventrant le mur.
Nao et Sa'pay, plus jeunes n'arrivent plus à retenir leur excitation devant cette ouverture sur l'inconnu.
Jetant un coup d'œil dans la plaie du mur, je ne peux réprimer un frisson qui me parcours l'échine faisant plier mes oreilles.


Vince' : Hey, Xell', ça va pas ?
Moi : Peut être que la mise en garde était fondée...
Vince' : C'est pas toi qui trépignais d'impatience à l'idée de voir ce que cachait cette protection ?
Moi : Si mais ça... c'est un Avant poste de Première Génération, déjà ça me plait pas, et surtout, ces murs sont là pour empêcher de sortir, pas d'entrer !
Mayuko : Ils ont quoi de spécial des Première Gen' ?
Moi : Ils ont de spécial que le 34 était aussi un de Première Gen'...
Mayuko : Le 34, c'est pas celui avec les mecs infectés qui ont tenté de nous bouffer ?
Moi : Tout juste ! Mais bon, je faillirai à ma réputation si je reculais maintenant !

D'un pas décidé, je franchis le mur végétal et me dirige vers l'enceinte de l'Avant Poste en me préparant à ce que je pourrais y trouver.
Scratty' : Sang et tripes ! Miam !
Moi : Boup !

Le mur d'enceinte accuse la vieillesse et montre clairement que le site fut construit peu après l'arrivée des premiers Humains.
Nous longeons le mur et finissons par trouver la porte d'entrée dont l'un des battant est à terre, recouvert d'une épaisse couche de mousse.
Sur la porte intérieure du sas, un symbole clignote faiblement...


Scratty : Une quarantaine...  T'est certain que c'est une bonne idée de vouloir y entrer ?
Moi : Certainement pas, mais j'ai une curiosité à satisfaire et quelque chose me turlupine depuis quelques temps
       Peut être trouverai-je des réponses à mes questions ici...


La structure rouillée des piliers du mur d'enceinte me fait penser que les lieux ont été abandonnées il y à plusieurs décennies.
Pénétrant dans la cour, je compte deux Cygnes, ces véhicules dont la tourelle peut s'élever et trois Scorpions plus vieux que moi.
La végétation luxuriante envahissant tout et recouvrant en partie les véhicules me conforte dans les calculs sur la vétusté de l'endroit.

Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#130
Moi : C'est peut être mort, mais mef' quand même !
Mayuko : On va faire le tour de l'enceinte pour voir si il y a des trucs sympas à looter.
Moi : Quoi ?
Mayuko : Des truc à looter, à récupérer, quoi...
Gwenn : j'veux une armure +3 !
Vince' : Je me contenterai d'un cutter à plasma...

Alors que mes amis dissertent sur l'équipement le plus approprié pour l'exploration d'une base abandonnée, nous longeons le mur de l'édifice.
Les fenêtres bien que nombreuses montrent clairement que l'endroit à été conçu comme une forteresse.
Bien que de petites dimensions, les ouvertures couvrent bien la zone de vide séparant le mur d'enceinte et le bâtiment.
Alors que je contemple une des fenêtres en me demandant pour quelle raison les barreaux semblent tordus vers l'extérieur, un bruit sourd se fait entendre, suivi d'un petit rire de satisfaction.


Sa'pay, les mains dans le tableau de commande d'un sas d'entré encore en activité affiche un sourire que seul ses oreilles arrête et tourne la tête vers le groupe.
Sas : Verrou de sécurité levé... Sas ouvert... Attention, cette zone à été placée en niveau trois de quarantaine
Sa'pay : Fpxakìm ko !

La porte extérieure du sas coulissant pour disparaître dans le mur, je ne peux m'empêcher de réprimer un nouveau frisson plus fort que le précédent.
Quelque chose me hurle de fermer cette ouverture et de prendre mes jambes à mon cou.
Un craquement de bois résonne dans la forêt.


Mayuko : Hey !
Vince' : GAFF' !

Beuglant et fonçant à toute berzingue, un énorme marteaureau explose une partie du mur d'enceinte comme s'il ne s'agissait que de vulgaire polystyrène et vient s'écraser à quelques mètres de nous sur la paroi renforcée de l'avant poste alors que nous nous jetons sur le côté.
La violence du choc arrache les spots qui se brisent en petites étoiles sur le sol.
L'imposant animal, choqué, secoue la tête et tente de reculer.
Pas encore remis de nos émotions, Pìwopx me serre le bras et me tire.


Pìwopx : Nìmun nìmun !
Sa'pay : ZA'U !

Le sillon tracé dans la forêt par le premier animal semble avoir donné la voie à ses congénères.
Horrifié, nous regardons un petit groupe lancé à pleine allure vers notre position et bien déterminé à suivre l'exemple du premier.
Nous rentrons dans le sas et Gwenn écrase littéralement le bouton de fermeture d'urgence de la porte.
Je hurle quelque chose, mais le vacarme assourdissant et les tremblements aux allures de séisme généré par les énormes animaux couvrent ma voix.

Le noir s'installe alors que la porte extérieure se referme.
Les lumières de sécurité rouge s'allument, et la porte intérieure du sas s'ouvre en sifflant, nous voyons la porte extérieure nous sauter au visage.
Conçue pour résister à des coups de bélier, les portes externes de sas peuvent non seulement coulisser le long du mur, mais aussi vers l'intérieur du sas.
Les énormes vérins hydrauliques font leur travail et absorbent le premier choc alors que le lourd animal s'écrase contre la porte blindée.
La surprise laissa place à la peur de finir en sandwich entre la porte extérieur et le mur du fon.
Nous nous écartons de ce danger potentiel.
Le couloir éclairé par les lumières de veille diffusant une pâle lueur fantomatique bleutée donne l'impression d'entrer dans l'Outre Monde.


Scratty : Charmant ce loft... C'est Jack l' Eventreur qui habite ici ?

Sa'pay, dont la nouvelle marotte consiste en l'apprentissage des technologies Humaines, repère rapidement le tableau de commande des lumières.
Actionnant un premier interrupteur, il lance l'ouverture des volets couvrant les fenêtres...


Moi : Kehe ! Zene piak sivi, oe fpìl, ma Sa'pay...
Sa'pay :  Nìngay ?
Mayuko : Pourquoi se priver de lumière ?
Moi : L'obscurité est la meilleure des caches possibles et je tiens à avoir une zone d'ombre à disposition si on devait se cacher.
Gwenn : C'est logique mais t'en fais pas un peu trop ?
           Ce truc est vide depuis... pfiou...
Moi : C'est justement parce que c'est vide depuis trop longtemps que je préfère agir dans l'ombre.
Vince : Dans tous les sens du terme...
          Et l'autre, il n'a pas une petite idée sur le lieu ? Après tout, il est vieux, il aura peut être eu vent d'endroits similaires...
Moi : L'autre est parti sucrer les fraises et je t'avouerai que je suis pas pressé qu'il revienne à lui.
Scratty : Et avec une paire de tartes dans sa face de citron pour le remettre sur pieds ? Ca l'fait ?
Moi : Mêm' pas en rêve ! La dernière chose dont j'ai besoin ici c'est un excité du bulbe en plus

Mon ami lève un sourcil interrogateur et dresse les oreilles.
Moi : Bein quoi, la dernière fois, il à pris Ale'yah pour un cordon bleu... J'te fais un dessin ?
Vince : Et que vas-tu faire ?
Moi : Prier Eywa !
Vince : T'as pas autre ch... OUILLE ! 'tain d'plafond !

Je regarde mon ami grimacer en se massant le front.
Moi : Que veux tu que je fasse, il m'est bien supérieur et il à accès à mon corps à volonté...
       Si l'autre folle veut rester en vie, elle ferait bien d'élire domicile dans un AMP.
Scratty : ... sur Terre plutôt !  Je doute que l'AMP stoppe le Messager très longtemps.

Mayuko pose la main sur l'épaule de Vince et lui glisse à l'oreille.
Mayuko : Il serait temps de se casser, non ? Les...

L'Avatar n'a pas le temps de finir sa phrase que la porte extérieure émet un grincement horrible en se tordant.
Un des marteaureau vient de s'encastrer, mettant à mal le système anti-bélier alors que les volets de fenêtres encadrant le sas s'ouvrent.

Couloir : Tentative répétée d'intrusion lourde sas 3V.... Renfort de défense requis...

Revenant vers le groupe, Sa'pay lève fièrement le bras pour exhiber un plan incendie du site.
Sa'pay : Rlun atxkxerelit !
Moi : Oe fpìl...
Couloir : Brèche porte extérieur sas 3V... Scellement sas 3V...
Moi : ... lu sìltsana säfpìl.
Ma'utx : Kiva ko ?
Moi : Sran sran... on est bien obligé d'y aller...
      Ma Sa'pay, nga tsun wivìntxu atxkxerelit oer ?

Le jeune Na'vi me tend la carte plastifiée du bâtiment.
Mes oreilles tombent au moment où je réalise que c'est le plan du sous-sol N°3.


Gwenn : Un soucis ?
Moi : C'est un plan du "sous-sol 3"... mais que fait un... Ah !

Ayant fait bouger inconsciemment la carte, je regarde l'image changer.
Moi : J'ai pigé, c'est un vieux truc en lenticulaire... une carte pour tous les niveaux. Pratique.
      Alors...

Parcourant les différents niveaux du regard, je tombe sur ce que je cherche.
Moi : Bien, direction la "salle de gestion air"
Gwenn : Pourquoi la salle de gestion air ?

Mémorisant le trajet, je tend la carte à Sa'pay et tourne la tête vers Gwenn affichant un sourire moqueur.
Moi : T'as encore plus dormi que moi pendant la formation ou quoi ?
Gwenn : Mais quoi...
Moi : Allez ! Kivä ko !

Ouvrant la marche, je fais signe aux adultes de se méfier du plafond et des tuyaux sournois toujours là pour leur rappeler que les bâtiments Humains ne sont pas dimensionnés pour des êtres de trois mètre de haut.
Nao rejoint Sa'pay et marchant à ses côtés lui pose des questions sur la technologie Humaine.
Gwenn m'aide à pousser une porte récalcitrante et me glisse à l'oreille.


Gwenn : Oh putain ! J'viens de percuter ! L'autonomie des Avatars et Na'vi en atmosphère Humaine !
Moi : Bingo !  Je pense que comme le... Hnnngg ! T'ain d'porte !

La porte coulisse et le groupe pénètre à l'intérieur d'un couloir.
Moi : ... Comme le site est en veille il doit uniquement filtrer les zones où se trouve des gens.
          Ce qui nous donne plus de deux heures... mais je préfère tabler sur le fait que les systèmes de filtrage carburent normalement.
          Vous pilotez, mais moi et les Na'vi c'est pas la même tisane et E.N.D.O.R, très peu pour moi !
Vince : Qui taille E.N.D.O.R ?
Moi : Personne pour le moment, mais avec la cargaison de Chats Noirs que j'trimbale, je tiens pas à être votre canari, moi !
Gwenn : Et "ENCOR" c'est quoi ?

Vince se colle la tête dans la main alors que je soupire...
Moi : Etat de Neuro-Dégénérescence à Oscillation Rémanante... T'ain, même moi j'sais ça !
Vince : Mais comment t'as pu passer les exam' de pilote d'Avatar, toi ?
Gwenn : Euh...
Vince : ENDOR c'est là où vont  tous les pilotes ou Na'vi qui restent trop longtemps exposé à l'atmosphère Humaine.
          Pour nous les pilotes, ç'est juste comme se prendre une torgnole par un videur, t'as le tournis, l'envie de gerber tes tripes mais ça s'arête là car le pilote respire de l'air normal.
Moi : Ouaip, le caisson relaye juste les informations que l'Avatar envoie avant de se mettre en standby.
       Pour les Na'vi, ça ressemble au Mal des Hauteurs, mais pour ma pomme, et celle de tous les gens qui ont été transférés dans leurs
       Avatars par Tata Eywa, c'est plus la même chose, Jake m'a...

Passant devant une porte ouverte, je remarque un mouvement dans une pièce.
Moi : Ftang ! Ca bouge, là !

Le groupe se positionne de part et d'autre de la porte et m'accroupissant, je passe la tête et jette un coup d'œil rapide.
La salle est propre à l'exception des chaises entassées en vrac contre le mur du fond.


Moi : Vince, tu couvre à droite, Gwenn, tu restes à l'entrée et si ce truc essaye de sortir...

Me tortillant, je dépose le sac à dos tressé au sol.

Prudemment, Vince et moi nous entrons dans la pièce.
La main sur la poignée du Wakizashi, je me plaque dos au mur en appuyant sur l'interrupteur.

Rien ne se passe
Vince : En même temps, ce serait trop beau...

La pièce est un laboratoire de biologie et dans des armoires vitrées nous voyons des tubes de tailles et couleurs différentes.
Vince pousse un cri qu'il étouffe rapidement avec sa main en reculant d'un pas.
M'approchant de lui, ma queue et mes oreilles se baissent alors que je fixe le grand bocal qu'il me désigne.
Dans le bocal, un nourrisson Na'vi.

Voyant la queue de mon ami fouetter l'air, je pose ma main sur son bras.
Moi : Ne tirons pas de conclusions trop hâtives, on ne sait pas ce qu'il s'est passé ici ni pourquoi ce truc est dans ce pot.
Vince : Des expériences sur les Natifs, voilà !
Moi : Peut être pas, ce nourrisson est peut être mort d'autre chose...
       On s'occupera de ce truc après, on à un fantôme à serrer, là !

Me séparant de mon ami, je reprends ma place et nous avançons vers le fond de la salle.
Autour de nous, des objets jonchent le sol.
Moi : Hey !  une botte !

M'accroupissant, je tire doucement sur une botte coincée dans un tas de gravats.
Une odeur nauséabonde vient chatouiller nos  narines et je repose l'objet au sol.
Contournant une table, Vince s'approche du grand bocal dans lequel le nourrisson flotte.
Mon ami ouvre une armoire et remplit son sac de médicaments et autres articles variés.
Spécialiste de la survie en milieu hostile, je me dis que sa présence est tout bonnement un cadeau des Dieux.
Je lève ma tête et observe le plafond dont une partie s'est écroulée sur la personne à qui je viens de rendre la botte.
Au sol, une chose me frôle et disparaît dans un trou dans le mur en couinant.


Moi : Spèce de...
Vince : Xell', jai fait le plein de truc sympas...

Dehors de la pièce retentit la voix de Mayuko.
Mayuko : Alors ?

Vince se retourne et se dirige vers l'entrée alors que je passe un angle dans la pièce.
Vince : C'est une infirmerie pour Avatar ici... J'ai fait le plein de bonnes choses et surtout ça !

L'Avatar exhibe fièrement un petit appareil.
Mayuko : Ca sert à quoi ?
Vince : Pas la moindre idée !

Alors que le groupe disserte sur l'utilité de la machine, je m'approche d'un bureau sur lequel est entassé un nombre incroyable de papier et notes...
Scratty : J'espère que t'as une année devant toi car lire tout ça va te prendre une plombe et demie, mon pote !
Moi : J'vais me contenter du journal de bord, là. Et si la... Nom de...

Saisissant la petite machine, un carnet de notes tombe au sol.
Sur la couverture un aigle tenant dans ses serres une couronne de lauriers.

Dans cette couronne, une croix reconnaissable entre milles
Scratty : Millenium ?!

Je ramasse le carnet et l'ouvre.
Dans mon dos, une forme approche et quelque chose se pose sur mon épaule.

Sursautant, je laisse échapper un petit cri étouffé.
Vince : Tu fous quoi ? On t'attends !

Faisant glisser le carnet sous le journal de bord, je tourne la tête.
Les anciens journaux de bord ayant un écran opaque, il dissimule le petit carnet rouge à mon ami.
Moi : J'ai trouvé le journal du labo...
Vince : Cool, tu le liras plus tard, faut qu'on bouge ! Cet endroit ne me plait pas du tout et on est limité en temps...

Glissant la machine et le carnet dans ma besace, je suis mon ami vers la sorti et saisis le sac à dos Na'vi.
Les couloirs s'enchaînent et l'oppression de la base commence à se faire sentir.
Marchant courbée, Pìwopx me demande ce que je pense du comportement des animaux à l'entrée.
Les oreilles basses, je lui avoue ne pas savoir pourquoi ils ont agis ainsi.


Scratty : Peut être que Tata Eywa en a marre de ta tronche et qu'elle a décidé de te coller une bestiole sur la gueule.
            Comme ça, une fois mort, elle t'aura à l'œil !


Nous arrivons devant un ascenseur et machinalement ma main se dirige vers le bouton d'appel.
Gwenn me saisis le bras.
Gwenn : Non ! Moins on fera de bruits, moins on aura d'ennuis...
Moi : Ca tombe sous l'sens...

Nao ouvre une porte en désignant le panneau au dessus montrant une personne gravissant des escaliers.
Nao : Fìtseng ?
Mayuko : Srane !

Les escaliers nous mènent à l'étage de la salle de contrôle.
La porte de la salle est ouverte mais les volets anti-tempête sont tous baissés
Un grincement métallique précède une inondation de lumière.
Sa'pay, les mains sur un pupitre de commande affiche un sourire alors que certaines vitres coulissent en laissant entrer l'air frais de l'extérieur qui chasse rapidement l'odeur de renfermé.


Sa'pay : Mipa ya !
Vince : Ouais, un peu d'air frais ça fait du bien...

Le groupe passe la tête par les fenêtres ouvertes et Gwenn me fait signe d'approcher.
Dehors, le groupe d'imposants animaux déambule l'air hagard, certains continuent de frapper la lourde porte blindée du sas.


Mayuko : Mais ils ont perdu la boule ou quoi ?
Moi : Une chose est sure, on va devoir trouver une autre sortie... Je doute qu'ils nous laissent passer sans broncher.

Toujours sur sa console, Sa'pay tourne la tête vers moi en affichant un sourire de satisfaction.
Dans un haut parleur, la voix de l'IA de la base annonce.


IA : Bureau principal déverrouillé... ouverture de la porte...

Derrière moi, un panneau de la grande baie vitrée coulisse et révèle un bureau propre et tranchant avec le bordel de la salle de contrôle.
S'approchant de la pièce, Sa'pay pose la main sur le manche de sa dague et passe la tête dans l'encadrement de la porte.
Je regarde Vince et affichant un air  enjoué lui déclare.


Moi : On va enfin trouver des explications et des réponses !
Vince : On devrait peut être reprendre la route, j't'annonce tout net que je préfère savoir mon Avatar dans un arbre pour la nuit plutôt que dans cette base fantôme, moi !
Mayuko : C'que tu peux être rabat-joie... allez, on va fouiner un peu !

L'Avatar pénètre dans la pièce et tombe sur Sa'pay médusé.
Mayuko : Fpom srake ?

Mon ami baisse les yeux et recule d'un pas.
Sur  son visage, une tristesse mêlé de peur et de dégout.
Au sol, gît une personne, sa peau semble avoir été méticuleusement enlevée, laissant le dessous à vif.
Le visage méconnaissable a gardé dans la mort un rictus de douleur dans ses main, une photo jaunie montrant un homme et une femme devant une belle maison au jardin fleuri.


Mayuko : Nom de... de la Fleur de Cerisier !
            Quelle folie l'a poussé à ça ?

Le reste du groupe entre dans la pièce, Nao fredonne quelque chose que j'ai déjà entendu pendant un rite funéraire.
Moi : C'est quoi le truc de Cerisier ?

Mayuko s'accroupi à côté de la personne et saisi délicatement la photo pour y lire ce qu'il y à au dos.
Mayuko : C'est un poison neurotoxique que certains hommes d'affaire ou personnes importantes utilisent quand ils sont victimes d'enlèvements.
             Pendant le Jugement Dernier, des groupes de profiteurs ont spolié nombre de gens de leurs fortunes en les kidnappant et les torturant... la Fleur donne une mort rapide et indolore... en principe.
Moi : Mwouais...
Scratty : J'annonce officiellement que j'aime la définition de "rapide et indolore" de Mayuko !
Mayuko : Mais ici on n'est pas sur Terre, et la composition de l'air altère les propriétés du poison...
            Ici, la Fleur consume le corps de l'intérieur, sur tout le trajet dès qu'on l'avale...
            Ce type a du mettre une bonne semaine à mourir paralysé...
Scratty : Allez, celui-là, j'le découpe !
Moi : Mais c'est pas possible ! On ne fume pas, on ne boit pas et on ne découpe pas des gens dans ma tête !


L'avatar retourne la photo
Mayuko :  ... "A Ludovic, mon étoile brillant dans le ciel"
Gwenn : C'est beau
Moi : "Lutovikfpi, tanhì nrr tawmì"
Nao : Tslolam

Faisant la traduction pour les autres, je laisse mon regard traîner dans la pièce proprement rangée et ordonnée.
Moi : Allons demander au journal de ce brave Ludovic ce qu'il s'est passé ici...

Enjambant le cadavre sur lequel Mayuko remet la photo, je touche le bouton d'activation de l'ordinateur.
Un message me prévient que la machine est sur sa batterie de secours et que l'autonomie ne dépassera pas les dix minutes.
Je lance le journal de l'activité de la base qui m'affiche une seule entrée.


"Données réinitialisées"

Moi : Et merde !
Sa'pay : Mek srak ?
Moi : Sran nang ! Vide de chez vide...
Pìwopx : Lunpe mek ? Sawtute zene pamrel sivi hemit feyä frakrr ? kefya srak ?
Moi : Sran, taluna fìtseng, fra'u holum...
Vince : Hey, avec un peu de chance, les données sont encore dans la bécane !
          Récupère le "dur", on va s'faire les quenottes dessus à la base.
Mayuko : Pas con, on...

L'Avatar n'a pas le temps de finir sa phrase qu'une secousse jette le groupe au sol.
La violence est telle que les lustres de la salle tombent.


Mayuko : C'est quoi, ça ?
IA : Dysfonctionnement du générateur énergétique de secours...
     Arrêt des systèmes et mise en quarantaine...
     Coupure impossible... Surchauffe du cœur...
     Noyade du cœur impossible...

Gwenn : "Cœur" ? quel cœur ?
Moi : Celui qui va griller les nôtres !  On s'arrache !

Mettant le disque dur  de la machine dans la main de mon ami, je me jette hors de la salle et fonce sur la console qu'utilisait Sa'pay en arrivant.
Moi : Filez !  j'vous rejoins !
Mayuko : Tu joues à quoi ?

Cherchant les bonnes commandes, je réponds à mon ami.
Moi : Les centrales énergétiques des premières gen' sont des réacteurs nucléaires !
       Cette base est abandonnée depuis des lustres et la maintenance n'est certainement pas assurée par les fantômes.
       Le réacteur s'est emballé et comme l'IA ne peut pas le plonger dans son bain, il va surchauffer.
Mayuko : Ca répond pas à ma question !
Moi : Comme la centrale est enterrée, il faut lui donner un conduit pour évacuer le souffle de l'explosion, sinon, on va retrouver des p'tits bouts de cette base jusqu'à la Terre.
       Ma frapo ! Zene hivum !
Gwenn : T'es au courant que si t'y restes, je viens te botter ton p'tit cul de gnome chez Tata Eywa ?

Je lève le pouce pour montrer à mon ami que j'ai saisi toute la mesure de ses propos.
Dehors, la forêt est calme et silencieuse.
Les énormes animaux ont aussi pris la clé des champs et alors que le groupe emprunte la passerelle d'évacuation, je sens une main sur mon épaule.


Pìwopx : Ma Zel' ! Za'u set nang !
Moi : Sran sran !
Pìwopx :SET ! oe peng...
IA : Sas 01 défectueux...

La Na'vi et l'IA n'ont pas le temps de finir leurs phrases qu'une violente déflagration expulse le toit du hangar nord.
Le petit dôme file dans le ciel comme une fusée sur son pas de tir sous le regard médusé du groupe.


Mayuko : Il grimpe l'animal...
Gwenn : Mais il va revenir ! CASSOS !!! HIVUM !

Le dôme perd rapidement de la vitesse et décrivant une petite courbe décide qu'il à passé suffisamment de temps avec les oiseaux.
Alors que la coupole d'acier revient vers le sol, une pluie de débris expulsés en même temps retombe sur la base.
Le groupe prend ses jambes à son cou et trace vers la forêt alors que dans la salle de commande je tente de fuir en compagnie de Pìwopx.
Une partie du toit s'effondre alors qu'une lourde poutre se plante devant nous.


Moi : OERU TXOA L...
Scratty : Oh putain ! j'y crois p...

A la lisière de la forêt, le groupe assiste impuissant à la pluie de débris qui balaye la tour de commandement.
Les grincements métalliques donnent l'impression que la structure elle-même souffre et hurle à chaque impact.
La coupole s'écrase avec fracas au pied de la tour emportant un petit bout avec elle.
Le calme revient et un silence oppressant fait suite au vacarme.


Mayuko file comme une flèche avec Gwenn sur ses talons.
Mayuko : VENEZ ! FAUT LES SORTIR DE LÀ !
Gwenn : MAYUKO ! REVIENS...

Gwenn se jette sur son ami et alors qu'ils roulent tous deux au sol, la tour émet un gémissement lugubre.
Gwenn : VEINS ! VIENS !

Les deux Avatar ont juste le temps de reculer alors que la tour s'effondre en tombant sur le côté à l'image d'un boxeur qui aurait pris un méchant KO.
Le reste du groupe arrive pour porter secours aux deux Avatars alors que dans l'oreillette de Vince retentit la voix de Paul.


Paul : Putain ! Vous faites quoi avec vos machines ? Si j'vous mettais autant de coup d'pompes au cul que de points sur vos stats' actuelles, vous pourriez rentrer sur Terre en une fois !!!
Vince : Une tour d'un vieil Avant Poste s'est écroulée...
Paul : Vous foutiez quoi dans un vieil Avant Poste ?
Voix : Qui est dans un Avant Poste ?

Dans la salle de liaison, Paul fulmine et se retourne vers la voix dans son dos.
Paul : TOI ?! T'es privé de jouet pour un moment ! Files !
        J'entends d'ici ta dulcinée qui doit te chercher...

Nao escalade les gravats et se dirige vers un objet qu'elle a reconnu.
Nao : Za'u ! Srung si Xellossur sì Pìwopxur !

Gwenn rejoins la jeune Na'vi et l'aide à soulever les gravats bloquant la sangle de ma besace.
Nao : Kehe..
Gwenn : On putain ! Non !

A quelques mètres de là, retentit la voix de Ma'utx.
Son hurlement déchire l'air et les oreilles des gens dans la salle de liaison.


Paul : Vince ! Parle !
Vince : ... On vient de retrouver la besace de Xell'... sans Xell' et avec son sang dessus.
Teranas : QUOI ?
Vince : ... On a aussi retrouvé le bracelet d'archer de Pìwopx... Avec son avant bras et sa main...

Dans la salle de liaison, un silence pesant s'installe alors que dans les haut parleurs les cris et pleurs des Na'vi se font entendre.
Mayuko : Putain... j'le crois pas.

A genoux, les restes broyés du bras de Pìwopx dans la main, Ma'utx hurle sa douleur alors que Nao extrait frénétiquement les gravats à la recherche de la dépouille de la Na'vi ensevelie.
Sa'pay, étrangement silencieux, pose ses mains sur les épaules de Ma'utx en baissant la tête.


Mayuko : Vince ! Gwenn !  Venez !  On va aider Nao à extraire Pìwopx !  Xell ne peut pas être mort, c'est un morback qu'on ne tue pas si facilement.
Vince : On ne sait même pas si on fouille au bon endroit.

Dans la salle de liaison, un caisson s'ouvre alors qu'une série de bips annonce le lancement d'une séquence d'initialisation.
Voix : T'es là ! Pourquoi ça ne m'étonne même pas ? Tu vas prendre mon 38 fillette sur ton p'tit cul tout rose mon chéri si tu ne reviens pas t'occuper de moi au trot !

Passant la porte en se courbant, Ale'yah fusille du regard son homme sous les yeux médusés des gens présents dans la salle qui se demandent comment Teranas est encore en vie avec une telle furie.
Teranas : Mais, ma douce... il faut que j'y aille cette fois.
Ale'yah : tu pose tes pattes sur cette boite et j'te plie en deux que tu pourras t'lécher tes fesses, vu ?!

Teranas recule d'un pas et se retrouve acculé à la machine.
Par réflexe mon ami pose ses mains sur le caisson.
Ale'yah : Mauvaise action, garçon !
Teranas : Non, non, laisse moi t'expliquer...
Ale'yah : Vite, j'ai une tarte qu'est déjà au niveau de mon coude, là !


Teranas prend une inspiration et lâche d'un coup
Teranas : Xelloss est mort...
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#131
Le bras en l'air, la Na'vi ouvre les yeux et dresse les oreilles. Sa queue tombe affichant une surprise infinie.
Ale'yah : ... Comment !  Pourquoi ? Où ?
Teranas : Dans un Avant Poste en ruine... Tout s'est effondré sur eux.

Dans la salle de liaison résonne les hurlements incessants de Ma'utx.
Amélia, la mine basse pose ses mains sur la console principale au centre de la pièce et lance une série d'instructions.

Sur l'écran de contrôle du caisson contre lequel est adossé Teranas, les voyants passent au vert.
Amélia : Procédure initialisée, Teranas...

Regardant sa compagne avec un air de chien battu, Teranas pose la main sur la mousse dans le caisson.
Teranas : Je dois y aller, mon amour...

[PAF !]

Un claquement sec résonne alors que l'assistance écarquille les yeux.
La stupeur est lisible sur les visage et plus particulièrement sur celui de Teranas qui masse sa joue endolorie.
Teranas : Mais...
Ale'yah : Et une autre pour faire la paire ? Ca t'dis ?
Teranas : ...

Paul s'approche mais reste à bonne distance, Ale'yah ayant un caractère bien trempé, le Médecin sait pertinemment que la probabilité d'en ramasser une est grande.
Paul : Mawey ma Ale'yah... Rutxe
Ale'yah : Kehe ! Kehe, j'ai dit !

La grande Na'vi se penche et colle son nez contre celui de Teranas, les oreilles baissées, elle dévoile sa dentition dans un rictus de prédateur.
Ale'yah : Dis moi, mon amour... Dis moi ce que tu vas faire ?

Teranas pétrifié par une Ale'yah semblant vouloir le manger tout cru balbutie.
Teranas : Je... vais aller aider... à trouver Xelloss...
Ale'yah : Avec ton corps de Marcheur En Rêve ?
Teranas : C'est l'idée...

[PAF PAF !]

Paul : Ale'yah, je pense que...

[PAF !]

Vince : C'est quoi ces bruits ?
Amelia : Ale'yah qui passe ses nerfs sur Teranas et Paul...
Vince : ...
Paul : Mais...
Ale'yah : FTANG !

La Na'vi fait un tour d'horizon du regard alors que dans la salle les gens détournent les yeux de peur d'être le prochain à repartir avec une main à quatre doigts imprimé sur la joue.
Teranas : Mon amour ? Que...
Ale'yah : FTANG ! Oe peng ! Vos cerveaux sont morts ? Je vais les taper encore alors !

Ecarquillant les yeux, mon ami se demande où veut en venir sa compagne.
Ale'yah : Ton corps de Marcheur En Rêve est fort comme quatre hommes, mais il ne peut pas soulever des roches !
Teranas : Je sais... Mais je veux essayer, et...

De nouveau la main de la Na'vi se lève.
Teranas : Ok, ok, ok, j'me tais...

Ale'yah baisse la main et la pose délicatement sur la joue endolorie de Teranas qui grimace de douleur sous les caresses.
Ale'yah : As-tu pensé aux armures de métal, mon amour ?
            Je ne sais pas les utiliser et je suis un peu trop grande, mais toi...

Amelia se lève d'un bon de son siège.
Amelia : Oh putain ! Elle a raison ! Avec les AMP vous serez bien plus efficaces pour dégager les gravats !

Ale'yah tourne la tête vers la chef meccanos et affiche un large sourire de satisfaction.
Ale'yah : Heureusement que les femmes pensent avec la tête...

Serrant fortement la cuisse de Teranas qui grimace de douleur, elle déclare.
Ale'yah : On ne peut fuir Palulukan avec ça...

La Na'vi tapote sur le front de son compagnon et ajoute.
Ale'yah : ... Mais avec ça...

Paul décroche un téléphone et contact le hangar principal en demandant s'il reste des machines opérationnelles et si un hélico peut faire le transport.
Ale'yah : Tu vas pouvoir aider ton ami et je n'aurai pas à te tanner le fessier parce que tu as utilisé ton corps de Marcheur En Rêve, mon amour...
Teranas : ...

Le pilote salue le groupe et se dirige en boitant légèrement vers le hangar de stockage des AMP avec sa compagne sur les talons.
Dans la salle de liaison, les pilotes d'Avatar ne sachant pas manipuler les lourdes armures se connectent pour aider à leur mise en œuvre.

Dans le couloir, Ale'yah regarde Teranas.
Ale'yah : Krystal...
Teranas : Arrrg !  j'm'y ferai jamais à tes intrusions dans ma caboche !
Ale'yah : Je sais, et j'aime la tête que tu fais à chaque fois...
Teranas : hmmmm... Bon, Trouver le corps de Xelloss et si possible Krystal.
             Mais putain de nom de nom ! Comment il a fait pour crever, ce con ? Et pourquoi l'autre excité du Katana n'a rien senti venir ?
Ale'yah : Le Messager ne s'est pas relevé.
Teranas : Quoi ?
Ale'yah : C'est lui qui me l'a dit, Le Messager est comme... mort.
           Il ne bouge plus depuis que Mayuko a envoyé Le Messager au tapis quand il voulais tuer Krystal
Teranas : ...
Ale'yah : On va retrouver Xelloss et lui offrir une cérémonie digne !


Alors que Teranas se dirige vers le hangar des AMP, un petit groupe de pilotes se préparent pour l'expédition.
Pendant ce temps, à l'Avant Poste, Nao, les mains en sang continue de déblayer les gravats.
Dans l'esprit de Sa'pay se superposent à la réalité les images responsables de ses cauchemars.
Pétrifié, le jeune Na'vi ne parvient pas à décrocher son regard de la fille retirant les débris.


Vince s'approche de Nao et lui pose la main sur l'épaule.
Vince : Mawey... Mawey... Ayeylan za'u, lu foru masat lefngap ulte srung sayi skxeteri...

Dans la forêt jouxtant le mur d'enceinte retentit le hurlement plaintif d'une proie.
Quelques secondes plus tard, une métabête passe devant le groupe en titubant.

Gravement blessé, l'animal laisse une traînée de sang derrière lui.
Mayuko : Faut qu'on foute le camp d'ici, ce truc blessé est une balise Argos pour tous les prédateurs du coin... Et on n'est pas en état de combattre !


Pendant ce temps dans le hangar de stockage des AMP, Teranas essaye de se glisser dans le cockpit d'une machine qui visiblement est un peu trop petite.
Teranas : Putain truc trop petit !

Amélia fait passer sa longue natte par-dessus son épaule, grimpe sur l'élévateur jouxtant l'AMP et enfonce le bouton de montée.
Arrivée à la hauteur du cockpit, elle lance un regard amusé au grand siphorel tentant de se caler dans la machine.
Amélia : Et si on te coupe un peu de jambes, ça passera pas mieux ?
Terans : J'ferai de l'humour à mon retour, dis moi comment marche cette chose...







Une tête sombre émerge du mur d'enceinte.
Les dispositifs de défenses étant hors service depuis fort longtemps, la faune a  fini par ne plus redouter le mur végétal.
D'un mouvement vif, l'animal fond sur la métabête en lui mordant le cou.
L'énorme animal proteste en poussant un râle d'agonie alors que les os de son cou émettent un craquement sinistre.


Une main sur la bouche de Ma'utx, Gwenn lui murmure toute l'étendu du danger de la situation actuelle.
Gwenn : On file... sinon, on ira rejoindre Tic et Tac chez Tata Eywa...

Profitant de la distraction du prédateur, le groupe s'éclipse rapidement.
Soudain, une violente explosion secoue à nouveau le sol qui semble se gonfler comme un ballon d'enfant.
Nao lâche un cri de surprise que le grand prédateur noir détecte aussitôt.

Cessant de mastiquer, l'animal avale son morceau et observe le groupe d'apéricube qui s'offre à lui.
Vince : ON S'EPARPILLE !!!

Le tanathor se met en en tension, près à bondir sur celui qui se révèlera être le plus faible.
Dans un grondement sourd, le grand prédateur disparaît.

Mayuko se retourne et prend conscience de l'ampleur du danger.
Mayuko : KÄ ! KÄ ! KÄ !
Vince : PAUL ! C'EST LA MERDE ICI ... TOUT LE SOL S'EFFONDRE  !!!


Derrière le groupe courant pour sa survie, une partie du sol s'affaisse en entraînant une section de la base dans un fracas assourdissant.
Désignant un arbre au tronc noueux, Sa'pay attrape une branche et se propulse sur une zone plate au creux du tronc.

Le groupe l'imite et de ce perchoir improvisé contemple la scène d'une désolation sans nom.
Na'o : Pelun ?
Vince : Tìpxor alahe...

Gwenn ouvre ma besace et prend la machine de Selfridge, l'Avatar ouvre une petite trappe à l'arrière et en sors une minuscule fléchette qu'il insère dans un trou sur le côté de l'appareil.
Visant approximativement les restes de la structure effondrée, il presse un bouton.
Un petit claquement sec se fait entendre, suivi d'une série de données relayée par l'écran.


Vince : Tu joues à quoi ?
Gwenn : A savoir ce qui nous pend au nez... j'ai envoyé une sonde et je peux déclarer solennellement qu'on est dans la merde...
Mayuko : Un soucis ?
Gwenn : On s'arrache, et loin ! Très loin !

Mayuko relaye l'information aux Na'vi qui s'éloignent a contrecœur.
Gwenn : On va tracer vers les Nar'ikaya... nous n'avons que trop traîné dans cette région maudite !
           De chez eux on avisera, mais je pense que la visite chez les Hiltxkxv'Atikaya tombe à l'eau...

L'Avatar vient se placer aux côtés de Ma'utx.
Gwenn : Ma Ma'utx, peux tu guider nos pas vers ton clan ?

Ma'utx s'accroupie et se concentre sur la faculté que les Na'vi ont pour détecter et interpréter les champs magnétiques de la lune.
Au bout de quelques minutes, elle se relève, ayant établi un plan de route approximatif vers le clan Nar'ikaya.
Toujours en deuil de Pìwopx, la Na'vi marche la tête haut mais la queue et les oreilles basse.
Non loin derrière elle, Gwenn utilise son journal pour expliquer à Paul la situation sur le site.


Gwenn : Mayuk', j'ai transmis à Paul les données relevées sur le site et ai précisé que seul les AMP devront s'approcher...
Mayuk : Tiens, en parlant de données, tu ne nous as pas mis au jus...

Dans l'oreille des Avatars retentit la voix de Paul.
Paul : Vous ramenez vos p'tits culs bleus ici et au trot !
Gwenn : On est en route vers le clan Nar'ikaya.
Paul : Non non non ! C'est un retour vers la base, point barre ! J'ai toutes vos consoles qui se sont transformées en sapin de noël depuis que la base à explosé !
Mayuko : Gwenn, fais voir ces données...
Paul : On envoie une...
Gwenn : Paul ? Paul ! Hey !

L'Avatar examine les données.
Mayuko : Youpikaï ! Comme si on avait besoin de ça...

Nao saisis le bras de Gwenn
Nao : Hivum ! Yrrap za'u !
Gwenn : Quoi ?
Mayuko : On va se prendre une tempête qui va nous décalquer la tronche !
Nao : Fuir ! Fuir !
Gwenn : Super...
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

Journal de bord N°4
Entrée N°023


** Réception Message Texte **
** Urgence N°05 **
** Destinataire : Tous Canaux **
**Auteur : Yana **


J'ai trouvé un Avant poste, la carte dit que c'est le n°34, le site semble en piteux état mais je vais quand même y entrer, ne serai-ce que pour trouver des vivres.
Avec un peu de chance il y aura un hélico en état de marche...


**Fin de transmission**





Assise sur une branche à quatre mètres du sol, la jeune Africaine met en veille le journal de bord et le range dans son sac a dos.
Passant la main sur son corps, elle vérifie la tenue de son armure improvisée faite avec les gants.
Une cinquantaine de mètres la sépare du mur d'enceinte, elle scrute les environs à la recherche de signe de vie.
Autour d'elle, la forêt vit, bruisse, glousse et glapit.
Ca et là, des animaux couinent et piaillent en s'enfuyant.


Yana : T'es encore là, toi ?

Descendant rapidement de son perchoir, la jeune fille regarde furtivement en arrière à la recherche de la créature qui semble la pourchasser depuis quelques temps.

Yana : Tu pouvais pas bouffer ta proie et m'laisser tranquille ?

A bonne hauteur, elle fait un bond et, se retrouvant sur le plancher des vaches, file vers le mur d'enceinte sans demander son reste.
La lourde grille est entrouverte et Yana se glisse rapidement, poussant de toutes ses forces pour la refermer.
Un déclic métallique lui confirme que la serrure s'est verrouillée.
D'un geste vif elle fait un pas en arrière certaine que le prédateur qui la suit est déjà en train de bondir.
A son grand étonnement, rien ne se passe et aucune créature ne semble vouloir s'approcher de cette clôture.
Poussant un soupir de soulagement, elle fait un nouveau pas en arrière et lâche un cri de surprise.
Sans comprendre ce qui lui arrive, elle se retrouve sur les fesses affichant un air hébété.

La jeune Africaine baisse les yeux sur cet obstacle qui vient de lui faire perdre l'équilibre et pousse un cri de stupeur.
Reculant rapidement, elle se redresse et porte les mains à sa bouche pour étouffer un nouveau cri.
Au sol, un homme gît.
Son visage, affichant un rictus de souffrance, n'est plus que l'ombre de ce que fut cette personne, et les quelques lambeaux de peau encore accrochés à ses joues témoignent de la violence avec laquelle à été mutilé.
Regardant ses mains, Yana comprend que l'homme s'est arraché lui-même le visage car ses ongles sont remplis de résidus de peaux mortes.
L'absence de masque montre que l'homme est sorti dans la précipitation en proie à une folie puissante car tous ici connaissent le sort que réserve la lune à ceux qui omettent la Règle N°1.
Refoulant un haut-le-cœur, elle s'approche du cadavre et décroche le badge de son cou.
La tête de l'homme se tourne et son regard vide se plonge dans le sien.
Yana se jette en arrière en saisissant la longue flèche naturelle récupérée quelques temps auparavant.
Se forçant à reprendre son calme, elle se raisonne en se disant que les morts ne reviennent à la vie que dans les romans fantastiques.
Au dessus d'elle, un cri lugubre.
Levant les yeux, elle se rend compte qu'un Banshee des Forêts la regarde en hochant de la tête comme un oiseau.
L'animal glapit et bouge la tête en claquant sa mâchoire, faisant sortir ses dents rétractiles.
Restant face à la créature, la jeune fille recule prudemment en serrant sa flèche, alors que l'animal se laisse tomber au sol non loin du corps.
Le Banshee glapit à nouveau et semble sourire à l'Humaine qui recule encore un peu, mettant de la distance entre elle et la mortelle dentition de la bête.
La jeune fille recule en observant la créature tirant sur l'orange, lui donnant des air de Leonopteryx miniature.
Soudain, elle arrête son regard sur son aile et s'aperçoit que des cordages sont fixés sur celle-ci.
Une sorte de selle enserre le dos de la créature, montrant que l'animal à été domestiqué.
Bien que ne n'étant pas au faîte des coutumes Na'vi, elle sait que ces dernier n'emploient pas ces animaux pour voler.
Ayant appris à se méfier de toutes les choses vivantes de cette lune, elle continue de reculer jusqu'au sas.
Elle passe le badge récupéré sur l'homme en regardant l'écran de contrôle jouxtant la lourde porte.
Bien qu'encore fonctionnel, celui-ci est brisé et n'affiche plus correctement ses informations.
Si le moniteur avait été intact, jamais Yana n'aurait osé pénétrer dans ce sas.

Derrière elle, un bruit sinistre d'os se brisant.
La jeune fille se retourne et assiste avec une stupeur mêlée de crainte et d'admiration l'animal ailé se repaître du cadavre en glapissant joyeusement.
La porte extérieure du sas se referme alors que le Banshee recrache l'arme de l'homme comme on recrache un os de poulet...

Les lumières rouges du sas s'allument alors que retentit une voix féminine.


Sas : Attention, le secteur dans lequel vous allez entrer n'est pas filtré...
         Veuillez garder votre masque sur le visage...
         Ouverture de la porte interne...

La porte coulisse révélant un couloir baigné dans la pénombre..
Yana  allume sa torche en serrant la flèche naturelle qui lui servant d'arme.
Elle sort du sas qui se referme derrière elle alors que, décelant sa présence, les lumières de secours s'allument, rendant le corridor un peu plus accueillant.
Arrivée à l'intersection, elle se rend comte que le choix est aisé car la partie gauche effondrée lui interdit le passage.
Gardant sa torche dans sa main gauche, elle se dirige vers le fond du couloir de droite et emprunte l'escalier montant à la salle de contrôle.
L'intérieur de la pièce est sans dessus dessous et la plupart des équipements arrachés de leurs emplacements.
Yana se faufile vers la grande table centrale et constate que celle-ci n'est plus alimentée.
Laissant son regard se balader dans la pièce, elle repère l'entrée de l'escalier secret laissé ouverte.
Se disant que c'est le seul moyen à sa disposition pour atteindre les niveaux inférieurs et surtout les réserves de nourriture, elle s'engouffre dans le colimaçon.
Sur le mur à sa droite, des appliques diffusent une pâle lueur évitant à l'escalier d'être plongé dans le noir total.
Le vent génère des murmures semblables à des râles Humains.
Peu rassurée, la jeune Africaine resserre son étreinte sur la flèche naturelle et prends une grande inspiration en rajustant son masque.
Arrivée en bas de l'escalier, elle passe la tête pour regarder discrètement dans le couloir.
Yana se mord la lèvre, rente sa tête, puis rebrousse chemin rapidement, gravissant les marches quatre à quatre.
Dans son esprit, une vision qui la hantera jusqu'à sa mort.
Au fond du couloir, contre une porte se tenait une personne se dandinant et convulsant comme sous l'emprise d'une drogue puissante.
Ses vêtements en lambeaux laissaient voir ses chairs et une peau dans un état similaire.
Yana émerge dans la grande salle d'où elle est venue et referme la porte dissimulant l'escalier en tentant de chasser de son esprit le visage de cette personne à qui il manquait un œil et dont l'orbite vide semblait la toiser.
Rapidement, elle se précipite vers un mur sur lequel est accroché un cylindre de plastique rouge vif d'une vingtaine de centimètres de diamètre.
La jeune fille s'en empare, et se précipite vers la fenêtre en dépliant les deux crochets jaunes présent sur l'objet.
Fixant le cylindre sur le rebord d'une vitre ouverte, elle tire d'un coup sec une poignée sur laquelle est dessinée une main.
Le cylindre se casse en deux, libérant une échelle de corde alors que Yana enjambe le rebord et descend promptement.
Sans se retourner, elle file comme une flèche vers le mirador le plus proche.
Arrivée en haut, elle fait remonter l'échelle de sécurité, abaisse les grilles protégeant les fenêtres et se laisse tomber dans un siège.

Respirant rapidement, elle tente de se calmer puis se lève et se dirige vers le panneau de contrôle de la ventilation.
Elle active celle-ci en regardant les vitres des fenêtres se lever derrière les grilles.
Les lumières au dessus de chaque vitre s'allument en vert, signalant que l'étanchéité est effective.
Le dernier témoin lumineux passe au vert alors que la ventilation filtre les éléments nocifs pour les Humains.
Yana retire son masque, le fixe à sa ceinture, défait son sac à dos et fouille l'unique pièce de son abri temporaire...

Une dizaine de minutes plus tard, elle active son journal de bord.


Yana : L'avant poste 34 est un piège. De ce que j'ai pu voir l'unique personne que j'ai vu ressemblait à un de ces zombies des films catastrophes dont j'étais friande petite...
          J'ai trouvé refuge dans le mirador et y passerai peut être quelques jours, le temps pour moi de me faire un plan de route vers Hell'sGate.
          J'espère que la base n'est pas dans le même état que le 34 car je n'ai pas envie de passer le restant de ma vie à attendre qu'une bestiole me bouffe en pleine forêt.

Clôturant son rapport, elle repose son journal de bord sur la table et laisse courir son regard sur l'environnement spartiate de la pièce.

Yana : Bon, essayons de rendre cet endroit vivable...




---




Bien des années plus tôt, sur Terre...


L'homme porte ses mains à sa gorge alors qu'il tente de dégager la mâchoire qui lui déchiquette le cou sous le regard horrifié de son compagnon d'arme.
Se gestes se font moins rapides et sa force comme sa volonté semblent s'évanouir telle une brume matinale.
Soudain, une douleur au niveau de la poitrine le réveille.
Horrifié, il regarde son propre cœur dans les mains de la personne qui, il y à deux secondes encore lui arrachait la partie droite de son cou.
Celui-ci palpite comme un poisson que l'on aurait sorti de l'aquarium.
Sa vision se trouble alors que la main se referme sur son cœur, l'explosant d'un coup.
Poussant sans ménagement le corps sans vie de l'homme qui s'écroule comme un pantin désarticulé, la dame porte les lambeaux du cœur a sa bouche et avale goulûment un petit morceau avant de laisser tomber l'organe au sol.
Les yeux écarquillés de terreur, Antoine  fait passer son regard du corps gisant de Charles à la femme en robe rouge se tenant devant lui.


Victoria : Charles n'a pas mis tout son cœur dans la tâche qui lui était confié... Est-ce aussi ton cas ?
Antoine : ... je...
Victoria : Parles ! Où est Xelloss ?

Antoine, terrifié par la scène qui vient de se dérouler recule d'un pas encore en fixant le visage de la Maîtresse de Maison.
Il avait entendu des rumeurs sur les accès de colère de Victoria et sa façon de faire, mais il avait toujours pensé que ses collègues se payaient sa tête.
Incapable de parler, il ne peut s'empêcher de penser à la douleur de son ami au moment où la dame en robe rouge lui arrachait littéralement le cœur.

Dans les sous-sols de la Tour Sombre résonnent des hurlements inhumains.

Victoria se dirige vers l'ascenseur alors que dans son dos gît, agonisant, un Antoine démembré qui prend conscience de la définition du mot "souffrance"...



Tandis qu'elle monte vers les hauts niveaux, Adolf questionne des membres de l'équipe de sécurité de la famille Metalluim.


Adolf : Je cherche Xelloss, l'avez-vous vu ?
Garde : Non, il n'est pas passé par ici... en tout cas, pas cette dernière heure.
Adolf : Merci.
Garde : Il a encore disparu ?
Adolf : Oui, et pour le moment, je suis le seul à le chercher... Je préfère le trouver avant que nos hôtes s'y mettent aussi car ça sera pas la même tisane...

Le médecin s'éloigne du garde en le saluant et se dirige vers le poste de supervision de la tour.
Adolf pénètre dans le sas de sécurité alors que Tommy active la communication et lui demande la raison de sa visite.
Tommy ouvre la voie à Adolf qui pénètre dans un des endroits les plus sécurisés de la Tour Sombre.


Tommy : Hey, ça fait du bien d'avoir de la visite !
Adolf : Ne vous réjouissez pas trop, je cherche Xelloss et me dit que nous devrions le trouver rapidement avant que les Metallium commencent à le chercher aussi.



---



Bien des siècles plus tôt...


Haut dans le ciel noir de cette nuit sans lune, une nouvelle explosion illumine un panneau calciné.
Ignorant la pluie qui fouette son visage, le cavalier file à bride abattue vers l'arche matérialisant l'entrée de la ville.
Une fois devant la structure, il s'arrête, pose un pied a terre et lève les yeux vers le sommet de l'arche en bois rouge.
La stupéfaction se lit sur son visage alors qu'il se rend compte que quelque chose manque.
Baissant les yeux, il trouve la pièce qui trônait initialement au faîte de la construction.
Le lourd panneau portant haut le nom de cette magnifique ville gît maintenant calciné dans la boue, les deux somptueux kanji calcinés formant le nom "Nagazaki" autrefois si somptueux sont pratiquement illisibles.

Le cavalier frappe deux fois dans ses mains pour demander l'attention des Esprits et murmure en regardant le panneau défiguré.


Cavalier : Ô  Susano, j'implore ta clémence, puisses-tu calmer ton courroux et épargner nôtre belle cité...

L'homme se remet en selle et file vers une grande maison.
Du fond de la rue, il peut apercevoir le haut portail et le glyphe rouge, symbole de la famille y résidant.
Arrivant devant le mur d'enceinte, il met pied à terre et frappe sur la lourde porte.
Au bout de quelques minutes, alors que ses coups restent sans réponses, il saisit une corde à sa ceinture, déplie les griffes d'un grappin et le lance vers le sommet du mur.
Escaladant promptement l'enceinte, il saute dans la cour et se précipite vers la maison en enroulant son cordage.
La maison est étrangement silencieuse et l'homme se dit que quelque chose d'inhabituel se trame en ce lieu.
Sans prendre la peine d'ôter ses chaussures, il fait irruption dans la Grande Salle.
Plongée dans l'obscurité, l'homme glisse la main dans une poche intérieure de son long manteau et en sort un petit parchemin sur lequel est dessiné une étrange ligne complexe.
L'homme murmure quelques mots en tendant la main devant lui.
Le petit bout de papier s'embrase en produisant une vive lumière que l'homme garde dans le creux de sa main.
Le gant le protégeant de la morsure du feu, il repère ce qu'il cherche.

Se dirigeant vers le mur à sa gauche, il empoigne une lanterne, l'ouvre et y dépose le parchemin.
La lanterne baigne la salle de sa lueur jaunâtre révélant trois corps étendus au sol.
Le cavalier se précipite sur l'homme gisant au sol.


Cavalier : Saito ! Hitomi ! Par tous les Kami !

Regardant le sabre dépassant de la gorge de Saito, le Cavalier ne s'attarde pas sur lui, sachant pertinemment qu'il est mort.
Posant ses mains sur la poitrine d'Hitomi, il l'étend sur le dos et vient placer un tube de bambou au niveau de son cœur.
L'homme se redresse, saisit une petite cage métallique à sa ceinture et en sort un minuscule oiseau noir et sur la patte y fixe une bague rouge.

Cavalier : Puisse Shina Tsu te porter rapidement...

Le petit oiseau file sans bruits en volant bas vers sa destination alors que le Cavalier se dirige vers la troisième personne allongée au sol.
Après quelques secondes, il se redresse, constatant que l'enfant est lui aussi décédé.
L'homme s'agenouille près du corps de Saito, frappe deux fois dans ses mains puis saisit doucement le Katana planté dans la gorge du cadavre.
Il le retire, chasse le sang d'un coup vif et le replace dans son fourreau.

Se redressant, le sabre en main, il s'avance vers la cache dans laquelle dormait le Livre que protégeait Saito.
L'homme referme la cache.


Cavalier : Voler un coffre et briser la clé... Pauvres fous...

Quelque chose heurte lourdement le portail d'entrée à plusieurs reprises.
Le Cavalier se précipite sous la pluie battante, fait glisser le grand verrou de bois et laisse entrer le petit groupe d'individus.
Pénétrant dans le hall d'entrée, les nouveaux arrivants se déchaussent à l'instar du Cavalier et s'éparpillent dans la maison.
Une demie heure plus tard, le groupe se retrouve devant le hall et charge les corps ensachés sur une charrette.
La maison, nettoyée, ne laisse plus apparaître les stigmates du drame qui vient de s'y dérouler.
Dehors, l'orage poursuit sa route vers le sud et la forte pluie s'arrête aussi soudainement qu'elle avait commencée.
Le Cavalier regarde un des membres du groupe qui fait passer sur son dos le large chapeau de paille qui protégeait son visage de la pluie.

Cavalier : Rapatriez les corps, nous devons leur prodiguer de dignes funérailles...

Le Cavalier regarde l'homme partir avec la charrette et fait un signe de la main au reste du groupe qui s'éparpille vers les murs d'enceinte.
Semblant répéter une chorégraphie millimétrée, les membres su groupe s'arrêtent devant les hauts murs et se mettent à dessiner d'étranges symboles.
Une fois terminé, ils reviennent vers le Cavalier murmurant.


Cavalier : Puisse cette barrière être hermétique aux mauvaises actions...

Le groupe sort de la propriété alors que le Cavalier tire les lourdes portes, fermant ainsi le mur d'enceinte.




Quelques temps plus tard le Cavalier et le groupe arrivent en vu d'une forteresse posée sur un python rocheux.
La Demeure des Gardiens.

Un homme vient à la rencontre du Cavalier
.

Docteur : Maître Gardien, elle vit... je n'arrive pas à me l'expliquer mais le fait est qu'elle vit !
Maître : C'est une bonne chose, elle va pouvoir nous expliquer ce qui s'est passé et comment Saito tout puissant qu'il était s'est fait défaire.

Le Maître et le Docteur se dirigent vers un petit bâtiment alors que le reste du groupe s'avance vers le fond de la cour et pénètre dans l'édifice réservé à la préparation des morts pour leur Dernier Sommeil.

Ouvrant les yeux, Hitomi, l'esprit embrumé regarde les deux hommes.


Hitomi : Maître Gardien... Je me suis senti mourir... pourquoi...
Maître : Reposez-vous, Hitomi, vous allez recouvrir vos forces...

La jeune femme ferme ses yeux en murmurant le nom de son mari.

Les deux hommes sortent de la pièce et s'engouffrent dans le long corridor.
A l'autre extrémité, une personne se précipite vers eux au pas de course.
Portant l'habit si caractéristique des Elèves Gardiens, le jeune garçon s'arrête à leur niveau en haletant.


Maître : Allons mon garçon, reprend ton souffle...
Masakage : Maître, il faut que vous veniez voir... J'étais en train de nettoyer la lame de Saito et...
                Le mieux c'est que vous voyez par vous-même...

Le jeune garçon entraîne le Maître Gardien et le Docteur vers sa salle de travail et désigne le sabre de Saito, la lame reposant sur un présentoir.
Non loin de celle-ci, la poignée, la garde, la cheville servant à lier le tout ainsi que diverses pièces du sabre attendent sur un morceau de tissu rouge.
Sur la lame, à ses deux extrémités se tiennent deux pinces reliées à un boîtier de bois sur lequel danse une aiguille de cuivre.
L'élève s'approche du boîtier et l'incline en dépliant un petit pied.


Masakage : J'ai voulu mesurer la qualité de la lame de Saito... regardez l'aiguille...
                 Avez-vous déjà vu pareil comportement, Maître ?

Les airs interloqués des deux adultes confirment à l'élève que c'est aussi la première fois qu'ils assistent à un tel évènement.
Les yeux des deux personnes suivent les mouvements de l'aiguille qui, partant du zéro, saute avec une régularité d'horloge.


Maître : Qu'avez-vous fait ? Décrivez-nous toutes les actions sans omettre le moindre petit détail...
Masakage : J'ai chassé les deux Mekugi, fait glisser la Tsuka, ôté le groupe Fuchi, Seppa et Habiki et retiré la [desc]=garde]Tsuba[/desc]...
Maître : Rien d'autre.
Masakage : Non Maître, rien qui ne vint perturber les opérations, j'ai ensuite posé la lame sur le support pour procéder à son entretien en vue de la mettre en Shirasaya
                Quelque chose m'a interpellé...

Le Maître et le Docteur se penchent sur la soie et se regardent.
Se redressant, le Maître Gardien interpelle Masakage.


Maître : C'est une blague ?
Masakage : Nenni...
Docteur : Je ne suis pas un maître en la matière, mais la griffe du Maître Forgeron qui à réalisé cette lame ne devrait pas s'y trouver ?
Masakage : Si fait, avec le nom du propriétaire et les résultats des coupes de test aussi...
Maître : Cette lame n'aurait pas d'existence... mais plus étrange encore...

L'homme saisit une loupe et inspecte la soie.

Maître : ... la soie ne présente pas de traces d'oxydation
Masakage : Attendez, ce n'est pas tout !

Le jeune homme se dirige vers un pupitre de bois sur lequel sont fixés des prises électriques et débranche l'appareil de mesure relié à la lame.

Masakage : Voyez, l'aiguille continue son mouvement... sans que mon instrument soit alimenté.

D'une main alerte, le Maître retire une des pinces de la lame et observe l'aiguille retomber et se figer sur le zéro du cadran.
Replaçant la pince, il lève un sourcil inquisiteur alors que l'aiguille reprend vie.


Masakage : D'habitude, c'est la machine qui envoie un courant dans les pinces, donnant la valeur...
Maître : En effet, il semble que la lame génère des pulsations électriques... Avez-vous réussi à déterminer avec quel métal a été forgée cette lame ?
Masakage : Je crains que cela reste une énigme pour longtemps, car ces informations n'ont pas été reportées sur la soie.
Docteur : PAR TOUS LES KAMI !

Sursautant, Masakage regarde l'homme de médecine alors que celui-ci pointe la machine et l'aiguille du doigt.

Maître : ... Mais encore ?
Docteur : C'est tellement évident que je me demande pourquoi j'ai mis tant de temps à m'en rendre compte...
              Les mouvements de l'aiguille, ce sont des pulsations cardiaques !
              Ou en tout cas, quelque chose de similaire...
Maître : Vous n'auriez pas abusé du saké chaud ?
Docteur : Je ne pense pas... Il y a quelques années, j'ai soigné un pêcheur qui disait avoir pris dans ses filets un des fils de Raijin.
              C'était un poisson plat totalement inconnu qui envoyait des décharges électriques quand on le touchait.
              Il était évident que l'animal produisait sa propre électricité et le comportement de l'aiguille reliée à la lame de Saito est analogue à celle de la machine que j'avais branchée sur le poisson pour l'étudier...
              La question est "pourquoi et qu'est-ce qui peut bien générer de l'électricité dans une lame ?"
Masakage : Résumons, nous avons une lame non marquée, non oxydée émettant des pulsations électriques.
                Quel était le domaine d'activité de Saito ?
Maître : C'était un Maitre Voleur en son temps, il à rejoint les Gardiens peu après la mort de Setsuna...
            Il à quitté l'Ordre des Gardiens après avoir découvert le Livre des Golomes dans une cité souterraine.
Masakage : La Cité des Précurseurs ? j'ai entendu dire que peu de gens en sont revenu vivants car les Kami y vivraient ...
                 Savez-vous ce qu'il y avait dans ce livre ?
Maître : Malheureusement non, Saito en a gardé le secret mais il m'a révélé que son contenu pourrait changer et même détruire le monde tel que nous le connaissons...
Masakage : Cette énigme sera pour nos descendants, tant que nous ne serons pas en mesure de connaître la composition de cette lame, toutes nos pistes se perdront dans les brumes...
Maître : Masakage, montez la lame de Saito en Shirasaya, nettoyez les pièces de son sabre, rangez l'intégralité dans un coffret et portez-le à la forge, il faut sceller cette lame tant que nous ne serons pas en mesure de percer son secret...

L'élève s'incline et regarde les deux hommes quitter la pièce.
Masakage retire les pinces, nettoie la lame énigmatique en suivant la complexe procédure traditionnelle puis fixe la cheville liant la nouvelle poignée de bois à la lame et d'un geste expert la fait disparaître dans son nouveau fourreau.
Cérémoniellement, il dépose le sabre et les autres pièces dans un long coffret de bois noir.

Se rendant à la forge, il ne peut s'empêcher de penser aux paroles du Docteur et sa comparaison avec le poisson électrique...

Le jeune homme se tient sur l'entrée de la forge et s'incline face à l'homme actionnant, par un jeu de poulies, un énorme soufflet.
Sans s'arrêter, l'homme fait signe à Masakage de venir.
La forge ressemble à l'antre d'un dragon, le lent mais puissant souffle régulier de l'imposant soufflet donne l'impression qu'un monstre cracheur de feu y a élu domicile.

Masakage explique au Maître Forgeron la raison de sa visite.


Forgeron :
Quelle triste fin pour Saito, nous perdons un illustre Maître Forgeron...
Masakage : Combien de capes endossait-il ? L'on m'a dit qu'il était un Maître Voleur...
Forgeron : Le larcin était sa passion jusqu'au jour où il a rapporté un livre de la Cité des Précurseurs...  Par la suite, il à commencé à étudier la forge des lames.
               Je pense que le Livre à du lui révéler nombre de secrets car il à réussi en à peine trois ans à me dépasser.
               Je donnerai ma vie pour le lire !
Masakage : Mais... il faut une vie entière pour connaître le secret de la forge de nos lames...
Forgeron : En effet ! Quoi qu'il en soit, je ferai une scellée que personne ne pourra violer !
               Reviens dans trois jours et je te rendrai ton coffret...

Masakage salue le vieil homme et sort de la forge alors que reprend la respiration régulière du soufflet...
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

Quelques semaines plus tard...


La brise légère fait flotter la longue chevelure noire qui passe paresseusement devant le visage de la fille se tenant sur le créneau de la Haute Tour ouest de la forteresse des Gardiens.
Le grand kimono beige qu'elle porte est orné de fleures tissées.
Regardant le soleil se lever, elle écoute le cri plaintif des mouettes passant au dessus d'elle.
A plus de trois cent mètres en contrebas le bruit des vagues, s'écrasant avec force sur la falaise, remonte donnant l'illusion d'un orage lointain...

Derrière elle une voix forte se fait entendre.


Voix : Si jamais tu sautes, j'irai te chercher en bas et j'te mettrai un tel coup d'pied à ton p'tit cul que tu remonteras plus vite que t'auras descendu !

La fille sursaute et se retournant, descend de son perchoir.
Face à elle, un homme âgé portant un Kimono bleu sombre affichant un large sourire.
La jeune fille ne peut cacher sa surprise et rend son sourire à l'homme en se jetant dans se bras.
Accusant le coup, il recule un pied pour ne pas perdre l'équilibre et serre la jeune fille contre lui.


Hitomi : Saï-Dono...
Saï : Cela faisait longtemps, Hitomi... J'ai chevauché comme le vent des tempêtes quand la nouvelle m'est parvenue...
Hitomi : Depuis [aujourd-hui Kyōto]Heian-kyō[/desc] ?
Saï : Depuis la lune s'il le fallait ! Je ne pourrais me regarder en face si je devais mourir sans avoir rendu dernier hommage à Saito-san !
      J'ai les cuisses de ma jeunesse et ne ressent pas la douleur !

L'Homme se colle une tape vigoureuse sur sa cuisse droite avec le plat de sa main devant le regard amusé d'Hitomi.

Saï : Mais plus que tout, mon devoir est d'être auprès de sa ravissante épouse pour lui permettre de traverser cette douloureuse épreuve...
      Je n'ai aussi eu de nouvelles de vos bambins depuis longtemps, comment...

L'homme s'arrête net et s'incline.

Saï : ... Je suis confus... Puisses-tu pardonner ma maladresse...

Hitomi pose une main sur l'épaule de l'homme qui se relève.

Hitomi : Ne t'admoneste pas, tu ne peut être au courant de tout, et si personne ne te l'a dit, comment peut tu savoir...
Saï : Viens, j'ai une idée pour remettre un sourire sur ce visage !

Saisissant la main de la jeune fille, l'homme l'emmène vers la zone résidentielle de la grande forteresse.
Pénétrant dans une grande salle, il désigne une table basse sur laquelle une grille est dessinée.


Saï : Rein de tel que le Go pour oublier ses soucis !
Hitomi : Je veux bien, mais je ne suis pas certaine que tu trouveras le Coup Divin contre moi...
Saï : Peut être mais en ce moment, tel n'est mon but... Cette partie loin des vautours de la capitale me fera le plus grand bien.
Hitomi : Dans ce cas, je vais tenter de te donner du fil à retordre !

Les pierres se posent, les deux joueurs engagent un combat de l'esprit...

Hitomi : Je rentrerai chez nous ce soir, veux tu passer la nuit, Saï ?

Saï saisit une pierre entre deux doigts et la pose sans un bruit sur le plateau.

Saï : Avec grand plaisir ! Je te ferai un thé dont j'ai le secret...
Hitomi : Excellent joueur, et connaisseur des Arts de la Table... Tant de qualités qui n'ont trouvé grâce à aucune fille dans la capitale ?

Saï regarde la jeune fille poser une pierre et laisse échapper un petit sifflement d'admiration pour ce coup osé.
Le vieil homme prend une pierre et la lève au niveau de ses yeux.
La pierre translucide laisse passer la lumière et le vieil homme regarde le reflet de la veuve de Saito.
Observant le reflet de Saï, Hitomi se dit que lorsqu'il décèdera, son fantôme aura sûrement cette apparence et hantera les salles de Go.
Hitomi lève les yeux et pose son regard sur le visage de l'homme.
Saï fait jouer sa pierre entre ses doigts en la regardant avec un air mêlant la mélancolie et l'amour.


Saï :
Tu sais bien que si j'ai autant d'amantes qu'il y à d'étoiles, je n'aurai jamais qu'une seule femme...

Hitomi désigne d'un petit mouvement de tête la petite pierre translucide que tient le vieil homme.

Hitomi : Une femme bien silencieuse, Saï-Dono...
Saï : Les filles de la capitale sont futiles et ne songent qu'à leur apparence... Rien ne saurait égaler à mes yeux les campagnardes qui n'usent pas de ruses sournoises.

Hitomi voyant le petit clin d'œil sourit et pose une nouvelle pierre.

Hitomi : Tu ne serais pas en train de me courtiser, vieil homme ?

L'homme esquisse un sourire alors que derrière eux, dans le fond de la cour résonne le souffle lent de la forge...



---



La nuit dépose doucement son voile noir sur la ville.
Dans les maisons, l'on place les lourds panneaux de bois faisant office de volets.


Saï : J'ai placé le dernier, la nuit est douce.
Hitomi : Je t'ai préparé un futon dans la salle de repos et ai allumé un feu sous le bassin, viens, je vais te montrer la salle d'eau.
Saï : Riche idée que voilà, un bon bain chaud me fera le plus grand bien !

La jeune fille escorte l'homme dans les couloirs et fait glisser un panneau dévoilant une salle de laquelle s'échappe un nuage de vapeur.
Le sol, constitué de larges pierres plates, tranche avec les lattes de bambou qui forment les murs.
En hauteur, des ouvertures laissent échapper l'excédent de vapeur.


Saï : Par tous les Kami ! Cette salle est digne de celles du Palais Impérial !
Hitomi : Je te laisse, si tu as besoin de moi, sonne la cloche...

Saï lève un sourcil et d'un air un peu bête déclare.

Saï : La cloche ?
Hitomi : Tire quelques coups sec sur cette corde.
          Elle me préviendra.

Saï regarde la corde passant par un trou dans le mur et au bout de laquelle est fixé une pierre circulaire percée en son centre.

Saï : Ca en revanche, même au Palais, ils n'en on pas !



---



Cela fait maintenant deux jours que Saï a regagné le Palais Impérial, rattrapé par ses obligations.
Son séjour avait été pour Hitomi un rayon de soleil perçant les lourds nuages noirs qui avaient envahi sa vie.
Elle qui d'habitude était tout sourire s'était peu à peu renfermée et n'affichait plus qu'un masque figé par la tristesse.
Assise dans la grande salle, elle regarde avec mélancolie le portrait de son mari et de ses enfants trônant sur l'autel funéraire.
Les bâtons d'encens brûlant paresseusement en diffusant une douce odeur.
L'odeur de la Mort.

Impassible et sans un mot, Hitomi se lève, décroche un ōdachi qu'elle pose à la droite du coussin sur lequel elle était assise.
La jeune fille se dirige vers le portrait de son mari, s'incline respectueusement et le saisit délicatement.

Dans la rue jouxtant le mur de la maison passe un homme tirant une charrette sous la lueur blafarde de la lune.
Si l'essieu de son attelage n'était pas aussi bruyant, il aurait entendu le clic si caractéristique d'une lame libérée de son fourreau...




---



Quelques siècles ont passé, arpentant le long couloir menant à son bureau, le nouveau Maître Gardien laisse son regard se balader sur les portraits de ses prédécesseurs.
L'homme ouvre la porte, se dirige vers le grand bureau trônant au centre de la pièce, s'assoie sur le fauteuil de cuir et ouvre le courrier du matin.
A sa droite, de petites volutes de fumée s'élèvent d'une tasse de thé déposée en même temps que le courrier.
Une lettre attire son attention, elle est frappée du sceau de cire du Gardien Horlandd et vient d'Allemagne.
Dans un seul geste, le Maître ouvre la lettre, repose le coupe-papier et extrait une feuille de papier à l'écriture stylisée.
L'homme commence sa lecture en portant une tasse de thé à ses lèvres.

La tasse se brise en mille morceaux en touchant le sol alors que la porte du bureau se referme en claquant.
Le pas rapide, le Maître se dirige vers l'ascenseur et enfonce le bouton menant à la Grande Salle des Archives.

La grille de la cage s'ouvre sur une salle immense aux airs de cathédrale dans laquelle s'affairent des personnes rangeant, triant, écrivant et stockant les immenses connaissances faisant la puissance des Gardiens.
Passant rapidement entre les personnes travaillant à garder la mémoire du Monde, le Maître gardien emprunte une série d'escaliers le menant à une petite salle fermée par une lourde porte de métal.
A sa droite, un mécanisme verrouille l'accès.
L'homme tourne les petites molettes, plaçant les symboles dans le bon ordre.
Un déclic se fait entendre alors que les molettes se remettent à zéro.
Quelques secondes plus tard, le bruit de la lourde serrure se déverrouillant informe le Maître que l'accès lui est autorisé.
Pivotant sur elle-même, la porte massive révèle une petite pièce aux parois de métal.
Au plafond, un visage mécanique tourne et vient fixer l'homme de on unique œil bleu.
La machine émet quelques cliquetis et reprend sa surveillance.

L'homme pénètre dans la pièce, saisit un coffret de métal fermé par une serrure complexe sur lequel est gravé "Saito".
Derrière lui, une voix retentit.

Voix : La Salle des Reliques ? Ouverte ? C'est un spectacle peu banal !

Le Maître se retourne et tombe nez à nez avec un homme souriant.

Maître : C'est un fait, Gardien Marcus, mais aujourd'hui est un jour qui justifie son ouverture...
           Venez, il me faut vous confier une mission.

Le duo sort de la salle forte alors que la lourde porte se referme et que la serrure cliquette à nouveau.
Marchant dans les longs couloirs, Marcus désigne le coffret que tient son supérieur.


Marcus : Quelle est cette boite ?
Maître : Elle contient le sabre du Gardien Saito.

Marcus se gratte le menton et hausse un sourcil.

Maître : Un homme de l'Ere Médiévale, il a été retrouvé avec son sabre dans la gorge.
          Sa femme survécut à leurs assassins mais ce qui intrigua les Gardiens en leur temps fut le comportement de leur analyseur de lame.

Le Maître conte l'histoire de Saito telle que le lui ont enseigné les écrits.

Marcus :
Une pulsation cardiaque ?
Maître : En effet, mais ce qui m'a fait ouvrir la Salle des Reliques est une lettre du Gardien Horlandd...

Le Maître tend un parchemin que Marcus lit rapidement.

Marcus : Wilhelm Röntgen ? Les Rayons X ? Vous pensez que cela pourra nous être utile ?
Maître : Peut être pourrons nous étudier et surtout connaître la composition de cette lame.

Les deux hommes dissertent sur la nature des évènements qui menèrent Saito à la mort en arpentant les longs couloirs de la Demeure des Gardiens.
Arrivée devant la porte de son bureau, le Maître la pousse vigoureusement et fait signe à son subalterne d'entrer.
Le Maître se dirige vers une table basse, y dépose le grand coffret et s'assoie dans un fauteuil de cuir en invitant l'autre homme à faire de même.


Maître : Je voudrais que vous vous rendiez à Würzburg rejoindre le Gardien Horlandd et y rencontriez le Professeur Röntgen, un sujet aussi énigmatique que cette lame devrait l'intéresser...

L'homme se lève et se dirige vers un coffre dissimulé derrière une statue.
Il l'ouvre et en sort un petit cylindre de cuivre, referme le tout et se dirige vers Marcus en lui tendant l'objet.


Maître : Voici la combinaison du coffret, mémorisez la...

Marcus tourne la base du cylindre qui émet une série de cliquetis tandis que le haut de la petite boite s'ouvre à la manière d'un diaphragme photographique.
L'homme saisis un parchemin sur lequel est dessiné une longue série de symboles.
Connaissant le code de déchiffrage, il trie les symboles utiles de ceux posés là pour fourvoyer les personnes n'ayant pas été initiées à l'art de la lecture des Gardiens.


Marcus : Six symboles seulement pour dix huit roues ? Dois-je user du Savoir Du Miroir ?
Maître : Il ne sera pas utile, car sur ce parchemin réside un tiers de la combinaison.
           Le tiers suivant vole vers l'Allemagne, et le dernier tiers vous sera révélé par les deux premiers.
Marcus : Ingénieux... même sous la torture il me serait impossible de donner la combinaison...
Maître : Vous prendrez la voie des airs, ce sera bien plus rapide qu'un trajet terrestre, nous sommes chanceux que le conflit avec l'Empire Chinois se soit terminé car un détour plus long en cette période aurait été dangereux et  nous ne pouvons pas nous permettre de perdre cette lame.
Marcus : Si fait, cependant, le reste du monde est embrasé de moult querelles et arriver à Würzburg sans encombres ne sera chose aisé...


Deux heures plus tard, le Maître Gardien regarde l'avion devenir un petit point noir et disparaître dans le ciel sans se douter qu'il sera la dernière personne à avoir pu admirer son fuselage et sa peinture bleu azur...




---




1916, France, quelque part dans la région de la Somme...


Dans une tranchée, un soldat s'étire et boit quelques gouttes d'une eau à l'odeur rance que contient sa gourde.
Son regard glisse vers un tunnel dans lequel se presse des hommes.
Au fond de celui-ci, dans la zone de repos, un homme est assis sur une caisse de munitions devant une table faite d'une vieille porte et d'une paire de tréteaux rouillés.
Sur celle-ci, un drap crasseux sur lequel est soigneusement rangé des pièces métalliques.
Le jeune homme parcourt du regard les pièces, saisit la fut de bois de son fusil, puis d'un geste alerte et précis, entreprend de remonter l'arme.
En quelques minutes, toutes les pièces ont retrouvés leurs places et en bon soldat, admire l'arme en se réjouissant du nombre de vies ennemies qu'elle lui permettra de prendre.
Il pose son pouce sur l'arrière du canon et met la sécurité sur le cran du milieu, libérant ainsi la culasse de l'arme.
L'homme retourne le fusil et fixe son regard sur la bouche du canon.
La lueur d'une lanterne baigne le fond de la chambre et, fermant un œil, il examine le tube.
Aucun défaut ne venant troubler son regard, il tourne a nouveau l'arme, plonge sa main dans une petite poche de cuir attachée à sa ceinture et en sort une lame sur laquelle sont fixées cinq munitions.
Il fait glisser les munitions dans le chargeur du fusil, pousse la culasse en avant et la verrouille.
Satisfait, l'homme fait basculer la sécurité vers la gauche.
Derrière lui, une voix retentit.


Voix : Caporal ! Venez, une missive à porter au QG !

L'homme range sa sacoche à outils dans une des nombreuses poches pendant à sa ceinture, se relève et se retournant, salue son interlocuteur.

Caporal : Bien Sergent !
Sergent : J'ai bien l'impression que nous allons donner l'assaut sur les tranchées de ces maudis Français dans deux jours...
Caporal : Les rumeurs disent que les Britanniques construisent une arme secrète pour traverser les tranchées...

Le sergent eut un petit sourire amusé.

Sergent : Ils fabriquent des "tank"...
Caporal : Des "réservoirs" ? C'est ça leur arme ? Des réservoirs ?
Sergent : J'en ai bien peur, il semblerait que ce ne soit que des réservoirs d'eau automoteurs, mais peut être fabriquent-ils réellement une arme secrète...

Les deux hommes arrivent au bout de la tranchée, loin de la ligne de front.
Dans une cavité creusée à même la paroi, une motocyclette attend paisiblement.
Le caporal fait passer son fusil en bandoulière et enfourche sa monture mécanique.


Caporal : Je reviendrai promptement avec les ordres du commandement !

Le sergent regarde le petit engin s'éloigner vers l'arrière du champ de bataille puis retourne vers la sécurité de la tranchée bétonnée.
A peine a t'il fait deux mètres qu'une violente explosion secoue le sol.
Une sirène retentit.
Le lugubre bruit languissant indique aux combattants une frappe d'artillerie ennemie et les presse à se mettre à l'abri.
Pendant ce temps, sur la route défoncée, évitant les nids de poules, le caporal file aussi vite que son engin lui permet vers le QG de campagne.
Un sifflement sinistre.
Une explosion.
Une embardée.


Gardant une main sur le guidon et se protégeant avec l'autre, l'homme évite de justesse le trou béant creusé par l'obus qui vient d'exploser sur la route.
Partant sur la droite, pénétrant dans un morceau de forêt encore debout, il freine pour éviter de s'écraser contre un tronc.
Une autre explosion manque de le désarçonner alors que le sol s'ouvre sous ses roues.
Le caporal et son destrier mécanique tombent dans le trou et celui-ci, fermant les yeux par réflexe, met ses mains devant son visage, prêt à l'impact avec la terre.
Rien ne se passe et le soldat ouvre les yeux, stupéfait de ne pas avoir touché le sol.
La surprise l'empêche de crier.
Dans sa tête la chute se passe au ralenti et il voit clairement le grand lac souterrain et son eau gelée l'attendre une centaine de mètres plus bas.
La motocyclette plonge dans l'eau en créant une gigantesque gerbe alors que son moteur brûlant explose sous le coup du choc thermique.
L'homme suit le même chemin et au moment de l'impact se dit que sa cage thoracique a certainement dû subir le même sort que le cœur mécanique de sa monture.
Le choc est violent et l'homme sent son bardas se faire arracher de son dos.
Remontant à la surface, il regarde vers le haut la petite ouverture par laquelle il est tombé.
En travers de celle-ci, un arbre déraciné joue les bouchons.
Se disant que ce chemin est condamné, il se rend compte avec horreur que le courant se fait de plus en plus fort.
L'homme n'a pas le temps de se retourner que son cœur semblant s'être concerté avec le foie et l'estomac pour vouloir se faire la belle par la gorge.
Il ouvre la bouche de stupeur mais rien n'en sort.
A nouveau il chute et heurte violemment l'eau avec son dos.
Le coup lui arrache l'air de ses poumons tandis qu'il s'enfonce dans l'eau.
L'homme se débat pour remonter à la surface.
A peine a-t-il pu inspirer de l'air qu'à nouveau la gravité semble se jouer de lui.

La chute semble interminable et le choc qui s'en suit bien plus violent que les précédents.
S'abandonnant aux ténèbres, sa dernière pensée est pour Klara, sa mère.




---



L'homme ouvre les yeux péniblement.
Son dos le lance et sa jambe droite le fait souffrir.
Au bout de quelques instants, il se rend compte que le bas se son corps baigne dans de l'eau.
Rapidement il se remémore les évènements.
Les explosions, les chutes.

L'homme n'a aucune idée de l'endroit où il se trouve ni du temps qu'il est resté inconscient.
Il recule se mettant hors de l'eau et s'assoie en grimaçant puis fouille dans une de ses sacoches accrochées à sa ceinture.
Il en sort un briquet qu'il allume d'une main tremblante.

La faible lueur de la petite flamme vacillante chasse l'obscurité mais suffit pour éteindre définitivement l'espoir d'être secouru.
Autour de lui, les hauts murs de la caverne dans laquelle il se trouve disparaissent dans la pénombre.
Non loin de lui, son fusil semble l'attendre.
L'homme se redresse et chancelant, se dirige vers son arme.
Il la saisit et prend appui dessus.
Mesurant un mètre vingt, c'est pour le moment la meilleure canne qu'il pouvait trouver.

A la lisière de la lueur que lui offre son briquet, il semble discerner une ouverture en forme d'arche.
Se rapprochant de celle-ci, il butte et manque de tomber.
D'un mouvement de pied il écarte l'obstacle en se rendant compte qu'il s'agit d'un des bidons d'essence de sa motocyclette.
L'arche, haut de plus de trois fois sa taille, semble lui dire qu'ici il n'est qu'une fourmi dans un monde où tout le dépasse.
De part et d'autre de l'ouverture, deux grandes sculptures représentent des hommes portant un long manteau, une large capuche recouvrant leurs visages impassibles et tenant fermement chacun une énorme clé de leurs deux mains.
Un petit frisson inexplicable parcourt l'échine du caporal alors qu'il passe sous l'arche.
A sa droite, se dresse une petite cabane de bois dont la porte est entrouverte.
Sur le mur, une torche repose dans un support de fer forgé et finement ciselé.
Le caporal saisit la torche et fait un bond en arrière.
Sous ses yeux, le cabanon s'écroule comme si quelqu'un venait de retirer tous les clous le maintenant debout.
Il pose son fusil contre la paroi de l'arche de pierre, et passe sa main sur le haut de la torche.
Le matériau combustible est si sec qu'il s'effrite entre ses doigts en tombant en fine poussière.

Soudain, une idée germe dans son cerveau.
Il saisit sa canne-fusil et se dirige en boitant vers le bidon qui avait manqué de le faire trébucher.
Sortant de sa poche un mouchoir, il le pose dans la cavité de la torche et verse de l'essence dessus.
Après avoir refermé le bidon, il approche la flamme de son briquet et éteint celui-ci avant de le remettre dans sa poche.
La torche s'embrase et illumine les lieux, confirmant ses premières impressions : Personne ne viendra à son secours.

Bien plus lumineuse que son petit briquet, la torche lui révèle la démesure de ce lieu.
Le plafond culmine à plus d'une centaine de mètres et la chute d'eau par laquelle il est arrivé semble être la seule sortie.
Dans son dos, il jurerai entendre des gens marmonner.
L'homme se retourne et observe l'arche et ses deux statues en se disant que le briquet lui avait donné un aperçu erroné de l'ensemble.
Le tout est bien plus grand et les statues elles seules font déjà trois fois sa taille.


Caporal : Environ cinq mètres, ces statues... L'arche doit faire ses sept mètres !
            Mais avant tout, il me faut sortir d'ici et me rendre au QG.

Faisant un tour sur lui-même, il observe son environnement.
Un éclat métallique attire son attention.
Marchant vers cette chose, il se rend compte que c'est le guidon de sa motocyclette échouée qui émerge de l'eau.
Le caporal arrive à sa hauteur, tire dessus et traîne la machine sur la berge.
Etant totalement hors d'usage, il récupère ce qui lui semble intéressant et les range dans les deux sacoches accrochées sur la roue arrière puis détache celles-ci et, les fixent avec une sangle de cuir qu'il fait passer autour de son cou.
A ses pieds la rivière poursuit sa route vers l'inconnu et l'homme se dit qu'elle doit bien émerger quelque part.
Cependant, se risquer à emprunter cette voie c'est risquer de passer par un endroit immergé et de s'y noyer.

Laissant sa machine, il repart en direction de l'arche et passant dessous s'engouffre dans un long et immense couloir vers l'inconnu.
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss


Marchant dans ce long corridor, il observe les gravures en se demandant quelle sorte de folie pouvait pousser ainsi les hommes à graver murs si longs et si hauts.
Bien qu'il ne saisisse pas la langue utilisée, il comprend une partie des dessins de cette immense fresque.
Ceux-ci lui narrent qu'en des temps reculés, des hommes ont conservé ici une partie des savoirs du monde.



Au loin, devant lui, une porte se dessine.
Avec stupeur, il se rend compte que celle-ci n'est pas toute proche car les dimensions de cet endroit faussent toutes ses marques de repères.

Au bout de cinq minutes de marche il arrive face à cette énorme porte de métal.
Elle aussi est recouverte de glyphes et gravures.
Il pose son fusil contre celle-ci et pousse de toutes ses forces sans même la faire bouger.


Caporal : Tout ce chemin pour un cul de sac ! C'est trop bête !

L'homme sort d'une de ses petites poches de cuir une montre a gousset et dépose la torche contre la porte.
Ouvrant la montre, il constate que le séjour dans l'eau ne semble pas l'avoir cassée et de quelques mouvements rapides,  remonte le ressort.


Caporal :
14h32... Mangeons, j'y verrai plus clair.

L'homme se met en tailleur et défaisant les sacoches de sa motocyclette, ouvre une et en sort une étoffe renfermant de la viande séchée et une gourde d'eau à moitié remplie.
Il saisit une tranche, referme le morceau de tissu et mord à pleine dent.
Alors qu'il mâche, son regard se pose sur la torche et la fumée s'élevant paresseusement vers le plafond en noircissant la porte.
Un détail capte son attention.
Une partie de la fumée semble aspirée par la porte.
Se levant, il examine l'endroit et y découvre un petit trou.
Sa curiosité lui murmure de regarder par cet orifice mais sa méfiance lui hurle au piège.
Il recule de quelques pas, la torche à la main pour avoir une vue plus dégagée.

Au bout d'un quat d'heure il remarque que sur une petite zone, les glyphes sont en cercles.
Il s'approche et constate que  trois autres cercles sont présents.
Sur l'un des cercles, un pictogramme représente une sorte de poisson à la verticale.





Caporal : Toi, je t'ai déjà vu quelque part !

Au dessus de chaque cercle de glyphes, une petite bille noire est incrustée dans la paroi de l'imposante porte.
L'homme pose sa main sur le cercle et faisant tourner celui-ci, vient placer le poisson devant la bille.
Sa torche montrant des signes de faiblesse, il se dirige vers ses sacoches, déchire un autre morceau de sa chemise, saisit le bidon d'essence puis l'imbibe avant de le jeter dans les flammes en se dirigeant de nouveau vers la porte.

L'homme ouvre son manteau et plonge sa main dans une poche intérieur de laquelle il sort une toile de peintre pliée et un caryon de bois.
Sur le recto de la toile, un dessin représentant le quotidien dans les tranchées.
Le verso est vierge et appliquant la toile sur le premier cercle, il passe le crayon rapidement.
Au bout de quelques minutes, il obtient une copie des quatre cercles et de leurs glyphes.


Caporal : Allons à la pêche aux glyphes...



Deux heures, une tranche de viande fumée et plusieurs allers-retours dans le couloir plus tard...


L'homme fait tourner le quatrième cercle de pictogrammes.
La petite bille noire se met à luire comme ses semblables alors que le caporal recule d'un pas en observant ces quatre points lumineux.


Caporal : Et maintenant ?

Comme en réponse à sa question, la porte émet une série de cliquetis tandis que les cercles de pictogrammes se remettent en position initiale.

Caporal : Zut ! pourquoi ça n...

Les lourdes portes émettent un hurlement sinistre en tournant doucement sur leurs gonds alors qu'une odeur âpre jaillit de l'ouverture.
L'Homme se retourne, saisit son barda, et le plaçant sur son dos, passe sous la grande porte.
Devant lui, un spectacle irréel.
De hautes et larges colonnes de pierres culminent à plus d'une centaine de mètre de hauteur, ceinturées de balcons circulaires en bois, reliées par de grands escaliers.


Caporal : Ca fait haut...

L'homme regarde autour de lui et constate que ces colonnes sont de gigantesques bibliothèques renfermant des milliers de livres.
Derrière lui, l'imposante porte émet un nouveau hurlement de métal.
Alors qu'il regarde la sortie se refermer sur lui, il prend conscience que les murs de part et d'autre sont aussi d'immenses bibliothèques.
Il se dirige vers le rayonnage de droite et saisis un livre au hasard.
L'ouvrage, d'une épaisseur de dix centimètres, est ceint d'une couverture de cuir gravé et fermé par un loqueteau de bronze.
L'homme fait jouer la serrure, déverrouille le livre puis fait défiler les pages avec soin.
Celles-ci sont couvertes du même genre de glyphes analogues à ceux présent sur les parois.
D'un geste vif, il referme l'ouvrage, le faisant claquer, et replace le verrou métallique avant de remettre le livre à sa place.

Levant la tête, il se dit que puis qu'il est tombé, la meilleure solution pour rejoindre la surface est de gravir les immenses colonnes de pierre.

L'homme avance vers un imposant escalier menant à l'un des balcons d'une des colonnes.
Posant son pied sur la première marche, il force un peu, faisant craquer le bois, pour tester la solidité de l'ouvrage.
La marche grince mais semble solide.
Il se place sur le côté droit de celle-ci.


Caporal : Si je marche sur le côté, mon poids ne devrait pas tout faire s'écrouler...

Gravissant prudemment les marches, il lève les yeux et prend conscience de la majesté de l'endroit.
Arrivé au premier balcon, il s'accoude à la balustrade, poussant par mégarde un livre de son coude.
Le vieil ouvrage tombe et l'homme jette sa main pour tenter de le récupérer.
Le livre chute sous le regard stupéfait du caporal.
Ecarquillant les yeux, il essaye de discerner le sol en dessous de lui.
Ne pouvant voir le plancher des vaches, il tend l'oreille en se disant qu'il entendra bien le bruit du livre heurtant le sol.
Une minute passe sans le moindre son.
L'homme fouille le plancher de bois que constitue le balcon et trouve ce qu'il cherche.
Sur le sol, une pile de vieux livres dont il saisit le premier et le pose sur le rebord de la balustrade.
Sans sourciller, il saisit son briquet, l'allume et l'approche des pages du livre qui s'enflamment rapidement.
D'un mouvement de la main, il pousse le livre dans le vide.
La flamme disparaît dans les ténèbres et l'homme se jette en arrière.
Heurtant le rayonnage circulaire avec son dos, il tente de calmer son cœur qui semble vouloir sortir de sa poitrine.
D'un pas tremblant, il se rapproche du bord de la balustrade et regarde a nouveau vers le bas.


Caporal : N'y a-t-il pas de fond ?

L'homme réprime un tremblement et s'essuie le front en regardant vers le haut.
Tentant de ne plus penser au vide abyssal qui s'étend sous ses pieds, il contourne l'énorme colonne et se dirige vers un autre escalier.
A sa grande stupeur, la balustrade est bien ouverte à l'endroit où devrait se tenir l'escalier, mais aucune trace de celui-ci.
Une petite grille en fer forgé de la même hauteur que la balustrade se tient debout pour empêcher les gens te tomber.
Regardant plus attentivement, il se dit que l'escalier ne peut pas avoir été détruit car il resterait une trace de celui-ci.
Etrangement, aucun indice sur la disparition de l'ouvrage, comme si ce dernier s'était tout bonnement volatilisé.


Devant lui, sur la colonne la plus proche, un escalier part d'un des balcons mais se termine dans le vide.
La aussi, c'est pour l'homme une énigme car l'ouvrage s'arrête net sans présenter aucune trace d'une quelconque brisure, comme si le charpentier avait commencé son œuvre, était allé manger et n'était plus jamais revenu.


Caporal :
Ca n'a pas de sens... pourquoi construire un escalier qui se termine dans le vide...
            Pourquoi construire un escalier qui donne vers...
            QUEL IDIOT !

L'homme baisse ta torche vers le volant sur lequel il était appuyé depuis le début.
La roue comporte une tige perpendiculaire permettant à une personne de la tourner  d'une main.
Il saisit la tige et d'un mouvement fort, tente de manoeuvrer le volant vers la gauche.
Rien ne se passe et l'homme force vers la droite.

Un bruit sourd inonde la grande salle à tel point qu'il se demande si tout l'édifice n'est pas en train de s'écrouler.
A sa grande stupeur, il regarde l'escalier vibrer puis se mettre en mouvement.
Il continue la rotation du volant en observant l'imposante structure pivoter sur elle-même et venir se positionner devant l'ouverture dans la balustrade à son niveau.
L'escalier se verrouille dans un grand fracas alors que le petit garde-fou de métal s'escamote.
L'homme émet un sifflement d'admiration.

Caporal : Impressionnant !

Arrivant sur le balcon desservi par l'escalier qu'il vient d'emprunter, l'homme se rend compte qu'il est arrivé au niveau cinq.
Sur les étagères, il observe les glyphes et en oublie sa torche.
Celle-ci S'éteint dans un petit crépitement, plongeant de nouveau les lieux dans l'obscurité.
Plongeant sa main dans sa poche à la recherche de son briquet, l'homme penche un peu sa torche, versant quelques cendres brûlantes sur son bras.
Se maudissant d'avoir relevé ses manches, il laisse échapper un petit cri de stupeur puis une insulte alors qu'il sent la torche lui échapper et tomber en contrebas.
Ayant suivi le même chemin que le livre qu'il avait enflammé, il sait qu'il lui sera impossible de la récupérer et pousse un nouveau juron en allumant son briquet.
La flamme de ce dernier vacille puis disparaît, laissant les ténèbres reprendre possession des lieux.
Posant un genou à terre, il défait son sac à dos et empoigne le petit bidon contenant l'essence de sa motocyclette.
Dans l'obscurité, une pâle lueur attire son regard.
Venant d'une autre colonne-bibliothèque, une sorte de fenêtre semble luire.
L'homme verse un peu d'essence dans le réservoir de son briquet, referme le bidon et actionne la roue qui produit une série d'étincelles.
L'essence s'enflamme.

Levant les yeux à nouveau, il mémorise la fenêtre qui luisait en replaçant le bidon dans son sac.
L'homme se redresse et se dirige vers un nouvel escalier...

Une heure et une dizaine d'escaliers manœuvrés plus tard, il pose le pied sur le balcon se trouvant au niveau de la fenêtre luisante.
D'un pas rapide, il fait le tour de la colonne et trouve une ouverture dans celle-ci.
La pièce sembla avoir été creusée dans la colonne par une machine tant le cercle qu'elle forme semble parfait.
En son centre, une grande table de bois sur laquelle traîne, sous une couche de poussière, de nombreux parchemins.
Il fouille du regard la pièce mais ne trouve aucune source lumineuse.
Pourtant certain de ne pas s'être trompé, il recommence son investigation en évitant les nombreux champignons qui ont poussé anarchiquement sur les planches du sol.
Soudain, une idée lui vient.
Il éteint son briquet.

Quelques secondes plus tard la pièce est baignée d'une lueur bleue pâle émise par les champignons.
L'homme fait de nouveau jouer la roue de son briquet, allumant la flamme.
Ebahit, il regarde les champignons baisser en intensité et s'éteindre.
Il en saisit un, coupe son pied avec sa baïonnette et éteint une fois de plus son briquet.
Dans sa main, le champignon se remet à luire, étrangement bien plus fortement que ses semblables encore enracinés au sol.
Le soldat saisit une lanterne accrochée au mur, ouvre la trappe et coupant quelques champignons, les place à l'intérieur avant de refermer la vitre.
Laissant son regard s'habituer à cette nouvelle lumière, il observe la salle circulaire et ses murs recouverts de livres.
Le silence absolu lui donne l'impression d'être dans un autre monde.
Sur les rayonnages, à côté des glyphes, des mots sont gravés.
L'homme s'approche d'une étagère et inspecte l'un de ces mots.
La différence entre la beauté et la précision de la gravure des glyphes et le griffonnage qui le suit est frappante.
Des gens sont passés par ici après l'abandon de cet endroit par ses premiers occupants.

Sortant de la pièce, il s'engage sur le balcon circulaire et trouve un autre escalier le menant vers le niveau 42 de la colonne voisine.
Le soldat laisse a nouveau son regard glisser sur les milliers de livres...


Caporal : Peut être y trouverai-je dans ces livres la réponse à la Grande Question sur la vie, l'univers et le reste...

Faisant le tour du balcon, il passe devant un vitrail poussiéreux et ressent un frisson le parcourir.
Revenant sur ses pas, il se demande la raison de cette soudaine baisse de température de son corps.
Observant l'ouvrage, il note des gonds sur le côté droit du vitrail.
Cependant, nulle poignée, nulle serrure.
Utilisant le talon de on couteau, il frappe doucement le verre qui émet un son lourd.

Le matériau des morceaux de vitre constituant l'ouvrage lui étant inconnu, l'homme déduit, part le bruit de son couteau, l'épaisseur à deux ou trois centimètres.


Caporal : Je ne casserai jamais ce verre...

Portant la lanterne sur le côté opposé aux gonds, il examine le métal constituant le cadre et la pierre sans trouver la moindre trace d'un quelconque mécanisme.
Le métal semble avoir frotté mais l'homme ne tient pas compte des légères traces et se concentre sur les pierres qu'il soupçonne de dissimuler un mécanisme d'ouverture.

Un quart d'heure plus tard, n'ayant pas trouvé de mécanisme permettant l'ouverture, il décide de porter son attention sur les gonds en se disant qu'il lui serait peut être possible de dégonder la porte.
Faisant jouer sa lame, il tente de l'insérer entre les deux parties constituant un des gonds.
Celle-ci ne parvenant pas à se glisser ripe sur le métal et vient heurter le mur.
L'homme pousse un gémissement en manquant de se tordre le poignet alors que sa lame vient se coincer entre le gond et le mur.
Poussant un petit juron il tire sur le manche de son couteau.

Deux minutes plus tard, il pénètre dans la pièce et se retournant admire l'ingéniosité du précédé.
Les gonds n'étaient destinés qu'à fourvoyer les gens ne connaissant pas le secret de la porte.
Mue par un système de poulies et de contrepoids, celle-ci coulisse sur un rail de métal et ne tourne pas comme le semblait indiquer la présence des gonds.
Une corde, usée par le temps est cassée et repose sur un poids qui gît au sol.
L'homme bénit la providence car sans ce défaut mécanique il n'aurait jamais pu faire glisser la porte.

La salle n'est pas recouverte de livres mais donne sur un couloir de pierres s'enfonçant dans le noir.
Prudemment, tenant ferment son fusil comme une canne de sa main droite et sa lanterne de l'autre, l'homme s'engage dans ce petit tunnel donnant sur une gigantesque salle.
Les murs d'un noir mat totalement dépouillé confèrent un aspect "coffre fort".
Sur la droite, un pupitre de bois sur lequel est avachi une personne.
A ses pieds, une quantité astronomique de feuilles.
Au centre de la pièce, un autel éventré sur lequel est tombé un bloc de pierre du plafond.

Le caporal s'approche du pupitre et de l'inconnu.
L'homme semble dormir et le soldat touche son épaule du bout de son canon.
Tombant de sa chaise, il percute le sol dans un bruit mat, faisant voler la tonne de poussière le recouvrant.
Sur le pupitre, un parchemin que saisit le soldat.







Le soldat repose le parchemin en regardant les innombrables documents jonchant le sol.
Sur le pupitre, un imposant livre noir semble le toiser.
L'homme le saisit et passe le revers de sa manche sur la couverture pour essuyer la poussière.
Sur celle-ci, repoussé dans le cuir, une gravure représentant une croix aux bords arrondis, un glaive et feuilles.

L'ouvrage, constitué de parchemin relié par un épais fil est lourd et imposant.
Le jeune homme le repose sur le pupitre et l'ouvre.
La première page est dessiné un croquis a l'encre du motif de la couverture surplombant une longue série de glyphes.







Saisissant une épaisseur de feuilles, il les laisse défiler entre ses doigts.
L'homme s'arrête net et ouvre le grand livre.
Les pages qu'il à devant les yeux ne sont plus remplies de glyphes mais de mots qui lui semblent familiers.
Au bout de quelques minutes, il se rend compte qu'il à sous le nez un exemplaire de texte en Vieil Allemand.
Bien que l'évolution de la langue fût significative, l'homme sait que certaines bases sont communes.
Tournant les pages, il remonte vers le début de l'ouvrage et constate que si les dix premières pages sont couvertes de glyphes, le reste en Vieil Allemand est moins problématique à ses yeux que ces glyphes incompréhensibles.



Quelques heures plus tard, l'homme arrive à lire, non sans soucis, le récit couché sur ces pages.
A plusieurs reprises il doit faire une pause tant le déchiffrage de ce texte en Ancien Parlé lui vrille le cerveau.
Souriant au début, pensant à une légende ou un conte, l'homme prend conscience que les écrits mentionnent des évènements bien trop récent pour n'être que de simples coïncidences.
Au fil de sa lecture, il tombe à nouveau sur cette croix aux bords arrondis et des allusions à un pouvoir si destructeur qu'il fut interdit et oublié au fond des ténèbres.
Lisant le livre, l'homme remonte le temps à une époque où les savants qui avaient le malheur de faire la découverte de ce pouvoir étaient assassinés par leurs propres valets à la solde de l'Eglise.
Il vit avec horreur une société régentée par les dogmes d'une Eglise toute puissante maintenant le peuple dans une époque médiévale et tuant dans l'œuf toute tentative d'évolution.
L'homme repose le livre noir et se passe les mains sur le visage.
Dans sa tête tournent les écritures et ce mot revenant sans cesse "Millenie"
Un mot inconnu, probablement un vestige d'Ancien Parlé et oublié grâce à la volonté du Clergé.

Le jeune homme s'étire, se dirige vers son barda posé non loin de l'entrée et défait le sac à dos.
Il en sort des provisions et fait le compte.
Après un repas frugal il retourne vers le pupitre, prend les parchemins posés sur la chaise de bois et les place sur le plateau.
Il fait glisser le lourd livre noir et se replonge dans sa lecture, se familiarisent un peu plus avec l'écriture.
Les lignes content l'histoire du cadavre gisant non loin de lui.
Le cavalier avait chuté dans une crevasse avec ses deux chevaux pour finir par se perdre dans la Grande Bibliothèque souterraine.




Quote from: Livre NoirPar où commencer...
J'ai trouvé un gros livre noir dont seul quelques pages ont été utilisées, je vais consigner ici mon séjour, cela me permettra de ne pas tourner la carte.
Cela fait une semaine que je tourne en rond comme un rat dans cette bibliothèque géante.
Mes deux chevaux n'ont pas survécu aux chutes mais leur décès n'aura pas été inutile, ils me fournissent pitance pour un moment.
La douleur dans l'âme, j'ai du me résigner à les ouvrir et faire fumer leur viande.
Je pense pouvoir tenir un mois au moins, ce qui devrait me permettre de quitter ce lieu... si je trouve un chemin.

Commençons par le début !
Cette bibliothèque appartient à des gens qui semblent êtres appelés "Gardiens".
Il s'agit peut être d'une méprise de ma part mais je vais aussi les appeler ainsi.
En une petite semaine, je n'ai pas vraiment fouillé profond tant il y à de livres, mais il sembles que ces Gardiens consignent l'Histoire du monde.
Au cours de mes investigations, j'ai découvert un étrange mécanisme dont je ne compris pas l'utilité au début.
Maintenant je sais à quoi il sert car c'est grâce à lui que j'ai pu découvrir cette salle secrète.
L'autel en son centre était défoncé et j'y ai trouvé un livre rouge sang en parfait état.
Je ne sais pas si je commence à devenir fou, mais il me semble entendre des murmures d'enfants venant... du livre.
Quoiqu'il en soit, je vais tenter de le décoder.
Ce défi est digne de moi et si le Destin m'a mis cette énigme sous les yeux, il serait inconvenant de la refuser.




L'homme lève les yeux et tourne la tête vers l'autel.
Se redressanr, il se dirige vers celui-ci et inspecte le trou béant donnant sur la petite cache dans laquelle se trouvait le Livre Rouge.
Cependant, elle est vide.
Un doute parcourt le jeune soldat qui se demande si quelqu'un ne serait pas passé entre temps et aurait dérobé l'ouvrage.
Retournant à sa chaise, il baisse le regard sur le tas informe de parchemins sur le sol.
Il se baisse et entreprend de les ramasser.
Un quart d'heure plus tard, il bute dans un objet dur sous un tas de feuilles.
Saisissant celles-ci et les ordonnant, il extrait le Livre Rouge mentionné dans le récit du cadavre.

La couverture de cuir est finement ciselée et une grande roue dentée trône en son centre.






Deux petits verrous empêche l'ouverture et, examinant les loqueteaux il constate qu'ils ne sont là que pour  maintenir le livre fermé sans qu'il ne puisse s'ouvrir tout seul.
L'homme fait jouer les loquets et, ouvrant la couverture, passe la main sur la première page.

La texture est rêche et le papier plus fin que celui du livre noir.
Une vision fugace lui traverse l'esprit.
Dans cette vision, il se tient dans une sorte de tribune alors qu'à ses pieds défilent des soldats.

L'homme secoue la tête et tourne quelques pages.
L'intérieur de l'ouvrage est repli de glyphes et de croquis qui pour lui n'ont aucun sens.
Il referme le livre, le pose sur le pupitre et termine de ranger les parchemins éparpillés sur le sol.


Une bonne demie heure plus tard, le coin du pupitre est rangé, les feuilles de parchemins empilées au sol.
Sur le plan de bois trônent côte à côte les deux ouvrages.
L'homme s'assied sur la chaise, avance le livre noir et reprend sa lecture.



Ces colonnes sont si hautes que je me demande qui ou quelle armée de tailleurs en est à l'origine.
Pourquoi entasser tant de connaissances si ce n'est pas pour les partager ?
Que renferment ces manuscrits et que signifient ces glyphes.
Cela fait plus d'une semaine que je suis tombé ici mais pire que la solitude, j'ai l'impression de perdre mon temps.
Ma clepsydre semble ne plus s'écouler normalement et si elle venait à me lâcher, je perdrai réellement toute notion de temps...



Le caporal tourne rapidement les pages, lisant en diagonale le récit de l'homme.
Sur une page, est mentionné le nom de la personne gisant sur les dalles noires de la salle.


Caporal : Bonjour Roland de Gilaed, heureux de te rencontrer...


Quote from: Livre NoirEnviron deux semaines passées dans ce monde souterrain, je commence à comprendre les glyphes même si je ne fais qu'effleurer la surface.
Je vais tenter cette semaine d'appliquer de nouveaux théorèmes mathématiques pour déchiffrer ces symboles.
Etant donné la masse d'information consignée dans cette caverne, le système d'écriture doit être sophistiqué et suive une logique mathématique.


Le soldat lève les yeux de son livre, tourne la tête et observe la cadavre qu'il à allongé contre le mur en position de sommeil.

Caporal : qui es tu pour pouvoir t'attaquer à ce genre d'écriture sans aucune base ?
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

L'homme lit et découvre ce personnage ainsi que ses facultés mathématiques impressionnantes.
Cornant le coin d'une page, il crée un repère et passe à la suivante.
Roland, devait être un savant ou un érudit de son époque car les méthodes qu'il avait employé pour déchiffrer les glyphes laissent le soldat pantois.
Sans le savoir, le caporal engrangeait une masse d'informations qui allaient changer sa vie.



Quote from: Livre NoirCe qui devait arriver, arriva... ma clepsydre s'écoule de manière aléatoire et j'ai bien l'impression que de petites particules bougent dans le liquide.

J'ai décidé d'arrêter de l'utiliser et de me mettre en quête d'un quelconque moyen de calculer le temps
Cette recherche fut fructueuse et ai découvert ce qui ressemble à une horloge monumentale.
Cependant, je n'ai pas la moindre idée de la lanière de lire les informations qu'elle donne.
Il y a bien trop de flèches sur cette machinerie.
J'ai bien tenté de gravir les colonnes, mais les escaliers mobiles semblent ne pas vouloir que je sorte d'ici.
Je suis donc revenu dans la salle de l'autel et me suis replongé dans le décodage du Livre Rouge.
Ma compréhension des glyphes augmente jour après jour mais je n'ai aucun moyen de vérifier mes théories.
Cependant, en partant du principe que je ne me suis pas trompé, il semble que le livre parle de choses appelées "Homonules" et "Golomes"
Je n'arrive pas bien à comprendre le concept de ces choses mais il est question d'êtres vivants, d'Humains et d'un principe qui équilibre les choses.




Le caporal sent son ventre se réveiller.
Se redressant de sa chaise, il s'étire et sors sa montre.
Il vient sans s'en rendre compte de passer plus de douze heures le nez dans son livre.
Debout, il ressent la fatigue due au manque de nourriture.
Se rasseyant, il saisit son sac à dos, en sort de la nourriture qu'il avale rapidement.





---




Cela fait trois jours que le sommeil du caporal est agité.
Allongé sur une paillasse rudimentaire non loin du pupitre, l'homme bouge dans son sommeil.
Il se tient sur une haute tribune, les mains posées sur un petit pupitre sur lequel sont fixés des micros.
Devant lui, une foule immense hurle.


Foule : HAÏ ! HAÏ ! HAÏ !

L'homme se réveille en sursaut et en sueur.
Se levant, il s'étire et tente de se calmer.
Soudain, il fait un pas en arrière.
Le Livre rouge est ouvert à une page sur laquelle est griffonné une centaine de croix arrondies analogues à celles de la gravure du livre noir.

S'asseyant sur la chaise, il pousse un peu la lanterne contenant les champignons lumineux et tourne les pages du livre rouge.
Une idée lui traverse l'esprit.
Il saisit le livre noir, tourne les pages pour revenir à une marque qu'il avait fait vers le début et compare les symboles des deux livres.

Au dessous, un arbre généalogique.





Caporal : Suis-je bête ! Ce glyphe n'est pas le son "ri" mais "i" tout court... Ce clan ne s'appelle pas "Frisson" mais "Fission".
            Je ne suis pourtant pas plus avancé car l'écriture utilisée pour ces arbres généalogiques est indéchiffrable !




---




Quote from: Livre NoirJe deviens fou !
J'ai déchiffré la presque totalité du Livre des Golomes, mais ce qui y est couché sur ces pages m'est totalement inconnu.
Qu'est-ce "Millenie" ?
Pourquoi les Frisson sont-ils si importants ?
Pourquoi ...

J'ai mal à la tête rien qu'en pensant à tout ceci mais surtout pourquoi est-ce noté partout que le salut passe par la victoire ?


Caporal : Le salut par la victoire... "Heilseig", est-ce encore un clan ?




---



Cela fait maintenant presque un mois que le soldat hante la bibliothèque souterraine à la recherche d'une sortie.
L'un des escaliers mobiles étant cassé, l'accès aux hauts niveaux lui est impossible et l'escalade à main nue trop périlleuse.
Dans sa tête résonne les voix des enfants semblant venir du Livre des Golomes et dont il n'arrive plus à détacher son regard.
S'arrêtant au milieu d'un balcon suspendu, il pose son sac, sort le livre rouge et admire la roue dentée avant de le remettre à sa place.
Ne pouvant pas aller plus en hauteur, le jeune homme décide de diriger ses pas vers les profondeurs.
Manouvrant les escaliers il se fraye un chemin vers la base des immenses colonnes-bibliothèques.
Soudain, il s'arrête.
Un râle semble venir des profondeurs.
Une sensation s'empare de son être, cette même sensation qui l'avait transit quand les Français avaient déclenché ce pilonnage massif il y a quelques mois.
Sentant une sueur froide monter le long de son dos, l'homme frappe sur la rambarde de l'escalier en jurant.
Il est un soldat, et ne peut pas s'autoriser à monter une quelconque faiblesse.

L'homme se penche et laisse tomber un autre champignon lumineux dans les abysses.
La lueur disparaît rapidement et il se demande si il existe réellement un fond.
Pénétrant dans une pièce taillée dans une des colonnes, il constate qu'ici les livres ont été renversés et la salle saccagée.
Derrière une table renversée, il croit discerner le dos d'une personne.
S'avançant prudemment, il passe la tête par-dessus la table.
Devant lui, un homme âgé est occupé à ranger les livres.


Caporal : Excusez-moi ?

Le vieillard se retourne, sur son visage, la stupeur est flagrante.

Vieillard : Vous voeir a me ?
Caporal : Quoi ? Bonjour, je me suis perdu il me semble, pouvez-vous m'indiquer le chemin ?
Vieillard : Vostre parlé sonne estraigne, est-vous d'Orient ?

Le soldat reste bouche bée devant cet homme qui s'exprime d'une façon étrangement similaire au livre noir.
Sortant le livre noir de son sac à dos, il le montre au vieil homme en lui demandant si c'est son œuvre.
Le vieillard regarde le livre et esquisse un petit sourire en disant quelque chose que le caporal ne parvient pas à comprendre.


Caporal : Vous parlez comme ce livre... Est-ce vous qui l'avez écrit ?



Une bonne heure plus tard, le dialogue se fait plus facilement, le caporal utilisant le livre noir pour comprendre l'étrange parlé du vieillard.

Vieillard : C'est chose étrange que vous puissiez me voir. Les derniers que j'ai croisés ne me voyaient pas.
Caporal : Pourquoi est-ce étrange ?
Vieillard : Parce que je suis un spectre, bien sûr.
Caporal : "Spectre" dans le sens "fantôme" ? "Esprit" ?
Vieillard : Tu as bien saisis mon garçon, je suis mort mais reste ici à classer les ouvrages car si personne ne prend soin de l'Histoire, elle se répètera....
Caporal : Les morts ne vont-ils pas en Enfer ou au Paradis ?

Le vieil homme explose de rire alors que le soldat affiche la moue caractéristique des gens qui subissent une boutade.

Vieillard : Ne le prend contre toi, mais tout le monde pense qu'il y a un juge qui décide si l'on va dans un jardin vert ou dans un volcan... Il n'en est rien !
            Après la mort, on reste où on est ! En tout cas, c'est ce qui s'est passé pour moi.
Caporal : C'est étrange de parler avec un fantôme... d'ordinaire vous hantez les vivants et les tourmentez...
Vieillard : Ce n'est pas gentil de dire cela. Nous ne tourmentons pas les vivants mais comme on leurs parle et qu'ils font semblant de rien entendre, des fois on a juste envie de leur balancer un truc en travers de la tronche...
Caporal : Savez-vous qui à écrit ce livre ?

Le vieil homme jette un regard au livre noir.

Vieilard : Non, je ne me rappelle pas.... Tu l'as trouvé où ?
Caporal : Dans une salle fermée par un vitrail, la haut.

Le soldat pointe du doigt le haut du plafond.

Caporal : Dans une salle cachée derrière un vitrail coulissant.
Vieilard : La Salle de l'Hotel... Tu as récupéré le Livre Rouge ?! Voilà pourquoi tu peux me voir !
Caporal : Il ne fallait pas ?
Vieilard : Le Livre des Golomes n'aurait jamais dû être écrit et encore moins lu...
            Heureusement, tu ne pourras jamais sortir d'ici car là-haut, c'est une vie de souffrance qui t'attend
Caporal : Pourquoi dites-vous cela ? Pourquoi ma vie devrait-elle est une souffrance ?
Vieillard : Tous ceux qui ont lu le Livre des Golomes ont sombré dans le Noir.
Caporal : Je ne vais pas sombrer dans le Noir, je veux juste sortir d'ici et ...
Vieillard : Jamais tu ne sortiras vivant d'ici !
Caporal : Pourquoi ?

Le caporal fixe le vieillard d'un regard noir.

Vieillard : Oh, tu peux froncer les sourcils, cela ne changera rien, tu mourras ici, et cela pour ton bien...

Le soldat sent une colère monter en lui.

Caporal : DITES-MOI POURQUOI JE DEVRAIS MOURIR ICI !

Alors que l'homme hurle sa phrase, le vieillard semble s'embraser et se désintègre en fines particules rougeoyantes qui s'envolent en disparaissant rapidement.
Le soldat écarquille les yeux et se donne une tape sur la joue.


Caporal : Hey, vieil homme, vous êtes parti ? Je ne voulais pas...

Totalement abasourdit par ce qui vient de se passer, le caporal sort de la pièce et continue sa descente.
Dans sa tête résonne les derniers mots du vieillard.
" Tu mourras ici, et cela pour ton bien..."



---




A la surface, à une centaine de kilomètres de là...

La porte s'ouvre avec fracas, révélant un homme trapu portant un uniforme Français.
Celui-ci hurle quelque chose à ses camarades qui arrivent au pas de course.


Francis : L'église nous offrira une bonne protection, mais je pense que j'ai quelque peu cassé le verrou...
Roger : Entrons, on verra pour le verrou une fois à l'abri... ON SE REPLI SUR L'EGLISE !!!

En moins de cinq minutes, le petit édifice abrite une dizaine de soldats.

Roger : Pourquoi l'église ? La Mairie couvre mieux la rue...
Francis : La mairie est récente, cette église est ancienne et est bâtie comme une redoute. Il sera aisé de la défendre.
Roger : Défendre un bâtiment en brique, on résistera un peu plus longtemps mais sans renforts, ici ou dans la Mairie, on va finir par se faire avoir...
Francis : L'église n'est pas en briques, mais en pierres de taille ! Regardez ces murs, ils sont recouverts de fresques sur panneaux de bois, mais dessous, la pierraille est épaisse d'un bon mètre et demi.
            Dehors, les briques cachent les murs aux yeux des pillards.
Roger :
Comment savez-vous cela ?
Francis : Mon arrière grand-père a participé au chantier de dissimulation...

A l'entrée de l'édifice, un homme crie.

Soldat : LA PORTE EST BARREE, MON CAPITAINE !

Roger, capitaine du petit groupe s'avance et frappe du plat de la main la barricade verrouillant la lourde porte de bois.

Roger : Bien, on tient la position et on attend la cavalerie !
          PRENEZ VOS POSITIONS ! JE VEUX LA LUNETTE DANS LE CLOCHER !

Un homme vêtu d'un long manteau gris sombre crasseux se dirige rapidement vers la porte donnant sur l'escalier menant au clocher alors que les autres hommes saisissent des chaises pour se porter à hauteur des meurtrières faisant office de fenêtres.
Roger scrute l'intérieur du bâtiment et constate que celui-ci tient en effet plus de la forteresse que de l'église traditionnelle.
Tandis que les hommes se mettent en place, une petite porte s'ouvre sur un homme obligé de se courber pour passer cette ouverture ne dépassant pas le mètre soixante de hauteur.
L'homme, vêtu des habits de curé s'avance vers le capitaine en gesticulant.

Curé : Vous n'escomptez pas vous battre ici ? C'est un Lieu Saint !
Roger : Je le sais Mon Père, mais nous sommes quelque peu contraint par le temps.

Dehors, les impacts des projectiles Allemands se font entendre alors que les soldats Français ripostent.

Roger : ECONOMISEZ VOS BALLES ! LES TETES-A-POINTES ONT DU RAVITAILLEMENT, EUX !
Curé : C'est inadmissible de...

Derrière le curé, résonne la voix de Francis.

Francis : Chef, j'ai trouvé une épée !

L'homme arrive, exhibant fièrement son trophée.

Francis : Elle est étrange, vous en avez déjà vu des comme ça, Capitaine ?
Curé : Remettez-le à sa place immédiatement ! Je veux bien passer l'éponge sur les combats mais que vous touchez aux Saintes Reliques...
Francis : Ecoute-moi, l'curton, on risque nos vies ici et une arme de plus sera la bienvenue quand les feldgrau pointeront leur museau, et l'temps que les Kiwi rappliquent, on aura déjà pointé chez St Pierre !
         Et j'tavoue tout net que j'suis pas pressé !

L'homme sors le sabre de son fourreau et admire la lame brillante.

Francis : Regardez cette merveille ! Je suis sûr que j'pourrai me faire tous ces cons a moi tout seul !
Curé : Remettez cette lame dans son fourreau immédiatement ! C'est un objet envoyé par Dieu, Hérétique !
Francis : Tu commences à me courir sur le haricot !

D'un geste vif, Francis met une gifle sur la joue du curé avec le plat de la lame.
L'homme d'église titube sous le choc alors que la lame entaille légèrement son épaule, rougissant son habit.
Le curé bute dans une caisse derrière lui et trébuche en se cognant violemment la tête sur le sol.


Roger : Francis, tu m'range ton sabre, tu m'colle le curton dans son pieux et tu vas aider tes p'tits copains à défendre la place, vu ?
Francis : Bien, chef...

L'imposant homme fait disparaître la lame dans son fourreau sans même penser à chasser les gouttes de sang perlant sur celle-ci.
De l'autre main, il saisit le curé qu'il soulève sans difficulté en se dirigeant vers la petite porte d'où il est sorti.
Francis se courbe descend quelques marches et pénètre dans le petit couloir qui mène a une grande salle souterraine aménagée en logement.
Au plafond, quatre puits de lumière laissent entrer la clarté du jour.
L'homme dépose le curé sur le lit.





Un quart d'heure plus tard, Roger pénètre dans la pièce souterraine.

Roger : Hey, Francis, t'as pas l'impression qu'on a besoin de...

L'homme s'arrête et reste bouche bée devant une scène qu'il aurait cru impossible.
Le curé se tient debout face à Francis qui ne bouge pas d'un pouce.
Le capitaine percute immédiatement en voyant la pointe de l'arme blanche effleurant la pomme d'adam de son ami.

Roger : Putain ! Mais que...
Francis : Ah, merde, vous tombez bien...

Le curé tourne légèrement la tête et s'adresse au nouvel arrivant.

Curé : あなた誰?
Roger : ...
Curé : この場所とは何ですか?
Roger : Mais...
Curé : それは何時ですか?

Roger ouvre a nouveau la bouche mais ne peut prononcer un mot.
Pour lui, la surprise est totale et il en oublie un instant le combat qui fait rage au dessus


Francis : Il parle comme ça depuis qu'il s'est réveillé...

Curé : 答えてよー!


Un homme fait irruption dans la pièce en hurlant.

Soldat : CHEF ! LA PORTE VA CED...

Une violente explosion secoue le bâtiment alors que retentissent les hurlements des occupants de la salle principale recouverts par des tirs.
Les échanges sont violents et les Français, à court de munitions se font décimer par les troupes Allemandes fraîchement ravitaillées.
L'homme venu avertir le capitaine s'effondre laissant apparaître un soldat en tenue vert-gris coiffé d'un casque à pointe.
Le soldat Allemand met en joue le groupe et s'effondre sous les regards ébahit de Roger et Francis.
Dans le même temps, le curé saute sur le corps de l'homme gisant au sol et extrait le sabre de la tête du malheureux alors qu'un autre Allemand apparaît dans l'ouverture de la porte.
Le mouvement est vif et le bruit d'os écœurant.
Le jeune soldat s'effondre, la trachée broyée, sans avoir pu réaliser ce qu'il lui était arrivé

Sortant du petit couloir menant à la salle principale de l'église, le curé observe les soldats aux habits vert-gris défaire ceux portant une tenue rouge et bleue.

Un fusil se lève dans la direction du curé.
Un sabre vole.

La lame transperce le crâne de l'homme qui venait de mettre en joue l'homme d'église.
Comme si le corps refusait sa propre mort, l'homme reste debout, le sabre fiché en travers de la tête alors que le curé bondit et le lui extrait en hurlant


Curé : ここで何が起こりますか?
          答えてよー!

Le curé lance le cadavre qu'il tient sur un autre soldat le visant.
L'homme, percuté par le corps de son camarade s'effondre en se crispant.
Le doigt sur la détente, le fusil qu'il tient tire et tue sur le champ un autre soldat venant juste de passer la grande porte d'entrée.

Le curé désigne du sabre les hommes a terre et tourne la tête vers Francis et Roger sortant du petit couloir.


Curé : なぜ?

Une ombre apparaît dans l'entrée alors qu'un homme enjambe les cadavres de ses compagnons.
Voyant le curé, un sabre à la main, il lève le canon de son arme.
Le coup pied est violent et le curé envoie voler une petite sacoche vers le visage du nouvel arrivant.
La poche de cuir percute le bas de l'arme et dévie le tir alors que l'homme d'église se jette sur cette nouvelle menace.
Les fusils nécessitant d'être rechargés en manipulant un levier entre chaque coup, il sait qu'il possède plus de temps qu'il ne lui faut pour atteindre sa cible et la tuer avant qu'elle ne puisse faire monter une autre balle dans la chambre.

Un coup résonne dans l'église.
Un autre coup intervient pratiquement dans la foulée.
Un autre, puis un autre encore.

Dans l'esprit du curé, la scène semble se passer au ralenti et celui-ci regarde avec stupeur l'arme tirer encore et encore sans que son utilisateur ne bouge ses mains.
Les impacts font reculer l'homme d'église qui finit par s'écrouler dos à l'autel.

Le corps brisé par les multiples balles provocant des hémorragies, le curé murmure en regardant l'arme et essaye de comprendre ce qu'il vient de se passer...

Curé : なぜ...

Dans un dernier effort, il se transperce la gorge avec la lame de son sabre sous les yeux des trois hommes.

Roger n'attendant pas que le soldat Allemand se remette de la vue de l'homme d'église de tranchant la gorge, ouvre le feu et l'abat d'une balle dans le torse.
Celui-ci s'écroule alors que Francis se jette derrière l'autel en appelant son supérieur qui, se précipitant, ramasse l'arme de l'Allemand et la jette vers son ami.


Roger : Couvez-moi !

Roger se rue vers l'autel et arrivant à la hauteur du curé, saisit le sabre et le fourreau des mains du cadavre et saute derrière rejoindre Francis.

Roger : Putain, Francis !  T'es où ?

Une tête émerge du tissu brodé de l'autel.

Roger : Tu crois que c'est malin de se planquer sous la table ?
Francis : J'compte pas me planquer mais me casser de là !

Le capitaine écarquille les yeux et soulevant le tissu découvre le pot aux roses.
Sous l'autel, est dissimulée une trappe métallique par laquelle Francis disparaît.
Roger le suit et replace la lourde plaque alors qu'une série de grenades volent dans la pièce.

Arpentant l'étroit boyau, Roger demande à son ami comment il connaît la présence de ce souterrain.


Francis : Mon grand-père me disait toujours qu'il y a une salle secrète sous les autels des églises... mais en temps normal, il est mal venu d'aller vérifier...
Roger : Et où ce truc nous envoie ?
Francis : Aucune idée ! Par contre, je sais maintenant que les feldgrau ont inventé le fusil-mitrailleuse

L'homme tend l'arme à son supérieur derrière lui.

Roger : Je n'avais jamais vu de choses comme ça auparavant... et je parie que le curé non plus.
Francis : Ce qui me titille c'est comment l'curton à changé du tout au tout... il est passé de pleurnichard à vétéran...
            Et c'était quoi son baragouinage ?
Roger : Comment voulez-vous que je sache ? j'avais jamais entendu cette langue avant.
          Ce sabre n'est pas d'ici... Tenez, vous qui étiez forgeron, vous avez déjà vu un truc comme ça ?

Francis saisit le sabre que lui tend le capitaine, s'arrête et le tire de son fourreau alors que Roger porte son briquet vers les mains de son ami.

Francis : Vous avez raison, cette lame n'a pas été fabriquée en France... Ce n'est pas de facture Allemande non plus...
Roger : Mais d'où ça vient alors ?
Francis : Je donnerai un membre pour le savoir... vous avez vu la finesse du fil de la lame ?
            J'vous fiche mon billet qu'on pourrait se raser avec le premier tiers de cette chose
Roger : On aurait du demander au curton, il a dit que c'était un cadeau de Dieu...
Francis : J'cois pas a ces conneries, mais je dois bien admettre que ceux qui ont fait cette lame connaissent leur métier...
Roger : On va rapporter ces deux objets à l'Etat Major, ils sauront peut être nous renseigner...

Le binôme se remet en marche, et alors que Roger examine l'étrange fusil-mitrailleuse, Francis ressent une légère chaleur dans le fourreau de l'arme du curé...
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

 1918, quelque part près de Berlin...

Les doigts de la jeune femme se resserrent sur le cou de la personne allongée dans le lit.
Au bout de quelques minutes, la fille retire ses mains, un sourire de satisfaction sur le visage.
Empoignant un stylo, elle saisit une planche et y griffonne quelques annotations.

Dans le lit, l'homme ouvre péniblement les yeux et murmure quelques mots inaudibles.
La jeune fille se précipite vers la tête de lit, saisit une cordelette et tire vigoureusement dessus avant de placer ses mains sous la tête de l'homme, l'aidant à se redresser un peu.

La porte de la chambre s'ouvre sur un homme âgé portant une blouse blanche et un stéthoscope autour du cou.


Infirmière : Il vient de se réveiller...
Docteur : Fort bien, allez me chercher une seringue et faites une autre prise de sang...
Infirmière : Bien Docteur !

Le vieil homme se penche sur le malade alité qui le regarde d'un air hagard.

Docteur : Bonjour, Vous êtes restés inconscient longtemps, Caporal, nous...
Caporal : Quel jour sommes nous ?
Docteur : Nous sommes le 13 novembre 1918, vous êtes resté dans le coma pendant...
Caporal : 1918 ? Sommes-nous victorieux ?

L'ombre qui passe sur le visage du docteur en dit assez à l'homme allongé dans le lit.

Caporal : Comment est-ce possible ?
            Quelle traîtrise permit cela ?
Docteur : Il me semble que nos forces ne purent combattre les Alliés.
             Le Saint Empire Germanique du courber l'échine et subit la ratification de l'armisti...
Caporal : Il suffit !  J'en ai assez entendu !
            Je ne peux rester ici inactif ! Il faut laver notre honneur !
Docteur : Vous ne pouvez pas sortir dans cet état...
Caporal : J'avais un sac a dos avec deux livres ! Où sont-ils ?
Docteur : Tout a été consignés quand on vous a repêché au bord du lac, vous...
Caporal : Je les veux...
Docteur : Ne me forcez pas à vous attacher, vous devez vous...

D'un geste vif, le caporal saisit le col du docteur, et colle son nez contre celui de l'homme en blouse

Caporal : Je  !  veux  !  mes   !  livres !
               Immédiatement !

Le docteur balbutie quelques mots et se redresse doucement sous le regard interloqué du soldat qui s'attendait à une nouvelle réprimande en réponse à son baroud d'honneur.
L'homme de médecine quitte calmement la pièce et revient quelques minutes plus tard avec l'équipement du caporal.
Il saisit une chaise, pose le tout dessus puis se redresse et déclare d'une voix calme.


Docteur : Vous n'avez besoin d'autre chose ?
Caporal : Non, laissez-moi !

Le docteur quitte la pièce en fermant la porte alors que l'infirmière arrive au bout du couloir.

Infirmière : Votre seringue pour la prise de sang, Docteur.
Docteur : Plus tard, il a demandé à ce que l'on ne le dérange pas.

L'infirmière lève un sourcil en se demandant pourquoi le docteur en chef d'habitude si énergique semble somnoler sur place.




---



Quelques années plus tard...


Une foule immense est réunie devant une haute estrade.
Il est presque onze heures du soir, mais nombreux sont venus assister au discours de l'homme.
Le bruissement des gens parlant entre eux en attendant l'orateur est assourdissant.
Ici et là, on commente, on admire le parcours de celui qui à réussi à se hisser au titre de Chancelier alors qu'il n'était qu'un simple caporal sans éducation, et ce, malgré un coup d'état manqué quelques temps auparavant.
D'aucun disent qu'il serait capable d'envoûter les gens.
D'autres soutiennent qu'il aurait reçu un don divin...

Sur la tribune, un homme vêtu d'un costume noir s'avance.
Dans sa poche intérieure, un livre rouge portant une grande roue dentée sur sa couverture.

L'homme prend la parole.
Il parle économie, futur, union national et surtout victoire.
Son discours est précis, son vocabulaire simple, ses mots percutants.
L'homme bouge, gesticule et laisse parler son corps pour retranscrire ses émotions alors que la foule silencieuse semble boire ses paroles.

Il est plus de deux heures du matin, l'orateur est à l'apogée de sa représentation.
Il finit une phrase, laisse planer un petit silence et hurle deux mots que la foule reprend en chœur, faisant vibrer l'atmosphère...


Foule : SALUT à la VICTOIRE !
         SALUT à la VICTOIRE !
          SALUT à la VICTOIRE !
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#137
Journal de bord N°4
Entrée N°024


**Réception Message Texte**
**Message corrompu**
**Tentative de recompilation... Echec**

Xelloss, ... Gate depuis ... navette
-Paul

**Données illisibles**




1916, Terre...

Dans un souterrain, deux hommes marchent à pas forcé.
Les lampes a huiles éclairant leur chemin...
N'étant pas éternelle, ils savent que si la lumière venait à leur manquer, leur chances d'y rester seraient grandes.
Le Capitaine Roger en tête, marche un peu courbé pour éviter de se cogner contre le plafond bas de la galerie.
Derrière lui, Francis examine la poignée de l'étrange sabre récupéré dans l'église.
Soudain, il se cogne la tête dans le dos de son ami qui vient de stopper net.

Passant la tête par-dessus l'épaule du capitaine, Francis écarquille les yeux.


Francis : Mais...
Roger : Oui, je crois bien que cette voie ne soit qu'un cul de sac...
Francis : Ce n'est pas possible !
Roger : "Le saut de Dieu"...
Francis : Quoi ?
Roger : C'est ce qui est gravé sur cette pierre.

Se mettant au niveau de son camarade dans l'étroit couloir, Francis scrute le fossé.

Francis : Nom d'une pipe en bois, cette fosse fait plus de cinq mètres de large...
Roger : Si on tente de descendre la paroi et de remonter...
Francis : avec la chance de se casser la gueule... Sans moi.
Roger : Tu veux retourner dans l'église ? avec les Têtes-à-Pointe ?
Francis : S'ils n'ont pas découvert le passage, ils seront sûrement partis.
Roger : ... de l'église peut être, mais ils doivent encore traîner dans le village...

Sortant sa baïonnette du fourreau, Roger tente d'insérer la pointe entre la pierre gravée et la paroi.

Francis : Que fais-tu ?
Roger : C'est un tunnel secret pour s'échapper... il doit y avoir un mécanisme !



---




1919.

Une lueur jaunâtre passe sur les murs, révélant des hiéroglyphes.
La pièce est richement décorée et les voiles légers subliment l'aspect général de la salle.
Faisant résonner ses pas sur les dalles de marbre du sol, un homme s'avance, une lanterne à la main.
Dans cette obscurité totale, la lueur circulaire de la source de lumière qu'il porte ressemble à un oasis perdu dans un désert brûlant.
Du coin de l'œil, le petit homme ventripotent avance et observe ces statues intimidantes.
S'arrêtant devant l'une d'elles, il lève sa lanterne à pétrole et scrute le visage.
Cette chose, croisement improbable entre un chien et un homme semble le toiser du haut de ses deux mètres.
Sa main droite est recouverte d'un gant dont les doigts se terminent par de longues griffes acérées frisant les trois centimètres, alors que sa main gauche tient fermement une lance dont la pointe est si énorme qu'elle ne peut être que cérémonielle.

Les yeux de la créature s'allument.
Un bleu pur, presque malfaisant.
Le coup est puissant, les entailles profondes.
L'homme s'écrase contre une colonne de pierre, gémit de douleur en entendant ses os se briser alors que la lanterne éclate en touchant le sol, répandant le combustible servant à alimenter la flamme.
La flaque s'embrase, faisant étinceler les ornements d'or et de jade de la créature humanoïde à tête de chien qui s'avance vers lui.

Son accoutrement pourrait paraître risible, mais en cet instant, toute forme d'humour semble avoir quitté l'homme qui tousse en crachant du sang.
Portant des sandales maintenues par de longues lanières de cuir formant un enchevêtrement compliqué autour de ses tibias, la créature s'immobilise à trois mètres de l'homme.
Elle porte un pagne de la haute noblesse aux plis impeccables, sur ses bras et avant bras, de lourds et imposants  bracelets ornés de pierres précieuses jetant de magnifiques éclats en reflétant le feu au sol.
Si le buste, les bras et les jambes sont clairement Humains, la comparaison s'arrête au niveau du cou.
La tête de chien culminant à deux mètres donne l'impression d'avoir été greffée par un savant fou.
Mécanique, métallique et froide, c'est une vision d'horreur qui s'offre à l'homme adossé à la colonne.
Les nombreuses parties mobiles de cette tête mécanoïde bougent en émettant des cliquetis.
Sur les côtés droit et gauche, des pièces, ne ressemblant à rien de ce que connaît l'homme, se lèvent comme des ailes miniatures.
La créature incline la tête et, pointant sa lance dans la direction du visage de l'homme, prononce une phrase incompréhensible.
Le ton est sec et même sans parler la langue de la créature, l'homme comprend que celle-ci l'invective avec véhémence.

Le visage de l'homme affiche une terreur sans nom alors que l'énorme pointe de la lance se divise en quatre parties tandis qu'une multitudes de petits arcs orangés sillonnent celle-ci en émettant un sinistre son.

L'homme voit la scène au ralenti.
Des éclairs jaunâtres parcourent la pointe ouverte de la lance alors que elle-ci siffle en montant dans les aigus.
Une boule de lumière vive jaillit vers son torse.

La cage thoracique de l'homme explose et se désintègre en mille morceaux alors que le corps tombe sur le côté.



La tête heurte le sol et l'homme émet un râle de douleur.
Se massant le crâne, il s'appuie sur le bureau et se relève en grimaçant.
L'horloge indique minuit, l'heure de la ronde.


Gardien : Quel cauchemar... je vais arrêter les romans un moment, moi...

L'homme empoigne la chaise renversée sur laquelle il s'était assoupi et la glisse sous le bureau en jetant un coup d'œil au roman responsable de son rêve.
Sur la couverture de celui-ci l'on peut distinguer la pointe d'une pyramide sur un fond noir laissant apparaître trois lunes.
Au pied de cette pyramide, dans du sable rouge, quatre petites silhouettes humaines...


Saisissant sa lanterne, il sort du bureau et se dirige vers la première zone du musée, la Salle Egyptienne.




---




Quelques siècles plus tard à une centaine de kilomètres...

Debout sur une chaise, une étrange arme de forme rectangulaire à la main, un jeune garçon observe un groupe de gens du haut du clocher d'une église.
Non loin de lui, attablées, deux petites filles avalent avec appétit une boite de salade en conserve alors qu'une adulte prépare un cassoulet.
Réglant le feu sur la position "doux" elle  jette un regard maternel aux deux enfant, se dirige vers le garçon et s'accoude contre le mur non loin de lui.
Dehors, des groupes de personnes déambulent dans le chaos le plus total en claudiquant.
Certains, la démarche plus assurée, tentent de se frayer un chemin vers les lourdes portes de l'église dans laquelle le quatuor s'est réfugié.
Ayant investi le clocher transformé en appartement et détruit l'unique passerelle menant à celui-ci, le jeune garçon sait que à moins que les assaillants ne sachent construire une échelle ou utiliser celle arrimée sur le camion des pompiers, personne ne sera en mesure de les atteindre dans ce bastion.


Elena : Le repas va bientôt être prêt... tu...

Regardant par la fenêtre, la jeune femme ne peut réprimer un petit cri de terreur.
En bas, une foule grouillante d'individus; se pressant contre la double porte de l'édifice, lèvent la tête comme un seul homme, cessent leur gémissement quelques secondes, et reprennent leur activité principale : pousser de manière désordonnée sur la lourde porte d'entrée...


Elena : Ils sont si nombreux...Jamais nous ne pourront leur survivre...
Messager : Ils ne peuvent atteindre cette zone sans échelle et Messager pense qu'aucune de ces choses ne possède capacité de gravir le chemin de pierres sur le mur.
Elena : Que s'est-il passé ? Pourquoi tout le monde est devenu...
Messager : Messager ne le sait mais pense à un poison.

Alors qu'Elodie et Sarah terminent leur salades, Elena clame haut.

Elena : Le repas est chand !

Soudain, Sarah montre du doigt une affiche jaunie en s'écriant.

Sarah : C'est Shell Beach, maman ! On retourne à Shell Beach dimanche ?
Elena : Bien sur ! Mais uniquement si il fait beau et que vous êtes sages...
Messager : Tu sembles connaître le moyen de te rendre là bas, Elena...
                  Pourrais-tu montrer la voie au Messager ?
Elena : Bien sûr, c'est facile ! Tu dois prendre l'Express, c'est un direct.
Messager : Où prendre cet Express ?

Tout en servant le repas, Elena m'explique le chemin à emprunter pour trouver la gare de l'Express ralliant la côte.
Dehors, une pluie fine recouvre la ville

Deux heures plus tard, le repas avalé et la vaisselle nettoyée, je regarde Elena.


Messager : Messager va partir en quête de Shell Beach.
Elena : Pourquoi tiens-tu tant à te rendre à la plage ? Surtout en ce moment avec ce qui traîne dehors ?
Messager : Messager rentre chez lui...
Elena : Tu habites à... Shell Beach ? Je croyais que la mairie avait déclaré l'endroit inhabitable à cause des ouragans...
Messager : Messager n'habite sur un littoral, mais dans une île... c'est pour cela qu'il lui faut un navire.
Elena : Je vois. Bon, là bas, il n'y a pas de gros ferry mais comme c'est un port de plaisance, tu devrais pouvoir trouver une âme charitable pour te déposer...
                  Tu habites où ?
Messager : Nagasaki.

Ajustant les housses porte-chargeurs sanglées sur mes cuisses, je me lève en adressant un sourire aux deux filles puis m'approche d'elles.

Messager : Messager doit partir, aidez votre mère, vous êtes en lieu sûr ici...

Sarah dépose un baiser sur la joue de la personne qui lui a permis a elle et sa sœur de retrouver leur mère.
Voyant l'action, Elodie saute de sa chaise, bondit vers moi et me serre contre elle.


Elodie : Merci, monsieur-à-la-voix-étrange...

Le moment tendresse passé, je me retourne vers Elena.

Messager : Rester ici est garantie de survie, de l'autre côté de la passerelle, des vivres supplémentaires...
               Ne vous déplacez jamais de nuit.

Elena me passe la main dans les cheveux en souriant.

Elena : Merci à toi, j'espère que tu trouveras ce que tu cherches.

Passant l'ouverture donnant sur l'extérieur, je salue le trio de la main et entreprend de descendre l'échelle de pierre.
Dans ma tête, se dessine le tracé menant à la gare de l'Express.

Les lampadaires ne fonctionnant plus tous, l'obscurité de la nuit m'enveloppe de son voile protecteur et me cache aux yeux des gens déambulant dans les rues.
La progression vers la gare est longue et éprouvante.
Les râles des gens ne semblent jamais vouloir s'arrêter et le nombre croissant de ces personnes rendent ne facilitent pas les choses.

Progressant dans une rue, je remarque une échelle collée à un pignon de maison.
Rapidement, j'arrive à son sommet et y trouve un petit méplat large d'une dizaine de centimètres.
A ce moment, je remarque que la quasi-totalité des toits de cette ville sont tronqués.
Courant sur cette autoroute dans le ciel, je passe de toit en toit en esquivant la plupart des groupes de personnes au sol.
Quelquefois, un toit mal conçu ou simplement impraticable me force à reposer le pied sur le plancher des vaches.
Je pourrai certes passer par l'intérieur des habitations en empruntant les étages et balcons mais je sais pertinemment qu'une telle entreprise serait suicidaire.

Un panneau annonce que la gare se trouve à environ cinq cent mètres.
Pressant le pas, je trébuche sur une tuile mal accrochée.
La chute m'envoie sur un balcon de métal qui proteste contre cette soudaine surcharge en grinçant bruyamment.
Poussant un râle de douleur, je saisis le P90 et m'agenouille en scrutant les alentours, certain que le vacarme a attiré la totalité de la ville.

En bas, quelques personnes lèvent la tête vers l'origine du bruit.
Dissimulé dans une zone d'ombre, le balcon n'attire pas l'attention.
Doucement, je bouge vers l'échelle de secours repliée et pose la main sur le loquet permettant de la déverrouiller.
Celui-ci semble grippé et je force un peu plus.
Pestant contre les propriétaires de la maison qui ne semblent avoir jamais pris soin de leur matériel de secours, je lève le talon de mon arme en me disant qu'un bon coup de crosse de derrière les fagots la rendra plus coopérative.
Soudain, je percute sur un détail, baisse le P90, saisis le loquet et tire dessus.
Celui-ci vient facilement.

La pièce dans les mains, je regarde d'un air incrédule le téton sur lequel il était emmanché.
Celui-ci est moulé d'une seule pièce avec le corps du système et jamais ce loquet n'aurait pu être manœuvré.
L'ensemble est factice et, frappant le loquet contre le mur,  je pousse un juron en le lançant au loin.


Messager : Loquet en plastique sur mécanisme factice ! Quelle est cette mascarade !?

Me redressant doucement, je pose me retourne vers la fenêtre donnant sur mon promontoire, pose les mains sur le cadre de bois et pousse vers le haut.
A ma grande surprise, la fenêtre à guillotine glisse facilement et sans bruit.
Un petit "toc" résonne alors que la partie basse arrive en haut.
Rapidement, je me glisse dans la pièce et lève une pièce de bois qui vient maintenir la fenêtre en position ouverte.
D'un mouvement vif, je fais apparaître le P90 dans mes mains et ajuste la vision nocturne sur mon nez.
L'intensificateur de lumière fait son travail et illumine le monde de sa lumière verte si caractéristique.
Le décor qui s'offre à moi est à la hauteur du chaos qui règne à l'extérieur.
Ce qui était autrefois une chambre d'adolescent n'est plus qu'un vaste champ de bataille et les énormes tâches sur le mur témoignent de la violence des évènements qui se sont déroulés ici.
Le seul mobilier ayant échappé à cet enfer semble être le bureau sur lequel traînent encore quelques objets.

Scrutant avec minutie mon environnement, je vérifie l'absence de corps.
Mon chemin me fait traverser un long couloir donnant sur trois autres chambres et une salle de bain.
La maison semble vide et le rez de chaussée est aussi désert qu'une église un jour de paye.
Passant dans la cuisine, je remarque une porte donnant sur un escalier descendant sous l'habitation.
Le fait que ce faible obstacle fut défoncé en direction de la cave me laisse imaginer que les habitants avaient fait le plus mauvais choix en imaginant être en sécurité sous terre...

Un petit éclat de lumière attire mon regard.
Sur un râtelier magnétique sont fixés quelques couteaux.
Je m'approche et saisis la plus grande lame en montant sur la pointe des pieds et maudissant ma petite taille puis me dirige vers la porte d'entrée défoncée elle aussi.
Me collant contre le mur, je laisse dépasser un bout de ma tête et observe le comportement des gens au dehors.
Au bout de la rue un bâtiment dont la façade est orné d'énormes lettres formant le mot "GARE"
A ma droite, un balai tombe sur le sol.
Le ramassant, je laisse traîner mon regard dans le couloir d'entrée où je me tiens.
Sur un meuble à chaussure, un gros rouleau de scotch tissé.
Couteau, manche à balai et scotch...
Dans ma tête germe une idée.

Une dizaine de minutes plus tard, après avoir fienté quelques infectés errants sans but, je m'introduit dans la gare.
La surprise se mêle à la colère.
Le train reliant la ville et ma destination est souterrain.
La meilleure façon de  se faire trucider semble se dresser devant moi avec une évidence flagrante.

Descendant vers les quais, je passe sous les tourniques de sécurité.
Un plan m'indique que l'express en direction de Shell Beach est sur la voie "B".
D'un pas rapide, je me dirige vers la bordure du quai et regarde des deux côtés.
Pas l'ombre d'un train ou d'une rame, la gare semble vide.
Sans chercher à comprendre, je saute sur les rails et me dirige dans la direction de la plage.
L'échelle du plan indiquait que la distance entre la gare et Shell Beach avoisine la dizaine de kilomètres.
Sans moyen de transport, le trajet sera bien plus long et je me mets en route sur le champ.
La voie dessine une courbe et le quai disparaît rapidement.
Au bout de quelques minutes, je tombe nez à nez avec un mur obstruant le tunnel.
Un mur de briques rouge des plus incongru.

Totalement stupéfait, j'en viens à me poser des questions sur la raison de ce mur, puis repense au haut mur d'enceinte de la ville.
La réponse est si évidente qu'elle me parait stupide.
Une ville en proie à une maladie infectieuse autour de laquelle l'on aurait dressé un mur et dont on aurait oublié les tunnels ne serait qu'une vaste blague.

Tournant le dos au mur, je marche sur la voie en quête d'une rame et bien qu'il soit fort probable que ces dernières soient électriques, je me mets à espérer que dans leur hangar de stockage, il y reste une bonne vieille machine autonome.
Je passe devant le quai par lequel j'étais venu et continue ma route.
Une heure et demie et environ cinq à six kilomètres plus tard, je tombe nez à nez avec une rame flambant neuve.
Faisant le tour de la machine, je me rends compte que c'est une hybride, un de ces modèles fonctionnant avec le réseau électrique urbain mais aussi avec une pile à combustible.
Me hissant sur le quai, je pousse une porte de la rame.
Au bout de dix minutes de tentatives infructueuses d'ouverture des portes, je saisis un brique au sol et la jette de toutes mes forces sur la vitre de la cabine de pilotage.
Celle-ci explose en une multitude de petites étoiles dans un fracas
Sans attendre, je saute dans le poste du conducteur.
La procédure d'allumage de la machine étant affichée sur la console, je mets en branle le moteur qui bascule automatiquement sur l'alimentation de la pile à combustible.
La manette des gaz étant pourvue d'une sécurité la ramenant en position zéro, je brise le manche de ma lance improvisée et cale un morceau contre la manette, la bloquant à fond.

La lourde rame prend vie alors que je m'extrais du poste de pilotage.
La regardant partir, j'observe ma nouvelle arme qui passe maintenant du statut de lance à celui de sagaie...
Sautant sur la voie, je me dirige vers une échelle donnant sur le chemin de câble qui court à la vertical des rails alors que la motrice prend rapidement de la vitesse.
Environ six minutes plus tard, une vague d'air chaud me souffle sur le visage alors que retentit dans le tunnel le bruit d'une violente explosion.
Avançant courbé, la tête raclant le haut du tunnel, je presse le pas en priant que le chemin de câble sur lequel je progresse ne s'effondre pas.

Une heure et demie plus tard, j'arrive en vue de la station par laquelle j'étais entré.
En bas, des infectés surexcités fouillent les lieux, hochant la tête, humant l'air tel des bêtes sorties d'un cauchemar...

Au fond de la courbe, un amas de métal tordu et de briques.
La rame transformée en boulet de canon a fait son œuvre affublant le mur de brique d'une ouverture béante.
Si proche et pourtant si loin.
Je sais que si je me laisse tomber au sol et m'engouffre dans ce trou, ce sera avec une horde aux trousses.
Soudain, une idée me vient.
Je retourne au niveau du quai, épaule l'arme en positionnant le sélecteur sur "semi" et pose le réticule de visée sur la tête d'une femme.
Celle-ci explose, répandant de la cervelle sur le torse d'un homme tout proche qui hurle en gesticulant de manière erratique.
Visant une autre personne dans le tunnel, je presse une nouvelle fois la détente.
A nouveau, le projectile explose une tête alors qu'un petit groupe se dirige en claudiquant vers le corps qui vient de s'affaler.
Suivant le groupe en hauteur, je vise une autre personne au loin et place le sélecteur sur "rafale".
Je presse la détente et l'arme rugit.
Les neuf cent coups par minutes siphonnent le chargeur en trois secondes, l'écho provoque l'hystérie en dessous de moi, les infectés se ruent vers l'endroit des impacts alors que le roulement de tonnerre parcourt le tunnel.
Sans attendre mon reste, je fausse compagnie aux personnes sous mes pieds et file vers la rame et le mur explosé,  engageant un nouveau chargeur sur le dessus de l'arme et tirant le levier d'armement.
Comme prévue, la zone est vide et sans bruits, je me laisse tomber sur le toit tordu de la motrice.
M'accroupissant, je passe la tête par le trou dans le mur.

La stupeur du spectacle s'offrant à moi est telle que je reste là, bouche ouverte comme un imbécile...



---


Quelques années plus tard, sur Pandora...

Le nez collé sur un écran, les mains rivées sur un clavier, je m'engage dans un combat contre une antique centrale nucléaire qui à bien décidé de nous renvoyer sur Terre à elle toute seule.
La console m'insulte à chaque tentative de procédure d'ouverture des sas.
Une idée me vient, utiliser le réseau incendie.
Je tape le début de la commande au moment où Pìwopx hurle


Pìwopx : Set ! Oe peng...
IA : Sas 01 défectueux...

Une puissante explosion venant des entrailles de l'installation secoue celle-ci comme si elle voulait se lever et partir.
Dans le bureau Pìwpox et moi nous ruons vers la sortie mais une lourde poutre de métal se semble pas être de cet avis et se plante pile devant nous.
Une fraction de secondes plus tard et Pìwopx aurait pu examiner les entrailles d'un Xelloss découpé en deux.
Contournant l'obstacle, je me rends compte que mes pieds ne me renvoient plus d'informations concernant l'état de surface du sol.
Et pour cause, le sol n'existe plus.
La scène semble se passer au ralenti et l'espace d'un moment, Pìwopx et moi flottons au dessus du vide avant que Newton nous rappelle la gravité dem6 la situation...
Autour de nous, l'Apocalypse se déchaîne et alors que le sol nous avale, une pluie de métal et de pierres s'abat sur la structure.
La chute semble durer des heures.
Quelque chose arrache mon bras droit et me tire vers le haut.
L'espace d'un moment, un duel s'opère entre ma besace coincée par un tige de métal et mon corps.
Au milieu, jouant les Casques Bleus, la courroie de ma besace qui rend les armes rapidement et se déchire, me laissant chuter.
Vive, Pìwopx tend le bras et saisis la sacoche alors que de celle-ci s'échappe un petit cylindre de métal qui se désagrège instantanément en sable fin.
Alors que nous tombons, je lutte contre les informations que m'envoie mon cerveau.
Dans l'incompréhension la plus totale, le regarde ma besace s'éloigner avec, agrippée à elle, la main et l'avant bras de Pìwopx alors que cette dernière chute à mes côtés.
Une fraction de secondes plus tard, je vois un bloc de béton plus lourd que les autres nous foncer dessus tel un taureau furieux.
Alors que je me dis que ma dernière heure est arrivée, le bloc se brise, comme s'il venait de tomber sur une vitre.
A mes côtés, Pìwopx hurle de terreur et de douleur...





J'ouvre les yeux.
Mon corps est poisseux et couvert de sang.
Tâtant mes membres, je recherche des signes de blessures quand une main se pose sur mon épaule.


Voix : 0ei uho hawxk ! Rik jxo doot xocf ! Xihh0 if !
Moi : Hein ? Quoi ?

Une étrange sensation me parcourt le corps.

Voix : J'ai dit tu n'as rien ! Mais elle a besoin d'aide ! Vite !

Nom de Zeus ! Krystal !?
Mais
Que
Quoi


Me remettant de mes émotions, sentant une douleur me lacérer le flanc, je me dis que nous sommes tous vivants car dans le monde de Tata Eywa, je ne me rappelais pas d'une quelconque douleur.
D'un coup d'œil, je fais l'inventaire de la situation.

Une cavité bien sphérique de béton nous entoure et la seule lumière est le faible halo du bâton de Krystal.
Ma besace ayant disparu, je constate que mes sabres ont aussi pris la clé des champs.


Scratty : Bein mon cochon, t'aurais p'tet' du canner, parce que j'en connais un qui va s'occuper de ton cas quand il va apprendre que ses cure-dents ont disparu...
Moi : Merci, ça me réconforte...
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#138
Je saisis le obi en lambeaux autour de ma taille, défait le nœud et entreprend de faire un bandage au bras d'une Pìwopx salement amochée.
Le sang qu'elle perd inonde instantanément la fine étoffe en soie, rendant l'opération aussi utile que l'apposition d'un plâtre sur la jambe d'un cheval de bois.
Poussant un soupir, je constate que si j'ai perdu mes lames et mon équipement, Pìwopx a gardé sa dague.
Saisissant mon pagne, je l'enlève rapidement sous le regard interloqué de Krystal.


Krystal : Que fais-tu ?
Moi : Un bon vieux garrot des familles !
Scratty : Eh ! Elle est cannée ! Crevée ! J'peux...
Moi : ... la découper ? Boup ! Mêm' pas en rêve, l'ami !
Scratty : C'est pas juste, pourquoi y'a que toi qu'as l'droit de jouer au docteur ?
Moi : Découpe ton ego, ça va t'occuper !
Scratty : J'ai pas de lames assez grandes...

D'un mouvement, de saisis la dague de Pìwopx, plante la pointe dans mon pagne et découpe une bande dans toute la longueur.

Moi : Dis-moi, c'était quoi cette phrase quand tu as posé ta main sur moi ?

A genoux et complètement à poil, je dépose le pagne à ma droite, tend la lanière nouvellement créée et l'enroule autour du bras de la jeune Na'vi.

Krystal : C'est ma langue natale
Nom de Zeus, elle décoiffe !
            Comme tu ne m'as jamais entendue que dans ta tête, ton cerveau n'a jamais été obligé de traduire car je parlais par émotions.

Je serre le garrot et regarde Krystal en dressant les oreilles puis remet mon pagne en me disant que les quatre centimètres en moins sur la largeur ne se remarqueront probablement pas.

Moi : Ouais, c'est pas faux... Comment tu as fait pour... euh...
Krystal : Pour éviter que nous ne soyons broyés ?
Moi : Ouaip ! J'ai vu une sorte de bouclier...
Krystal : C'est quelque chose dans le genre.
Moi : Tu veux dire que vous avez la techno' pour créer des barrières de pure énergie ?
Krystal : Nous avons...

La renarde ne put finir sa phrase que la jeune Na'vi émit un hurlement nous vrillant les tympans.

Moi : Ma Pìwopx, Mawey... Mawey...
Scratty : Elle à perdu un bout d'bidoche, gagné un garrot en pagne et un pansement en soie...
            T'as b'soin que j'te fasse un dessin ?

Moi : Nom de Zeus, si j'avais les capacités de Tsahik, je pourrai au moins la calmer...
Krystal : Il faut qu'elle se calme, elle est faible et risque de faire un choc nerveux.
Moi : T'aurais pas une trousse de soin sous ton pagne ou un ch'ti sédatif dans son soutif' ?
Krystal : J'ai bien peur que non...

Sans laisser le temps à la renarde de finir sa phrase, je pose délicatement ma main gauche sur le visage de la jeune Na'vi en la regardant dans les yeux.
Doucement, je fis tourner sa tête en fredonnant un air doux alors que de sa main valide, elle empoigne mon bras gauche.
Le mouvement fut vif et le bruit répugnant.
Le bruit d'un os qui se brise alors  que ma main, poing fermé de façon à former un marteau, heurte l'arrière du crâne à la base du connecteur neural.

Doucement, je relâche la Na'vi et lui pose la tête au sol.
Krystal se releva d'un bond, mettant son bâton sur ma gorge.
Un feulement et ses oreilles pliées accompagnent le coup que je prends dans la tronche.
Sur le dos, la tête du bâton sur la poitrine je lève les mains en signe de reddition.


Krystal : MAIS POURQUOI  L'AVOIR TUEE ?
Scratty : T'es complètement barré ou quoi ?
Krystal : La honte soit sur toi et ta lignée ! Elle pouvait encore vivre !
Scratty : J'suis d'l'avis de la boule de poils bleue, là ! T'es qu'une crevure !
Krystal : Donne moi une raison de ne pas t'envoyer lui faire des excuses sur le champ !

Le bâton de la renarde se met à luire plus fort alors que je commence à ressentir une chaleur sur mon torse.

Moi : J'peux en placer une, vous deux ?
Scratty : Grouille !
Krystal : Vite !
Moi : Elle n'est pas morte, je l'ai plongé dans un trauma-court.
Krystal : ...
Scratty : Tu m'la fais pas, à moi ! J'ai bien entendu son crâne craquer !
Krystal : Pourquoi l'os de sa tête s'est brisé ?
Moi : SA tête ne s'est pas brisée... MA main, par contre...

Doucement, je lève ma main droite et l'ouvre, tremblant plus qu'une personne atteinte de parkinson.

Moi : Voyez...

Si le pouce, l'indexe et le majeur répondent assez bien, l'annulaire et l'auriculaire ne montrent plus aucun signe de vie.

Krystal : J'ai été impulsive... pardonne-moi.
Scratty : Quoi ?
Moi : J'ai peut être pas tout écouté lors des formations, mais je sais que les proba' de sécher un Na'vi sont assez grandes si on lui cogne la base du connecteur.
Scratty : Comment ça s'fait que j'le savais pas, moi ?
Moi : Haha... Himitsu desu, gros !
Scratty : ...
Krystal : J'ai cru que tu l'avais tuée... j'avais entendu les os craquer.
Moi : C'était les miens, d'os. C'est le tarif de la manip'.
Krystal : Son état ne va pas durer éternellement, il lui faut des soins plus poussés...
Moi : Il va falloir sortir d'ici en premier... Tu peux éteindre la loupiotte de ton bâton ?
Krystal : Oui.

La renarde fat le noir.

Moi : Okay, on ouvre bien ses mirettes, les blocs de sécurité sont prévu pour durer des plombes...

Une demie heure plus tard, Krystal, la truffe sur un bout de mur lance un petit jappement.


Krystal : Ici... il y a un trait qui filtre.
Moi : Tu peux exploser le mur à cet...

Sans me laisser le temps de finir, la renarde fait s'allumer son bâton.
En face, le mur donne l'impression d'être fait en polystyrène, des gravats et de la poussière volent dans le couloir.


Moi : Bingo ! J'savais bien que ce truc était un gruyère !
       Primo, trouver un plan ! Secundo, se ruer sur l'infirmerie la plus proche.

Récupérant la jeune Na'vi inconsciente, je la pose sur l'épaule et suit la renarde ouvrant la voie dans cet univers inhospitalier et lugubre.
Sur les murs, la faible lueur des blocs de secours dont quelques-un brillent encore un peu.


Moi : Krystal, il est possible qu'à un moment, je m'allonge... je serai pris de convulsion, ma température va monter et je vais délirer... c'est l'état E.N.D.O.R, le Mal des Hauteurs.
Krystal : Quand ?
Moi : Je ne sais pas, nous ne sommes pas tous égaux face à ça, pour elle, comme elle est dans les vapes, je pense que ça viendra bien plus tard, mais moi...
       Les convulsions, le délire et la température peuvent varier en intensité en fonction des gens.

Alors que nous progressions dans le couloir et que je lui expliquais les différents cas, elle repéra un plan.
Savoir l'infirmerie à trois blocs plus loin nous redonne un coup de fouet.


Krystal : Comment soigner ?
Moi : Il faut que tu trouves des masques... ce sont de grands objets transparents reliés a une sorte de boite...
       Sur ces boites il y a une grille, tu devras boucher pratiquement toute la grille et...
       T'as entendu ?
Krsytal : Oui, au dessus... comme si d'autres personnes étaient là.
           Le reste du groupe ?
Moi : Peut être... HEY ! LES GARS !

Nous tendons l'oreille à la recherche d'une éventuelle réponse.

Krystal : Ce que j'entends ressemble à...
Krystal & Moi : DU FEU !
Scratty : On a évité une fin de crêpe pour terminer comme des saucisses... c'est pas très appétissant...
Moi : On va à l'infirmerie fissa, on soigne l'autre endormie et on descend ! On devrait avoir le temps...

Forçant l'allure, nous arrivons devant le sas de l'infirmerie.
Inopérant depuis l'explosion de la centrale qui alimentait toute la structure, je prie pour que les verrous ne se soient pas bloqués.
Posant la jeune Na'vi au sol, je plaque mes mains sur la partie droite de la porte et tente de la faire coulisser.
A notre grande surprise, elle bouge sans efforts.


Moi : Viens, on va choper un brancard !


Dix secondes, et une vitre explosée plus tard, nous revenons avec de quoi porter décemment la blessée.
Dépliant le brancard, je le place à côté de Pìwopx et la saisis par-dessous les épaules.


Moi : Prends ses pieds, on la pose à trois... un, deux...

D'un mouvement propre, nous déposons la Na'vi dans le brancard et la transportons dans le bloc opératoire.

Krystal : Que s'est-il passé ici ?
Moi : J'ai mêm' pas envie de le savoir... regarde ce merdier !

Le spectacle de désolation nous renvoyait plus l'image d'un champ de bataille que d'un lieu où l'on soigne des gens.
Renversés, du matériel et du mobilier médical donnent l'impression d'avoir été simplement jetés là.


Moi : On pose le brancard, je vais la mettre sur un lit, ce sera plus confortable pour elle.

M'étirant les bras, je me dirige vers la droite de la pièce, saisis un lit renversé que je redresse.
Krystal et moi posons la jeune Na'vi sur le matelas de gel dont la propreté tranche avec le reste de l'armature du lit.


Scratty : Bein ça c'est du matériau qui tient !
Moi : Tu l'as dit !
Krystal : Il faut trouver des masques avant que toi et la petite ne fassent un malaise.
Moi : Je prends la pièce de droite.


Nous nous séparons et commençons l'exploration à la recherche de masques.
Passant la porte, je constate que celle-ci est au sol en miette.
Prudemment, j'esquive les morceaux de verre et m'engouffre dans la pièce.
Sous mes pieds crissent de minuscules morceaux de verres et je me félicite d'avoir fabriqué de fines semelles en cuir protégeant la plante de mes pieds.
Dans la salle, un plafonnier d'opération dont seule deux ampoules ont survécue.
La pièce est faiblement éclairée par un bloc de secours dont les clignotements indiquent que la batterie possède encore quelques jours d'autonomie.
Le mobilier étant dans le même état que dans la grande salle, j'entreprend de redresser les armoires et fouille l'intérieur.
Soudain, je tombe sur le jackpot en ouvrant une petite armoire tordue gisant sur le sol.
Dans ses entrailles, des médicaments, des seringues, des bandages.


Scratty : Ouais !  On a trouvé de quoi soigner correctement la p'tite, là !
Moi : ... Chier ! C'était trop beau !
Scratty : Quoi ?

D'un air frustré, je jette contre le mur la boite de pilule qui tombe en se répandant au sol.
Le tube roule et s'arrête contre un pied de table. Sur le pourtour du cylindre, l'on peut lire la date limite d'utilisation.
Saisissant d'autres boites, je fais un rapide topo de la situation.


Moi : Janvier 2147, Août 2149, 23 mars 2152...
Scratty : Mais de quand date cet endroit ?
Moi : Il est bien plus ancien que je ne l'avait supposé ! Et pas un seul médoc valable !
Scratty : T'as essayé les bandages ?
Moi : N'y compte mêm' pas, ces merdes sont trop évoluée pour que l'on s'en serve !
       Ils peuvent pas avoir de simples bandes toutes con sans rien dedans ?

Scratty : Bah, elle risque quoi ?
Moi : Je sais qu'elle à déjà un pied dans le monde de Tata Eywa, mais on va quand même essayer de la garder.
       Je vais trier tout ça et ne garder que les trucs non actifs...
       Au pire, il y a toujours les seringues, je lui ferai une petite transfusion.


Alors que je trie les objets utilisables, j'entends la voix de Krystal qui retentit fort.

Krystal : XELLOSS !!
Scratty : Bein mon cochon, vu l'ton d'sa voix, ça va chier des bulles, là...

Me redressant, je dépose quelques seringues sur un plateau et file en direction de la renarde.
Arrivant sur le seuil de la pièce dans laquelle elle se trouve, je remarque un cylindre brisé au sol.
La renarde pose la tête de son bâton sur mon torse puis désigne une série de cylindres éparpillés dans la pièce.


Scratty : J'veux toutes les données ! T'entends ?
Krystal : C'est quoi, CA ?
Scratty : J'suis pas spécialiste des émotions renardesques mais là, tu vas manger chaud, l'ami...

Laissant mon regard parcourir la pièce, je contemple cette vision d'horreur.
Dans les bocaux, des nourrissons Na'vi, des membres des troncs de personnes de toutes tailles, enfants comme adultes.


Moi : J'ai bien une idée... Attends...

J'enjambe les cylindres dont certains, explosés, se sont vidés de leur macabre contenu et me dirige vers un grand bureau retourné.
Arrivant a proximité, je fixe un visage gisant dans la poussière, puis, me secouant la tête, empoigne un pied du bureau.
Le retournant, je pousse un râle de douleur en plaquant une main sur mon flanc droit.


Moi : Viens, on devrait trouver des réponses dedans...

Je désigne les cadenas verrouillant les tiroirs du bureau.

Moi : Peux tu m'exploser ça ?

Les coups sont puissants et les faibles cadenas rouillés ne peuvent rivaliser avec la lance de la renarde et quelques secondes plus tard, ceux-ci gisent démembrés au sol.
Ouvrant le premier tiroir, je fouille parmi les stylos et autres petits équipements.
N'y trouvant rien d'intéressant, je le referme et passe au tiroir du milieu.
Celui-ci est déjà plus croustillant et déborde de dossiers rangés dans des trieurs verticaux.
Les onglets, jaunis et moisis sont pratiquement effacés par le temps.
Je fouille et en extrait un au hasard.
Le dossier, épais d'un bon centimètre est lourd et, je le pose sur le bureau.
A l'intérieur, des rapports de dissections, d'autopsie et des photos très détaillées.


Krystal : De quoi cela traite t'il ?
Moi : D'expériences sur des Na'vi...

Faisant un petit topo de ce que j'ai rapidement lu, j'ouvre le tiroir du bas.
Lui aussi est plein à craquer de dossiers. Le premier dossier pique ma curiosité.
Celui-ci, épais est en plastique rouge.
Je l'extrait du tiroir, referme le premier dossier en le poussant et pose ce nouvel élément sur le buerau.
L'ouvrant, je comprends pourquoi il était si imposant.


Moi : Je crois qu'on a touché le jackpot !
       Un bon vieux Rapport Primaire, cool !
Krystal : Un Rapport Primaire ?
Moi : C'est un dossier papier avec une sauvegarde sur carte, regarde.

Passant la main sur la partie droite contenant les dossiers papiers, je la fait glisser sur la zone gauche dont la feuille est vierge.
Au bas de cette page, un bouton que j'enfonce.
La page se noircit comme si je venais de verser un flacon d'encre dessus puis, rapidement, des zones redeviennent blanches, formant des lettres et graphiques.


Moi : Encre électronique, c'est vieux comme les putes et un peu longuet à l'affichage mais question autonomie, ça tient une éternité et demie !
       Alors, qu'avons-nous là...

Au bout de deux minutes de lecture, je relève la tête et regarde la renarde.

Moi : Tu devrais explorer les environs à la recherche de masques, le dossier est assez balèze, je te ferai un résumé.
Krystal : J'y vais de suite.


---


Automne 2140, le dôme d'un avant poste en pleine forêt est ouvert et révèle un trou béant dans le sol.
A sa verticale, une Walkyrie se place en stationnaire.
Sous son ventre, un énorme cylindre d'une dizaine de mètres de haut se balance paresseusement.
L'aéronef commence une légère descente, venant aligner l'imposant cylindre avec le trou dans le sol.
Malgré le fait qu'il y ait un bon mètre de jeu et que la manoeuvre soit orchestrée par le pilote automatique de la machine, les gens présents au sol serrent les fesses.

A bonne distance, un homme tient un épais dossier rouge dans lequel il rapporte les faits.



** Rapport 6589, Finalisation A.B.A.T.H.U.R, directeur Pritt **
- Aujourd'hui est le pinacle de ma vie, le jour pour lequel j'ai tout quitté.
- La dernière pièce du séquenceur est là et dans quelques heures, nous auront les données qui nous manquent.
- Dans quelques jours, nous serons à même de savoir ce qui nous déciment les un après les autres.
- Le plus difficile sera de convaincre les Grands Bleus de me donner leurs morts, et comme cela concerne essentiellement les enfants, je sens d'ici que je vais en chier des cactus bien comme il faut.



L'homme referme le dossier et s'avance vers la cavité sur laquelle vient de se verrouiller le cylindre.
Parfaitement aligné, celui-ci déploie des bras prenant appui sur la paroi, le faisant descendre lentement tel le piston d'une gigantesque seringue.
Au dessus, les pilotes de la Walkyrie repartent vers la base principale.
Tandis que le cylindre s'enfonce dans la terre, le dôme s'anime et vient verrouiller l'ensemble

La voix féminine de l'IA gérant la base annonce dans les haut-parleurs que le descente se déroule sans accro et égrène les mètres avant le verrouillage de la dernière section de l'imposante machine.





Trois mois plus tard...

L'homme s'étire dans son fauteuil, pose les mains sur les accoudoirs, laisse échapper un long soupire et ferme les yeux...
Quelques secondes passées, il se redresse d'un coup, saisit le gros dossier rouge devant lui et allume la zone gauche d'un air décidé.



** Rapport 9863, Projet RECOVERY, directeur Pritt **
- Je fais ce rapport pour que ce qui a été fait ici puisse servir les générations futures ...


Une détonation secoue le couloir et rudoie la porte blindée du grand bureau du directeur.
Derrière, les coups se font plus violents, et le groupe de guerriers peinturlurés est bien décidé à faire payer au directeur ses mensonges et son infamie.
Dans l'esprit des Na'vi remontés comme des horloges normandes, les images de leurs bébés morts dans des cuves, des corps mutilés sur des tables d'opérations.
Comme ils avaient commencé, les coups sur la porte cessent, laissant place à un calme pesant.

Dans le couloir, un petit groupe de soldats lourdement cuirassés avance d'un pas décidé vers les guerriers qui poussent des cris de guerre.
Le quatuor humain se faufile entre les Na'vi, se placent devant la porte et y fixent une petite caisse plate puis font signe de s'éloigner.

Dans le couloir, l'IA annonce une surcharge du réacteur de la base et invite les occupants à évacuer dans le calme.

Sous sa lourde armure, Théodore active son laryngo.

Théodore : Vite, mettez-vous dans cette pièce, on va faire sauter cet enfoiré !  Il à décidé de nous faire péter la centrale à la tête !

La porte vole en éclat alors que le directeur ferme le dernier cadenas de son bureau.
Le souffle est tel que les tympans de l'homme  explosent, laissant un filet de sang s'échapper de ses oreilles.
Les guerriers Na'vi s'engouffrent dans le bureau talonnés par les soldats de la Cause dans leurs tenues lourdes.

L'un des guerriers empoigne le directeur, le lève et le plaque contre le mur.
La tête de l'homme explose alors que le Na'vi feule.
Les oreilles du guerrier se dressent de surprise et il tourne le regard vers Théodore affichant un grand sourire alors que la voix de l'IA annonce un retour à la normale pour la centrale.

Dans le bureau, les armes des soldats crachent leurs munitions alors que les Na'vi s'écroulent.
Pressant l'interrupteur de son laryngo, Théodore clame.


Théodore : Bureau sécurisé ! Phase 2, Phase 2 !

Le chef de groupe désigne les Na'vi gisant au sol et appelle un de ses homme en retirant son casque lourd.

Théodore : Bon, vous m'débarrassez ça de là ! J'veux que la Phase 2 soit opérationnelle d'ici une heure !


---



Scratty : Voila qui est intéressant... J'te fiche mon billet que ce truc à servi pour le projet Mill...
              Eh ! Xell' ?

Moi : Je... J'ai les sopalins qui frisent... Il faut que je déroule...

Pris de vertiges, je secoue la tête en titubant vers la porte d'entrée du bureau.
Les mains tremblantes, je retire mon bracelet d'archer, enroule la feuille autour de mon avant bras et vient placer le bracelet sur celle-ci.


Moi : J'ai la fenêtre en sécurité dans ma jambe... elle est où la fourrure ?
Scratty : Xell', laisse moi les commandes, nom de nom !

Avant que je pu répondre à l'autre dingue dans ma tête, le Mal des Hauteurs passa au niveau supérieur.
Sans que je ne pu comprendre ce qui se passait, je vis le coin d'une commode à roulettes pour matériel d'opération arriver a la vitesse du son vers ma tête.


Scratty : Putain, Xell' ! T'es en train de virer E.N.D.O.R ! File moi les commande !

Autour de moi, les sons me parviennent déformés et incohérents alors qu'une main se pose sur mon épaule.
Mon corps se convulsionnant, je sens quelque chose s'asseoir sur ma poitrine.
D'un geste alerte, Krystal place le masque sur ma figure et tire les sangles.

Dans le Jardin Japonais du Messager, le ciel se désagrége rapidement, laissant place à une pluie fine de cendres grises.
Scratty m'empoigne et me secoue comme un prunier.


Scratty : Tu vas te réveiller ! Ton esprit s'effondre à la vitesse grand V !
             J'vais pas t'mettre des taquets en boucle jusqu'au réveillon !


Emergeant de la pluie de cendre, une jeune femme s'approche vers nous.
Sa démarche donne l'impression qu'elle flotte au dessus du sol, sa longue chevelure noire vole paresseusement dans le vent.
Arrivant à ma hauteur, elle pose les mains sur mon visage en fredonnant une mélopée sous le regard médusé de Scratty.
Doucement, j'ouvre les yeux.


Moi : Hitomi ?
Hitomi : ...
Scratty : Vous êtes Hitomi ? La... Femme du Messager ?
Hitomi : ...

Sans parler, la jeune fille nous gratifie d'un large sourire puis pose la main sur mon torse.
Une série de petits éclairs dansent sur les doigts d'Hitomi puis disparaissent dans mon corps.


Dans le monde réel, je bondis tel un diablotin surgissant de sa boite.
Sautillant sur place comme un fou, je balbutie dans mon mansque.


Moi : AAAaaAAaAaHHhhhhh ! Qui faisait des claquettes sur mon torse ?
Krystal : Te voilà revenu !

Mon regard se pose sur la tête se son bâton dans lequel une faible lueur bleuté vient de disparaître.

Krystal : Tu délirais, je t'ai donné une décharge d'énergie...je ne savais pas quoi faire d'autre...
Moi : On s'en sort pas si mal... J'ai été longtemps dans les vapes ?
Krystal : Je ne sais...

L'oreille droite de la renarde fit une série de mouvements rapides puis, levant la tête au dessus de la commode, elle m'intime d'un mouvement de la main de la mettre en sourdine.
Oh, l'aut !

Krystal : Reste caché !
Scratty : Oh la honte, une femme-renard qui protège le Grand ZeroS... la HoooOooOonnnnteuuu !
Moi : Oh ça va, hein ! Si j'étais pas aussi faible j'te botterai ton p'tit cul de rondelle de cuir !
Scratty : Essaye un peu, l'anémique de service !
            Sinon, tu vas lui parler du rapport et de ce que tu y a lu ?


Au loin, porté par les couloirs, le bruit d'une partie du bâtiment s'effondrant.

Moi : Nom de Zeus, on va finir comme les Pharaons...
Scratty : T'as entendu ?
Moi : Ouaip, la porte d'entrée de l'infirmerie. Mon royaume pour mes lames !

Tournant la tête, je regarde ce qui pourrait me servir d'arme et ne voyant rien de très probant, passe mes doigts dans la poignée d'un tiroir.

Scratty : Le combat au Tiroir... mwouais...
Moi : On fait ce qu'on peut...

De l'autre côté des portes, parvient la voix forte de Krystal.

Krystal : Qui es-tu ? Que fais-tu ici ?
Scratty : Elle à l'oreille, la petite ! Qui tu crois que ça peut être ?
Moi : J'suis dans l'gaz, là... j'vais la laisser se débrouiller, elle est grande la p'tite...
Voix : Je...je comprends rien, je parle pas le Na'vi.
Krystal : Ami ou ennemi
Moi : S'il est pas totalement con, il va pas dire ennemi...
Scratty : Et s'il n'était pas tout seul ?
Moi : Ah non alors !  Pas question !

De l'autre côté, aucun son de combat ne semblait filtrer.
Soit les deux combattants arrivaient à s'affronter dans le silence le plus total, soit notre amie à poils avait réussi à mettre en échec l'inconnu.


Voix : Who are you ?
Scratty : Mais quoi ?
Krystal : Répond à ma question d'abord !
Moi : J'te vois v'nir avec tes gros sabots, je ne ferai ça que si je n'ai pas d'autres choix !
Scratty : Minute, ma gueule, c'est Teranas, la voix...
Moi : C'est moi qui me tape ENDOR et toi qui déraille... T'es pas net !
Voix : Krystal ?
Moi : ...
Scratty : Alors ?
Oh putain ! Ca pue l'fennec là !

Prenant appui sur la commode, je me relève.
Mes jambes semblant avoir lancé un mouvement de grève surprise me laissent tomber dans tous les sens du terme et je du abdiquer face à la gravité qui me rappela que ma place semblait être au sol.
La chute fait râper mon flanc droit sur le métal et je choit en feulant de douleur, les oreilles pliées.


Krystal : Comment connais-tu mon nom ?
Nom de Zeus, elle ne le connait pas sous sa forme Humaine...

Teranas : Krystal, je...je comprends plus, je comprenais avant mais là je comprends plus, c'est moi! Tu me reconnais pas?
Krystal : Silence ! Ne bouges pas !
Moi : ïïïhhuuu

Je voulus hurler mais le seul son sortant de ma bouche fut un sifflement ridicule.

Scratty : Attention, un steak de Teranas pour la trois, un !

Reprenant mes esprits, je replace le masque sur mon visage et inspire lentement.
D'une façon comme d'une autre, il m'est impossible de faire quoi que ce soit pour mon ami.


Krystal : Maintenant, comment connais tu mon nom? Pourquoi ton visages ne m'est il pas inconnu?
Ouais, dialogue avec lui ! Percute sur les traits de son visage !
Teranas : Krystal, c'est moi, Teranas. On s'est rencontrés avec mon corps d'avatar, ça c'est mon vrai corps.
Allez, petite, regarde bien sa tronche de fouinasse, Avatar ou Humain, il a les mêm' traits d'gros naze !
Krystal : Tu dis vrai, je suis désolée. Je ne t'aurais même pas reconnu à la lumière.  

Dans le couloir Teranas papotait avec la renarde.

Scratty : Il aura peut être apporté un médipack digne de ce nom avec lui... en tout cas, il va pouvoir t'aider à marcher.
Moi : Ca va... ça va...

La porte de la salle s'ouvre alors que retentit la voix de la renarde.
Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022

xelloss

#139
Krystal : C'est moi, tu peux sortir.

Je retire le masque, sentant que je peux tenir un moment sans avoir cette chose accrochée sur la face, puis, prenant appui sur la commode, refoulant une douleur au niveau du flan, je me redresse en affichant un large sourire alors que mes oreilles semblent hurler "fais pas semblant, j'vais leur montrer que t'as mal !"

Moi : Nom de Zeus ! Un grand Teranas.
T'as pas idée à quel point j'suis content de te voir ici !
Teranas : Tiens, un aimant à emmerdes !
T'as pas idée de c'que tu vas prendre comme coup d'pieds au cul, l'ami !

Oubliant pour un moment les rémanences de l'ENDOR et ma douleur lancinante, je fait deux bonds avec un large sourire, me plante devant mon ami en bombant le torse fièrement, tout content de ne pas avoir à me briser la nuque pour le regarder dans les yeux.

Moi : T'es moins impressionnant tout de suite dans ce corps.
Teranas : Toi tu l'es dans aucun des deux. T'es tout seul?
Un jour je grandirai et c'est toi qui sera le p'tit, raclure de fond d'bidet !
Moi : Nan. La petite Piwopx est dans salle à côté, en mauvais état, elle a perdu la moitié d'un bras et beaucoup de sang.
Teranas : J'ai ça. Si ça peux aider.
Nom de Zeus, pour peu j'tembrasserai !
Scratty : Comme c'est choupinou !
Moi : T'es jaloux ? Tu veux un bisou ?

Dans un "pof" cartoonesque, l'hurluberlu en cuir se change en prêtre, brandit une énorme croix et me fusille du regard.

Scratty : Vade retro !
Moi : Peut être. Amène toi, on va voir ce qu'il y a dedans.


Je me dirige vers la salle dans laquelle nous avons laissé Pìwopx que nous retrouvons dans la même position.
Arrivée à la hauteur de la Na'vi je tends le bras dans lequel mon ami dépose sa trousse de soins.


Scratty : Faut toujours qu'il vienne foutre sa merde, lui !
            J'me faisais une joie de voir ce que des médocs périmés depuis une plombe et demie auraient donné...

Moi : C'est toi qui aurait bien besoin de médocs !
       Alors, on a quoi dedans...bandages actifs et utilisables, aiguilles, pénicilline...
       Allez, hop !  dehors le tout !


Teranas : Gardes m'en une dose de côté tu veux?
Moi : T'es blessé aussi?
Teranas : Non, mais je pourrais en avoir besoin, je t'expliquerais.
Moi : Pourtant t'as la face couverte de coupures, tu t'es roulé dans des ronces?
Teranas : Des coupures? Ah non, je sais ce que c'est.

Okay, en avant, van !

Doucement, je retire le bandage en forme de obi.
Gorgé de sang séché, celui-ci craque, produisant un son écoeurant.

Nom de Zeus, un obi de l'Ere An'ei...

Scratty : Ca valait bien le coup de le voler pour... pourquoi déjà ? "le préserver"... Hein ?
Moi : J'savais pas que j'allais devoir le transformer en bandage... quel gâchis !

D'un geste vif, je fais claquer le morceau de tissu, chassant une bonne partie des plaques de sang séchées et le remet autour de ma taille puis inspecte la blessure.
La coupe nette me fait dresser les oreilles et comme la première fois, je suis sidéré par la ligne impeccable.


Scratty : Il va falloir que tu expliques ça aux autres...
Moi : J'y travaille, j'y travaille...

Teranas : Pourquoi ce masque sur son visage?
Moi : C'est de l'air terrien ici, alors j'ai pris des masques a oxygène dont j'ai bouché les filtres. Du coup, l'air dedans est plus concentré en carbone et ça nous permet de tenir, j'ai le mien aussi, que je mets régulièrement.
Teranas : Et Krystal ?
Krystal : Apparement, je peux respirer les deux sortes d'air..
Moi : Nan mais de quelle planète elle viens sérieux? Dans dix minutes on va apprendre qu'elle peut voir toutes les couleurs hors du spectre lumineux. Pas étonnant que l'autre sadomaso veuille la disséquer.
Teranas : Hein? Qui ça?
Moi : Le sadomaso transformiste dans ma tête. Tu te rappelles ?
Scratty : On parle de moi ?
Teranas : Comment l'oublier?
Scratty : Oui ma poule, moi aussi je ne t'oublierai jamais...
Moi : Difficile ouais.
Scratty : C'est quoi ce ton rempli de sarcasmes ?
Moi : Un ton sarcastique pour un mec caustique qui s'accroche comme une tique !
Scratty : A tes souhaits !

Finissant le bandage, je retire l'ancien garrot et observe le tissu.
Celui-ci ne semblant pas se remplir de sang, j'en déduit que la plaie à bien coagulée.
Poussant un soupir de soulagement, je saisis une des seringues trouvées dans le meuble médical, fixe une aiguille du médikit de mon ami, pose un nouveau garrot afin de faire ressortir les veines et y injecte une dose de pénicilline.


Scratty : T'es sûr de ce que tu fais ?
Moi : Mais bien sur que non... T'as d'autres solutions...

Je dépose la seringue usagée et en attrape deux autres en plaçant un garrot sur mon bras.

Teranas : Tu vas lui donner de ton sang?
Moi : C'est risqué, mais vu ce qu'elle a perdu, et ce qu'elle perdra encore avec une telle plaie, elle a peu de chances de s'en sortir. Je vais lui en remettre un peu régulièrement.
Enfin, tant que j'aurai des pointes et des seringues valables...
Teranas : Vous avez trouvé de la nourriture et de l'eau? Ca peut aider.
Moi : Oui on en a...trouvé

Affichant une grimace alors que mes oreilles se plient, j'enfonce un peu plus l'aiguille et aspire du sang...

Moi : ... Mais elle peut rien consommer inconsciente.
Teranas : Tu as besoin de quelquechose d'autre?
Ouaip ! Un bon repas chaud, un masage, un caf' et la note, garçon !
Moi : C'est dejà baucoup vu notre situation, sauf si t'as amené l'équipe médicale de Hell's gate dans ta poche.
Teranas : Non désolé.
Tu m'déçois, là...

Une bonne minute plus tard, je contemple les deux cylindres remplis de liquide rouge.

Moi : Je lui transfère ça et on pourra causer.

Les deux seringues injectées, je vérifie la température de ma patiente et m'assure qu'endormie, elle ne chutera pas de son lit puis m'assoie devant le bâton de Krystal baignant la pièce de son halo bleu.
Je glisse la main derrière la commode, attrape le masque et le fixe sur mon visage.


Moi : Tu te demandes sûrement comment on a atterri ici aussi miraculeusement, hein?
Teranas : Plutôt oui, un bâtiment entier s'est écrasé sur vous quand même.
Moi : Et bien c'est grâce à la Miss à poil bleu là...

Le temps passe et je narre à mon ami les évènements depuis l'effondrement jusqu'au moment présent.
A son tour, Teranas m'informe de la situation à la surface, la disparition de Will' au moment où le sol les avait happés.


Scratty : Tu crois qu'ils enverrons des hommes sauver les hommes qui devaient vous sauver ?
             Ca en fait des sauveteurs pour sauveteurs...

Moi : Je pense qu'il va falloir se démerder par nous même.
       L'orage risque de couper les communications pendant un sacré moment et j'ai bien peur que nôtre silence ne soit pris pour quelque chose de simplement logique...

Scratty : Bon, on sort une guitare et on fait nu feu ?
Moi : Non !
       Dans ce cas...

Doucement, en étirant mes jambes engourdies et ajustant le masque, je me relève.

Moi : ... Allons faire le tour du propriétaire, y'a que ça à faire...
Et ça va me permettre d'aller jeter un œil au truc là-dessous s'il y est toujours !

Je me dirige vers la jeune Na'vi alitée, saisis son poignet et calcule son pouls.
C'est clair, on a le temps...


Scratty : Tu vas la laisser là ? sans surveillance ?
Moi : Ouaip, c'est pas avec deux de tens' qu'elle va prendre la clé des champs, la p'tite...

Saisissant un barreau de métal, je le glisse dans le obi et fait signe à Krystal en désignant une couverture.
D'un seul geste, nous couvrons Pìwopx jusqu'au cou.
Teranas nous regarde mettre le souk dans la pièce avec un ait hébété puis sembla comprendre l'utilité de la manœuvre...
Dans l'impossibilité de verrouiller la porte, et sans systèmes de communications, c'était la méthode de camouflage le plus efficace que nous avions trouvé avec Krystal.
Empruntant le couloir, nos pas nous guident jusqu'à une salle circulaire vide en son centre.
Sur le pourtour, une galerie de baies vitrées nous laisse entr'apercevoir l'étendu et le gigantisme de la structure.
Krystal et Teranas s'avancent vers le gouffre dans lequel il fait glisser le faisceau de sa torche.
Vingt cinq, vingt six, vingt sept...


Scratty : Ils ont creusé la lune de part en part ?
Moi : C'est plus impressionnant que dans le rapport de l'aut', là...

Sous nos pieds, une trentaine d'étages horriblement identiques.
Dans le fond de cette abysse, une structure circulaire noire et imposante, haute de dix bons étages dont les câbles donnaient l'impression d'un cocon pour araignée géante.
Le pinceau lumineux de Teranas balaye le bas et s'arrête un moment sur quelque chose de brillant au pied de la structure.
Je jette un coup d'œil aux deux gus qui m'accompagnent, leurs expressions confirment ma vision.
En bas, un mur composé d'une multitude d'écrans et quelques claviers.


Moi : Et bah ça commence bien, je sais déjà où je veux aller.
Scratty : Quelle belle performance d'acteur !
Teranas : Ca m'étonnerais que tu l'allumes juste en appuyant sur ON, si tant est qu'il y ai du courant.
Moi : Oh, ça ca , hein ! Tu voulais que je dise quoi ?
Scratty : Bein, j'sais pas, moi... un truc du genre "eh, j'ai déjà vu ça dans un rapport" par exemple.
Moi : On verra, mais si quelque chose peut nous renseigner sur cet endroit, ce sera cet ordi géant. Faut trouver des escaliers.
Scratty : T'as déjà le rapport de l'autre gus, pourquoi aller risquer ta vie avec ce truc.
Moi : Parce que l'info, c'est la vie ! C'est mon arme !
Teranas : Ouais, allons trouver ça.
Scratty : Tu sais que d'hab' je ne suis pas contre un peu d'infos de derrière les fagots, mais si tu ne te rappelles pas, je vais le faire !
            "LA zone à été placée en quarantaine de niveau trois", c'est ce qu'à dit le sas...
            Quarantaine pour quoi ? pour qui ? contre quoi ou qui ?

Moi : C'est peut être cette machine qui va nous le dire.

Suivant Krystal, nous passons devant une ribambelle de salles dont le capharnaüm n'annonce rien de bon.
Cependant, malgré l'environnement digne d'un décor de film post-apocalyptique qui aurait fait rebrousser plus d'une personne, nous avançons vers l'inconnu.
Le couloir donnant le choix entre l'ascenseur et les escaliers, le bon sens nous fit ouvrir la bonne porte.
Poussant la porte avec poigne, Krystal l'envoie contre la paroi, faisant résonner l'escalier tout entier.
Derrière moi, la tête de mon ami vient de passer du rose-bébé au blanc-aspirine alors qu'il ravale sa salive bruyamment.


Moi : Eh bah grand Tera', tas peur ?
Scratty : Peur ? Terrorisé serait plus approprié...
Teranas : Trop de jeux d'horreur étant jeune...
Scratty : La p'tite nature...
Moi : Ouaip, j'ai pas peur des fantômes ! 'Sont pas capab' de tenir une arme.

Nous entamons nôtre descente.
Quelques étages plus bas, je regarde Teranas...


Moi : Eh, grand steak, je peux couvrir ton p'tit cul si tu veux.
Teranas : ... je... C'est quoi ce sourire putassier sur ta face ?
Moi : Moi ? Quel sourire ?
Teranas : T'aurais pas la prétention de t'payer ma fiole dans mon dos ?
Moi : Hmmm, attends deux secondes que je réfléchisse à une réponse affirmative...
Teranas : S'pèce de...

Soudain, je me fige, le regard scrutant quelque chose derrière mon ami et alors que je lève ma main gauche en lui faisant signe de la mettre en sourdine, je place sans gestes brusques les doigts de ma main droite autour du barreau de métal dans ma ceinture.
Le visage de Teranas vire au blanc pur, ses sourcils se rapprochent et sa pomme d'adam se soulève  alors qu'il déglutit bruyamment.
D'une voix basse et tremblante, il parvient à articuler une phrase intelligible au milieu de cafouillages.


Teranas : ... Xell'... C'est quoi derrière moi...

Krystal ayant remarqué notre arrêt remonte de quelques marches alors que je tourne la tête en lui faisant un petit signe.
Sans bruits, elle lève son bâton qui se met a pulser d'une faible lueur rouge.

Voyant l'arme de la renarde s'activer, le pilote d'Avatar réprime un frisson alors qu'un cliquetis rapide et lugubre se fait entendre derrière lui.


Teranas : Je...

La renarde fixe mon ami et murmure alors que je pose un doigt sur ma bouche en le regardant.

Krystal : Tu entends ça, Teranas ?
Moi : Suis au mot ce que je te dis et je te promets que tout se passera bien...
Teranas : ...
Krystal : Doucement, c'est juste sous tes pieds...
Moi : Ca grimpe au niveau des genoux... baisse doucement la tête.

Teranas grimace.

Krystal : Doucement, il a dit !

Teranas s'exécute, baisse la tête, fixe ses pieds et nous lance un regard noir alors que nous explosons de rire...

Krystal : Attention aux genoux-tueurs !
Moi : Warf warf warf... tu devrais voir ta tête...

Riant à gorge déployé avec la renarde, nos échos nous renvoient un rire machiavélique semblant tout droit sorti des Enfers.

Teranas : C'est malin ! J'vous retiens, vous deux !
            Allez, les mioches, avancez avant de prendre mon 38-fillette sur vos p'tits culs tout ronds !

Reprenant la descente en tentant de ne pas exploser de rire une nouvelle fois, je pousse la porte du palier sur lequel nous venons d'arriver.
La torche de Teranas éclaire une copie conforme des autres niveaux explorés.
A chaque étage, une obscurité malsaine nous accueille alors que partout les signes d'un départ précipité sont visibles.
Comme pour le reste, nous ne nous attardons pas, l'étrange énorme centrale étant notre priorité.

Niveau 31, un couloir différent s'ouvre à nous.
Au fond de celui-ci, une lourde porte blindée flanquée d'un digicode et d'un module de reconnaissance digitale.
Remarquant que l'obstacle est entrouvert, j'affiche un sourire carnassier, tends la main et demande la torche de mon ami que je règle sur la plus faible puissance avant de disparaître par la fente s'offrant à moi.

Scratty : Xell', fait gaffe !  C'est la même porte que dans le 34 !
Moi : Quoi ?
Scratty : La porte donnant sur les labos de tests génétiques, ceux des Projets Spéciaux.
Moi : Ah ? J'me souviens pas... d'une porte blindé là bas...
Scratty : Puatin, t'as vraiment une mémoire de poisson rouge, toi !

Revenant sur mes pas en essayant de me remémorer la scène décrite par le sadomaso logeant dans mon crâne, je passe la tête par l'ouverture de la grande porte blindée en lançant la torche à Teranas.

Moi : Venez, le caf' est servi !

Sur le sol, au pied des murs, de petites balises lumineuses émettent une faible lueur verdâtre malheureusement trop faible pour être exploitable.
Encore une fois, le bâton de Krystal illumine notre chemin.
Teranas me tape sur l'épaule en désignant une IntelliCam dans le coin juste au dessus de la lourde porte blindée.


Scratty : IntelliCam commandant des mitrailleuses ? il y à quelque chose de pourri au royaume de Danemark...
Moi : C'est quoi c'te config de merde ? on ne verrouille pas le chemin de sortie d'hab...

Laissant derrière nous les systèmes de défense inopérants, nous progressons dans le corridor qui se transforme à la stupeur générale en passerelle surplombant le vide.
A la lueur du bâton de la renarde nous discernons les câbles d'alimentation du monstre s'élevant tel un colosse.
Déposant mon bâton contre la console, j'observe la machine.
Une multitude d'écrans qui tranchent avec se seul et unique clavier semblant être là pour tenir compagnie à un micro esseulé.
Au dessus du clavier, une multitude d'instruments servant à indiquer l'état de la machinerie clignotent.
Ca et là, d'anciens indicateurs à aiguilles cohabitent avec de petits écrans de contrôle plus récent.

Scratty : Pas de bouton "ON", c'est ennuyeux
Moi : Nom de Zeus, 'doit bien y avoir un moyen de...

Approchant ma tête, je souffle sur la poussière recouvrant le grand pupitre.
Un fin nuage de crasse s'élève dans les airs en piquant les yeux.
Alors que je passe ma main sur mon visage, je remarque un témoin différent.
J'observe le schéma sous mes yeux et affiche un grand sourire.


Scratty : Alors ?
Moi : Alors, je pense avoir pigé comment relancer c'te bourrin !
Scratty : Comme ça ? sans lire de mode d'emploi ?
Moi : Il est sous ton tarbouif', l'ami !

Moi : Si c'est ce que je pense, la machine peut repartir.
Teranas : Elle est en veille?
Moi : J'ai l'impression oui. Si je la fais repartir, je ne sais pas si elle seule se remettra en marche, ou tous les systèmes, dont la sécurité.
Scratty : On s'en cogne des systèmes de sécu !
           Y'a plus un rat ici et j'te fiche mon billet que les mitrailleuses automatiques ont rouillé du dedans.

Moi : J'ai pas envie de servir de cobaye, s'pèce d'inconscient !
Teranas : Merde! Les caméras et armement risquent de pas bien nous blairer!
Moi : Exact. Il faudrait les neutraliser avant de relancer ça, pour être sûr.
Teranas : Krystal peut les détruire.
Moi : Non. Neutralisez les simplement. Les Intellicams sont conçues pour sonner l'alarme aussitôt qu'elles sont endommagées.

La main posée sur le grand pupitre, je regarde mon ami et la renarde se diriger vers la caméra fixée au fond du couloir.
Au bout de quelques secondes de discussion, la renarde lève son bâton alors que j'écarquille les yeux en dressant les oreilles.


Moi : Nom de...
Scratty : Hey, elle en à des ressources, la p'tite !
Moi : Tu confirme que son bâton vient de générer une gangue de glace ?
Scratty : Je confirme, je confirme...
Moi : C'est décidé ! A sa mort, je récupère son bâton ! Preums' !

Me demandant quelle sorte de technologie ce là pouvait bien être, je me retourne vers l'imposante console et analyse la procédure de sortie de veille.
Mes lectures m'apprennent les commandes à effectuer et les indicateurs à surveiller.
Peu rassuré, j'entame la procédure alors que Teranas et Krystal arrivent à ma hauteur.


Teranas : La sécurité au bout du couloir est neutralisée.
Moi : Ok, j'en ai pas vu d'autre aux alentours. On risque pas de se faire trouer le buffet dans l'immédiat. Mais au cas où, Krystal, prépare toi à intervenir et faire ton tour de magie.
Krystal : bien sur.
Scratty : Magie ?
Moi : ouaip, carrément ! Ca pète, hein ?

Après avoir vérifié quelques indicateurs, j'appuie sur le voyant vert qui cesse de clignoter.
Le temps semble suspendu alors que rien de bien significatif ne se produit.


Scratty : Et... ?
Moi : J'ai merdé où...

Alors que j'approche mes mains du pupitre, le grand écran principal montre des signes d'activités.
Cool !




>Redémarrage_
>Source d'énergie principale innefective_
>Entré en mode économie de batterie_
>Charge restante 6%_
>Autonomie estimée 11 minutes_
>Modules de dialogue avancés désactivés_
>Modules de dialogue primaires activés_
>Séquenceur Universel A.B.A.T.H.U.R. En ligne_
>Attente des instructions_
>_


Totalement hébété, je fixe les lignes de commandes.
Nom de...

Scratty : Ouais, t'as raison...
Moi : Ce truc à mon age !
Scratty : C'est clair que... quoi ? Mais on s'en branle ! C'est le nom qui était dans le dossier Millenium !
Moi : Hein ?
Scratty : Comment "hein" ? L'air de c'te base te pourrit le cerveau ?
Moi : Mais quoi ?
Scratty : Le dossier de l'avant poste 34 ! Tu vas pas m'dire que t'as oublié ?
Moi : 34 ?

Krystal me sort de l'étrange conversation avec mon locataire en cuir.

Krystal : Qu'est ce que ça veut dire ?
Xelloss : Que cette saleté n'a plus que quelques minutes avant de nous claquer dans les doigts. Il va falloir vite lui tirer tout ce qu'on peut.
Scratty : C'est dingue, j'y crois pas ! Tu bouffes un peu trop de leurs plantes bizarroïdes, mignon !

Ignorant l'autre fou, je me précipite sur le clavier et entre une question qui s'affiche instantanément sur le moniteur principal.

→ Qull st a fci?_
>Traitement de la requête_
>Requête confuse_
>Reformulez_
>Usage du micro recommandé_

Scratty : Hey, tu joues à quoi ?
Xelloss : Saleté, le clavier est à moitié mort, j'espère que le micro sera plus coopératif.

J'empoigne le pied du micro et appuie sur l'unique bouton blanc

Moi : Quelle est ta fonction ?

→ Quelle est ta fonction?
>Traitement de la requête_
>Requête reçue_
>Démarage du module de dialogue avancé_
>Charge restante 6%_
>Autonomie estimée 11 minutes_
>_

Scratty : Bon, c'te chose peut parler, ça va être plus facile.

Des enceintes sortent un son grésillant, une voix robotique, caverneuse et parasitée, quelque chose qui aurait eu sa place au siècle précédent.
La voix semblait donner une vie propre à cette machine qui ressemblait à une personne en fin de vie, racontant son ultime histoire sur son lit de mort.
Heureusement, le moniteur retranscrivait les paroles, facilitant la compréhension...


>_
>Séquenceur Universel de classe 2   A.B.A.T.H.U.R._
>Complexe informatisé de gestion des tâches suivantes_
>Récolte de cellules à partir d'organismes ou de minéraux_
>Etude approfondie des chantillons_
>Synthétisation des cellules inconnues à ce jour_
>Recherche d'expérimentations permettant l'utilisation d'échantillons avantageuse_
>Tentative de création de nouveaux composés_
>Tentative de création de composés existants améliorés_
>Expérience de réatribution des cellules sur tierce sujet_

Scratty & Moi : HEY ! Ils se sont attribués mes recherches !
Moi: Quoi ?
Scratty : Hein ?
Moi : Toi d'abord !
Scratty : C'est pas juste...
Moi : Je sais ! Accouche !
Scratty : J'ai aidé des gens à bosser sur le mixage interespèces...
Moi : Va falloir qu'on cause...
Scratty : A toi maintenant !
Moi : Quelle était la dernière exprimentation qu'il t'a été demandé?
Scratty : Tu m'écoutes ?
Moi : Plus tard...

Alors que je répond a l'autre sadomaso, la machine affiche une nouvelle réponse.

→ Quelle était la dernière expérimentation qu'il t'a été demandé?
>Traitement de la requête_
>Requête reçue_
>_
>_
>Etude des spécificité de la race indigène Na'vi_
>Extraction de cellules souches spécifiques_
   >Lacération de la chair_
      >Etude de la pigmentation_
         >Pigmentation résultante d'une évolution cellulaire permettant un camouflage accru_
            >Sans intérêt_
      >Etude des résistances physiques des tissus_
         >Résistance mécanique semblable aux tissus humains_
            >Sans intérêt_
   > Broyage des os_
      >Etude des tissus du squelette_
         >Etude des résistances physiques des échantillons_
            >Résistance de l'ossature supérieur au squelette humain de 108%_
               >Début des tentatives de recréation pour implantation_
   >Etude du système nerveux_
      >Etude compliquée_
         >Etude écartée temporairement_
            >Etude ultérieure approfondie impérative_
   >Dissection du cerveau_
      >Etude de la région Lobe Préfrontal_
         >Découverte d'une sensibilité singulière aux champs magnétiques telluriques_
             >Sans intérêt_
      >Etude de la région Occipitale_
         >Etude des signaux échangés entre la région frontale et la Natte_
             >Echange de données entre organismes biologiques intéressante_
                >Expérience ultérieure de tentative de recréation du système_
                   >Tentative d'adaptation sur humains_
   >Etude des globes oculaires_
      >Découverte d'une vision nocturne_
         >Expérience ultérieure de tentative de recréation de la vision nocturne_
           >Tentative d'adaptation sur humains_
   >Etude des tissus musculaires_
      > Découverte d'une structure inédite des cellules myosites_
          >Etude des résistances physiques des échantillons_
              >Production de force biomécanique supérieure à la structure humaine de 387%_
                   > Début des tentatives de recréation pour implantation_
                        > Expérimentations passées en Code 5 Prioritaire_
                            >Toutes ressources sollicitées pour expérimentation_
>_

Scratty : Ouais !! J'adore c'te machine !
Moi : Nom de ... Ils ont disséqué des Natifs pour leurs expériences, là !
Scratty : Arrêtes de faire ta pucelle, rien n'affirme que les sujets étaient vivants...

Je regarde au sol, pousse un soupir et ramasse le micro qui m'avait échappé des mains.

→ Les implantations des avantages Na'vis sur des humains ont elles réussi?
>Traitement de la requête_
>Requête reçue_
>Charge restante 5%_
>Autonomie estimée 9 minutes_
>_
>_
>Négatif_

Scratty : Pas cool...
Moi : Ouf, on aurait été dans la merde sinon...

Dans le reflet d'un des moniteurs éteints j'aperçois Krystal dont les oreilles trahissaient l'incompréhension et la stupeur.
Il semblait évident que si les expériences menées ici nous révoltaient, pour elle, ces choses tombaient dans le domaine de l'inconcevable.
Le choc des cultures.
Le choc des civilisations.

Le premier homme qui est mort à du être drôlement surpris.
Partir c'est mourir un peu, et mourir c'est partir beaucoup.
La Terre est basse.
Les lénitions, en rouge

Le Na'vi fpi Ayskxawng 2022